Morale cléricale. POPERINGHE, libérale est une perte immense pour sa ville natale. A peine vient-on de descendre le cercueil renfermant M. Henri Carton, que meurt Cha- ratte, dans la province de Liège, cet homme de bien si sympathique,si serviable, le lieutenant- général Berten. Né Y près, le 6 Juin 1806, M. Edouard- Joseph-Felix Berten, fit d'excellentes études, devint docteur en droit avant de se consacrer l'état militaire. Doué des meilleures qualités de cœur, il était ce que l'on appelle dans l'armée le père du régiment. Aussi quand il quitta les Lanciers qu'il commandait, il lui fut offert son portrait en pied avec l'inscription sur le cadre des noms de tous les officiers du règi- ment.C'était le meilleur souvenir de sa carrière militaire. Devenu inspecteur-général de la gendarme rie, il consacra tous ses soins alléger le ser vice si rude de ce corps d'élite. Lors de l'avènement du ministère Frère- Orban, le lieutenant-général Berten devint ministre de la guerre, il donna sa démission de Conseil de la Couronne, après l'échec éprouvé par le ministère par le vote défavorable la suite de la discussion des fortifications d'Anvers. A peine âgé de vingt-quatre ans, en 1830, il fut un des premiers se jeter dans la mêlée qui devait amener la séparation des dix-sept pro vinces. Esprit droit, il fut toujours du côté de la jus tice, caractère loyal et cœur des plus aimants, il fut toujours prêt défendre le faible, sou lager une misère, compatir une infortune. Décédé le 12 Mai 1887, il était décoré de la Croix de fer, grand officier de l'Ordre de Léo- pold, Grand Cordon du sauveur de la Grèce, etc.etc. La ville d'Ypres perd en lui un de ses enfants les plus dignes ses anciens compagnons d'ar mes, regrettent l'épée loyale et 1 nomme de cœur qui eut nom Edouard-Félix-Joseph Berten. Une descente de justice a eu lieu, Samedi matin, dans la commune de Jette-Saint-Pierre. Il s'agit d'une grave affaire de faux témoi gnages charge de certains cléricaux de la commune, soupçonnés d'avoir, lors des der nières enquêtes électorales, fait de faux témoi gnages devant la cour d'appel. M. le juge d'instruction Behaegel, accompa gné de son greffier, a passé une partie de la journée Jette. Sur cette affaire, s'en greffe, parait-il, une autre. Dans un but électoral, des irrégularités auraient été commises dans les registres de la population. On annonce de Bruxelles que la droite, dans une réunion tenue Vendredi, a décidé de re pousser la proposition Bara tendant frapper d'inégibilite les personnes ayant subi certaines condamnations. C'était prévu. Notre majorité correctionnelle ne pouvait naturellement pas faire de la peine l'excellent camarade De Malander. toujours rencontré, chez tous nos concitoyens, le meilleur accueil. Nouvelles locales. On nous apprend que la Musique des Pompiers donnera procnainement, au bénéfice des victi mes de l'incendie du 21 Mai dr, une matinée musicale, dans laquelle elle fera entendre les plus beaux morceaux de son répertoire. Les dégâts soufferts, notamment par la famille Tegethoff, sont assez considérables aussinous félicitons MM. les musiciens qui ont pris l'ini tiative de cette œuvre charitable et nous leur souhaitons le meilleur succès. Des listes de souscription seront mises en cir culation: nous ne doutons pas qu'elles ne se couvrent de nombreuses signatures. Il est de tradition, en effet, que les appels la charité ont La Commission de la Société La Concorde (extra muros) a l'honneur de porter la connais sance de ses membres que le Concours au jeu de boule pour enfants qui était fixé au Dimanche, 19 Juin prochain, jour des Courses, aura lieu le Dimanche, 5 Juin, 6 heures du soir. Sont nommés membres du bureau administra tif de l'Ecole moyenne de l'Etat, en cette ville Dans le sein du Conseil communal, MM. Soe- nen et 0. Poupart, membres sortants. Hors du Conseil, MM. J. Boedt et E. Van Daele, membres sortants. SPORT. La réunion hippique qui doit avoir lieu en notre ville le Dimanche, 19 Juin prochain, pro met d'être des plus intéressantes. Nous publierons dans un de nos prochains nu méros les inscriptions qui ont été prises. M. Floor, Notaire, Rousbrugghe, a été élu Conseiller provincial pour ce canton, en rempla cement de M. Jean Cappelle. Il n'y avait pas de lutte. ÉTAT-CIVIL D'YPRES, Le houblon sauvé par Monsieur Berten P P On nous prie d'annoncer qu'une messe la mémoire de Monsieur CARTON, sera dite en l'église S^-Martin, demain Diman che, 29 Mai11 1/2 heures. du 20 au 27 Mai 1887. Naissances: Sexe masculin, 3; id. féminin, 4. Décès Clément, Philomène, sans profession, 50 ans, épouse d'Auguste Vonck, rue de l'Etoile. Baratto, Virginie, dentellière, 42 ans,veuve de Jules Demey, rue Longue de Thourout. Barbier, Martin, sans profession, 70 ans, époux de Rosalie Mulier, rue des Bouchers. Philips, Jean, journalier, 52 ans, époux d'Emérence Stekelorum, rue des Boudeurs. Debuigne, Charles, ébéniste, 54 ans, époux d'Adelaïde Deloffer, rue des Chiens. Ghey- sens, Joseph, menuisier; 67 ans, veuf de Jeanne Matthieu, rue Longue de Thourout. Segers, Elodie, sans profes sion, 8 ans, rue du Passage. Enfants au-dessous de 7 ans Sexe masc., 0; id. fém., 1. Lundi, 30 Mai 1887, les bureaux de l'Hôtel-de-Ville seront ouverts de 10 11 heures du matin. le 27 Mai 1887. Notre vénérable maïeur, comprenant enfin qu'il ne pouvait pas plus longtemps assumer la responsabilité de la dégringolade de la culture du houblon et ne vou lant pas mécontenter certains cultivateurs qui ne cher chent obtenir que la quantité de houblon au détri ment de la qualité, s'est adressé M. le ministre de l'agriculture, le priant de vouloir assimiler les pieds mâles du houblon aux plantes nuisibles l'agriculture. Monsieur le Chevalier de Moreau s'est empressé de se rendre aux désirs de M. Berten et a fait suivre l'ar rêté royal du 2 Mai dernier sur la destruction des in sectes et des plantes nuisibles d'un bout de règlement dont la teneur suit Vu le code rural, etc., etc. Vu l'arrêté royal du 2 Mai 1887, etc. Arrête Art. lr. Dans les localités où le houblon est cul tivé, il est défendu de maintenir ou de planter dans les houblonnières les pieds mâles de cette plante. Art. 2. Dans les terrains boisés ou non se trou vant dans un rayon de 100 mètres des houblonnières, la suppression radicale des pieds mâles du houblon est obligatoire pour les propriétaires ou locataires de ces terrains. Après avoir lu l'art. 2 de cet arrêté, n'est-on pas autorisé de se demander si le ministre qui a signé ce règlement et M. le bourgmestre de Poperinghe qui lm en a suggéré l'idée, n'ont pas perdu tout ombre de lo gique et de bons sens. D'un côté M. de Moreau défend la culture des pieds mâles du houblon dans les houblonnières tandis que de l'autre il la permet une distance de plus de 100 mè tres d'une houblonnière, tout comme si la vertu fécon dante de la plante mâle s'arrêtait juste ce point. C'est tout simplement une absurdité De plus, voici ce qui arrivera le cultivateur entêté, (et il y en a malheureusement beaucoup de cette es pèce), alors même qu'il lui aura été prouvé l'évidence que la plante mâle nuit considérablement la qualité du produit, ne sera pas embarrassé d'éluder la loi. Il réservera dans son exploitation quelque coin de terre éloigné de plus de 100 mètres d'une houblonnière et il y cultivera son aise des pieds mâles, sans que per sonne ne puisse l'en empêcher Ensuite quand les dites plantes, que le ministre considère comme NUISIBLES la culture, seront arrivées maturité, il les coupera et les promènera, en les secouant, travers ses hou blonnières, et le tour sera joué la barbe de M. le représentant Berten qui, en cette circonstance, a bien mal inspiré Monsieur de Moreau Et dire que voilà la seule et unique solution laquelle vient d'aboutir l'étude de nos savants édiles Elle doit sauver l'agriculture de la misère et faire re vivre le commerce de houblon Aussi, toute personne impartiale, qu'elle appartienne l'opinion catholique ou libérale, devra convenir avec nous que ce résultat est bien triste. La question était cependant très-simple et, d'après notre humble avis, le ministre eut évité tout mal en tendu en rédigeant son arrêté comme suit Art. unique. Attendu que les pieds mâles du hou blon doivent être considérés comme des plantes nuisi bles, la culture en est sévèrement interdite dans toutes les parties du royaume où le houblon est cultivé. De plus nos magistrats communaux pour agir sage ment auraient dû défendre aux cultivateurs, sous peine de privation du plomb de la ville, de renouveler leurs houblonnières au moyen de drageons (dits zogers»), De cette façon la nesure eut été complète et on eut pu espérer de voir, d'ici quelques année» notre com merce de houblon redevenir florissant comme autrefois. Enfin M. Berten et ses copains ne pourraient-ils pas rechercher s'il n'y a aucun moyen d'empêcher les pro ducteurs de houblon,a d'être les victimes des agisse ments frauduleux clu commerce, ainsi que le prétend le TONSURÉ f.f. de SECRÉTAIRE auprès de M. Brutsaert (qui s'intitule bourgmestre ad-intérim de la commune de Watou). Alors le produit de leur culture ne subirait plus l'avenir, dans les MAGASINS DU COMMERÇANT, une ÉNORME ET COLOSSALE FALSIFICATION PAR LE MÉLANGE DE HOU BLONS DE DIFFÉRENTES ANNÉES ET DE DIF FÉRENTES QUALITÉS et par le MOUILLAGE et le SOUFRAGE faits dans l'intention d'en AUGMENTER le POIDS et d'EN UNIFORMISER LA COULEUR, etc., etc., etc. Les brasseurs aussi n'auraient pas de motifs pour ne plus acheter ceux qu'ils appellent avec dédain, des TRAFIQUANTS de marchandises FRÉ- LATÉES et DÉTÉRIORÉES. Voir Progrès n° du 16 Janvier 1887). Nous pouvons donc prétendre avec raison que nos maîtres, au lieu de faire des squares où personne ne peut mettre le pied, des théâtres où, en cas d'incendie, les spectateurs doivent être grillés ou étouffés, des trottoirs inutiles le long du jardin du collège épiscopal, etc.. etc., s'occuperaient plus utilement en faisant un dernier effort pour sauver notre culture. V Si la question n'est pas trop indiscrète, le public poreringhois serait bien charmé de savoir où en est le procès en calomnie intenté, en Janvier dernier, par les commerçants de notre ville contre le sieur Brutsaert de Watou. Des malavises prétendent que l'action n'aura pas de suite parce qu'un oint du Seigneur pourrait bien s'y trouver indirectement compromis. Serait-ce bien vrai Nous n'en croyons rien, caries faits allégués par le sieur Brutsaert sont trop précis et trop bien détermi nés pour que MM. les commerçants en houblon de notro ville, dont la réputation d'honnêteté n'a jamais été contestée, restent sous le poids de pareilles accusations.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 2