N° 88. Dimanche,
47e ANNÉE.
6 Novembre 1887
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Les cléricaux en délire.
Les cléricaux sont en délire, leur victoire du
23 Octobre les enivre.
Ni les rudes leçons que le parti libéral leur a
infligées dans le passé, ni celles qu'il leur réser
ve dans l'avenir n'ont pu les rappeler la mo
dération. Ils ont perdu toute pudeur, tout
sentiment des convenances. La haine et l'arro
gance sont aujourd'hui la dominante sur
laquelle leur organe le Journal dYpres» mo
dule ses variations A. M. D. G.
Cette attitude leur convient-elle
Malgré tous les moyens mis en œuvre par
nos adversaires, le candidat libéral le moins
favorisé l'élection du 16 a obtenu une majo
rité de 24 voix sur le candidat clérical le plus
favorisé.
Voilà la véritable mesure des deux partis en
présence.
La semaine qui a séparé le 16 du 23, nos ad
versaires l'ont employée acheter les voix
vénales que pouvait renfermer le corps élec
toral.
Ils ont exploité l'origine wallonne du candi
dat libéral en vue de le rendre suspect aux
flamingants outrance abusé de la crédulité
et de l'ignorance de quelques électeurs pour les
tromper sur ses opinions politiques.
Ils ont fait vibrer de mesquines questions
d'intérêt exploité l'esprit de clocher, en pré
sentant notre candidat comme étranger et in
connu (comme si les Belges pouvaient être
étrangers l'un l'autre); attisé la guerre entre
Wallons et Flamands menti tous en faisant
passer le candidat libéral pour un homme irré
ligieux.
Us ont corrompu ou cherché corrompre
certains électeurs par des menaces, des pro
messes, des dons d argent, et tous n'ont pu ré
sister la crainte ou la tentation. Ils ont
bénéficié de la trahison de certains libéraux
dont la basse envie s'est exercée détourner
des voix libérales de leur destination.
Us ont exploité toutes les faiblesses, toutes
les passions, et, par ces moyens déloyaux, leur
minorité de la veille s'est transformée en
majorité.
Voilà les armes dont se sont servis nos ad
versaires pour combattre le candidat libéral, et
ils osent chanter victoire
El ces adversaires se disent catholiques et
c'est au nom de la religion qu'ils commettent
toutes ces iniquités....
Le calme se fera sur cette élection. Ceux qui
ont trahi leur parti, ceux qui ont vendu leur
conscience, regretteront d'avoir préféré un
wallon, libéral sincère et dévoué, ardent défen
seur de nos institutions et de nos libertés, un
flamand dont le mandat est de les détruire.
Après cela que les cléricaux exaltent l'élu de
leur cœur, qu'ils vantent ses mérites, qu'ils
chantent ses hauts exploits la Chambre aue
l'orthodoxe Journal dYpres continue dé
verser sa bave sur notre parti, ils ne parvien
dront pas ébranler notre foi dans l'avenir
ils ne nous atteindront pas plus qu'ils n'attein
dront notre candidat dont le mérite et l'hono
rabilité sont au-dessus de leurs coups.
Réponse aux personnalités
du Journal d'Ypres
Un honnête catholique s'amuse depuis quel
que temps faire publier dans le Patriote des
historiettes.
Le Journal dYpres de Samedi, 22 Octobre
1887, deuxième page, reproduit avec plaisir
ces perfidies et son rédacteur habituel y ajoute
encore quelques réflexions dans le but de nuire
dans la vie privée de deux de nos plus hono
rables concitoyens.
L'intention est d'autant plus méchante que la
période électorale est passée.
Le Journal dYpres a voulu être désagréable
Messieurs de Stuers et Monsieur Van Eecke,
nous allons simplement paraphraser ses articles
en modifiant les noms.
Histoire de trois candidatures catholiques.
Nous avons possédé Ypres deux Biébuyck
hélas! nous n'en possédons plus qu'un bien mai
gre. Voici Monsieur Louis Biébuyck, plusieurs
fois Conseiller Communal manqué et actuelle
ment Conseiller Provincial, grâce l'appui du
clergé. Il habite une maison rue de Dixmude qui
a une grande réputation d'hospitalité.
11 possède encore un château S1 Jean, mais
n'y loge jamais.
L'autre, Monsieur Emile Biébuyck a un do
micile inconnu, profession inconnue; un Père
Jésuite l'a un jour reconnu en Amérique sous le
faux nom de Comte d'Artois.
Si 1 e Patriote désirait de plus amples renseigne
ments, il pourrait s'adresser utilement non dans
les salons très-aristocratiques et très-catholiques
mais ailleurs.
Nous avons encore possédé Ypres deux
Iweins; hélas! nous n'en possédons plus qu'un,
bien ambitieux. Voici Monsieur Henri Iweins,
plusieurs fois Conseiller Communal manqué, ac
tuellement Conseiller Provincial et toujours
Commissaire d'Arrondissement en perspective
Il habite une maison rue de Menin, qui a eu une
grande réputation jadis et dont nos vieux Yprois
se rappellent en riant.
L'été, il est Heyst, où il joue l'aristocrate.
Il a ajouté d'Eeckhoutte son nom, espérant
devenir bientôt Baron.
L'autre, le Père Adolphe Iweins, habite Lou-
vain où il est Supérieur du couvent des Domini
cains. Il n'a pas de maison Ypres, mais quand
il vient prêcner on aime aller l'ecouter et tout le
monde de s'écrier quel organe et queUe res
semblance avec un grand homme
Noua possédons un seul Surmont et cela suffit.
On écrit de la rue de Lille
M. Surmont, Sénateur, ne parvient pas di
gérer la buse que lui a servie Dimanche le corps
électoral.
Nous comprenons la douleur du pauvre Séna
teur et nous y compatissons.
Se croire l'homme le plus important de la ville
d'Ypres et sur 1462 votants ne recueillir que 657
voix se dire le plus intelligent des concitoyens,
le plus clairvoyant des administrateurs, le grand
Sénateur, et se voir répudié par 805 électeurs
obtenir 50 suffrages de moins que la majorité
absolue l'illustre Sénateur, arriver sixième et
avoir moins de voix qu'un Iweins et qu'un
Breyne, hélas quelle humiliation
Et combien M. Surmont pardon le Baron
Surmont de Volsberghe, dont l'ambition pour
'épouvantable ècnec que
ger ses concitoyens
Et cependant que n'a-t-il pas fait l'iUustre
Sénateur pour pouvoir exercer Ypres le des
potisme qu'il avait rêvé
Protégé des Jésuites, il épousa, la suite du
Congrès de Malines, Mademoiselle de Gheus,
nièce du Sénateur libéral M. le Baron Mazeman,
ce qui lui rapporta une fortune magnifique.
Mais hélas avec l'argent ne vient pas la sym
pathie.
Le Baron Mazeman de Couthove, qui, quoique
libéral, était généralement estimé et apprécié,
avait bien pu, en mourant, abandonner la place
de Sénateur mais il n'avait pu laisser son suc
cesseur sa grande popularité ni sa générosité.
Aussi, mesure que les Yprois purent mieux
connaître M. Surmont, lui infligèrent-ilsquoi
que Sénateur, des défaites de plus en plus san
glantes.
Si le Journal Ypres désirait de plus amples
renseignements, il pourrait s'adresser utilement
aux marchands de toile de Courtrai. Mais il doit
se hâter. Les marchands de toile qui ne fréquen
tent pas les salons très-aristocratiques et très-
catholiques ne connaissent pas le Baron de
Volsberghe. Les ambitieux ne sont pas en bonne
odeur dans les régions des marchands de toile
actuels.
Pour finir Journal dYpres du 22 Octobre
dernier, 2* page, 3* colonne Si le parti catho
lique a besoin de recourir de pareilles ma
nœuvres pour assurer un succès, il est tombé
au dernier degré du mépris.
Nous savions qu'il est capable de bien des
choses, mais nous n'aurions jamais cru qu'il
serait descendu jusque là.
Et si le cœur lui en dit, au Journal, nous en
avons encore comme cela tout un stock.
Le ministère est en train de tripoter une ré
forme électorale qui sera l'un des plus audacieux
coups de parti que l'on ait jamais tentés en
Belgique. Dès la rentrée, le projet sera déposé
par M. De Volder ce sera le cadeau de bien
venue du nouveau ministre de l'intérieur la
majorité noire.
Comme nos lecteurs le savent déjà, le projet
sera combiné de façon annihiler l'opinion
libérale ce sera, en réalité, la mise hors la loi
de notre parti. La Flandre libérale s'occupe en
ces termes de l'œuvre révolutionnaire dont nos
maîtres rêvent l'accomplissement
Les modifications au régime électoral qui
seront présentées et votées auraient pour
effet, si elles pouvaient rester en vigueur pen
dant un certain temps, d'exclure l'élément libé
ral de la gestion de toutes les petites communes
LE PROGRES
vires acquir1t ecn1k).
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
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Marché aux Herbes.
Ypbes, le 5 Novembre 1887.