N° 60. Dimanche,
31 Juillet 1887.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
La Caserne.
L'inquisition.
47e ANNÉE.
0 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Ypres, le 30 Juillet 1887.
Qu'est-ce que le cléricalisme
Le Journal d Ypres avec la bonne foi que
nous lui connaissons, s'est évertué définir le
libéralisme. Il a été frapper toutes les portes,
et comme personne ne lui a répondu, il en con
clut que le libéralisme est un parti négatif.
Point n'était besoin, Journal d Ypresde gas
piller tarit d'encre pour ne rien dire.
Il y a dans l'histoire de l'humanité une loi
de développement vers la perfection et le bien-
être.
Cette marche en avant se nomme le progrès.
Les hommes intelligents et courageux qui
lui déblaient la route, constituent le libéra
lisme.
Ceux qui s'efforcent d'enrayer sa marche,
s'appellent.... le cléricalisme.
On nous demande l'insertion de la lettré ci-
après adressée au Journal d Ypres, en réponse
son article La caserne paru dans le n° de
Mercredi dr, lettre que nous nous faisons un de
voir de reproduire, comme étant l'expression
des sentiments de tous ceux qui connaissent le
dévouement, l'esprit d'ordre et de discipline
de notre armée en général et du cadre d'offi
ciers en particulier.
Ypres, le 29 Juillet 1887.
Dans l'article de votre dernier n° intitulé
La caserne article que vous reproduisez
d'après le Patriote mais que vous faites vôtre
par l'adhésion que vous y donnez et les commen
taires qui en aggravent la portée, vous transfor-
mezlacaserne en un cloaque immonde où tous les
vices semblent s'être donné rendez-vous. Vous
jetez comme plaisir l'injure l'armée, tous
ces hommes de cœur qui, en toutes circonstan
ces, donnent des preuves de dévouement la
chose publique d'esprit d'ordre et d'abnéga
tion.
Ayant eu l'honneur de servir dans l'armée
pendant plus de 40 ans, je viens protester de
toute mon énergie contre ces outrages gratuits.
Je déclare que tous les faits relatés dans l'article
La caserne sont un tissu d'odieux menson
ges, d'infâmes calomnies.
Tout se passe la caserne de la façon la plus
convenable, sous les yeux de chefs vigilants,
l'ordre ne cesse d'y régner et les bonnes mœurs
y sont respectées.
La caserne, loin d'être une école de démora
lisation et de dépravation, un centre de corrup
tion, un opprobre pour la nation comme vous la
représentez, est au contraire, de l'avis de tous
ceux qui la connaissent, une école de discipline,
de moralité, de patriotisme et de respect de
l'autorité.
Je ne vous renverrai pas calomnies pour ca
lomnies, Monsieur le Rédacteur, ce genre d'es
crime n'entre pas dans mes goûts; je me bornerai
vous rappeler qu'on voit Bouvent une paille
dans l'œil au voisin et qu'on n'aperçoit pas la
poutre qui vous crève les deux yeux.
Comptant sur votre loyauté pour la publi
cation de cette rectification dans votre prochain
n°, je vous prie d'agréer, Monsieur le Rédac
teur, l'expression de mes sentiments distingués.»
PARS Y,
Colonel retraité.
■-Jutiecceeee<teL-
Une lettre de Gand relate un fait qui semble
annoncer de nouvelles persécutions contre
les instituteurs en disponibilité, déjà si mal
traités dans les Flandres. Nous en reproduisons
ces passages
Nous lisons dans l'Économie
Un journal clérical bruxellois, le Patriote, a
publié Dimanche un article d'une violence
inouïe contre l'année. En voici quelques extraits
titre d'échantillons
La caserne est une école de démoralisation
et de dépravation, où l'on avilit la jeunesse
sous prétexte de faire des hommes; elle est une
opprobre pour la nation.
La caserne est un centre de corruption le
vol, l'ivrognerie, le blasphème, l'immoralité y
sont associés... Les officiers s'occupent peine
du soldat...
Etendre les ravages de la syphilis et de
l'alcoolisme, voilà ce que fait la vie de caserne,
voilà comment elle travaille la grandeur du
pays
Le Journal de Bruxelles répond par ces
observations sensées son confrère en cléri
calisme
Notre confrère, en décriant la caserne, a
cru donner le coup de grâce au service per
sonnel... Ce qu'il a peut-être perdu de vue,
c'est l'impression douloureuse et le sentiment
de révolte que son injuste langage allait iné
vitablement jeter dans trente mille familles.
Eh quoi l ont dû se dire les parents de nos
miliciens, la caserne est un lieu infâme, une
école d'oisiveté et de débauche! On ne veut pas
que les fils d'électeurs y aillent et cependant on
nous oblige y envoyer nos enfants! La société
n'a-t-elle donc pour nous que des charges et ne
nous doit-elle aucune protection? L'âme du
pauvre est-elle moins belle, aux yeux de Dieu,
que celle du riche
Oui, tous ces braves gens, en lisant le
Patrioteont dû faire de bien amères réflexions,
et il est impossible cjue, comme conclusion, ils
n'aient point appelé de leurs vœux un autre
régime electora qui, du moins, donnerait des
droits ces déshérités et mettrait la société en
demeure de vei 1er leurs intérêts.
La Fédération générale des A uxiliaires des
postes de Belgique vient d'adresser aux mem
bres des Chambres une pétition qui est vive
ment appuyée par la plupart des organes de la
presse belge. Voici le résumé de cette pétition
Il suffirait, paraît—il, d'une dépense d'une
centaine de mille francs pour faire droit aux
justes réclamations des auxiliaires postiers.
M. flouzeau, député de xMons, se disposant
interpeller M. le ministre Vandenpeereboom
au sujet de cette affaire, celui-ci, pour éviter
le débat, serait, dit-on, sur le point d'augmen
ter de 10 fr. par mois, c'est-à-dire de porter
de 50 60 fr. les appointements des auxi
liaires postiers. Cette généreuse combinaison
du père des petits employés est évidemment
insuffisante, et nous espérons qu'elle n'empê
chera pas M. Houzeau de faire son interpella
tion dans le plus bref délai possible.
LE PROGRES
vires acquirit et'nik)
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
out ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
Insertions Judiciaires la ligne un franc.
Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89,
Marché aux Herbes.
Monsieur le Rédacteur du Journal d'Ypres,
Vendredi dernier, la plupart des instituteurs et des in
stitutrices en disponibilité dans la Flandre orientale
étaient convoqués Gand par ordre du gouverneur.
A10 heures 1/2 du matin, on les fit comparaître, un
un, devant un véritable tribunal de l'inquisition, composé
de trois députés permanents. Sur la table, devant les in
quisiteurs, se trouvaient de nombreux dossiers renfermant
sur le compte de chaque instituteur des renseignements
fournis par les curés ou par les bourgmestres bien pen
sants.
A tous les accusés, on posa peu près les mêmes ques
tions, les suivantes
Ètes-vous marié
Avez-vous des enfants et combien
De combien de personnes se compose votre ménage
Quelle prefession exerce votre femme ou votre mari
Quel est son gain
De quoi vous occupez-vous étant en disponibilité
Avez-vous des propriétés foncières De quelle nature
sont-elles et quel est leur rapport 1
Les intéressés se demandent, anxieux, quel peut bien
être le but de cet interrogatoire. Les propriétés, bien
maigres, de quelques instituteurs sont le fruit de leurs
économies, de leurs labeurs ou de ceux de leurs parents.
En tous cas, la fortune d'un instituteur est une question
indépendante de sa nomination, de sa mise en disponibi
lité et de son remplacement. S'il venait la perdre, lui en
tiendrait-on compte comme fonctionnaire
En réalité, on voit la tendance il y a quelque temps,
lorsque les instituteurs furent appelés au gouvernement
provincial Gand, pour passer un examen, la presse clé
ricale les déclara tous ignorants. Demain, après ce der
nier examen, on va dire que tous sont riches.
Gela vaudrait mieux, si c'était vrai. Mais ce n'est pas
vrai, malheureusement, et on ne le dira que pour justifier
de nouvelles mesures destinées les appauvrir encore.
Entrés comme auxiliaires 50 fr. par mois, les auxi
liaires postiers pouvaient jadis subir leur examen de com
mis après deux ans de service et obtenir leur nomination,
si le résultat était favorable.
Aujourd'hui, ils ont lutter contre des jeunes gens
venant des athénées, des collèges, des universités, des
écoles normales et qui, au sortir de ces institutions, pas
sent facilement l'examen qu'ils préparent depuis des
années.
Les auxiliaires ne sont pas en mesure de lutter contre
ces diplômés, qui n'eu sont pas moins absolument étran
gers une administration dont les auxiliaires, eux, con
naissent fond le service. Cette année, 90 p. c. d'auxiliaires
qui se sont présentés n'ont pu obtenir leur nomination. On
leur ferme une carrière dont ils avaient escompté les modi
ques avantages, et ce n'est qu'après douze années de bons
et laborieux services qu'ils peuvent arriver au traitement
de 1,200 francs.
Beaucoup d'entre eux ont femme et enfants et gagnent
moins que bien des petits porteurs de télégrammes.
Ils ont cependant les mêmes attributions, ils assument
les mêmes responsabilités, ils ont le même service que les
commis.
Les pétitionnaires demandent la suppression du cadre
des auxiliaires et l'admission de ceux-ci dans le cadre des
commis.