La Chambre des représentants de la
bourgeoisie vient de donner une preuve écla
tante du mépris dont elle est imbue pour tout
ce qui intéresse la classe ouvrière....
Après les événements de Mars de l'année
dernière, chacun croyait que les affameurs qui
avaient mis de côté leur projet de loi, n'ose
raient plus le produire au grand jour. On voit
comment on s est cruellement trompé et com
bien ces gaillards sont éhontés et haïssent le
peuple.
Sous prétexte de protéger le laboureur, ils
vont faire hausser le prix du bétail et mettre
ainsi au-dessus des ressources des ouvriers le
peu de viande qu'ils consomment actuellement.
Honte sur ces hommes
Ce qui se passe actuellement est un défi
continuel. On veut, coûte que coûte, pousser
les ouvriers des actes de violence.
L'élection d'Audenarde.
Quel est le vaincu dans cette lutte
Est-ce M. De Malander Non, sans doute,
puisqu'il est élu et élevé par ses amis les cléri
caux sur le pavois parlementaire.
Est-ce le libéralisme Non, mille fois non,
puisque, dans l'élection de Samedi, il a gagné
266 voix sur la dernière lutte, ce qui, pour lui,
constitue un grand succès, dans un arrondisse
ment aussi rétrograde.
Est-ce M. De Volder? Il a donné sa démis
sion volontairement.
Mais, alors, pour qui est l'échec
Pour l'honnêteté, pour la moralité publiques,
honteuses, humiliées, dans tout ce qu'un peu
ple doit respecter l'honneur et la justice.
La conscience des honnêtes gens de tous les
partis s'inquiète, de les voir ainsi foulés aux
pieds. Ce sont là des sentiments qu'on peut
comprimer un instant, mais qui se relèvent
plus vivaces, plus fiers, parce qu'ils sont im
mortels et qu'on les trouve inscrits au front des
nations, qui savent que tout ce que Ion bâtit
sur la fraude, le mensonge, le mépris de la
justice, doit crouler.
La honte qu'on vient de faire subir notre
pays sera bientôt effacée, car nos adversaires
en sont arrivés cet esprit d'erreur qui est
l avant-coureur des chutes prochaines.
Finissons cet écœurant sujet en disant avec
la Gazette
La candidature de M. De Malander était
un défi. Son élection est un soufflet. Patience!
Nous aurons notre tour aussi. Aux derniers
les bons
Voici le résultat officiel de l'élection
Inscrits1,770
Votants1,518
Majorité absolue 760
De Malander élu 780
Liefmans686
On écrit de Renaix la Nation, propos de
l'élection de Samedi
Aucun des membres de l'influente famille
Thienpont n'est allé voter. On commente fort
ce fait.
Les cléricaux blâment hautement le baron
Pycke de Peteghem, qui n'a pas travaillé l'é
lection.
La scandaleuse affaire De Malander ne fait
que commencer, apparemment. Elle nous ré
serve encore bien des surprises.
L'état de santé de M. De Bleeckere est tou
jours très-critique, quoique un mieux sensible
se soit produit.
Les catholiques assurent que M. le baron
Pycke de Peteghem vient de donner sa démis
sion de sénateur 11 doit s'être passé quelque
chose de grave pour que le sénateur dAude-
narde ait pris subitement cette détermination
inattendue. Les cléricaux ont, dit-on, haute
ment blâmé le baron Pycke de n'avoir pas tra
vaillé l'élection de De Malander. C'est'sans
doute là ce qui aura provoqué la détermination
de l'honorable sénateur.
On commenté vivement aussi l'attitude de la
famille Thienpont, dont aucun des membres,
dit-on, n'est allé voter.
Il se dit de divers côtés que des démarches
ont été faites auprès du sieur De Malander pour
obtenir qu'il se démette immédiatement de son
mandat. Il va sans dire que le personnage s est
refusé avec indignation prendre l'engagement
de ne pas siéger. Il veut absolument entrer au
Parlement. Reste savoir l'accueil qu'il y rece
vra.
On a supprimé par économie la partie non
officielle du Moniteur. Maintenant on restreint
la distribution de la feuille officielle. A la suite
d'une entente entre le ministre de l'agriculture
et le ministre de la justice, les annexes du Mo
niteuret notamment les actes de sociétés, ne
sont plus envoyés un grand nombre d'institu
tions publiques. En leur signifiant cette écono
mie de bouts de chandelles, on les informe
toutefois qu'il est loisible, celles que la chose
intéresse, de se procurer ces suppléments en
souscrivant un abonnement la poste au prix
de 15 fr. par an.
Comment s'y prendrait-on pour leur défen
dre de s'abonner comme peut le faire le com
mun des martyrs
De semblables économies ne nuisent pas
seulement aux services publics en leur suppri
mant des documents utiles mais elles rendent
le gouvernement ridicule par leur puérilité.
A la Chambre.
Les petites formalités d'abord: M. Mélot, dit
l'incaricaturable, dépose le rapport de la section
centrale sur les nouveaux amendements des dé
putés de Nivelles; M. Begerem fait rapport sur
une pétition de fonctionnaires de la police de
mandant leur affiliation une caisse de pré
voyance, et le R. P. Boom annonce un projet de
loi concernant une convention de navigation avec
une compagnie américaine; puis la parole est
continuée M. Doucet, dit le malheureux, sur
les droits d'entrée.
Dans la Chambre, pas de trace de M. de Ma
lander.
On assure que M. Crombez, l'honorable repré
sentant libéral de Tournai, très malade dans le
Berry, va se faire transporter la Chambre pour
voter contre l'impôt sur la viande.
Ce bon M. Doucet, il faut toujours qu'il exa
gère
Il annonce que, prochainement,^ des droits
d'entrée seront aussi votés sur les céréales; puis
il dit que les déclamations de M. Pirmez tom
bent sous le bon sens de la nation
Naturellement, il y a gauche ce qu'on ap
pelle des rires ironiques.
le prix des viandes de première qualité et bais
ser le prix des viandes ae qualité inférieure.
Il dépose un amendemeut, appuyé par plu
sieurs députés cléricaux de Bruxelles, soumet
tant des droits d'expertiselesviandes importées
en Belgique.
Il invoque en sa faveur des extraits d'un livre
de M. J.-B. Say, mais M. Pirmez démontre que
M. le ministre n'y comprend rien. Si M. J.-B.
Say, M. de Moreau, lui, ne sait pas. Ça se voit.
Nous les produirons riposte M. de Mo
reau avec une fierté qui dénote une grande con
fiance en ses moyens.
Il ajoute que ce sera l'affaire de deux ou trois
années au plus. Et allez donc
Révolutionnaire de M. Pirmez, va
M. Colaert a entendu dire par des ouvriers
que cela leur était égal de voir augmenter le
Erix du pain, et il ajoute que les droits sur le
lé n'ont pas fait hausser la valeur du pain en
France... Ça a du être dit avec force restrictions
mentales, ces vérités là.
M. Colaert annonce qu'il continuera demain.
Décidément, tout le monde veut se donner le
genre de faire des discours en deux journées
M. Nothomb a déposé la fin de la séance un
amendement disant que la loi sera revisée avant
le lr Janvier 1891.
Économie domestique.
Vente du beurre sa législation en Allemagne
et en Angleterre. A l'exemple de la France,
du Danemarck et des Etats-Unis, l'Allemagne
entre son tour dans la voie de la répression
l'égard de la vente frauduleuse des margarines
et oléo-margarines, sous le nom et les appa
rences du beurre.
Le projet allemand dispose que les locaux de
commerce et autres lieux de vente, y compris
les boutiques installées dans les marchés et où
se débite en gros et en détail du beurre artifi
ciel, doivent être signalées au public par l'in
scription, en place apparente et en caractères
lisibles et difficiles effacer, les mots «vente
du beurre artificiel.
La même désignation doit être reproduite
sur les vases et récipients quelconques dans
lesquels le beurre artificiel est régulièrement
vendu en gros et en détail. Dans le cas de vente
en caisses ou en barils entiers, l'inscription sera
complétée par l'indication du nom ou de la
raison sociale du fabricant. Si la vente s'effec
tue en pains séparés, ces pains de forme rec
tangulaire doivent être estampillés au nom du
fabricant ou de sa raison sociale, accompagnés
de la désignation beurre artificiel, ou fiien,
l'enveloppe doit porter elle-même cette indica
tion sous le nom de beurre artificiel le
projet de loi allemand comprend toutes les
préparations ressemblant au beurre extrait du
lait, mais dont la matière grasse ne dérive pas
exclusivement du lait.
Les infractions ces dispositions sont punies
-ooG^Oo«—
v On parle très-sérieusement de la démission
de M. Pycke, sénateur et président du cercle
catholique.
Séance du 3 Mai.
M. Doucet se remet lire le grandissime dis
cours commencé Vendredi. Décidément, il n'est
drôle que lorsqu'il improvise. Aujourd'hui, il
est lugubre et incompréhensible. Nous croyons
comprendre que, si les droits ne sont pas votés,
des centaines de milliers d'ouvriers agricoles
vont envahir les villes et faire baisser les salai
res des ouvriers citadins.
M. Somzée lit ensuite un discours dans lequel
il attribue la routine la situation de l'agricul
ture. Le salut est dans le progrès. Jamais, dit-
il, moment ne fut plus mal choisi pour frapper
les denrées alimentaires, car la population ou
vrière est dans le dénument. Les droits produi
ront dans le pays un effet moral détestable.
M. Somzée pense que les droits feront hausser
M. de Moreau vient son tour défendre le pro-
iet de MM. Dumont et consorts. 11 dit que le
libre-échange est une belle théorie irréalisable.
Il est partisan des droits d'entrée parce qu'ils
sont compensateurs. Il explique la question
d'une façon si claire que ces deux interruptions
sont venues couronner sa démonstration
M. Pirmez. J'avoue que je ne comprends
pas.
M. Sabatier. Il faudrait envoyer Gheel
celui qui tiendrait un pareil discours. (Bruit
droite).
M. de Moreau, toujours serein, continue son
discours et accuse les libre-échangistes de faire
des agriculteurs de véritables martyrs.
M. Sabatier fait remarquer M. de Moreau
que, si on empêche les bœufs de l'étranger d'en
trer en Belgique, il y aura un déficit de 600,000
têtes de bétail.
M. Colaert lui succède et se plaint de voir M.
Pirmez lancer le peuple sur la bourgeoisie.