N° 46. Dimanche, 47e ANNÉE. 12 Juin 1887 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Les personnes qui prendront un abon nement au PROGRÈS partir du lr Juillet prochain, recevront le journal gratuitement jusqu'à cette époque. Revue politique. Les nouvelles de la santé de l'empereur d'Al lemagne ne signalent aucune amélioration. C'est ce que constate une dépêche adressée de Berlin au journal le Soleil. On annonce seulement que l'inflammation des yeux diminue. Le sommeil a été pénible et intermittent en un mot, l'état du souverain ne laisse pas d'être inquiétant. Il s'est toutefois levé vers dix heures et il a reçu la visite du prince héritier, mais il n'a repris au cune de ses occupations ordinaires. On annonçait que le prince impérial serait, après une consultation des médecins et du doc teur anglais Morell-Mackensie, opéré Vendredi, mais il Fa été Mercredi, et c'est d'un polype que l'habile opérateur a fait l'ablation au prince en présence de la princesse sa femme. La dépêche ajoute que le succès de l'opération a été complet. Et il faut bien qu'il en soit ainsi pour que les médecins aient pu promettre au prince qu'il serait en état d'assister Londres aux fêtes du jubilé de la reine Victoria. Seulement, au lieu de respirer l'air de la grand'ville, il prendra sa résidence la campagne. On indique déjà la villa dans laquelle il doit prendre sa résidence. Les fêtes du jubilé de la reine Victoria auront certainement, tout l'annonce, un éclat extraor dinaire. Le nombre des princes qui doivent y assister est très-grand et beaucoup viendront, comme le prince de Siam, du fond de l'Asie. Les cours européennes y seront brillamment représentées. Le Vatican même y sera représenté par M. Ruffi, nonce Munich. On parle plus que jamais d'un rapprochement sérieux que favori serait l'envoi du nonce, et tout aurait été, par le duc de Norfolk, ménagé en vue de la solution que déjà on annonce. L'accord serait suivi d'une intervention directe du Pape dans les affaires d'Irlande. Cependant, cette question irlandaise, qui a des côtés si délicats, ne sera pas abordée tout d'abord. Si elle l'était en effet sans précaution, le Pape lui-même, malgré sa toute puissance, courrait risque de voir son autorité méconnue. L'avenir en noir. C'est fini La période d'agitation et d'alertes Ï[ue nous venons de traverser semble terminée, je pays houiller aura bientôt repris sa physiono mie normale. Mais après Il ne faut pas se le dissimuler. La situation reste grave. La machine sociale ne fonctionne S lus qu'en grinçant et menace toujours de se étraquer. Si l'explosion n'est plus imminente, il serait absurde de se figurer qu'elle soit ajour née pour longtemps. La prévenir? Comment y parviendrait-on? Le mouvement qui soulève les classes ouvrières n'a pas de but bien déterminé et leurs chefs n'expri ment que des idées confuses. Le suffrage univer sel même seraitloin de leur procurer les avantages qu'elles en attendent et les aurait vite désillu sionnées. Il faut oser s'avouer le mal l'épuisement prochain, ou tout au moins l'appauvrissement de nos couches de houille, et la difficulté croissante avec laquelle nos charbonnages luttent contre la concurrence étrangère. Même avec une répartition plus équitable de la richesse, même avec la réalisation du vœu socialiste: lamine aux mineurs, nos houilleurs auront la perspective de travailler de plus en plus pour gagner de moins en moins. Il ne faut pas se faire d'illusions. Nous sommes menacés de nous trouver en présence d'une misère croissante, par ce fait que les milliers de bras qui seront privés de travail par l'épuisement 1PI le charbon l'étranger restreindra considérable ment l'activité industrielle du pays. La fortune nous procurât-elle encore une ère assagèrede prospérité, nous retomberons ensuite ans les pires difficultés. Autant mourir sans travailler, puisqu'en travaillant nous mourons de faim tout de même, disait un des désespérés de la dernière crise. Et une idée fixe est en train de s'emparer de l'esprit des malheureux l'idée qu'ils sont volés par les riches et les bourgeois, que la part de ceux-ci est injustement acquise, qu il est légitime de la leur reprendre, et qu'il n'y a qu'à se jeter sur eux pour la leur arracher. Idée contagieuse, qui se répand parmi les déshérités comme un vrai dogme religieux, com me un Evangile nouveau. Il faut prévoir le moment où elle aura fait assez d'adeptes pour donner lieu autre chose que des promenades de bandes et des troubles passagers. Il faut être aveugle pour ne pas voir l'horizon les nuages de la grande tourmente prochaine. Si elle ne peut être évitée, il faut du moins se préparer la traverser et s'en tirer avec le moins de dommages possible. Et ce ne sera pas trop, pour cela, du consentement et des efforts de tous. Il y a faire courageusement la part du feu. Il faut reconnaître qu'à côté de ceux dont le salaire est trop mince pour la peine, il y en a d'autres dont le bénéfice est beaucoup trop gros, et qu'il est temps de prendre quelques chose ceux-ci pour le donner ceux-là. Il est temps de rallier au parti de l'ordre les hommes de bonne volonté en montrant soi-même sa bonne volonté, et diminuer, autant qu'il se peut, le nombre des irréconciliables. Quand cela sera fait, quand on se sera mis la conscience l'aise, que l'on aura groupé autour de soi de nombreux alliés, il n'y aura pas encore lieu d'être trop rassuré, et l'on aura peut-être encore de rudes epreuves subir. On ne croit pas assez, dans les classes diri geantes, la gravité de la situation. On se figure trop volontiers que l'on viendra toujours bout du désordre avec les moyens dont on dispose actuellement. L'agitation ouvrière de cette année a montré déjà beaucoup plus d'entente, d'unité, de persistance, a été plus sérieuse que celle de 1886. Celle de l'année prochaine sera certaine ment plus inquiétante encore. Gare au coup de tonnerre (Gazette.) Nouvelles scolaires. Nous apprenons que, dans sa séance de Lundi, 6 Juin dernier, le Conseil communal de Voor- mezeele a supprimé l'école communale de gar çons, dirigée depuis trente ans par M. Haverland. Voilà encore une commune où, par pur esprit de parti, et la plus grande gloire de la bourse M. de Surmont,on va mettre l'école catholique la charge des contribuables. Voilà toute une famille, victime de la haine cléricale et de la loi de 1884. En effet, en 1885 on a mis en disponibilité M. Haverland fils, instituteur Beveren mainte nant c'est le tour de M. Haverland père, institu teur depuis près de 40 ans Il est vrai que ces MM. sont restés fidèles au serment et aux lois du peuple Belge. La haine des Surmont et des de Gheus sera-t- elle rassasiée X. Le département de l'Instruction publique continue se couvrir de gloire. H vient, dit Y Opi Une place devient-elle vacante dans une école moyenne, au lieu de désigner pour l'occuper une des jeunes institutrices qui attendent une nomination, il choisit sur la liste des directrices d'école primaire sans emploi l'une de celles qui habitent l'autre extrémité du pays et qui se trouvent, pour une cause ou pour une autre, dans l'impossibilité de se déplacer. Ainsi der nièrement il a désigné pour une place d'institu trice l'école moyenne d'une des communes de la province d'Anvers, une directrice d'école pri maire en disponibilité, mariée, mère de 4 en fants, habitant une localité distante de 6 7 heures où son mari a un petit emploi. Il était évident que, dans de pareilles conditions, il lui était impossible de se déplacer, aussi la pau vre femme fut-elle forcée de donner sa démis sion. Le tour était joué et la loi scolaire avait fait une victime de plus. Cette manière de procéder est devenue de règle au ministère de l'Instruction publique. La Flandre libérale signale le fait scandaleux que voici Nous apprenons l'instant et de la meil leure source que deux régents de l'école moyenne de l'Etat Audenarde, pères de famille, vien nent d'être déplacés, l'un Maeseyck, l'autre Saint-Hubert, c'est-à-dire l'autre extrémité appointements besoin pour ne pas voir leurs enfants souffrir de la faim. Et il paraît qu'un sort identique est réservé aux autres membres du même personnel. A Liège. LA CONVERSION DES EMPRUNTS. La conversion des différents emprunts de Liège est décidée en principe, et le projet pas sera au conseil communal dans une très pro chaine séance, Lundi, probablement. La conversion se fera dans les mêmes condi- LE PROGRES VIRES ACQUIKIT EDNUO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays. 47-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. Ypres, le 11 Juin 1887. nion, de trouver un truc bien ingêmeux pour se débarrasser des institutrices en disponibilité. Voici comment il opère.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 1