iV 58. Dimanche, 47e ANNÉE, 15 Mai 1887. JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Revue politique. La loi de famine. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. AIRES iCQUIRIT EUNMO. [ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Mena. Pour le restant du pays7-00. |Tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-16; Réclames: la ligne, fr. 6-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. LA CRISE MINISTÉRIELLE. Les journaux français de Mardi discutent gé néralement et presque unanimement la question de cabinet. Il est clair pour tout le monde que les radi caux veulent faire tomber le ministère sur la question du budget. On prétend même, ce propos, que dans les couloirs du Palais Bourbon M. Clémenceau au rait tenu un discours assez étrange. Se sentant dans l'impossibilité de réunir une majorité, au cas où il serait appelé constituer un ministère, le directeur du journal la Justice aurait manifesté l'intention de provoquer la no mination du général Boulanger comme président du Conseil dlîtat. Et, la chose faite, il essaye rait de dominer la situation en provoquant une diversion l'extérieur. Je crois qu'on calomnie M. Clémenceau en lui prêtant de pareilles visées et surtout de tels propos. Dans tous les cas, la Chambre, elle, ne soucie rait, aucun prix, d'une diversion l'extérieur, et n'accepterait jamais M. Boulanger comme chef de cabinet. L'avis des personnages politiques sérieux est que l'on pourra éviter là crise ministérielle et qu'on trouvera un terrain d'entente. Le Temps, le Siècle et tous les journaux qui ont quelque influence sur l'esprit public, estiment que la première économie réaliser, c'est celle d'une crise ministérielle. Vous avez vu que, malgré l'insistance du géné ral Boulanger, on a donné la question des sucres la priorité sur la discussion de la loi mi litaire. En voici la raison vraie. Quoique le projet de la nouvelle loi ne modifie Sas dans ses fondements l'ancien état de choses y apporterait cependant une perturbation momentanée. Or, l'on trouve inopportun de risquer une opé ration de ce genre et de cette portée, au lende main de la crise que l'on vient de traverser si heureusement. Dans une lettre adressée par M. Goblet la Commission du budget, il regrette de ne pouvoir pas augmenter le chiffre des réductions, mais le gouvernement est prêt examiner toutes les économies que proposerait la Commission. Le gouvernement n'insiste pas sur le projet de re constitution du capital, mais demande une prompte discussion du projet de réforme de la taxe mobilière, se réservant, en cas de rejet du projet, de rechercher d'autres ressources. La Commission du budget discute actuelle ment si elle acceptera l'attitude du gouverne ment, indiquée par la lettre de M. Goblet, elle laissera la Chambre juge. ou si La Commission du budget a entendu M. Go blet, qui a exprimé le désir d'arriver une en tente avec la commission. Il a déclaré que le gouvernement est prêt aller jusque 20 millions d'économie, par la nouvelle réduction sur la marine et les travaux publics. En outre, le gou- s vernement reste la disposition de la commis sion pour examiner la possibilité d'autres économies. "v Malgré ces dispositions conciliantes, la com mission du budget, après des explications avec M. Goblet, et un court débat, a adopté par 25 voix contre 5 un ordre du jour, considérant que les économies proposées dans le projet de budget sont insuffisantes. M. Pelletan a été nommé rapporteur. Voici le texte exact de l'ordre du jour voté par la Commission du budget. La Chambre, considérant que les économies proposées au budget pour 1888 ne sont pas suf fisantes, invite le gouvernement présenter de nouvelles propositions. Le vote de la Commission est considéré géné ralement comme ouvrant la crise ministérielle. L'ordre du jour, en effet, a été voté une ma jorité beaucoup plus considérable que celle laquelle on s'était attendu. Et ce qui rend la position encore plus critique, c'est la nomina tion, comme rapporteur, de M. Pelletan, le bras droit de M. Clémenceau. On parlait déjà dans leauouloirs d'une combi naison Freycinet. Ypres, le 14 Mai 1887. il n'y a que quarante-huit heures que l'o dieuse loi proposée par les députés de Nivelles a été votée le Sénat n'en est pas encore saisi et déjà nombre de bouchers ont augmenté de 50 centimes par kilogramme le prix de la viande. Nous n'étonnerons personne en disant que c'est sur la viande de seconde catégorie, sur celle qu'achètent les gens du peuple qui man gent quelquefois de la viande, que cette aggra vation de prix s'est surtout portée. On n'a pas attendu que la loi fût promulguée. On sait qu'elle le sera, malgré l'opposition ma nifestée par le chef du cabinet on sait que le gouvernement a la main forcée par ce pouvoir ténébreux qui dicte ses ordres de Rome et au quel obéissent ceux que M. Alphonse Nothomb appelait nos maîtres dans le premier affole ment de son triomphe électoral. Ce pouvoir occulte et ténébreux a pour exé cuteurs de ses basses œuvres, en Belgique, un certain nombre de propriétaires campagnards qui les malheurs des temps ont rogné et réduit les revenus. C'est pour relever les recettes et grossir les loyers de ces agents ultramontains que la loi de famine a été décidée, votée et sera exécutée. Les rares gens de la classe ouvrière qui man gent de la viande devront la payer plus cher, et, sans doute, seront forcés d'y renoncer. Ils se rejetteront sur le pain, qui, naturellement, nécessairement, se vendra également plus cher mesure que la consommation en augmentera. C'est la famine, la misère. Et cela a été médité, délibéré, voulu, dans l'intérêt de quelques-uns dont le Vatican tient récompenser lé zèle, l'asservissement et le fanatisme. Cest pour ceux-là que le Vatican s'oppose ce que la loi du recrutement soit modifiée en Belgique. Oui, honte 1 c'est le Vatican qui con damne le fils de l'ouvrier porter seul la charge du service militaire, et c'est lui qui fait voter des droits odieux et impose au gouvernement le pacte de famine que les Chambres cléricales vont consacrer. M. Beernaert a fait mine de combattre la loi. 11 ne pourrait même pas en empêcher sa pro mulgation. Le Roi n'a-t-il pas, en allant, le mois dernier, pour la première fois depuis son avè nement au trône, assister au concours de bétail gras l'abattoir de Bruxelles, consacré pour ainsi dire par avance le vote de la loi Dumont On lit dans le Journal de Liège Malgré la défaite des libres-échangistes, il ne faut cependant point s'abstenir de rétorquer les erreurs de nos adversaires. En voici une. M. CoJaert a déclaré que les terres ne se louaient, dans les Flandres, qu'à des prix déri soires, et il en a accusé le système libre-échan giste. Rien n'est plus faux et voici la vérité. Autrefois fl. était admis comme axiome qu'un fermier devait consacrer une certaine proportion de terres des prairies un tiers, je crois. Il produisait ainsi du bétail qui lui fournissait la plus grande partie du fumier nécessaire pour les terres, emblavées ou plantées de légumes, en même temps que l'engraissage procurait des bénéfices. La concurrence des blés Américains ayant fait baisser le prix des nôtres, il semble qu'on aurait dû chercher le remède dans le perfection nement des moyens de culture, ou dans le déve loppement des cultures rémunératrices. C'est le principe de nos industriels et c'est ce qui permet nos provinces du Sud-Est de traverser la crise. Mais les industriels et les libéraux ne sont que des imbéciles, cela est connu. Voici comment on a procédé dans les Flan dres. n II faut savoir que les prairies sont très-riches en principes fertilisants. On peut immédiate ment les transformer en champs de blé et ceux- ci se trouveront engraissés pour plusieurs an nées. Jamais les propriétaires ne l'avaient permis parce qu'ils savaient très-bien que c'était man ger le londs avec le revenu et qu'il faudrait plu sieurs années de sacrifices pour reconstituer les prairies. Mais, lors des renouvellements des baux qui eurent lieu il y a quelques dix ans, beanconp de fermiers ne consentirent payer les prix anciens qu'à la condition de supprimer les prairies et de les emblaver. Cette substitution du blé aux her bages leur épargnait des dépenses d'en^çrais et LE PROGRES

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 1