56. Dimanche,
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Revue politique.
La génération de crétins.
47e ANNÉE.
8 Mai 1887.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Le projet de loi ecclésiastique est donc voté
et sanctionné en Prusse. Il est incontestable que
la solution qu'a reçue cette question met fin au
Kulturkampf, mais, avertis et devenus plus pru
dents, les organes du Centre se garderont bien,
cette fois, de célébrer avec éclat les avantages
obtenus. Ils ne se vanteront pas, par exemple,
d'avoir contraint M. de Bismarck, aller s'hu
milier Canossa devant le souverain pontife.
Non parce que la comparaison manquerait
d'exactitude, mais parce que M. de Bismarck ne
demeure jamais désarmé. Il est prompt ressai
sir les concessions dont on abuse d'ailleurs
c'est donnant, et l'attendre ,un Canossa quel
conque, c'est risquer de s'y morfondre tout
seul.
Ce que l'on peut dire, c'est que la politique de
Léon XIII ne manque pas d'habileté.
Les ministres français se sont réunis Mardi,
sous la présidence de M. Grévy. Ils étaient tous
Êrésents et ils se sont entretenus des questions
udgétaires et des économies qu'ils veulent réa
liser sur chacun de leurs départements. Le chiffre
total de ces réductions s'elève 12 milllions,
dont 9 millions pour le ministère de la guerre et
3 millions pour le ministère des finances.
Le président du conseil a rendu compte de
l'entrevue qu'il a eue, Samedi dernier, avec M.
Schnsebele. Il lui a accordé un congé, afin de lui
permettre de prendre un peu de repos. Il a fait
S art de son intention de lui donner un autre poste
'ici quelques jours.
M. Goblet a, en outre, fait savoir qu'il était
arrivé opérer des réductions s'élevant 150,000
francs sur le service des prisons, et 50,000 francs
sur celui de l'assistance publique, relevant du
ministère de l'intérieur. MM. Bertbelot, Millaud
et Granet ont rendu compte de leur voyage en
Algérie.
A l'issue du conseil, M. Goblet a reçu M. Her-
bette, ambassadeur de la République française
Berlin, avec lequel il s'est longtemps entre
tenu.
Yprès, le 7 Mai 1887.
Singulière situation que celle qu'a fait surgir
la question des substances.
Que voyons-nous
D'un côté, gauche, des représentants qui
combattent pour qu'on n'arrache pas la nourri
ture de la bouche de l'ouvrier, et qu'on n'expose
pas l'industrie indigène ne plus pouvoir lut
ter avee l'étranger. La gauche sacrifie cette
bonne œuvre la popularité des campagnes, où
ses adversaires la présentent comme hostile aux
intérêts agricoles.
De l'autre côté, droite, les préoccupations
électorales dominant tout. On se livre des
spéculations de boutique, tous les appétits
égoïstes et l'on votera la loi de famine, plutôt
que de perdre un siège au Parlement.
Et entre lesdeux partis, un ministère divisé,
une situation anormale, absurde, illogique, une
division profonde. M. Beernaert, berné par M.
Moreau, aux applaudissements de la majorité,
qui voudait envoyer notre Premier planter des
choux pour l'exportation, tandis qu'on suppri
merait l'importation de la viande.
Est-ce ainsi, nous le demandons, qu'on de
vrait traiter la liberté commerciale dans ce qui
concerne la subsistance publique
(le combat singulier entre M. Beernaert et
son collègue de l'agriculture est déplorable. Il
amoindrit le pouvoir, car il y a là plus qu'une
question de cabinet, il y a une question de vie
ou de mort, sur laquelle chacun devrait être
d'accord, la politique libérale et cléricale n'a
rien voir dans le pot feu national que nos
bons cléricaux veulent vider.
Si nos maîtres avaient le sentiment de leur
dignité ils comprendraient que lorsqu'il s'agit
d'une solution aussi grave, elle ne peut être
prise par un ministère désuni et que leur re
traite s'impose.
Mais ils n'entendent pas de cette oreille là.
Cet avenir, promis aux écoles cléricales par
M. Dedecker, se prépare d'une façon active et
certaine sous la direction du lacrymonieux
Thonissen.
Voici le catalogue complet des livres de
lecture mixtes» admis dans la dernière fournée
des ouvrages choisis pour former les biblio
thèques des écoles de l'Etat
Et puis,., c'est tout. Du reste, c'est plus que
suffisant pour arriver au but entrevu et dénoncé
depuis de longues années par le ministre De
decker, un témoin charge qui ne sera pas
récusé par des catholiques.
M. Dedecker entrevoyait avec épouvante cet
enseignement et les conséquences qui en de
vaient résulter.
On a chassé M. Dedecker, et on n'est pas
éloigné de s'apitoyer sur le sort du dolent Tho
nissen, qui, aussi convaincu que M. Dedecker,
fait l'odieuse besogne devant laquelle l'autre
reculait
L'organe officieux du ministère n'a pas de
chance avec ses démentis. Il suffit qu'il conteste
l'authenticité d'un fait quelconque, pour que
l'on apprenne quelques jours après que ce tait
est parfaitement exact.
C'est ainsi qu'il avait démenti «formellement»
la nouvelle d'un prochain emprunt, donnée
par la Patrie de Bruges
La Patrie vient de lui répondre
Le Journal de Bruxelles ne l'ignore pas,
aucun impôt ne sera spécialement créé pour
couvrir les dépenses extraordinaires. Les res
sources seront demandées en prêt, et si les
conditions de l'emprunt ne sont pas réglées au
jourd'hui déjà, au moins le ministre a-t-il pu
amener des engagements de la part d'un groupe
de prêteurs qui ont promis leur concours au
placement éventuel des titres. Les bons du
trésor actuellement en circulation seront cer
tainement consolidés par un emprunt définitif.»
Le Journal de Bruxelles avait démenti non
moins formellement les renseignements publiés
par le Temps sur les démarches faites par le
cabinet Beernaert auprès du Pape pour amener
la droite voter le service personnel.
Or, le correspondant romain du Temps télé
graphiait hier ce journal
«Je suis en mesure de maintenir absolument,
malgré les démentis de la presse catholique
belge, mon information sur les démarches que
fait le gouvernement belge auprès du Vatican
pour obtenir l'intervention du Pape en faveur
de la loi militaire.
Et au même moment, une autre feuille pari
sienne, le Figaro, recevait de Rome la dépêche
suivante
Le Vatican a informé le ministre belge,
accrédité près de lui, qu'il ne pouvait interve
nir en faveur de la loi militaire en forçant le
parti catholique accepter la loi. Les négocia
tions durent depuis l'affaire du Septennat c'est
alors que le cabinet belge a fait sa première
démarche Rome. Le Vatican déclare que la
question du Septennat constitue un cas excep
tionnel, qui intéressait la paix de l'Europe, et
que l'intervention de Léon XIII a été détermi
née par les concessions que la Prusse faisait en
matière ecclésiastique.
Les négociations ont été longues cause de
la vive insistance du cabinet belge. Mais le Va
tican a persisté dans son refus, pour couper
court au renouvellement de pareilles proposi
tions, et bien montrer que son attitude dans la
question du Septennat ne saurait constituer un
précédent.
On sait que le correspondant romain du Fi
garo est un des familiers du Vatican.
Nous voilà donc fixés sur la valeur des asser
tions du Journal de Bruxelles. Ses démentis
devront être considérés désormais coname la
confirmation absolue des nouvelles qu'il déclare
dénuées de tout fondement.
L'élection d'Ostende constitue un triomphe
éphémère pour M. de Stuers, mais il ne doit
pas s'en glorifier. Les listes nouvelles donnant
aux cléricaux 60 80 inscriptions de plus
qu'aux libéraux. Dès lors l'affaire de M. de
Stuers est claire pour l'élection 1888.
C'est par cette prophétie que la presse cléri
cale se console de son naufrage dans Va mer
électorale dOstende. Maison ne sent pas sous
cette assurance d'emprunt la peur qui com
mence talonner nos adversaires, en présence
de la brèche faite la forteresse flamand^', où
ils se croyaient jamais installés sans part âge,
et où le libéralisme compte bien faire une n iou-
LE PROGR
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des pensionnais et des écoles primaires.
N" 34. Abbé Collaes. Cours d'histoire sacrée. His
toire sainte depuis la création jusqu'à l'avènement du
Messie.
N° 35. D' J. Schuster. Abrégé de l'histoire sainte
l'usage des classes inférieures des établissements d'instruc
tion publique. Seconde version.
N° 36. D'J. Schuster. Histoire biblique de l'Ancien
et du Nouveau Testament, traduite sur la 58e édition alle
mande, par l'abbé Coussinier.