N° 76. Dimanche,
47e ANNÉE.
25 Septembre 1887.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Nos Élections communales.
Simple découpure.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires acquirit el'mk).
Ypres, le 24 Septembre 1887.
Les élections sont proches dans un mois,
les votes des électeurs communaux auront
donné aux grands Maîtres un avertissement,
équivalant une menace en 1884, ce vote
des communes devait provoquer la démission
toute spontanée de MM. Woeste et Jacobs, ces
chers lutteurs, et en confirmant les élections
sénatoriales du lendemain de la victoire, rap
peler ces Superbes que nous ne sommes pas
encore complètement mûrs pour la crétinisa-
tion, fût-elle même avec Dieu.
Et en notre bonne ville, quel résultat devons-
nous espérer, au jour du 16 Octobre Comme
le dit le Journalles catholiques restent ex-
traordinairement calmes. Extraordinaire-
ment, en effet et c'est ainsi que nous nous
figurons les gens, qui attendent la chûte des
alouettes toutes rôties. Mais ici nous ne som
mes pas au pays de la légende et d ne vous
suffira pas de dire votre 3e page, entre deux
réclames de dentiste, que vous êtes sûrs de la
victoire nos concitoyens, qui ne sont pas
aussi gobeurs que vos pieux abonnés, trouve
ront votre attitude bien terne, bien effacée, en
la comparant aux airs conquérants et irrésisti
bles que vous affectiez en 1884.
Que de promesses alors et que d'abus ba
layer, comme une vulgaire baraque scolaire
C'étaient les beaux jours du grand Verbroede-
ringskring. Et qu'est-il devenu, ce cercle de
gens confits en dévotion, quel pouvoir humain
les a donc décimés Et quel beau souffle de po
pularité caressait vos candidats d'élite 1 M. le
député Colaert jouait au VogelpikM. le séna
teur Surmont offrait libéralement les ci
gares aux amis.
Que les temps sont changés
Fonctionnaires, ouvriers, commerçants, in
dustriels, les instituteurs eux-mêmes, allaient
voir renaître l'âge d'or, sous ce régime béni de
Dieu. Et pour les heureux contribuables, dimi
nution des impôts, en même temps qu'augmen
tation des travaux d'utilité publique. Les
Chambres d'ailleurs, dont les candidats du
clergé faisaient le plus bel ornement, ne de
vaient-elles pas détruire ces impôts odieux,
dont un gouvernement catholique n'aurait su
3ue faire au sein de sa prospérité, et n'accor-
er au Minotaure du département de la guerre
ni un homme, ni un sou de plus.
Et le Journal d Ypres ne tarissait ni des élo
ges de ses victimes, ni d'insultes ou de plaisan
teries fielleuses l'adresse des candidats de la
tyrannie, du despotisme, de l'oppression du
Sauvre, etc., etc. Notre regretté Président,
L Carton, était l'homme qui avait conduit le
parti libéral sa défaite il avait pour son dés
honneur survécu sa carrière politique. Et
aujourd'hui, lisez le Moniteur des gens de
bien la mort de M. Carton est pour nous
une perte irréparable comme si le parti de la
liberté avait jamais sombré faute d'un homme 1
Et la veille de la présente lutte politique,
que fait 1 e Journal? Il publie des découpures,
il copie le Peuplesans remarquer même que la
colère du journal socialiste retombe en plein
sur les hobéreaux et les meneurs cléricaux de
la campagne, où les circenses pourraient se don
ner librement dans les écoles, d'où l'instituteur
ennemi aura été chassé
Et propos d'une mystification, dont un de
ses détectives a été la victime, il nous raille
agréablement comme partout ailleurs, les
libéraux sont frères.... ennemis. C'est le cas
de répeter le mot du Journal: cher confrère,
medicecura te ipsum. Est-ce bien au sein de
notre parti que règne la discorde, et croyez-
vous nous en imposer par vos fanfaronnades?
Il nous revient que les gros bonnets du parti
de Dieu ne partagent pas l'égard des élections
la sereine confiance qu'affecte le Journal des
gens même sensés, quoique n'étant pas de l'avis
du Journal, voudraient bien voir l'ours par
terre avant de vendre sa peau. Des élus du suf
frage censitaire craindraient de voir entamer
leur prestige par un piteux échec qu'ils jugent
eux-mêmes inévitable. Et s'ils s'entendent sur
ce point, ils ne s'éntendraient nullement en-
tr'eux, et seraient devenus des frères ennemis,
comme de vulgaires Woeste et Beernaert.
Après cela, ne nous étonnons pas que le Jour
nal d'Ypres, quoiqu'il soit l'organe de la
ville le mieux informé, ipse dixit et sans
doute aussi le plus sincère, n'en souffle mot
mais qu'il continue combattre le bon com
bat pour la suppression de «wit en zwart et la
pose obligatoire des dentiers artificiels.
Nous reproduisons la lettre suivante de notre
boite
Vous annoncez de bonnes nouvelles pour les
élections prochaines dans votre n° du 18 Sep
tembre dernier.
Je vois avec plaisir que vous n'en doutez
pas. C'est, en effet, ainsi qu'il faut envisager la
situation. Je suis même d'étudier l'opinion
publique et je vous donne l'assurance qu'elle
est excessivement bien disposée pour le 16
OctobreIl y a un revirement sensible, en com
paraison de ce qui se disait et se faisait il y a
trois ans.
Je suis convaincu qu'on n'assistera plus
ces honteuses défections, dictées par l'appât
d'une transformation complète de la richesse
publique. L'expérience a démontré, clair comme
le jour, combien sont sincères toutes ces belles
firomesses et que quand on compte sur les catho-
iques on s'enfonce de la façon la plus irrémé
diable. Pour eux c'est toujours demain et
demain ne vient jamais. Ces dupes, égarées
une fois, nous reviendront et ainsi se reformera
la majorité d'autrefois. Aussi le Journal d'Ypres
ne le sent que trop et quand il explique son
calme par sa confiance en la victoire,personne ne
se laisse prendre ce grossier moyen de défense.
Le fait est que la situation du parti Surmont-
Colaert est piteuse et soyez sûr qu'on y rit jaune.
Du reste, il n'en peut être autrement, le
parti clérical est jugé, parce qu'à l'œuvre on
connaît l'ouvrier, et le parti libéral Ypres est
trop fortement ancré, ses racines y sont si pro
fondément plongées, l'air qu'on y respire y est
si franchement libéral, qu'on ne saurait y vivre
sous le régime abrutissant des sacristains sous
quelque forme hypocrite qu'ils se présentent.
Je n'ai jamais douté du bon esprit de ma
ville natale et maintenant moins que jamais.
77 Agréez, Monsieur le Rédacteur, mes saluta
tions empressées, n X.
Nous n'ajouterons qu'un mot cette commu
nication qui saisit parfaitement l'influence du
milieu sur la politique locale, c'est que si la
population d'Ypres ne saurait vivre dans une
atmosphère cléricale, elle sait apprécier les
efforts de toute nature faits par notre Adminis
tration en vue du bien général et les résultats
admirables qui sont venus couronner ces efforts
et qui resteront les témoignages vivants de
l'activité et de l'intelligence de ceux que les
D'Eeckhoutte et consorts ne remplaceront
jamais.
Le Journal d'Ypres aime beaucoup les dé
coupures; nous croyons donc lui être agréable,
en mettant sous ses yeux ces quelques lignes,
extraites de la très-cléricale et épiscopale
Gazette de Liège
Des poursuites sont dirigées Liege contre
un prêtre, le curé de Florzée, accusé d'odieux
attentats, dont des enfants de chœur auraient
été victimes.
Si les faits sont aussi certains qu'ils sem-
blent l'être, il n'y a pas de châtiments trop
forts pour punir et flétrir le coupable, etc.
Cette attitude d'un journal clérical est vrai
ment si insolite et si étonnante, que nous nous
empressons de la citer comme modèle aux con
frères de la sainte presse. Renoncer rompre
en visière l'opinion publique ou l'égarer,
sont deux façons d'agir auxquelles les cléricaux
ne nous ont pas habitués.
Quant l'immoralité de rapporter les
agissementsdu saint homme, 1 eJournal d'Ypres
quelque rigide et quelque collet-monté qu'il
soit serait mal venu de nous en faire un
crime; l'exemple vient de haut, et un vicaire
ne saurait en remontrer un évéque.
L'école moyenne de l'Etat pour filles, établie
Nieuport en 1882, la demande de l'ancienne
administration libérale, l'a échappé belle, il y
a quelques jours.
Samedi dernier, le Conseil communal était
convoqué d'urgence pour prendre connaissance
d'une missive du ministre de l'intérieur refusant
toute augmentation de subside pour ladite école.
Après lecture de la dépêche ministérielle, un
conseiller clérical a déclaré qu'il fallait suppri
mer purement et simplement l'école, et la
majorité de voter daredare, malgré les protesta
tions de la minorité libérale, le principe de la
suppression de l'école moyenne pour filles.
Vit-on jamais procédé plus incorrect et plus
brutal
Hâtons-nous d'apprendre nos lecteurs que
l'école vivra. Nous tenons de bonne source qu'il
n'est nullement question, en haut lieu, de sa-
LE PROGR
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
Insertions Judiciaires la ligne un franc.
Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89,
Marché aux Herbes.
Monsieur le Rédacteur,