N° 96. Dimanche, 47e ANNÉE 4 Décembre 1887. 0 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. HCsÈ^ Tout nouvel abonné d'un an au PRO GRES recevra gratuitement le journal jusqu'au 1" Janvier prochain. CHEMIN DE EER. Heures de départ d'Ypres pour Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 - 12-07 3-00 Ypres, le 3 Décembre 1887. Fraude scandaleuse. Sous ce titre nous lisons dans la Chronique d'hier La chose nous parait tellement grave que nous ne reproduisons l'article ci-dessus qu'en faisant nos plus expresses réserves et en lais sant la Chronique la responsabilité de ses allégations. D'autre part, on écrit d'Ypres au Journal de Gand les détails ci-après Nous renouvelons toutes nos réserves. Nous ne pouvons croire une fraude et jus qu'à preuve du contraire, nous ne voulons voir dans tout cela qu'une négligence grave assurément mais dont les conséquences peuvent devenir désastreuses pour l'enseignement pri maire Attendons que l'affaire soit tirée au clair. 11 faut qu'elle le soit et bref délai. Regardez dans votre œil. La proposition, soumise la Chambre par M. Woeste serait excellente, si elle ne revêtissait pas une couleur politique, comme tout ce qui emane des cléricaux. Cette proposition a pour objet de punir d'une amende, les membres des bureaux de bienfaisan ce qui subordonneraient l'octroi de secours la fréquentation d'une école déterminée, par les enfants des personnes sollicitant ces secours, d'annuler les délibérations prises dans ce sens, et d'interdire aux dits bureaux de refuser des se cours sous prétexte de fréquentation de telle ou telle école. Sous une apparence de bonté et de respect pour la liberté des parents pauvres, cette propo sition qui ne vise que les membres des bureaux de bienfaisance, laisse le champ libre tous ceux qui violentent la volonté des familles pour les obliger envoyer leurs enfants aux écoles con- gréganistes. Le paradis étant le prix de leur sou mission, et le retrait de tout secours dans ce monde, la peine de leur résistance. Pendant que l'on condamnera les manoeuvres de certains membres des bureaux de bienfaisan ce, on verra des ecclésiastiques attendre, dans la rue, les enfants qui se rendent l'école commu nale et les conduire, l'insu de leurs parents, dans un établissement congréganiste, cela s'est vu, pas loin d'ici, un propriétaire chas sera, comme indignes, de pauvres locataires, coupables de préférer pour leurs enfants l'ensei gnement laïque. La pression a été scandaleuse c'est sous son empire cpie le vide s'est fait dans nos écoles, calomniées, anathématisées. Or, la guerre n'est pas terminée, et elle conti nuera tant qu'il y aura une école debout, un instituteur en fonctions. Alors le combat finira, faute de combattants. Espérons que nous n'en arriverons pas là et que nous pourrons rouvrir, deux battants, notre jeunesse les portes de nos écoles et y arborer, de nouveau, le drapeau de la science. Quant aux bureaux de bienfaisance, M. Woeste leur fait jouer le rôle de l'âne dans les animaux malades de la peste ils ne font que tondre, de la largeur de leur langue, le pré de la charité publique que d'autres fauchent com plètement, sans honte ni vergogne. On ne connaît pas assez les beautés de la loi scolaire de 1884. Il était réservé l'administration communale de Sivry en Hainaut de nous montrer tout ce qu'on peut en tirer. Il faut savoir qu'aux élections communales d'Octobre dernier les libéraux l'ont emporté Sivry et, au 1r Janvier, la majorité du Conseil communal sera libérale. Or il existait dans cette commune deux éco les cléricales, adoptées naturellement en 1884, et dont le sort était, par le fait de l'élec tion, fort compromis au 1r Janvier. Que viennent de faire nos bons cléricaux de Sivry, dont le mandat expire dans un mois Ils ont décidé que les écoles adoptées devenaient dès maintenant écoles communales. Ils ont nommé instituteurs communaux et institutri ces communales les deux petits-frères et les deux nonnettes qui dirigeaient les écoles adop tées. Et le tour est joué Au 1r Janvier, les libé raux auraient vraisemblablement retiré l'adop tion aux écoles dont il s'agit. Ils se trouveront maintenant en face d'écoles communales et, s'ils les suppriment, comme le leur permet la loi, ils devront aux instituteurs et institutrices des traitements d'attente, c'est-à-dire quatre mille francs Ce n'est pas plus difficile que cela La conscience des cléricaux est large, très large. Après avoir déclamé contre les gaspilla- LE PROGRES vires acquikit eonuo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays, i.7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, -Harché aux Herbes. 4-00 6-26 9-05 9-58. Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-25. Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20. Gommes, 5-30 - 8-05 - 8-20 9-58 10-10 11-16 2-41 - 2-53 - 5-20 8-58. Comines-Armentières, 5-30—8-0511-162-53—8-58. Roulers, 7-45 10-45 12-20 4-10 6-30. Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22. Courtrai, 5-30 - 8-20 9-58 11 16 2-41 5-20. Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-58—11-16 2-41 5-20. Courtrai-Gand, 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20. Nous allons peut-être assister, l'un de ces jours, la découverte d'une fraude scandaleuse cléricale, naturellement que l'on soupçonnait depuis un certain temps... Voici la chose Souvent, le résultat des concours entre les élèves des écoles officielles et ceux des écoles libres a jeté les insti- tuteurs communaux et les directeurs d'écoles dans un étonnement voisin de la stupeur. Il était arrivé, plusieurs reprises que des écoles libres, sans valeur aucune, avaient battu des écoles officielles réputées excellentes. Certains cancres avec Dieu avaient réussi décrocher le diplôme, alors que d'excellents sujets de l'école concurrente revenaient bredouille. C'était n'y rien comprendre. Tout d'abord, on crut de la malechance mais le mauvais sort, persistant dans certains cantons, fit naître des soupçons. Un directeur d'école officielle, qui ne pouvait croire un guignon si souvent répété, résolut d'en avoir le cœur net... Il provoqua une enquête qui lui donna la conviction qu'une vingtaine d'élèves d'écoles libres avaient obtenu un diplôme indûment, dans son ressort, tandis que les élèves d'écoles communales avaient échoué alors qu'ils réunissaient le nombre de points nécessaire. Le but de ces scandaleux tripotages était de former pour l'avenir un corps électoral capacitaire peuplé de créatures dévouées et de chercher donner le change sur l'excellence de l'enseignement des maîtres libres Des efforts se font pour étouffer cette affaire, et comme, dans les questions de fraude, les cléricaux sont depuis longtemps passés maîtres, il importe que nos amis ouvrent l'œil et fassent preuve d'énergie et de volonté. Il faut que l'affaire soit promptement tirée au clair, car, si on n'y prend garde, les preuves disparaîtront bientôt comme des muscades... Que ceux qui ont entrepris de dévoiler la fraude ne se laissent pas intimider et qu'ils aillent droit au but, sans se soucier des personnalités qui pourraient être atteintes pour avoir trempé dans un scandale de ce genre. Au besoin, une enquête devrait être ordonnée sur la valeur des diplômes conférés depuis deux ans. Il n'y a rien d'impossible cela, puisque les originaux des con- cours et examens doivent être conservés pendant ce laps de temps. Les Jurys avec Dieu. J'ai entendu raconter hier une histoire absolument in- vraisemblable, mais dont on m'a cependant garanti la complète exactitude. Tout le monde se rappelle encore les articles dithy- rambiques de la presse cléricale au sujet des derniers concours entre les élèves des écoles primaires. A en croire la sainte presse, les nourrissons des petits frères auraient battu plates coutures les élèves des écoles officielles. Cela a été contesté. De part et d'autre on a produit des statistiques les mathématiciens genre Malou ont jonglé avec les chiffres et ont fini par convaincre quel- qaes badauds. Tout coup on apprend que des instituteurs officiels, mis en défiance par certains insuccès de leurs meilleurs b élèves, ont demandé au ministre la révision des compo- sitions et le bruit se répand au même instant que pour b le seul ressort d'inspection principale de Bruges, dont b les travaux ont été corrigés Ypres par un jury dont M. b l'inspecteur Brouwers faisait le plus bel ornement, il y b a eu plus de trente diplômes délivrés des concurrents b qui n'y avaient aucun droit. b Renseignements pris, les faits sont exacts et indénia- b bles, tellement indéniables que M. Brouwers fait en ce moment les quatre cents coups pour faire rentrer les b 30 diplômes en question. On se demande comment des faits pareils peuvent se b passer? b Quoiqu'il en soit, se défier de plus en plus des institu- b teurs, des inspecteurs et des jurys avec Dieu.

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