velle trouée en cette année 1888, sur laquelle les faux prophètes fondent des espérances, que le soleil de Juin fera fondre. Les signes du temps ne manquent pas. Quand un parti se voit obligé de recruter ses repré sentants parmi les repris de justice, il est bien près de sa chûte. Aux dires de la Gazettecertains bruits au raient pris, ces jours derniers, beaucoup de consistance d'après lesquels le gouvernement ne serait pas éloigné d'accepter l'ajournement la session prochaine de la discussion du pro jet d'Oultrcmont. M. Beernaert se laissera-t-il pousser par la droite La droite se passera-t-elle de l'adhésion de M. Beernaert Tout est là. Le tribunal de Marseille vient de rendre un jugement très intéressant pour tous ceux qui voyagent en chemin de fer et par conséquent pour tout le monde. Il a condamné une compagnie de chemin de fer payer une indemnité la victime d'une tentative d'assassinat commise dans un wagon. Attendu, dit le jugement, qu'entre le voya geur qui prend un billet de parcours et la com pagnie qui le lui délivre il s'établit un véritable contrat la Compagnie s'oblige non seulement transporter naturellement le voyageur l'en droit mentionné sur son billet, mais encore garantir toute sécurité pendant son parcours Le jugement déclare que les compartiments ne communiquant pas entre eux, le voyageur attaqué pendant le trajet ne peut appeler l'aide. Recommandée l'attention de M. Vanden Peereboom cette jurisprudence qui pourrait fort bien s'établir chez nous. a Le plan des Allemands. Le chroniqueur militaire de VEcho du Nord de Lille s'occupe, dans son dernier article, du plan d'invasion soudaine que méditent les Allemands pour le cas où une nouvelle guerre viendrait éclater et des mesures prises par l'état-ma- jor français pour le déjouer A cette heure, les Allemands possèdent, en Alsace-Lorraine, quelques kilomètres de la frontière française, un chiffre énorme de batail lons, d'escadrons et de batteries, et non-seule ment ce chiffre équivaut celui des unités composant une véritable armée, mais ces batail lons, escadrons et batteries sont encore en tout temps effectif renforcé, c'est-à-dire un effectif sensiblement rapproché de celui de guerre. Ainsi les compagnies comptent 180 hommes et les es cadrons 150 sabres. Bref, on a acquis Paris en haut lieu la con viction que, moins de quatre ou cinq heures après la déclaration de guerre, une armée de 90 100,000 Allemands se ruera sur notre territoire. Le projet des Allemands est de déchirer, par cette fougeuse et soudaine irruption, le rideau protecteur des forts d'arrêt et de troupes (6e corps d'armée, général de Février) que nous avons tendu sur la frontière, pour s'établir soli dement dans la zone de terrain choisie en vue de la concentration de nos armées et qu'indiquent nettement les quais de débarquement construits l'avance. Dans cette zone, partir du quatrième jour de la mobilisation et pendant une semaine envi ron, plus de seize cents trains viendront en effet vomir un torrent d'hommes, de chevaux, de voi tures et de bouches feu. a On s'imagine sans peine l'effroyable confu sion jetée dans cette foule immense par un ad versaire établi aux débarcadères et accueillant les trains coups de canon. Il se produirait sans nul doute un gâchis, un pêle-mêle qui transfor merait nos aimées en troupeaux éperdus avant qu'elles eussent combattu. Cette pointe audacieuse des troupes d'Alsace- Lorraine sera sans nul doute secondee parallèle ment par l'emploi d'adjuvants comme des raids de cavalerie et des tentatives d'agents apostés l'avance contre nos routes, nos voies ferrées et nos communications télégraphiques. Un de nos amis, même d'être bien renseigné, nous affir mait que le motif principal du ressentiment des Allemands contre M. Schnaebelé, l'intrépide commissaire de police de Pagny, provenait de ce que ce magistrat sagace avaitlmver passé, traversé une machination machiavélique ayant pour but de faire sauter la première heure nos principaux quais de débarquement. Nous en avons assez dit pour faire compren dre l'étendue du péril. On pense d'ailleurs que notre état-major général, après l'avoir éventé, n'a pas tardé aviser aux moyens de le conjurer. Le procédé le plus efficace aurait consisté re culer, 24 heures de marche en arrière, la ligne de nos quais de débarquement et les gros appro visionnements amassés l'avance leur hauteur. Mais le temps manquait, il a fallu recourir un expédient. On a imaginé ce qu'on a appelé le renforcement de la couverture, n n La couverture ce mot trahit sa significa tion. On entend par là l'ensemble des obstacles inanimés et vivants destinés couvrir la concen tration de nos armées. La découverte de sub stances brisantes d'une force inouïe a malheu reusement enlevé beaucoup de leur importance nos forts d'arrêt. Il ne faut plus compter que sur la poitrine de nos soldats. Or, face la Lor raine, nous n'avons qu'un corps d'armée (le 6e) fort d'environ 40,000 hommes et tenu de garder oinquante lieues de frontière contre 100,000 en nemis. Il ne peut manifestement suffire cette tâche. Notre état-major général a alors rédigé l'or dre de préparer en tout temps dans les garnisons voisines de la frontière un certain nombre de bataillons de marche qui s'embarqueront 3 ou 4 heures après la réception du télégramme de mo bilisation, et viendront de la sorte promptement donner un coup d'épaule aux camarades du 6e corps. v Cette solution ne va pas sans de graves in convénients que des discussions assez vives échangées ces jours passés dans la presse mili taire ont mis pleinement en lumière mais elle pare au plus pressé et nous sauve du danger im médiat. Si donc ce qu'à Dieu ne plaise la catastrophe que tout le monde redoute éclatait, et si les Allemands essayaient de mettre leur Elan d'offensive hardie exécution, ils auraient ien des chances de se casser le nez. Ainsi soit-il Que la France prenne donc confiance. Nouvelle* locales. Dimanche dernier, vers 11 1/2 heures du soir, deux jeunes gens de notre ville ont été attaqués en pleine rue. L'un a reçu un coup de couteau dans le ventre, l'autre en a reçu dans la nuque, dans la figure et dans la cuisse. D'après la rumeur publique, les deux coupa bles habitent aux portes de la ville, et sont déjà sous la main de la justice. C'est Lundi, 9 Mai prochain, que la troupe flamande d'Anvers donnera sur notre théâtre, le célébré drame en cinq actes, Don César de Ba- zande MM. Dennery et Dumanoir. Cette pièce a eu le plus grand succès au Théâ tre Français de Paris et a été jouée plus de 400 fois. La représentation sera terminée par Lot is doodvaudeville en un acte. La troupe de M. Saint-Omer donnera, avec le concours de Mme Saignard, le Vendredi, 13 Mai 1887, 7 3/4 heures, la Salle de Spectacle, une brillante représentation composée de la cé lèbre pièce Tailleur pour Dames, comédie-vaude ville en 3 actes de M. GeorgeB Feydeau et d'une comédie en un acte Un bain de ménagedu même auteur. Voici comment le Gaulois apprécie l'auteur de cette comédie-vaudeville premier pas sur la scène. En général, la jeunesse et la belle humeur viennent beaucoup plus tard aux écrivains. On commence par n'avoir pas l'esprit de son âge, et trop souvent, par montrer surtout l'es prit des autres. n Celui-ci, au rebours, est bien lui-même gai jusqu'à la folie. Cette folie de M. Georges Feydeau a obtenu un grand succès. Il y a mis un furieux entasse ment d'éléments comiques, si le jeune auteur de Tailleur pour Dames, n'est pas de l'étoffe où l'on taille les vrais écrivains comiques, si celui-là n'est pas doué souhait pour amuser les hon nêtes gens, je ne sais plus ce que c'est que la gaieté Un incendie s'est déclaré, Gheluwe, le lr Mai, vers 10 heures du soir, la ferme exploitée par Deleu-Bousse tout a été détruit en une demi-heure de temps on n'a pu sauver que deux chevaux et un porc. Les bâtiments sont assurés, les meubles ne le sont pas. On attribue cet incendie la malveillance. Le 3 courant, trois incendies occasionnés par la foudre, ont réduit en cendres 1° Une maison Bas-Warnêton, au préjudice de Vandewinck, journalier. Pertes 1,150 francs. 2° Une grange Oo8tduinkerke, au préjudice de Delanghe, pê cheur. Pertes, 150 francs. 3° Un petit bâtiment, au Risquons-Tout, au préjudice de Tilleux, ca- baretier. Pertes 400 francs. Le tout était couvert par l'assurance. Un incendie s'est déclaré Vendredi, 6 Mai der nier, vers deux heures de l'après midi, Moor- slede, Droogenbroodhoekdans une maison deux demeures, occupées par Charles Buseyne et Au guste Herman. En moins d'une heure, le tout a été la proie des flammes. Il paraît que les enfants du locataire Herman ont occasionné l'incendie en jouant avec deB al lumettes. Cette maison appartenant au sieur Charles Buseyne était assurée ainsi que les meubles de ce dernier. Le bureau de la commission médicale provin ciale de la Flandre occidentale informe les inté ressés que la lre session des examens de dentiste, de droguiste et de sage-femme, s'ouvrira Bru ges, le 11 Mai 1887. Les inscriptions seront reçues chez M. le doc teur JSchramme, secrétaire de la commission, en cette ville, jusqu'au 10 Mai. Naissances du sexe masculin, 15 id. fémi nin, 11 total 26. Décès du sexe masculin, 10 id. féminin, 28 total 38. Excédant des décès sur les naissances, 12. Mariages, 10. Divorces, 0. Chemin de fer de la Flandre occidentale. A l'occasion de la Procession du Saint-Sang, les trains spéciaux suivants seront organisés le Lundi, 9 Mai prochain Départs de Thourout (venant de Dunkerque) 8.16 m. Zedelghem, 8.28 Lophem, 8.35. Arrivée Bruges, 8.45. De l'Abeele (venant de Hazebrouck) 6.53 Popennghe, 7.05 Vlamertinghe, 7-15 Ypres, 7.30 Zonnebeke, 7.45 Mooralede-Passchen- dale, 7.54 Roulers, 8.15 Gits, 8.30 Lichter- velde, 8.40 Thourout, 8.50 Zedelghem, 9.02. Arrivée Bruges, 9.15. De Lichtervelde, 8.50 Thourout, 9.00 Ze delghem, 9.11. Arrivée Bruges, 9.25. Les stations suivantes délivreront des coupons aller et retour avec diminution de prix Abeele et Poperinghe lre classe, 8-00 fr., 2e 6 fr., 3e 4 fr. Vlamertinghe lre classe, 7 fr., 2a 5 fr., 3e 3-50 fr. Tailleur pour Dames est le début au théâtre de M. Georges Feydeau, le fils du fameux ro mancier Ernest Feydeau. M. Georges Feydeau a vingt ans ou peu davantage. On aura rarement vu un si jeune auteur faire aussi gaiement son Mouvement de l'Etat-Civil de la ville d'Ypres pendant le mois d'Avril 1887.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 2