31. Jeudi,
21 Avril 1887.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Revue politique.
47e ANNÉE
0 FHANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Les projets d'entente entre libéraux gladsto-
niens et libéraux unionistes sont vau-leau. Il
y a trois semaines encore, les idées de concilia
tion prévalaient. M. Chamberlain, un des chefs
du parti radical, leur a donné le coup de grâce
dans les discours qu'il vient de prononcer Ayr
et Kilmarnock.
Le voyage en Ecosse du député de Birmin
gham aura une influence considérable sur le sort
au ministère Salisburv, qui semblait être con
damné un prompt trépas et qui ne survit que
grâce aux conflits existant entre les deux frac
tions de l'opposition libérale. Nul n'aurait cru,
jusqu'à présent, qu'un homme d'Etat aux aspi
rations elevées aurait fait, sans réserve, sa sou
mission lord Salisbury, le politicien irascible
berlain en est arrivé faire l'apologie du Crimes'
Bill, flétri par toutes les voix libérales dans
l'Europe continentale, et défendre la nouvelle
loi agraire. Sa campagne pourrait, toutefois, lui
ménager plus d'une pénible surprise. Les libé
raux écossais ont, au cours de la dernière pé
riode électorale, appuyé avec chaleur les justes
revendications des parnellistes. Un revirement,
de leur part, n'est guère craindre.
Le général Cassola, ministre de la guerre
d'Espagne, va présenter aux Cortès, les réformes
militaires suivantes
Service obligatoire pour tous volontariat
d'un an division territoriale en huit grands
commandements avancement l'ancienneté
jusqu'au grade de colonel en temps de paix, an
choix en temps de guerre. Les capitaineries gé
nérales des Canaries et des îles Baléares seront
maintenues les stations sur la côte du Maroc
formeront un commandement séparé.
La nouvelle loi préparera la mobilisation des
réserves et la création des cadres de l'armée ter
ritoriale sans aggraver les dépenses actuelles,
qui sont de 162 millions de francs.
LES BONAPAUTISTES EN FRANCE.
Les journaux de Paris rapportent que MM.
Robert Mitchell et Lequissie ont remis .Mercredi
au prince Victor une adresse signée par 1,220
membres du comité impérialiste de la Seine.
Les signataires déclarent qu'ils ne peuvent
s'associer la politique solutioniste qui condui
rait une restauration de la royauté ils prient
le prince de leur faire savoir si cette politique a
obtenu son approbation.
D'après un télégramme de Berlin au journal
le Temps, le Pape aurait recommandé la conci
liation aux évêques et aux députés catholiques
allemands. Il leur recommanderait de ne pas en
traver un accord probable entre le Vatican et le
chancelier de fer, par un vote précipité dans la
discussion de la loi ecclésiastique.
Ypres, le 20 Avril 1887.
La XIXe assemblée générale de la Fédéra
tion des cercles catholiques, qui a eu lieu, Sa
medi Ypres, sous la présidence de M. Woeste,
assisté par MM. le baron Surmont de Volsber-
ghe, sénateur, Colaert, Struye, Begerem, re
présentants, Beckers, président du Cercle de
Bruxelles, a été un véritable conseil de guerre,
aussi bien par les résolutions qui y ont été
prises, les vœux qu'on y a formulés que par les
mesures qu'on y a arrêtées.
Ne parlons que pour mémoire du vote d'une
adresse Léon Xlll le désir exprimé par M.
Woeste de voir se constituer une caisse centrale
du Denier de la lutte pour venir en aide cer
taines localités [sic) où l'élément catholique ne
domine pas, la proposition de M. Biebuyck de
demander la Législature de voter l'unani
mité le projet Dumont destiné affamer les po
pulations au profit des propriétaires terriens,
indiquent quelques-uns des moyens de combat
auxquels les catholiques comptent avoir recours
pour se perpétuer au pouvoir.
En dépit de leur majorité actuelle les cléri
caux sentent le terrain se dérober sous eux.
Vainement M. Woeste, dans une allocution qui
a été l'événement de la réunion, s'est-il vanté
que son vœu émis l'année dernière Verviers,
de voir sortir la majorité fortifiée des élections
de 1886, s'est accompli il n'a pu dissimuler
qu'imparfaitement que cette victoire a affaibli
plutôt le ministère qu'elle ne l'a servi.
A peine venait-il d'affirmer que la droite en
tière est unie autour du programme, qu'il s'est
mis en opposition absolue avec le ministère
Beernaert en combattant le service militaire
personnel
Nous nous sommes adressés, a-t-il dit,
nos amis des Associations, nous leur avons de
mandé s'il était vrai que sur la question du ser
vice personnel leur opinion fut changée. Les
Associations ont répondu négativement et je
les remercie d'avoir, en défendant les principes
de justice et de liberté individuelles, sauvé les
destinées du parti conservateur. (Applaudis
sements).
On a dit que c'était mon œuvre. Non, ce
n'est pas mon oeuvre* C'est l'œuvre du pays, du
parti conservateur.
Je n'ai pas d'autre ambition et d'autre fierté
que de demeurer d'accord avec mes amis poli
tiques. C'est dans cet accord que je puise ma
force comme Antée trouvait la sienne en frap
pant la terre. (Applaudissements).
On a prétendu que ceux qui repoussaient
le service personnel étaient de mauvais patrio
tes. Comme si nos pères de 1830 manquaient
de patriotisme Comme si les deux grands
partis qui se sont succédé au pouvoir depuis 27
ans aient jamais, tout en maintenant le rem
placement, manqué de patriotisme
Et comme s'ils n'avaient pas réussi con
duire le pays pendant cette longue période au
milieu des difficultés souvent les plus considé
rables
Rapprochez ce langage de celui tenu par M.
Beernaert la tribune nationale, et jugez de
l'unité du parti clérical l
Quant au fond de la question du service per
sonnel que M. Woeste combat en enragé, en
s'appuyant sur le passé sans tenir aucun compte
des nécessités impérieuses du présent, il suffit
de lui opposer les lignes suivantes qui termi
nent l'étude publiée par le Journal des Débats
sur la situation militaire en Belgique
De toutes façons, il est absolument indis
pensable que la Belgique puisse mettre en cam
pagne, et non pas seulement sur le papier, une
armée d'opérations d'environ 100,000 hommes.
Plus faible dans son état actuel par exemple
elle risquerait fort d'être masquée par un
détachement peu considérable, et les fortifica
tions les mieux comprises du monde ne joue
raient qu'un rôle effacé, ne fût-ce que parce
qu'on pourrait les tourner sans trop de peine.
Que les belges se gardent d'ailleurs de la crainte
d'attirer par cela même sur eux «les maux de
l'invasion. «Plus heureux que bien d'autres peu
ples, qui il ne suffira pas de montrer les dents
pour qu'on lescraigne, ils n'aurontprobablement
qu'à s'en tenir la menace, pourvu qu'on sache
et qu'on sente que cette menace pourrait être
suivie d'effet, le cas échéant. Alors le gouverne
ment belge sera en droit de répéter cette fois
avec beaucoup plus de raison ce qu'il disait
au Parlement le 8 Août 1870 Conformément
aux vœux des belligérants eux-mêmes, la Bel
gique est prête se défendre avec toute l'ar
deur de son patriotisme et toutes les ressources
qu'une nation peut puiser dans l'énergie de sa
volonté.
M. Woeste n'en a cure. Ce qui lui tient au
cœur,c'est l'intérêt électoral ultramontain; pour
le reste, il s'en remet son confesseur.
L'incident suivant qui a marqué les débuts
de la séance du congrès de Dimanche matin,
est symptomatique
M. Biebuyck a fait l'éloge de M. Woeste qui,
dit-il, a figuré, avec tant d'éclat, au congrès
des œuvres sociales de Gand, au congrès de
Malines et la Chambre. C'est le ministre de
demain.
A bon entendeur, demi mot suffit.
Cela n'a pas empéché M. Vandenpeereboom,
ministre des chemins de fer, de faire la roue
en s'écriant au banquet; Moi, j'ai fait justice
toutes les victimes de mes prédécesseurs
Ces paroles outrecuidantes ont été accueillies
par du bruit et des mouvements divers.
La vérité est que les délibérations du congrès
et les toasts échangés au banquet ont présenté
cette particularité que MM. Woeste et Jacobs
s'y sont glorifiés et y ont été glorifiés.
Quant M. Beernaert, c'est peine s'il a été
question de lui et de ce que M. Iweins, con
seiller provincial par un euphémisme exquis,
a qualifié sa prudence.
La discussion du budget de l'intérieur pro
prement dit a été occupée presque toute entière
la Chambre des Représentants par la question
des commissaires d'arrondissement. La fraction
LE PROGRES
vires acquirit ecndo.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
idem. Pour le restant du pays7-00.
Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr 0-25.
Insertions Judiciaires la ligne un franc.
Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89,
Marché aux Herbes.
Le Figaro dit que le prince paraît très-frappé
de cette observation et déclare qu'il cherchait
depuis longtemps faire cesser la division qui
menace l'existence du parti impérialiste Paris
et dans toute la France.
les concessions du pape.