8 Décembre 1887.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Revue politique.
La loi sur l'avancement.
l\° 97. Jeudi,
47e ANNÉE
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PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
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CHEA1I1 DE FER.
Heures de départ cZ'Ypres pour
M. Sadi-Carnot a été élu Samedi président de
la République française par 616 voix sur 827
votants.
Dans les scrutins qui avaient précédé ce vote
définitif, les voix de la gauche s étaient portées
en partie sur le nom de Si. Jules Ferry, en par
tie sur celui de M. de Freycinet. La situation
était telle que l'élection allait dépendre de la
droite, et celle-ci eût certainement voté pour M.
Jules Ferry, dont la nomination aurait suscité
des troubles graves et provoqué une crise dans
laquelle la République pouvait sombrer. C'est
alors que M. Sadi-Carnot est apparu, comme
la colombe de l'arche, dit le Temps, et qu'il a
rallié aussitôt MM. Ferry et de Freycinet
s'étant désistés on sa faveur les nuances les
plus accentuées et les plus divergentes de l'opi
nion républicaine son nom a produit spontané
ment cet accord si désirable, parce que son
triomphe n'était celui d'aucune fraction, nous
dirons presque d'aucune faction de la gauche.
Avec lui, on était certain qu'il n'y aurait ni vain
queurs ni vaincus, mais des républicains égale
ment heureux de s'unir autour de l'un des plus
estimés d'entre eux.
La droite, dont la manœuvre a été ainsi dé
jouée, a reporté ses suffrages sur le général
Saussier qui a obtenu 188 voix.
Immédiatement après le vote, le président du
Congrès, M. Le Royer, suivi des membres du bu
reau et des ministres, s'est, rendu dans le cabinet
de la présidence où il a officiellement investi M.
Carnot de la dignité laquelle il venait d'être
promu. Répondant aux félicitations de M. Rou-
vier, M. Carnot a exprimé ses remercîments
l'Assemblée nationale, qui, par son suffrage, a
hautement témoigné du désir de concorde et de
pacification dont la France républicaine est ani
mée. M. Carnot est ensuite parti pour Paris,
escorté par un détachement de cuirassiers il
est arrivé neuf heures du soir l'Elysée, d'où il
est sorti presque immédiatement pour aller ren
dre visite M. Grévy.
L'élection de M. Carnot a été accueillie avec
enthousiasme Paris et dans toute la France
elle a produit un apaisement universel des es
prits. Il n'y a eu de déception que pour les anar
chistes parisiens, qui souhaitaient l'élection de
M. Jules Ferry pour avoir un prétexte de des
cendre dans la rue.
L'élection de M. Carnot est également fort
bien accueillie l'étranger.
En somme, on peut considérer comme heu
reusement terminée la crise dans laquelle la
France se débattait. Le calme est complet par
tout. Cela durera-t-il Voilà la question.
M. Grévy a rendu Dimanche M. Carnot la
visite que celui-ci lui avait faite la veille. Il a
dit que, s'il lui avait été permis de fixer lui-même
le choix de son successeur, il se fût arrêté sur le
nom de M. Carnot, comme le plus digne d'occu
per les hautes fonctions de président de la Répu
blique.
M. Carnot a déclaré que sa politique serait
une politique d'union et de concentration répu
blicaine il formera son ministère avec des élé
ments recrutés dans plusieurs groupes de la
gauche.
Ypbes, le 7 Décembre 1887.
Le parti clérical trouve plaisir forger des
lois qui tendent établir la domination du
clergé sur nos populations. Après les modifica
tions aux lois provinciale et communale, M.
Woeste a développé Mercredi la Chambre un
projet de loi destiné atteindre les membres
desBureaux de bienfaisance qui obligeraient les
parents d'envoyer leurs enfants aux écoles
communales: La recommandation même de
ces écoles serait considérée comme un crime.
Ainsi toute liberté serait laissée au clergé
pour maudire ces écoles, persécuter les parents,
leur refuser les sacrements. L'autorité civile
devrait rester les bras croisés devant les persé
cutions de tout genre dont nous avons eu de
si odieux exemples pendant la guerre scolaire
qui a suivi le vote de la loi de 1879.
Là où le clergé était le maître, les bourg
mestres et les conseillers furent obligés de com
battre les écoles publiques les membres des
Bureaux de bienfaisance étaient engagés re
fuser tout secours aux nécessiteux qui refu
saient de passer sous les fourches caudines du
clergé.
Et l'aimable M. Woeste appelle ces scanda
leuses pressions l'influence légitime de per
sonnes notables.
M. Pirmez a protesté immédiatement contre
la proposition de M. Woeste, qui a pour but
d'organiser une nouvelle ère de persécution
contre les écoles officielles afin de les anéantir
totalement. Nous n'approuvons point les pres
sions, mais nous ne pouvons nous dispenser de
faire ressortir que s'il y en a eu de la part de
quelques membres de Bureaux de bienfaisance,
c'est que le clergé avait donné l'exemple, en
poursuivant impitoyablement parents, élèves
et instituteurs. Des fanatiques excités allèrent
mêmi jusqu'à refuser le pain et le sel ces der
niers, et les simples d'esprit et lés brutes fai
saient subir aux instituteurs toutes lesvilainies
inimaginables.
Les libéraux ne manqueront certes pas de
combattre le projet de loi de M. Woeste avec
la plus grande énergie. S'il devait passer tel
qu'il est conçu ce serait un véritable malheur
public, dont on ne saurait prédire les consé
quences.
La loi de haine que les amis de M. Coremans
viennent de voter la Chambre a pour objet,
d'après son intitulé, de modifier le régime de
l'avancement des officiers. C'est un titre men
teur. Le loi nouvelle ne modifie que les condi
tions de recrutement d'une partie des officiers,
de ceux qui sortent de l'Ecole militaire.
En vertu de cette loi, on ne pourra plus entrer
qu'à l'âge de 17 ans l'Ecole militaire, sous
prétexte que les jeunes gens auront besoin d'un
an de plus pour soigner leurs humanités avant
de se livrer aux études spéciales et mathémati
ques du programme d'entrée de l'Ecole.
Dans ces conditions, on devra forcément recu
ler la limite d'âge de la pension des différents
grades; sans cela, les officiera ne pourraient plus
arriver compléter leur carrière, précisément
cause de cette vieille loi de 1836 sur l'avance
ment, qui devrait être revisée de fond en comble
et laquelle le projet nouveau ne touche même
pas.
D'après le régime suivi en Belgique depuis
1836, l'avancement dans l'armée est livré au
hasard de la santé et de l'âge... Le gouvernement
n'est pas armé du moyen de faire arriver coup
sûr la tête de ses grands commandements les
hommes qu'il sait être les plus aptes les occu
per.
Quand se produisent ce qu'on appelle les dé
chets, qu'un officier meurt ou se retire du service,
ceux qui avancent par suite de ces déchets ne
sont pas nécessairement les plus capables. On
avance son tour et un officier médiocre ne
devient pas un aigle parce que celui qui le pré
cède par ordre de promotion rentre dans la vie
civile ou sort de la vie la fois civile et militaire.
Même en laissant de côté l'odieuse clause
flamingante, la revision de la loi nouvelle s'impo
sera donc forcément et très prochainement.
Il paraît que la propagande par la presse pé
riodique, en faveur du cléricalisme, s'exerce
avec une rare activité àDixmude et ses environs.
Trois journaux y pourvoient d'abord, le Nieuits
van den Dag, quotidien comme son titre l'indi
que, 2 centimes le numéro, qui distribue les
nouvelles doses infinitésimales; puis leVlaming,
grossièrement illustré 5 centimes enfin les
Verhalen voor iedereen, recueil de romans amu
sants et peu instructifs.
On comprend dans quel esprit sont rédigées
ces publications et combien elles doivent servir
au triomphe de la cause cléricale, surtout quand
elles continuent l'œuvre de l'école congréga-
niste.
Que faire pour combattre cette action de tous
les jours Employer les mêmes armes, opposer
le journal au journal, le livre au livre. Qui a lu
lira et si, comme on le dit, la presse de nos ad
versaires trouve beaucoup de lecteursfaisons nous
lire aussi là où elle pénètre, et comme la nôtre
sera plus vraie, plus patriotique, plus amusante,
elle finira par faire sa trouée dans les esprits.
C'est nos amis travailler ce résultat. Nous
les y convions. Mais ce n'est pas la veille de8
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