I
N° 50. Dimanche,
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Revue politique.
Nos mutuellistes.
Loi de famine.
47e ANNÉE.
17 Avril 1887
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On continue étudier, Berlin, bien inutile
ment, les moyens de créer, dans le pays de la
couronne, un courant de sympathies alleman
des. Tour tour les gouverneurs ont essayé de
gagner par la douceur, puis par la sévérité, les
cœurs de la population,les résultats des derniè
res élections ont prouvé que, plus que jamais,
les Alsaciens et les Lorrains protestent contre
l'annexion. Le vent est aujourd'hui la ri
gueur on parle d'incorporer, purement et sim
plement, dans le royaume de Prusse les anciennes
provinces françaises. Cette mesure radicale sus
cite, toutefois, des difficultés qui pourraient la
faire abandonner.
En attendant, on traque les Français établis
dans le pays de la couronne et n'ayant pas opté
pour l'Allemagne. On s'est beaucoup ému,
Paris, de la décision prise par le lieutenant de
l'Empereur d'imposer le permis de séjour aux
Français. Il semble qu'on veuille mettre les fa
bricants alsaciens dans l'impossibilité d'em
ployer des commis-voyageurs de nationalité
française on redoute la propagande patriotique
des représentants de commerce, dont l'influence
avait été exploitée avec tant de succès par Gam-
betta.
La Commission parlementaire du budget et le
cabinet français sont provisoirement d accord.
Le ministère a promis d'étudier la possibilité de
réaliser de nouvelles économies, et la Commis
sion, sur cette promesse, s'est ajournée au 2 Mai
après avoir nommé ses rapporteurs provisoires.
Elle ne pouvait prendre aucune résolution qui
fût aussi sage et aussi prudente que celle-là.
Rien ne coûte évidemment promettre des éco
nomies, c'est dans la recherche de celles-ci que
gît la difficulté, et, comme on dit, ce qui coûte,
c'est de tenir parole. Il faut prendre garde aussi
ne pas faire du fétichisme en matière d'écono
mie budgétaire.
Le ministère a répondu sensément en disant
âu'il chercherait et avec le plus vif désir de
onner satisfaction la Commission et la
Chambre même. On peut toujours chercher, et
de bonne foi, mais il faut cependant convenir
u'il y une limite, sinon cette recherche même,
u moins aux effets qu'on en peut espérer.
Ypres, le 16 Avril 1887.
C'était en 1876. Quelques hommes de cœur
parmi lesquels MM. Em. Delobel, Is. Ducorney,
F. Dedecker, N. Boudry, J. Vandendriessche,
pour ne citer que les noms qui nous reviennent
spontanément l'esprit, conçurent l'idée d'unir
entre eux par un lien puissant et solide les
anciens élèves de notre ecole communale.
Puissamment secondés dans leurs efforts par
le chef de la commune, encouragés par les ad
ministrations publiques et par quelques parti
culiers, ces quelques hommes, après bien des
études, des recherches, des voyages l'étran
ger, des démarches sans nombre enfin, éla
borèrent un projet de statuts qui fut adopté
peu de temps après par le gouvernement.
La Société de Secours Mutuels des anciens
élèves de l'école communale d'Ypres était
fondée.
Près de onze années se sont écoulées depuis
lors.
L'Association, modeste ses débuts, a grandi
rapidement. Denonante qu'il était l'origine,
le nombre de ses membres effectifs s'est élevé
plus de deux cents.
Ce n'est pas cependant qu'une propagande
active fut faite en faveur de l'œuvre. La seule
contagion de l'exemple a produit cet heureux
résultat.
Nos braves ouvriers comprenaient l'un après
l'autre les services que la mutualité peut ren
dre la classe ouvrière, et ils venaient succes
sivement, amenés par des camarades, solliciter
leur affiliation.
Un certain nombre de membres protecteurs,
dont plusieurs ont toujours entretenu avec les
memores actifs d'excellents rapports, s'étaient
fait inscrire pour encourager l'œuvre nais
sante.
Parmi eux se trouvait notamment M. Emile
Verschaeve, dont les sympathies pour la classe
ouvrière sont notoires et se sont maintes re
prises manifestées autrement que par des
paroles.
Aussi personne ne fut surpris en apprenant,
il y a deux ans environ, que l'honorable Prési
dent du Cercle Commercial, quoique très-
occupé déjà, avait accepté les délicates fonctions
de Président de l'Association de Secours Mu
tuels.
Ce n'est pas une mince affaire que ce poste
là. II y a de nombreuses réunions présider,
beaucoup de pièces examiner, une foule de
renseignements prendre, enfin de ces mille
petits détails dont ne peut guère se faire une
idée celui qui n'a jamais vu de près les rouages
d'une société de ce genre.
Disons le son honneur M. Verschaeve a
réalisé toutes les espérances que son arrivée
aux affaires avait fait concevoir. Sous sa direc
tion, la prospérité de la Société n'a fait que
s'accroître.
Elle possède aujourd'hui, en fonds publics,
un capital de réserve de près de 20,000 francs 1
Lundi, 11 Avril, 1 heure de l'après-midi,
les membres administrateurs étaient réunis
un banquet, offert leur Président, en l'Hôtel
de l'Epée Royale.
Vers 4 heures, tous les membres de la So
ciété se réunissaient leur local, l'Hôtel-de-
Ville et se rendaient, musique en tête, la
demeure de M. Verschaeve pour recevoir le
drapeau que leur sympathique Président leur
offrait.
Ils étaient là plus de deux cents honnêtes ar
tisans, en habits de Dimanche, tout heureux,
tout fiers, la joie au visage t
Aussi vous auriez dû entendre cette immense
acclamation qui retentit d un bout l'autre de
la rue de Lille lorsque le drapeau apparut sur
le seuil de la porte. La musique des Pompiers,
qui compte dans son sein un grand nombre de
membres de l'Association mutuelle, jouait la
Brabançonne; on criait hip hip hourrah
et puis encore. Bref, une manifestation toute
de sympathie comme peu de souverains en re
çoivent.
Le cortège, favorisé par un temps superbe,
se rémit en marche par les principales rues de
la ville, la musique jouant ses plus jolis pas re
doublés et l'on arriva vers 1/2 heures
l'Hôtel—de-Ville où se trouvaient M.Vanheule,
Bourgmestre, Président d'honneurde la Société,
M. Bossaerl, Echevin, et bon nombre de mem
bres honoraires, parmi lesquels nous citons M.
Thiebault, Président du Comité du Denier des
écoles laïques.
Là eut lieu la remise officielle du drapeau
par le Président, M. Verschaeve, au Vice-Pré
sident, M. Antoine Swekels, avec accompagne
ment de speechs qui avaient le double avantage
d'être fort courts et fort bien tournés.
Mentionnons particulièrement, outre le
speech de M. Verschaeve, celui que prononça
M. Dethoor, membre effectif, en remettant au
nom de ses camarades un magnifique bouquet
au généreux donateur.
Un mot du drapeau.
Il est magnifique!
C'est un drapeau de soie, flottant, aux cou
leurs de la ville, rouge et blanc, frangé d'or.
Au milieu du champ les armoiries d'Ypres avec
la suscription Yperen et la souscription
Onderlingen Bijstand Sur les bords, une
ornementation brodée faisant suite aux inscrip
tions Oud-Leerlingen der Stadsschool et
comprenant les dates 1876 (fondation de la So
ciété) et 1887 (date de la remise de l'emblème).
La hampe est surmontée du vieux Lion Bel
gique.
Ce drapeau, d'un travail et d'un fini admira
bles, sort des ateliers de M. Melotte,de Bruxel
les auquel il fait le plus grand honneur.
La fête s'est terminée par une tombola mon
stre. Plus de soixante-dix prix étaient ga
gner. Et c'étaient des oh et des ah et des
éclats de rire et des acclamations lorsque le sort
attribuait celui-ci un énorme gâteau, celui-
là un déjeûner en porcelaine, tel autre un
parapluie, un autre encore une bouilloire,
etc., etc.
Il était bien près de 10 heures lorsque la
fête a été finie. Mais elle aura sans doute re
commencée dans bien des ménages subitement
enrichis par la générosité du Président, de
quelques membres honoraires et des membres
administrateurs.
La fête de Lundi fera époque dans les anna
les de la Société de Secours Mutuels et nous en
garderons, avec tous les membres, le meilleur
souvenir.
La Gazetle de Nivellesl'organe des auteurs
du projet de taxe sur le bétail étranger, déclare
dénué de fondement le bruit relatif l'ajourne-
LE PROGRES
VIRES ACQDIRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé k l'éditeur, rue au Beurre, 20.
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Marché aux Herbes.