X" 55. Jeudi, 47e ANNÉE. 5 Mai 1887. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT, PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Revue politique. L'INCIDENT FRANCO ALLEMAND. L'incident de Pagny s'èBt terminé comme on pouvait le prévoir depuis plusieurs jours, par la mise en liberté de M. Schnsebelé. Vendredi Soir, le commissaire de la frontière a été autorisé quitter la prison de Metz. La veille, la Gazette générale de l'A Uemagne du Nord avait publié une note fort longue, très diffuse, établissant les mo tifs qui avaient guidé le juge d'instruction qui avait ordonné l'arrestation du fonctionnaire français. Des faits nombreux étaient signalés dans ce réquisitoire, et si aucune entorse n'a été faite la vérité, il serait établi que M. Schnse- bele avait été très malavisé en mettant le pied sur le territoire annexé. Cette note, est, en som me, une apologie de la conduite de la magistra ture, et rien de plus. Le journal officieux veut démontrer encore que l'arrestation a été opérée sur le territoire "allemand. A cet égard, il n'existe plus de doute la lutte a eu lieu des deux côtés de la frontière mais la question qu'il s'agissait surtout d'exami ner était celle de savoir si le fait d'attirer dans le pays de la Couronne un fonctionnaire étran ger, sous un prétexte de service, et de l'y main tenir de force, ne constituait pas une supercherie indigne. On a répondu affirmativement cette question, Berlin. De part et d'autre, en Alle magne comme en France, l'esprit de conciliation a prévalu. La France s'est montrée ferme: l'Al lemagne a reconnu son tort, eu plutôt celui de fonctionnaires subalternes. M. Schnsebele est Paris: il refuse de se lais ser intervriever. Tout est donc pour le mieux, pourvu que des manifestations intempestives en l'honneur du commissaire de la gare de Pagny ne viennent donner un aliment nouveau aux res sentiments de l'Allemagne. Un peu de prudence d'une part, un peu de modération de l'autre pré viendraient le retour d'incidents aussi regretta^ blés. Les modifications au chapitre lit de la Consti- ttttidii Hôllahdaisfe oftt été votées au Parlement néerlandais par 49 Voix contre 28, conformément au projet du gouvernement. M. Meemskerk a pu fêter tranquillement le quatrième anniversaire de son cabinet, le plus durable qu'il y ait eu en Hollande depuis 1848. On sait que M. Heems- kerk demandait, pour la première Chambre, que le nombre des députés fût porté de 39 50 et qu'ils fussent choisis par les conseils provinciaux parmi certains hauts dignitaires, parmi les pro fesseurs et les savants éùiinents du pays et parmi les citoyens les plus imposés; le nombre de ces derniers serait restreint de telle sorte qu'il y en eût 1 sur 2,000 habitants. La majorité voulait au contraire que le choix des conseil provinciaux ne fût limité par aucune Condition de cens. L'en tente s'est faite la suite d'une conférence entre M. Heemskerk et ses principaux adversaires. Yprbs, le 4 Mai 1887. Les fortifications de la Meuse k la section centrale. La section centrale chargée d'examiner le projet de loi relatif aux fortifications de la Meuse s est réunie Samedi, 2 heures, sotis la présidence de M. de Lantsheere. Tous les membres de la section étaient présents. La discussion n'a pris fin qua 5 h. 1/2 et sera reprise dans une prochaine séance. Deux ministres MM. Beernaerl et Pontus, ont été appelés au sein de la section pour don ner des explications sur le projet. Au début de la discussion, M. Frère-Orban s'est défendu d'avoir employé, comme M. le général Brialmont le lui a reproché, des noies confidentielles. Il a combattu vivement les for tifications. M. De Bruya, rapporteur, a déposé les do cuments confidentiels qui lui ont été communi qués par le gouvernement. Le projet a été défendu par MM. dePitteurs, De Bruyn et Mélot. M. Beernaert, après avoir essayé de mettre les opinions antérieures de M. Frère-Orban en contradiction avec celles qu'il a aujourd'hui, a insisté sur la nécessité des fortifications qui doivent avoir, d'après lui, un effet préventif de défense. M. Frère-Orban lui a répondu incon tinent et une longue discussion s'est engagée entre le chef de cabinet et le leader de la gauche. M. le général Pontus, interrogé par les mem bres de la section, a affirmé que les nouveaux forts pourront être défendus par les forces dont le pays dispose aujourd'hui. L'artillerie devra cependant recevoir des améliorations. Le mi nistre de la guerre est entré dans de longs dé tails techniques. La commission nommée pour la revision du Code civil s'est occupée, dans sa séance de Sa medi dernier, dit l'Impartialde l'examen du titre du Code civil relatif au mariage. Après une longue et vive discussion, elle a complètement supprimé les sommations res pectueuses. On écrit de Berlin au Précurseur d'Anvers La Commission du Travail. LES ASSURANCES OUVRIÈRES. La Commission du travail s'est réunie hier, 2 heures, au Palais des Académies, sous la pré sidence de M. Pirmez. Elle s'est occupée de la question des assu rances ouvrières contre les accidents du travail, assurément une des plus intéressantes et des plus urgentes qu'elle ait eu discuter. Le débat a pris plus de trois heures, mais n'a produit aucun résultat pratique. Il a porté par ticulièrement sur la proposition de Sainctelette qui consiste renverser le système actuel de la production de la preuve en cas d'accident et d'obliger l'administration de cette preuve non l'ouvrier, mais le patron. M. Dejace, rapporteur de la deuxième sec tion, a combattu la thèse de M. Sainctelette. Il ne la croit admissible ni au point de vue juri dique, ni au point de vue économique; il pense que le système nouveau ne ferait que remplacer une injustice par une injustice et multiplierait les procès entre patrons et ouvriers. Il a conclu l'établissement d'une caisse d'assurances obli gatoires, constituée par l'initiative privée et qui serait placée sous la surveillance des pou voirs publics. M. Sainctelette a très-chaleureusement dé fendu sa théorie, que d'ailleurs des jurisconsul tes éminents et la Cour de cassation de France ont déjà admise. Cette théorie marque un retour aux vrais principes du droit qui veulent que dans un engagement contractuel, le débi teur prouve que l'inexécution de cet engage ment est due une cause indépendante ae sa volonté. Le patron devrait donc démontrer, en cas d'accident, qu'il y a eu cas fortuit ou de force majeure. M. Sainctelette a combattu le système de l'assurance obligatoire par l'Etat, 3ui lui paraît des plus complexes et des plus ifficiles appliquer. La thèse de M. Sainctelette a été critiquée ar M. Jacobs, oui s'est rallié au système d« assurance par le patron. M. Pirmez, de son côté, estime que quand il y a faute du patron, l'ouvrier ne doit pas être tenu de faire la preuve de cette faute. Bref plusieurs systèmes ont été expliqués, développés. La Commission a décidé finalement, après une discussion longue et assez confuse, d'exa miner successivement les modes d'assurances statuer en der- >e de l'interversion preuve, soumis a la Commission par M. Sainctelette. fi =~5~= Comme le prévoyait M. Pirmez, la presse so- pas perdu de temps pour exploiter la proposition Dumont. On lit dans le Vooruit: ciaîiste n'a LE PROGRES VIRES ACQCIRIT EONDO. ^ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays. 7-00. [Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. JL-e professeur Schaffle un statisticien prophète qui calculait dernièrement combien allait coûter la prochaine guerre vient de publier dans la Deutsche Revue une étude sur les limites que les budgets militaires peuvent atteindre en Europe. A son avis, la France, la Russie, l'Autriche et l'Italie sont enfin arrivées cette limite tant mieux mais l'Allemagne peut encore aller beau coup plus loin et tripler ses sacrifices. Quelle belle pers pective pour les Allemands A propos des choses militaires, on constate que l'Al lemagne, l'Autriche et l'Italie sont les plus avancées en ce qui concerne le fusil répétition. On croit en Allemagne que la France restera longtemps encore en arrière. L'An gleterre n'a pris encore aucune décision, elle hésite entre deux modèles. La Russie s'est prononcée formellement contre la nouvelle arme elle n'en veut pas. Des renseignements qu'on colporte en Allemagne sur l'armée anglaise, il résulte que les Anglais se trouveraient hors d'état de jeter ne fût-ee que 30 mille hommes sur le continent Leur intervention armée dans une guerre Mure sur terre est donc complètement exclue des combi naisons stratégiques internationales qu'on fait Berlin. Il est vrai que l'Angleterre va faire de grands et sérieux efforts» pour organiser deux corps d'armée de 30,000 hommes chacun, qui puissent être mobilisés en quelques jours mais Ces troupes ne sauraient servir qu'à l'inté- rieur. Il paraît que ces renseignements sont authentiques. Il est donc absolument inutile que la Belgique compte sur l'Angleterre. Elle ne pourrait intervenir en notre faveur que par voie diplomatique ou avec sa flotte.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 1