47e ANNÉE. 4 Août 1887, JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. La Caserne. i\° 61. Jeudi, 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Ypbes, le 3 Août 1887. Le Journal d'Ypres s'est abstenu de repro duire la proteslationdu colonel Parsycontre son article La Caserne. L'appel fait sa loyauté est resté sans effet. Ne discutons pas davantage, dit le Journal d'Ypres son correspondant, nous ne pourrions vous convaincre pas plus que vous ne nous avez convaincus. Le Journal d'Ypres reste donc convaincu qu'il n'a dit que la vérité et même qu'il n'a pas ait toute la vérité. Toutefois, comme le Journal d'Ypres semble avoir l'épidelrne plus sensible qu'il ne le sup pose chez les autres, il tient relever cette accusation de son correspondant son adresse Vous jetez comme plaisir l'injure l'armée. «Eh! non, Monsieur, réplique le Journal dYpres, vous vous trompez étrangement. Est-ce faire injure l'armée que de prétendre que la caserne n'est pas précisément ce qu'il y a de plus pur au monde et de demander qu'on l'assainisse? Mais il semble, au contraire, que ce soit faire preuve de grande sympathie pour l'armée et montrer tous qu'on la veut forte et respectée. Non, Journal d'Ypresce n'est pas faire in jure l'armée que d'émettre une semblable appréciation; nous pourrions en dire tout autant de la première communauté religieuse venue que vous n'auriez pas le droit de vous en offus quer. L'homme appartient l'humanité, ce titre, il en a les faiblesses, les vices, les vertus. Errare humanum est. Mais est-ce bien cela que vous avez dit Ou tout au moins était-ce bien là votre pensée Prenons de votre article La Caserne quel ques citations au hasard La caserne est une école de démoralisation où l'on avilit la jeunesse sous prétexte d'en faire des hommes. Les jeunes âmes y sont trempées dans les souillures au milieu ae grands éclats de rire.» La caserne est un centre de corruption le vol, l'ivrognerie, le blasphème, l'immoralité y sont associés. Les officiers s'occupent peine du soldat en dehors des inspections purement maté- rielles d'ailleurs. Il ne peut nous suffire de protéger nos en- fants contre la pourriture militaire. La caserne est un opprobre pour la na- tion. Etc., etc. J'en passe et des meilleures. Pouvait-on jamais s'attendre rencontrer dans un article de journal (un journal catholi que, s il vous plaît), un assemblage d'épi thètes aussi monstrueuses, et si l'on voulait dépeindre l'intérieur d'un bagne, trouverait-on le place ment de toutes ces ignominies. Et après avoir jeté ce ramassis d'impuretés la face de l'armée, la tête des officiers qui sont les éducateurs du soldat, après avoir fait de la caserne une géhenne immonde, le Jour nal d'Ypres se défend d'avoir voulu injurier l'armée 1 Mais non-seulement vous avez injurié l'armée mais vous avez cherché attirer sur elle le mépris de la nation car, si les faits que vous avez avancés étaient vrais, tous les officiers indistinctement mériteraient la répro bation du pays entier. Que des actes repréhensibles se passent par fois dans les casernes, bâtiments occupés par des centaines d'hommes appartenant pour la plupart aux classes déshéritées de la fortune et dont l'éducation n'a été rien moins que soignée, il serait puéril de le nier. Ce que nous affirmons, c'est que la surveillance y est de tous les instants, que rien de ce qui est contraire aux bonnes mœurs n'y est toléré, que toute infraction la discipline est réprimée avecsévérité. Ceque nous soutenons,c'estqueles officiers s'occupent avec une constante sollici tude des jeunes gens qui leur sont confiés et qu'ils apportent tous leurs soins les former, les éduquer, le» moraliser. Ce dont nous som mes convaincus, c'est que l'officier est pénétré de son importante mission, parfois bien difficile et bien ingrate et qu'il la remplit avec zèle et dé vouement. Si vous pensez la centième partie de ce que vous avez écrit, Journal d'Ypres, pourquoi n'avez-vous pas profité de l'occasion qui vous était offerte pour purger la caserne de ses élé ments vicieux? Pourquoi, classes catholiques dirigeantes, n'avez-vous pas introduit le service personnel dans l'armée Vous lui auriez par là infusé un sang nouveau, tout en lui enlevant ce qu'elle peut avoir de mauvais. Mais vous ne l'avez pas voulu. Il ne vous convient pas de remplir ce grand travail patriotique la défense du territoire, la défense de l'ordre intérieur, de la propriété, de la famille. Vous voulez bien jouir de la sécurité que l'armée assure au pays, mais quant payer ae votre personne, non. Vous avez parlé des casernes sans les con naître. Allez les visiter ces casernes que vous appelez des centres de corruption, les portes vous en sont toutes larges ouvertes. Allez voir ce qui s'y passe. Allez admirer l'ordre et la propreté qui y régnent. Allez écouter les théories faites par les officiers nos jeunes miliciens, non seulement sur les devoirs militaires, mais en core sur les devoirs envers le prochain, envers la famille, sur la conscience, sur l'honneur, sur la morale, sur la patrie qu'ils leur apprennent connaître et aimer. Allez, ce sera le meilleur plaidoyer qu'on puisse faire en leur faveur et m'est avis que vous auriez dû commencer par là. L'armée, en accomplissantconsciencieusement sa mission conservatrice et moralisatrice, rem plit son devoir, rien que son devoir, j'en con viens. Point n'est donc nécessaire de l'exalter outre mesure. Elle ne demande pas d'ailleurs qu'on lui tresse des couronnes. Mais ce dont elle a besoin, ce qu'elle est en droit de réclamer, c'est qu'on reconnaisse ses services, c'est qu'on lui accorde l'estime qui lui est due. Que si le Journal d'Ypres est toujours con vaincu que la caserne est une école de dépra vation, qu'il mette la cognée l'arbre. Notre établissement militaire coûte assez cher au pays pour que nous exigions nu il fonctionne la sa tisfaction de tous, qu'il donne tout ce qu'on est en droit d'en attendre. La société a le devoir impérieux de veiller ce que les enfants du peuple qui entrent dans l'armée soient protégés contre les souillures de la corruption, que tout ce qu'on leur enseigne ne s'écarte pas de la mo rale et des bonnes mœurs. Que le Journal cl Ypresoowe la campagne, nous le seconderons de tous nos efforts. Que la presse d'accord avec les pouvoirs publics réclame une enquête. On connaîtra alors si la caserne est un opprobre pour la nation ou si le Journal d'Ypres a odieu sement calomnié larmèe. On écrit d'Ypres, la Chronique 26 Juillet. Nos cléricaux viennent encore de jouer leurs adversaires, les libéraux, un de ces mauvais tours dont ils sont coutumiers. Voici quel propos. La ville d'Ypres est une des rares cités des Flandres dont l'administration est libérale. Elle forme sur la carte rouge du pays flamand une tache bleue qui déplaît fort aux conservateurs. Cette tache, ils s'efforcent de la faire disparaître; le choix des moyens leur importe peu, et le mois d'Octobre prochain verra se produire une lutte ardente. La Fédération des Cercles catholiques, qui a tenu ses assises ici il y a quelques mois, a prédit la chute de l'administration libérale, et c'est la réalisation de cette prophétie hasardée qu'on travaille avec acharnement. La ville a annoncé qu'elle organisait, pour le 28 Août prochain, un festival. C est un genre de fête qui attire beaucoup de monde, qui réussit généralement et fait, par conséquent, au bien au petit commerce. Aussitôt, les cléricaux se sont mis en cam pagne ils ont multiplié leurs démarches auprès des administrations communales des environs, catholiques pour la plupart, pour les déterminer engager les fanfares et les sociétés chorales locales ne pas prendre part au festival d'Ypres, organisé par les libéraux. L'opposition cléricale est une simple opjiOBi- tion électorale. Le but est de faire avorter la fête pour pouvoir dire aux électeurs Vous le voyez les libéraux n'ont pas même pu organiser yn festival, votez pour les catholiques Il s'agit de discréditer les administrateurs qui ont mit d'Ypres un modèle de petite ville sous bien des rapports. Ypres a des boulevards, une distribution d'eau, le gaz, l'enseignement organisé tous les degrés, une école de natation, etc., etc., et sa dette est la moins considérable, si on la compare celle des autres cités de même importance. Eh bien, je crois pouvoir prédire que, malgré leurs manœuvres, les cléricaux ne réussiront pas. Le festival aura lieu il sera probablement brillant, et les électeurs, prévenus, sauront quels sont leurs réels ennemis. X. LE PROGRES VIRES ACQUIRIT EUNIK) ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le jouroal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour.ies annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes.

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Le Progrès (1841-1914) | 1887 | | pagina 1