Supplément au journal le n Progrès n du Dimanche 15 Mai 1887
LE JOURNAL DU DIMANCHE.
La fausse monnaie.
Depuis quelque temps le public s'est ému du
nombre relativement considérable de pièces
fausses mises en circulation. Indépendamment
des monnaies qui, par suite de traites entre les
nations ou de décrets émanant du gouvernement
français, ont cessé d'avoir cours, il y a beaucoup
de pièces fausses, c'est-à-dire ne représentant
aucune valeur. Ce genre de fraude s'exerce seule
ment sur les monnaies d'or et celles d'argent.
Aux termes de la convention du 6 Novembre
1885, cinq nations échangent entre elles les piè
ces frappees par leurs gouvernements respectifs,
sans aucun droit, c'est-à-dire que les pièces frap
pées dans les pays signataires sont exactement
assimilées et offrent même titre, même poids,
même valeur.
Cette convention de 1885 vise les pièces d'or
de cent francs, de cinquante francs, de vingt, de
dix et de cinq francs. Mais elle écarte de la cir
culation les pièces de dix francs de 17 millimè
tres et celles de cinq francs de 14 millimètres
frappées antérieurement 1856, démonétisées
par décret du 19 Février 1859.
Mais comment connaît-on une fauBse pièce
d'or d'une vraie
On s'imagine généralement que le poids est un
indicateur suffisant. En effet il eqt d usage, dans
lés banques et dans les établissements de com
merce où se manient de grosses sommes, de pe
ser les rouleaux de pièces d'or.
Cependant les faux monnayeurs ont trouvé
des procédés certains leur permettant de fabri
quer, l'aide d'un alliage de platine, des pièces
qui, préalablement dorées, offrent l'aspect, le
toucher et le poids des pièces d'or.
Ces pièces viennent d'ordinaire d'Espagne et
sont frappées l'effigie d'Isabelle ou d'Alphonse.
Très-peu de pièces l'effigie de Napoléon ou de
la République ont été trouvées, et on n'en a ja
mais constaté de fausse parmi les pièces anglai
sas (livres sterling).
Du reste, les Isubtiles et les Alphonse* qu'on a
réussi lancer dans la circulation sont parfaite
ment imitées et doivent coûter aux fabricants,
tant en achat de platine qu'en main-d'œuvre, les
deux tiers de la valeur qu'elles représentent
factice ment
Q est impossible l'œil le plus exercé de les
reconnaître. A J
La France, l'Italie, la Suisse, la Belgique et
la Grèce, en signant la dernière convention de
1665, ont fait une réserve au sujet des monnaies
divisionnaires, savoir les pièces de 2 et 1 franc,
de cinquante et vingt centimes, qui n'ont cours
qu'à partir des millésimés suivants
Millésime 1863, pour les pièces italiennes.
Millésime 1866, pour les pièces suisses et
belges. <v
Millésime 1868, pour les pièces grecques.
Les pièces de cinq francs en argent sont échan-
geables, sans distinction de millésimé, même les
pièces italiennes, qui, frappées avec l'unité du
royaume d'Italie, portent les effigies du roi de
Piémont ou du roi d'Italie.
Les pièces chiliennes, péruviennes, espagnoles
n'ont pas cours, non plus que les monnaies divi
sionnaires correspondantes, et perdent au change
près du quart de leur yaleur fictive. Pièces chi
liennes et péruviennes sont fondues lorsqu'elles
arrivent la monnaie les pièces espagnoles
sont renvoyées en paiement l'Etat qui les a
émises.
L'adresse des faux monnayeurs, contre la
quelle le public doit bien se mettre en garde
lorsqu'il s'agit de l'or monnayé, est peu redou
table lorsqu elle s'exerce sur la fabrication des
pièces imitant l'argent.
En effet, l'argent est, après l'or et le platine,
le métal le plus dense connu. Donc, pour obte
nir, sous le même volume, un poids égal celui
de l'argent, il faudrait avoir recours des allia
ges trop coûteux et qui rendraient la fraude inu
tile. Aussi les pièces imitant l'argent, qui se
trouvent néanmoins en assez grande quantité
dans la circulation, sont-elles grossières, mal
gravées et si sensiblement plus légères que les
pièces vraies, que n'importe qui peut les recon
naître au poids.
Les pièces de 5 francs contiennent seulement
9/10 d'argent fin, et cependant la fabrication de
pièces de 5 francs en argent pur, sans alliage,
donnerait celui qui s'y livrerait un bénéfice de
27 pour cent, moins les frais de fabrication
l'argent, en barres subit, en effet, une perte de
27 pour cent en d'autres termes, avec cent
francs en or, on achète une barre d'argent qui,
monnayée, vaudrait 127 francs. Ce serait une
espèce de faux monnayage de nouvelle espèce
jusqu'ici les fausses monnaies avaient contenu
beaucoup moins d'argent fin que celles fabri
quées l'hôtel des monnaies. Les malfaiteurs
qui exercent le droit régalien en fabricant des
monnaies d'argent en se seryant du métal ordi
naire gagnent 27 pour cent.
L'imitation de ces monnaies d'argent ne peut
être que très-grossière, et, par conséquent, l'ad
ministration de la Monnaie s'en est jusqu'ici peu
occupée.
Quant celle des pièces d'or, elle est, grâce
l'emploi du platine, assez fréquente et, comme
nous l'avons dit plus haut, présente aux experts
eux-mêmes l'apparence exacte des pièces vraies.
D y a quelques remarques signaler au pu
blic, afin de le mettre en garde contre les frau
des courantes.
Les pièces de dix francs, peu nombreuses du
reste, sont moins bien marquées que les pièces
vraies. Notamment sur les pièces frappées l'ef
figie de l'empire, l'j et le c du mot a français n
sont plus penchées que les autres lettres. Le
grénetis qui entoure la pièce est plus large et
F aspect général en est plus lourd.
Les pièces de vingt francs, fabriquées avec du
platine et dorées, ont le même son et le même
poids que les louis véritables, mais après quel
que temps la couleur blanche apparaît, et l'on
peut les reconnaître cet indice.
Les fausses pièces de cinq francs en or n'exis
tent pas, ou, si elles existent, elles sont si faciles
reconnaître qu'il semble superflu de signaler
les défectuosités qui les rendent reconnaissables.
Quant aux pièces d'argent, elles ont un poids
spécifique tel, qn'il est absolument impossible
de les imiter, moins que d'une façon grossière
et qui ne tromperait personne. Elles sont en
plomb, par exemple elles offrent un aspect
grisâtre et un contact savonneux. Le poids en est
très-sensiblement inférieur celui des bonnes
pièces. Enfin, ce poids, critériam général de la
valeur des monnaies,ne peut être atteint que par
un alliage d'or ou de platine tellement coûteux,
que la fraude, en ce cas, deviendrait duperie
pour les faux monnayeurs eux-mêmes.
La conclusion est celle-ci c'est qu'il faut se
méfier des pièces d'or surtout, et, parmi celles-
ci, des pièces espagnoles Isabclles ou A Iphonses
de 25 francs, qui, sous le poids normal, obtenu
au moyen d'un alliage de platine, trompent les
gens du métier eux-mêmes, mais sur lesquelles
un grattage très-superficiel peut faire découvrir
la fraude.
ÉTAT-CIVM, D'YPRES,
Variétés.
En cours de publication dans
LES NUITS DU PÈRE LA CHAISE,
par Léon Gozlan.
LES PERLES NOIRES,
par Louis Énault.
LE TRÉSOR DES BACQUANCOURT,
par François Oswald, etc. et Musique.
10 cent, le Numéro de 16 pages chez tous les Libraires.
Primes gratuites offertes tous les Abonnés.
du 6 au 13 Mai 1887.
Naissances Sexe masculin, 8 id. féminin, S.
Décès
Coopman, Cécile, sans profession, 74 ans, veuve de
Joseph Victoor, S'-jean extra. De Coninck, Sophie,
sans profession, 56 ans, célibataire, Grand'Place.
Dejaegher, François, tailleur, 58 ans, époux de Sophie
Vanhove, rue de Menin. Deseger, Louis, sans profes
sion, 81 ans, époux de Julie Butaye, rue de Dixmude.
V?n Raverbeke, Silvie, écolière, 12 ans, rue de Dixmude.
De Bisschop, Delahine, sans profession, 75 ans, veuf
de François Denis, Tue de Lille.
Enfants au-dessous de 7 ans Sexe masc., 3 id. fém., 2.
La légende du marronnier du 20 Mars, d'après le
Moniteur universel,
Un jour que Louis XVIII causait de la pluie et du
beau temps avec le comte Tiraolëon dec'était
en Mars 1823, le courtisan eut l'imprudence de
faire allusion au fameux marronnier
Qu'est-ce que ce marronnier-du 20 Mars J'en
entends parler tous les ans, dit le Roi
Le comte Timoléon s'aperçut qu'il avait dit une bê
tise. Il essaya de la réparer.
Sire, dit-il. on évite de parler Votre Majesté
du marronnier du 20 Mars, parce que cet arbre rappelle
un des souvenirs les plus douloureux de votre règne.
Lequel dit le roi
Le 20 Mars est la date laquelle l'usurpateur
Bonaparte, échappé de l'île d'Elbe, est arrivé Paris
et s'est installé au palais des Tuileries.
Eh bien, dit le roi, je savais cela mais que fait
le marronnier dans cette affaire
Les fanatiques de l'usurpateur remarquèrent que
parmi tous les marronniers du jardin il y en avait un
qui, dès ce jour-là, était couvert de feuilles, tandis que
les autres n'en avaient pas. La foule vit là un prodige
et accourut comme en pèlerinage pour contempler ces
feuilles poussées en l'honneur de l'ogre de Corse.
Eh bien, dit Louis XVIII, cela prouve qu'il en
est des arbres comme des hommes, ils ne sont pas tous
de la même opinion. Et ce marronnier, depuis ma se
conde restauration, a-t-il continué avoir des feuilles
dès le 20 du mois de Mars
Oui, sire, il a continué
Ce oui ayant paru contrarier Sa Majesté, les
courtisans s'avisèrent de faire enlever le marronnier
bonapartiste, aussitôt remplacé par un autre d'aspect
assez chétif. Mais, oyez la mésaventure
Une année s'écoula et les courtisans, le comte Timo
léon tout le premier, étaient persuadés que le roi ne
pensait plus cet arbre mal élevé. Il n'en fut rien
aussi leur étonnement devint extrême lorsque le 20
Mars 1824, Louis XVIII, qui n'entrait jamais dans le
jardin des Tuileries, les pria de le conduire voir ce
marrapnier.
il avajt plus de feuilles et de fleurs que jamais son
prédécesseur n'avait osé s'en permettre. On juge de
l'embarras des courtisans.
-f Laissez, leur dit le roi, cet arbre afficher tout
son aise ses opinions bonapartistes. S'il n'y a que lui
pour conspirer, les Bourbons peuvent être tranquilles.
Ce même marronnier est toujours aux Tuileries.
Comme il ne fut planté qu'en 1823, ce n'est pas lui
qui a pu fleurir le 20 Mars 1815, jour de retour de
l'Empereur.
Encore une légende de moins.
Recueil littéraire illustré qui paraît tous les Dimanches.
Magnifiques illustrations de Paul DESTEZ.
Abonnements Départements, 1 an, 8 fr. 6 mois, 4 fr.
Pour tous le pays faisant partie de l'Union postale.
1 an, 8 fr. 50. 6 mois, 4 fr. 25.
La Collection du Journal, qui se compose actuellement
de 58 vol., forme une Véritable Bibliothèque, renfer
mant les Ouvrages des meilleurs Ecrivains contemporains.
La facilité que nous offrons nos Abonnés et nos
Lecteurs de prendre cette Collection en plusieurs fois,
leur permet d'acquérir, sans déboursé apparent, les ro
mans les plus importants de nos principaux Auteurs.
NOTA Toute demande doit être accompagnée de son
montant en mandat poste tordre de M. l'Ad
ministrateur.
Envoi franco sur demande affranchie d'un numéro spéci
men et du Catalogue indiquant les diverses primes
offertes aux Abonnés et aux lecteurs.
BUREAUX 64, BUE AMELOT, 64.t— PARIS.