N° 75. Jeudi,
47e ANNÉE.
22 Septembre 1887.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
L'influence du prêtre.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Les aveux, suivants ont été faits la séance de
clôture du congrès socialiste clérical de Liège
Myr Cartuyvels, recteur magnifique de l'Uni
versité de Louvain
a Malgré tous nos efforts, les idées religieuses
baissent dans le peuple. L'élite des bons de-
vient meilleure, la masse des indifférents se
corromptles méchants deviennent sala-
niques
S. E. le Cardinal Archevêque de Reims
[France): L'influence du prêtre a partout con-
sidérablement diminuési elle n'a pas totale-
ment disparu et quand nous, prêtres, nous
nous approchons de ce peuple meurtri et
irrité, quand nous voulons lui faire entendre
les paroles de la foi, lui donner dans le cru-
cifix un modèle et une consolation, dans le
ciel une récompense, nous sentons bientôt
qu'il n'entend plus, quand même il nous
écoute, car il a perdu jusqu'au sens de la foi
il ne croit plus que nous l aimons; nous avons
beau dire et beau fa ire,noas sommes l'ennemi
Pourquoi l'influence du prêtre diminue-t-elle
si elle ne disparaît totalement Pourquoi le
peuple ne croit-il plus que le prêtre l'aime
C'est parce que depuis trop longtemps le prêtre
en général ne s'occupe plus dans sa sphère d'ac
tion comme au congrès de Liège, (où l'on a émis
le vœu de voir rétablir le pouvoir temporel des
papes comme moyen de domination.... pardon
de socialisation ne s'occupe plus, dis-je, que
d'intérêts politiques dans un but d'ambition et
de suprématie; c'est parce que, lancé dans celte
voie, il en arrive presque partout prêcher la
haine au lieu de l'amour du prochain, et dé
clamer la charité chrétienne comme Liège, au
lieu de la pratiquer, faire de la phraséologie,
pour cacher des actes infâmes qu'il accomplit
dans l'ombre.
Au lieu d'un messager de paix, le prêtre est
devenu plus que jamais, de rares exceptions
près, auxquelles nous aimons rendre hom
mage, un agent de combat et de révolte. Nous
avons encore tous présents l'esprit, les témoi
gnages accablants, les aveux scandaleux des
curés et des vicaires pendant l'enquête scolaire.
Du haut de la chaire, ces bienheureux apô
tres de Jésus-Christ, lançaient l'anathème sur
tous ceux qui ne pensaient pas comme eux,
prêchaient le mépris contre les libéraux, ces
cochons, disaient-ils, qui veulent salir l'âme
de vos enfants, et qu'ils souhaitaient de
pouvoir fouler aux pieds et de leur arracher
les boyaux hors du corps 1 Nous savons ce
que les prêtres et les petits-frères entendent par
salir l'âme des enfants ils sont passés maîtres
en cet art.
Non-seulement ces ministres de concorde et
d'apaisement ont amené les troubles entre les
citoyens, mais encore ils ont excité la mère
contre le père, ordonné l'enfant la désobéis
sance ses parents ils se sont faufilés dans les
familles, où sous prétexte de christianisation,
ils venaient séduire les femmes et les filles, par
tout ils ont voulu dominer, voire même se
substituer aux pouvoirs publics il n'y a pas si
longtemps que dans une commune de la Flan
dre orientale, le curé a remplacé le bourgmes
tre présent, lors de la réception du gouverneur
de la province, et ce brave homme de bourg
mestre a pu s'asseoira la gauche de Monsieur
le curé.
On se rappelle aussi la résistance acharnée
et scandaleuse des prêtres l'exécution de la
loi scolaire de 1879, les énormités qu'ils ont
commises pour rendre la vie insupportable aux
instituteurs, pour tuer par la misère ou faire
tuer par des populaces ameutées ceux qui ve
naient prêcher, en face de ces vicaires igno
rants, la vraie science et la civilisation, pour
ruiner les petits commerçants qui osaient
leur résister. Non contents de pousser au mé
pris des lois, la révolte ouverte, ces apôtres
de paix et de vérité, usent des moyens les plus
contraires la bonne foi pour lâcher de con
tinuer dominer les consciences et les volon
tés le prêtre est devenu aujourd'hui l'agent
électoral par excellence d'abord il a sa dis
position, d'énormes sommes d'argent, enterrées
dans les couvents, arrachées aux naïfs sou par
sou, pour S'-Pierre, pour l'université catholi
que de Louvain, pour les petits chinois, et
mille autres chinoiseries, ou enlevées aux mou
rants par des moyens que la conscience au
prêtre absout, du moment qu'il s'agit de domi
nation. Il a ensuite le prestige de son uniforme,
qui augmentesi considérablement son influence
morale.—A Keyem, près de Dixmude, le vicaire
se fait condamner pour avoir faussé les listes de
contributions dans le but de fabriquer un élec
teur dans beaucoup d'autres communes, le
vicaire est le chef incontesté, qui impose ses
candidats toutes les places partout il fait sa
tournée électorale n'avons-nous pas vu, il y a
une bonne quinzaine de jours, le curé d'une des
plus importantes paroisses de la ville d'Ypres,
aller de porte en porte répéter son boniment
aux badauds ou ceux qu'il prenait pour des
badauds Monsieur Carton est mort; le parti
libéral ne peut plus rien faire maintenant
vous allez voter pour nous, car nous seuls pou
vons faire revivre le commerce et l'industrie
Ypres, ramener la paix entre les familles, et
mettre un terme cette politique de favoritis
me, d'impiété et d'irréligion.
Brave homme de curé, de messager intelli
gent Croyez-vous donc que le parti libéral
yprois en est réduit l'impuissance par la mort
d'un seul de ses hommes L'hydre libérale
a plus de cent têtes, elle saura bien vous com
battre et vous empêcher de nuire aux intérêts
de la ville, vous et le noir parti dont vous êtes
un si digne représentant et pour longtemps
encore vous en serez réduits vos bravades et
vos airs de matamore, en attendant le plai
sir que nous aurons bientôt de ramener le
clergé dans les limites de ses attributions.
La joyeuse rentrée de !H. Thonissen.
On l'attendait avec impatience, la rentrée de
M. Thonissen. L'enseignement public, sevré
I des faveurs et des encouragements de l'honora-
1 ble ministre, était anxieux.
C'est fait maintenant M. Thonissen a repris
possession du département de l'intérieur, et un
arrêté royal vient d'accorder au comité des
écoles libres de Morlanwelz un subside de 2,000
francs pour le soutien, en 1887, des écoles gar
diennes privées établies en cette localité.
[Gazette de Charleroï).
Un vicaire poursuivi pour faux en écriture
publique en matière électorale.
LE PROGRES
VIRES ACQU1RIT ECNllO.
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Idem. Pour le restant du pays7-00.
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Marché aux Herbes.
Y près, le 21 Septembre 1887.
Nous sommes l'ennemi.
Mgr de REIMS.
La petite commune de Keyem, située quelques kilo
mètres de Dixmude, possède un vicaire, du nom d'Al
phonse Schram, qui se fait une singulière idée de ses
devoirs, delà liberté de conscience et des droits électo
raux. Il use et abuse de sa dignité ecclésiastique pour
créer des électeurs capables de renforcer les milices doci
les l'évêché. Jeune et ardent, imbu de ces préceptes
anti-modernes qui travaillent au retour de tous les abus,
de tous les préjugés des anciens temps, il ne recule devant
aucun moyen pour faire triompher la sainte cause. Les
moyens illégaux ne lui font pas même peur. Aussi cette
audace vient-elle de le conduire devant le tribunal de
Furnes, d'ordinaire si tolérant et si doux pour les gens
bien pensants comme le prêtre en question. Mais il
fallait absolument que la justice eût son cours.
Un électeur, faisant partie de ce célèbre bétail électoral
des Flandres, dont on ne connaît que trop les pasteurs,
avait été inscrit indûment sur les listes électorales de 1887!
On réclama sa radiation, parce qu'il ne possédait nulle
ment le droit électoral. Cet électeur s'appelle David Lucas.
Le vicaire Schram qui connaissait parfaitement l'incapa
cité électorale, en 1886, de David Lucas un nom pres
que évangélique réclama tout simplement des extraits
des rôles des contributions de 1883, 1884 et 1885, et
changea 1883 en 1886, pour faire un électeur d'un fidèle
qui ne payait pas le cens en 1886 La cour d'appel de
Gand, par un arrêté parfaitement motivé, prononça la ra
diation de David Lucas, et comme l'altération des docu
ments publics avait été reconnue, M. Alphonse Schram fut
poursuivi.
Pendant l'instruction, le vicaire-courtier électoral, ac
cusé de faux en écriture publique, reconnut son méfait,
plusieurs reprises. Aujourd'hui, il avait répondre publi
quement, devant le tribunal de Furnes, de ses actes cou
pables. Il y avait nombreuse afïluence l'affaire était
vraiment une affaire exceptionnelle, au point de vue de la
répression publique, car les faits de l'espèce se passent
souvent dans nos communes flamandes, tout en étant ra
rement l'objet de poursuites. Mais Nieuport où les
cléricaux ont triomphé par toutes sortes de moyens mal
honnêtes de courageux citoyens, en hommes jaloux de
nos libertés constitutionnelles voulant absolument la sin
cérité des scrutins électoraux, tels que MM. De Jaegher-
Meynne et Haerynck, ont juré de faire la guerre aux
fraudes électorales et ils travaillent activement la revi
sion des listes. M. le vicaire Schram, pris la main dans le
sac, avait donc répondre, devant le tribunal de Furnes,
de ses faits et gestes.
Le tribunal était composé de MM. De Smet, président;
Claes, assesseur, et Pel, juge suppléant. M. le substitut
Gombault occupait le siège du ministère public. M' Fueri-
son, du barreau de Gand, représentait la partie civile
pour MM. De Jaegher et Haerynck. Le vicaire avait pour
défenseur M* De Haene, bourgmestre de Furnes. Les dé
bats, auxquels assistait un public choisi, ont présenté un
grand intérêt. Tous les témoins sont venus confirmer les
faits de l'accusation, mais la grande stupéfaction de tout
le monde. M. le vicaire Schram a retiré, avec force restric
tions mentales, ses premiers aveux consignés par M. le
juge d instruction, il a même eu l'air de contester la bonne
foi des procès-verbaux de l'instruction. Néanmoins, M. le
président du tribunal n'a pas eu de peine faire compren
dre au prévenu la singularité de ses rétraciations et de
ses réticences.
On a vu par ses réponses, que le vicaire accusé se fait
une singulière idée du droit électoral en Belgique. Lors-