i\° 68. Dimanche,
47e ANNÉE.
28 Août 1887.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
«•Ypbes, le 27 Août 1887.
Les droits qui frappent les denrées alimen
taires, qu'ils s'appellent octrois ou douane, sont
souvent la cause des mouvements populaires,
par le mécontentement qu'ils produisent et
qu'exploitent parfois les excitateurs. On vient
d'en avoir la preuve Ostende. Parmi les griefs
des pêcheurs figure, en première ligne, qu'un
soi disant droit de douane de trente pour cent
frappe, disent-ils, le poisson son entrée en
Angleterre, tandis que la marée britannique
entre librement chez nous.
Cela est inexact les droits sur les denrées
alimentaires ont été abolis dans la Grande
Bretagne, lors du mouvement libre-échangiste
que provoqua sir Robert Peel tandis que la
loi belge qui a supprimé les droits d'entrée sur
le poisson porte la date du 15 Mai 1870. Elle
fut proposée par M. Frère Orban, en même
temps que l'abolition de l'impôt sur le sel et
l'abaissement de la taxe des lettres au taux
uniforme de dix centimes.
Si le poisson étranger paie quelque chose en
Angleterre, ce sont des taxes locales.
Les pêcheurs ont encore un autre grief qui
fait ressembler la question de la pêche la
question linière qui agita les Flandres, en 1847
c'est la lutte entre la vapeur et l'industrie la
main.
Les pêcheurs travaillent encore avec leur
ancien outillage et leurs chaloupes voiles,
tandis que les Anglais ont des steamers qui font
des pêches miraculeuses ou qui recueillent la
pèche des bateaux pêcheurs, lesquels peuvent
continuer sans rentrer au port, comme doivent
le faire nos chaloupes.
C'est donc l'éternelle question du progrès
contre la routine qui s'agite encore.
Nos pêcheurs privés d'instruction s'en pren
nent ceux qui adoptent des méthodes perfec
tionnées, au lieu de les imiter afin de lutter
armes égales.
Notons aussi que la pèche qui est la fois
une industrie, un commerce, un produit ali
mentaire devrait préoccuper davantage les
pouvoirs publics. C'est peine s'il en a été
question dans l'enquête du travail.
On éviterait des scènes sanglantes, comme
celles qui se sont passées et qui affligent l'huma
nité, si on éclairait les courageuses populations
du littoral sur les moyens de rendre leur péril
leuse industrie plus fructueuse.
Quelques petites réflexions publiées le 24 Août,
par les Nouvelles du Jour
Plus d'une fois on a dû réclamer contre l'in
tempérance de langue des avocats qui, dans leurs
plaidoiries, se permettaient contre la partie ad
verse des attaques dépassant les bornes permises;
il y a eu parfois ce sujet des représailles éner
giques exercées par des victimes récalcitrantes,
qui le public ne donnait pas tort.
Mais, le plus souvent, les victimes souffrent et
se taisent sans murmure, comme le vieux soldat
de Scribe et il en est cependant pour lesquel
les la colonie judiciaire a de terribles consé
quences, comme le montre le fait suivant, raconté
par la presse française
Un de nos confrères annonçait hier que la
démission du général Brialmont avait été
acceptée par le noi et que le nouveau chef de
l'état-major serait le général-major Boyaert.
Nous ne croyons, dit la Gazette, pas les cho
ses aussi avancées, mais le fait de la démission
est certain, et les causes de cette détermina
tionque l'on a incomplètement rapportées
font si fortement ressortir le détraquement de
notre machine militaire, que nous avons jus-
qui'ici hésité en parler.
Nul ne croira qu'un homme tel que le géné
ral Brialmont, sachant le retentissement qu'aura
sa démission en pareilles circonstances, l'effet
déplorable qu'elle fera sur l'armée, sur le pays
et même l'étranger, prenne une semblable
résolution uniquement par dépit de ce que quel
ques promotions auraient été faites contraire
ment son avis. Un semblable incident n'a pu
être que la goutte d'eau faisant déborder le
vase.
La Gazette ajoute: Nous croyons devoir pré
venir le Journal de Bruxelles que s'il venait
déclarer demain que le général Brialmont n'a
donné sa démission de chef du corps d'état-
major que pour se consacrer tout entier aux for
tifications de la Meuse, personne ne le croirait.
nouvelles locales.
L'orthodoxe Journal d'Ypres a l'outrecui
dance de traiter d'insolites les réclamations que
lui adressent les libéraux pour redresser les
inexactitudes, rectifier les contre-vérités qu'il
débite ses lecteurs au préjudice de ses adver
saires politiques.
Insolite.... mais en quoi s'il vous plait Ce
procédé au contrait est conforme fusage et
admis par toutjournal ami de la vérité.
La principale mission de la presse n'est-elle
pas d'instruire et d'éclairer 11 est donc par
faitement équitable qu'un rédacteur qui a
commis une erreuravancé un fait inexact
ou controuvéaccueille favorablement toute
rectification qui lui est demandée. C'est un
principe loyal, incontestable et incontesté par
tout ailleurs que dans les bureaux du Journal
d'Ypres.
Nous comprenons que l'appel fait la loyauté
de notre confrère doive quefque peu le gêner.
La loyauté est une monnaie qui n'a guère cours
l'officine du journal clérical. On veut bien se
donner le malin plaisir d'égratigner ses adver
saires, mais lorsqu'on est pris la main dans le
sac, on est peu disposé réparer le dommage
causé. On n'aime pas montrer ses lecteurs
le tissu dont les articles sont fabriqués.
Archimède est dépassé.
LE PROGRES
VIRES ACQIÏIRIT ECNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
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Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89,
Marché aux Herbes.
A l'occasion du Festival du 28 Août,
un train spécial partira de Courtrai
pour Ypres 1 heure de relevée. Les voyageurs en
destination de Comines, Wervicq, M en in et IVevelghem
pourront quitter Ypres 11 heures du soir.
Le train partant d'Ypres pour Poperinghe 9 h.
du soir, sera prolongé en train spécial jusqu'à
Hazebrouck.
Arrêt dans les stations intermédiaires.
Il y a aujourd'hui cinquanle-six ans qu'eut lieu, au
théâtre de la Monnaie, cette fameuse représentation de la
Muette de Portici qui fut le signal de la révolution belge.
Ceci prouve, en outre, que le théâtre royal rouvrait ses
portes beaucoup plus tôt, cette époque, que de nos jours.
Aujourd'hui est aussi un autre anniversaire historique
pour la Belgique. C'est le 106e de l'inauguration solennelle
de Joseph II dans nos provinces.
Encore un régime qui nous rappelle une autre révolution
célèbre la révolution brabançonne.
Décidément, nos ancêtres avaient le goût du mouvement
et de la lutte. Quand leur pays ne servait pas de champ
de bataille des nattons étrangères qui, on le sait,
avaient contracté l'habitude devenir y vider leurs querelles
nos pères s'entretenaient la main par de bonnes petites
révolutions.
Comme on peut changer, bon Dieu
Aujourd'hui, nos populations sont asservies, exploitées,
tyrannisées, abruties par le régime clérical que nous
subissons et... personne ne bouge. Ces anciens lions sont
tous devenus de serviles petits chiens.
Après tout, alors, tout est pour le mieux et absolument
juste. Je ne sais plus qui a dit Un peuple n'a que le
gouvernement qu'il mérite.
Cela me parait touché dans le mille
Le Pharede Dunkerque, raconte le triste épilogue d'une
affaire qui vient d'être jugée, il y a dix jours, par la Cour
d'assises du Nord.
Deux individus, nommés Becuwe etGovaert, étaient ac
cusés de viol sur une jeune servante de Dunkerque, Marie
Dezutter, que tous ses anciens maîtres s'accordent re
connaître comme parfaitement honorable et d'une conduite
irréprochable.
Les avocats des accusés cherchèrent cependant, dans le
passé de la servante, des excuses au crime de leurs clients
et essayèrent de le faire passer, aux yeux des jurés, pour
une fille perdue.
Le président de la Cour d'assises dut intervenir et les
pria d'épargner la victime
Vous avez pu, messieurs, leur dit-il, consulter les dos
siers vous avez pris connaissance des certificats que tous
lui ont accordés je comprends la défense, mais dans une
certaine mesure, et je vous supplie de respecter la pauvre
et innocente enfant.
Becuwe et Govaert furent condamnés, le premier huit
ans de travaux forcés, l'autre sept ans de réclusion. Mais
Marie Dezutter sortit de cette audience profondément
atteinte. Elle avait cru, un moment, dans sa simplicité,
que c'était elle, elle qu'on allait condamner. Depuis quel
ques jours elle paraissait taciturne et parlait peine. La
secousse morale qu'elle avait ressentie pendant les débats
avait été trop forte une fièvre violente la saisit.
Samedi dernier, elle voulait aller se noyer, puis elle
tenta de se pendre ses patrons appelèrent aussitôt un
médecin qui fit transporter la pauvre fille l'hôpital.
Marie Dezutter est en proie au délire le plus affreux
elle a constamment devant les yeux tout l'appareil de la
Cour d'assises; elle aperçoit les conseillers en robe rouge,
elle entend les plaidoiries des avocats et proteste vivement
de son innocence.
Eurêka. Notre ingénieux confrère dans sa
haute perspicacité, a trouvé l'explication de
notre procédé pour obtenir la rectification des
erreurs qu'il glisse complaisamment dans ses
colonnes Si les libéraux s'adressent lui de pré
férence, c'est cause de sa grande publicité.