N° 86. Dimanche,
47e ANNÉE
30 Octobre 1887
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Le But.
Les chiffres.
La journée.
Uu petit calcul.
Cabinet d'affaires.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires acqdirit ednuo
Ypres, le 29 Octobre 1887.
Que signifie le replâtrage ministériel qui
vient de s'accomplir en Belgique
On croira difficilement que M. Thonissen s'en
soit allé de lui-même. L'oeuvre honteuse la
quelle il a présidé pendant plusieurs années,
prouve suffisance qu'il était politiquement
capable de tout pour conserver son portefeuille.
D'autre part, nos maîtres ne sont pas gens
s'effrayer de la juste impopularité qui s'attachait
au nom maudit de M. Ihonissen. Si donc ce
personnage sort du ministère, c'est qu'on la
plus ou moins poussé par les épaules. Pourquoi?
Les conjectures vont bon train: une opinion
qui tend s'accréditer dans les cercles poli
tiques de Bruxelles, c'est que l'entrée de M.
Lejeune au ministère a été décidée en prévision
d'une crise que pourrait provoquer l'attitude
de M. Woeste et de ses amis dans les questions
militaires. Pour le cas où M. Beernaert serait
mis en minorité par les intransigeants de la
droite, on procéderait la dissolution des
Chambres avec un cabinet d'affaires, et M.
Lejeune deviendrait le chef de ce cabinet.
C'est bien possible, et cela peut se soutenir
d'autant plus aisément que tout le monde ignore
ce qui s'est passé entre M. Beernaert et M. Le
jeune les négociations ont été conduites dans
le secret le plus absolu. Evidemment le nouveau
ministre a posé ses conditions. Lesquelles? Les
membres les plus importants de la majorité
n'en savent pas eux-mêmes le premier mot.
Au moment où les feuilles cléricales qui pas
sent pour recevoir les inspirations de MM.
Jacobs, Woeste et consorts, démentaient for
mellement la nouvelle d'un remaniement mi
nistériel, la nomination de M. Lejeune était
déjà chose faite elle a été pour les purs de la
droite un véritable coup de théâtre.
Il sera curieux de voir l'accueil que MM.
Woeste et Jacobs, ces Tantales du maroquin
ministériel, vont faire au nouveau venu. L'atti
tude des véritables chefs de la majorité noire
devant le cabinet remanié sera intéressante
observer. Ou nous nous trompons fort, ou la
session prochaine ne manquera pas d'imprévu.
Quel a été le but de M. Beernaert en Rassu
rant le concours de M. Lejeune? Ce but ne nous
parait pas bien difficile saisir.
L'an prochain auront lieu les élections de
Bruxelles. Il s'agit de trouver une tête de liste
pour les indépendants, dont la situation, sur
tout depuis les dernières élections communales,
semble de plus en plus compromise. M. Somzé
a beau être élu conseiller communal Schaer-
beek, on ne peut sérieusement songer lui
comme tête ae liste. C'est M. Lejeune qui le
sera, et l'on compte sur l'influence de ses fonc
tions ministérielles. On se trompe, sans aucun
doute, mais on doit reconnaître que le projet
ne manque pas d'habileté.
En attendant cette redoutable échéance de
Juin 1888, où Bruxelles seule peut déplacer de
vingt-huit voix la composition des partis dans
la Chambre, M. Beernaert avait un autre but
atteindre. Il a eu subir de cruelles défaites
dans le cours de la dernière session. M. Woeste,
qui n'a pas renoncé l'espoir de redevenir mi
nistre, ne l'a pas ménagé, et les traits acérés
du chef de la droite sont entrés profondément
dans le cœur du chef du cabinet. M. Beernaert
avait besoin d'un auxiliaire plus fort que M. de
Moreau pour repousser les assauts de M. Woeste.
M. Lejeune sera là, et l'on compte beaucoup
sur son éloquence incisive pour imposer silence
aux aboyeurs de la majorité cléricale.
Le cabinet espère arriver ainsi jusqu'aux
élections, se soutenant en l'air, comme un bal
lon captif, entre les deux partis, mais la merci
du premier accident venu. Si encore ces élec
tions pouvaient affaiblir sa majorité et la rendre
un peu plus souple et plus sociable, il ne serait
sans doute pas le dernier s'en plaindre.
Nous donnons place la lettre suivante, par
tant d'un bon cœur
Est-ce que vous me permettez d'émettre
mon opinion sur un fait qui frappe tous les
amis de l'Administration Communale? Je tiens
le dire, parce que cela révolte tous les honnê
tes gens. C'est qu'il y a parmi les salariés de
la ville, qui trouvent dans leur petite place
leur existence des gens quil'année du
rant, disent du mal de leurs protecteurs. Si
j'avais un domestique parler mal de moi, je
l'enverrais chez ceux qui lui plaisent et je ne
lui donnerais pas de quoi sucer mon argent et
mon honneur. Cependant, Monsieur, il y en a
qui devraient de la reconnaissance quelques
candidats qui étaient sur la liste et qui ont
voté contre eux. Moi je les renverrais pure
ment et simplement et ce serait mérité. Dent
pour dent, comme on dit, dans les estaminets,
et on en parle avec scandale.
C'est pour vous mettre au courant que je
dis cela, sans nommer personne et si cela peut
vous servir, je n'aurai fait que mon devoir.
Bon noter et vérifier de près.
Il est curieux de vérifier les chiffres de
l'élection du 16 Octobre avec ceux du ballottage
de Dimanche dernier dit le Journal d'Ypres.
Et échaffaudant chiffres sur chiffres, inutile
de les énumérer, il en arrive ceci, c'est que
si les chiffres du 23 avaient été les mêmes que
ceux du 16, M. Poupart aurait été le seul élu.
Oui, mais ils n'ont pas été les mêmes!! Et
quoi, cela tient-il C'est que tout était changé
et par conséquent les chiffres et leur résultat.
Quand tout change, est-ce étonnant que cela
ne soit plus la même chose? Ah I M. de la
Palisse! Allons Allons Journal tu radotes
Le Champagne du 23, de la rue de Menin,
clapote encore dans ta tramontane.
Un peu de repos et tu ne verras plus double.
Le Journal d'Ypres nous apprend, dans l'i
vresse de sa petite minuscule victoire que, le
résultat connu du 23, les libéraux disparu
rent comme par enchantement. Pas avec
autant d'enchantement que les cléricaux le 16.
A deux heures et quart, dit-il, c'était folie
Folie, oui, et les cléricaux ne nous ont pas
donné d'autre spectacle.
La Grand'Place est noire de monde, ajoute-
t-il; en effet, les libéraux y étaient plus nom
breux que les cléricaux. Ils n'avaient donc pas
disparu tant que cela. Les cléricaux s'étaient
soustraits aux ovations les libéraux étaient
restés sur la Place, affirmant ainsi leur droit de
possession.
Administrer c'est prévoir, a dit un grand
homme d'Etat. En effet, là est tout le secret et
il est bon d'en faire savourer tous les délices. Si
l'arithmétique n'est pas une vaine science, il
faut qu'elle vienne en aide la politique qui,
dans ce siècle de remue-ménage général, sem
ble être l'occupation de tous et le pain quotidien
de toutes les intelligences qu'une indifférence
coupable n'a pas encore frappées d'immobilis
me. Voyons en deux mots ce que cette arith
métique nous apprend. C'est simple, comme
une table de multiplication
Depuis 47 ans, il n'est pas entré un seul ca
tholique au Conseil Communal; au bout de47
ans, il en entre un n'importe comment et
par quel tour de muscade, il fait sauter le dou
ble fond donc un catholique en 47 ans.
Supposé qu'en 47 ans encore, il en entre un
second, cela fera deux. Et procédant ainsi de
47 en 47 ans, il se fera qu'en 705 ans, le Con
seil serait exclusivement composé de Colaerts
et consorts.
Autrement dit en l'an de grâce 2552, le Con
seil serait homogène et clérical.
A méditer par Newton Iweins et ses arrière-
petits-neveux.
Chacun interprète sa façon le choix, jus
qu'ici inexpliqué, du nouveau ministre. A
Anvers, paraît-il, le monde militaire, l'esprit
plein du service personnel, croit déjà un
prochain cabinet d affaires.
Le correspondant de la Gazette écrit ce
sujet
Le départ de M. Thonissen et l'entrée de M.
Lejeune au département de la Justice sont très
commentés ici. Un de nos officiers supérieurs
me disait ce matin ce propos
Le résultat des élections, en démontrant
la faiblesse effective du parti clérical, a amené
la retraite du ministre de l'intérieur, compromis
par ses exécutions scolaires et préparé très
probablement un changement dans la direction
politique du parti clérical. M. Lejeune a été
LE PROGRES
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
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Marché aux Herbes.
Monsieur le Rédacteur,
n Un électeur indigné.
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