i\° 58. Dimanche,
24 Juillet 1887.
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Revue politique.
COMPLOT CONTRE L'EMPEREUR
GUILLAUME.
Voici l'ensemble des détails connus aujour
d'hui sur le complot contre la vie du vieil em
pereur d'Allemagne, que le télégraphe n'avait
que très-brièvement mentionné.
Ce seraient les anarchistes qui auraient eu
l'idée de l'attentat la police personnelle de
l'empereur, prévenue temps, aurait pu pren
dre les précautions nécessaires.
Quelques anarchistes auraient été vus depuis
huit jours dans les environs de Constance. On a
arrêté Augshourg deux chefs du parti que l'on
recherchait depuis longtemps. Les allées et ve
nues de ces individus éveillèrent l'attention de
la police, et la ligne de Coblence Constance
fut surveillée encore plus étroitement que de
coutume.
Le jour même où l'Empereur devait passer
sur la ligne, on avertit M. de Lœw, conseiller
de région, qu'un fait qui pouvait avoir une cer
taine importance venais de se passer Gross-
Gerau. On avait jeté dans la maison d'un char
retier un billet anonyme portant ces mots Ce
soir vers minuit passe le train spécial de l'Em
pereur soyez prêt. Un serrurier, connu pour
ses idées socialistes, fut trouvé porteur d'un bil
let identique. La gendarmerie arrêta les deux
individus.
La ligne fut gardée des deux côtés, tandis que
des patrouilles de gendarmerie inspectaient les
rails et les aiguilles. Après le passage du train
impérial, on trouva sur la voie le cadavre d'un
farde-barrière près de la station de Bensheim.
Le nouveau régime d'état de siège auquel le
cabinet Salisbury a résolu de soumettre l'Irlande
sera ën vigueur avant la fin de cette semaine.
La Chambre des lords, vient en effet, de voter
définitivement la loi de répression avec une hâte
peut-être aussi peu décente que la lenteur qu'y
apporta la Chambre des communes. La mesure
va être immédiatement soumise la sanction de
la Reine et il ne tiendra qu'au vice-roi d'Irlande,
lord Lordonderry, de l'appliquer sur-le-champ.
Ypbes, le 23 Juillet 1887.
On se rappelle comment M. Pierre De Decker
dans son beau temps caractérisait deux
grandes forces sociales l'armée et l'église. II
les appelait la milice terrestre et la milice cé
leste. Mais jamais il n'a songé condamner la
(iremière au silence, tandis qu'il laissait pleine
iberté la seconde de prêcher nous allions
dire péchér par la parole et par action.
Un vote important a eu lieu la Chambre.
Le service personnel a été repoussé. La majo
rité a décidé que les jours des riches devaient
être ménagés et que le pauvre seul exposerait
sa vie pour la patrie. Cette décision a ému
l'armée laquelle le général Van der Smissen
a adressé, après la revue, les paroles qui ont
été reproduites dans tous les journaux et dahs
lesquelles il l'exortè a ne pas se laisser décou
rager.
Ce discours met nos bons cléricaux dans une
colère noire, et, selon leur louable habitude, ils
dénoncent dans leurs organes le général qui l'a
prononcé et demandent que le gouvernement
réprime ce grave manquement l'ordre.
On peut regretter l'incident qui s'est produit,
mais on ne doit pas oublier qu'il a été provoque
par ceux qui mettent les convenances du re
crutement du clergé au dessus de celui de
iarmée.
Il est évident que le discours de M. le baron
Vandér Smissen a été un cruel camouflet pour
lé fnihistèrë et sà majorité papaiine.
L'allusion aux personnes qui parlent de cette
grave question ae la défense nationale sans
savoir ce.qu'elles disent était absolument trans
parente.
Or, voici comment le Journal de Bruxelles
abprécie le discours du général et l'impression
qu il a produite
Sévère, cette condamnation de la part d'une
feuille amie, mais absolument juste et méritée.
M. le général Pontus doit être content... et
fier
Le Roi et la dissolution.
On nous assure de bonne source aue le Roi
aurait été tout disposé dissoudre les Chambres
et faire un nouvel appel au pays, si un mou
vement patriotique s'était révélé après le rejet
du service personnel.
Il aurait été fort découragé en ne constatant
aucune agitation dans ce sens.
Que le Roi se rassure, le patriotisme est plus
intense qu'il le suppose, et avant peu, du moins
nous l'espérons, des actes et des manifestations
le démontreront surabondamment.
[Chronique.)
Le service personnel.
Le correspondant du Précurseur lui écrit
Oh j'avais bien raison de vous écrire, il y
a plusieurs mois, que la Chambre belge, si elle
repoussait le principe du service personnel,
produirait en Europe et particulièrement en
Allemagne un sentiment frisant l'indignation
et le mépris. Que voulez-vous les peuples ci
vilisés ne comprennent plus aue le fils du riche
puisse envoyer la guerre le fils du pauvre
pour se laisser tuer sa place. Sur toute l'éten
due du Continent servir la patrie est devenu un
honneur. Les jeunes gens portent partout l'uni
forme avec fierté. La pensée que chacun, fût-il
le fils du roi, doit son sang au pays, s'est depuis
tingt ans propagée parmi les nations. On ne
pourrait pas signaler dans notre siècle une
seule réforme qui ait fait aussi rapidement le
tour de la civilisation que le service personnel.
AvantI866 il n'était pour ainsi dire connu qu'en
Prusse la justice et le patriotisme l'ont imposé
tous les parlements. Deux pays seulement,
l'Angleterre qui n'en a pas "besoin, parce
au'elle a ses frontières assurées et la Hoilan-
e, qui a conservé le souvenir dé ses afûièès
mercenaires, en sont encore privés et vdilà
que la Chambre belge, au lieu de se prononcer
l'unanimité pour ce beau sacrifice fait par la
nation l'indépendance de la patrie, vote pour
le maintien du remplacement.
Ein abschreckendes Beispielécrit la Poèt,
qui publie deux colonnes pour flétrir le parle
ment où un fait semblable a pu se passer, et je
vous assure bien qué toute ('opinion publique
de l'Allemagne partage sur cé point lé sentiment
de la feuille officieuse. Le jour où le service
personnel a été condamné, la Belgique a reçu
un soufflet sur la joue.
D'après lé Bien public, lâ commission chargée
d'étudier la question du maihtien ou de la sup
pression des commissaires d'arrondissement
aurait conclu leur maintien, mais en modi
fiant certaines de leurs attributions.
Fraudes Electorales.
Un prbcès très—édifiant se déroule en ce mo
ment dévant le Tribunal Correctionnel de
Bruxelles.
11 s'agit de fraudes électorales dues l'imagi
na tive des cléricaux dé Jette-S'-Pierre, lez-
Bruxelles.
Le nombre des prévenus est très-grand.
Les dépositions des nombreux témoins con
firment ae plus en plus l'opinion du parquet
presque tous lès prévenus se sont fait inscrire
faussement Jette pour y exercer, en faveur
des catholiques, des droits électoraux auxquels
ils ne peuvent prétendre.
On voit que les cléricaux sont partout les
mêmes.
Il est vrai que feu l'évéque Malou a professé
lé principe que tous les moyens sont bons pour
atteindre son but.
Xos moyens de couimiinicationsavec l'Angleterre.
47e ANNÉE.
LE PROGRES
VIRES ACQUIRIT EUNUO.
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Marché aux Herbes.
l'autopsie a montré que le malheureux avait
été tué d'un coup de couteau et que l'on avait
placé son cadavre sur les rails pour faire croire
un accident.
Ce mâle et patriotique langage a fait sur les officiers qui
l'ont entendu un effet indescriptible. Né pouvant, vu le
règlement militaire, donner la moindre marque d'appro
bation, les officiers se sont respectueusement inclinés lors
que leur chef a eu fini son discours.
m
L'Indépendance et la Chronique se sont dernièrement
occupées nouveau de notre service d'Ostende-Douvres.
Avant elles l'Etoile et M. de Stuers, le nouveau représen
tant d'Ostende, avaient traité cette question, mais en
n'abordant pas son vrai côté. Selon éux, tout le mal résul
terait d'une défectuosité dans les correspondances Osten-
de, entre navire et chemin de fer et l'on aurait eu, en
outre, le tort de reculer 9 h. 40 du matin le dépari qui
autrefois avait lieu de Londres 8 heures. Cela est discuter
sur des vétilles: lès Correspondances sont aussi bonnes
Qu'elles peuvent êfre et le train de 9 h. 40 de Londres
Folkèslorté, continuant aujourd'hui sur Douvres, est un
avantage sérieux, dont l'Etat belge, avec beaucoup de
raison, s'est emparé. Quiconque connait Londres l'appré
ciera comme nous le faisons.
C'est purement et simplement sur la qualité des navires,
sur leur système de construction et sur leur tirant d'eau,
que repose toute la question. Les feuilles bruxelloises,
citées plus haut, l'ont bien fait ressortir.
Nous voyons, d'une pari, Flessirtgue Queenborougb,
avec une distance de HO rutiles de mer, l'emporter comme