Elections de Breedene.
Le libéralisme se retrempe dans l'adversité.
Nous en avons eu une nouvelle preuve, hier.
Les élections de Breedene, cette libérale com
mune qui compte environ quatre mille habi
tants, ayant été favorables aux libéraux, avaient
été annulées par la députation permanente. Les
électeurs, convoqués nouveau hier, ont infligé
une rude leçon nos permanents, en faisant
passer, une forte majorité, la liste libérale.
M. de Stuers n'a donc pas été trop loin dans
son interpellation de Vendredi sur les agisse
ments de la députation permanente en cette
circonstance.
Ce résultat pouve que l'esprit public se ré
veille dans notre Flandre, ce dont il donnera
une preuve éclatante au mois de Juin.
Nouvelles locales.
Ainsi rien. Le Journal est en plein aveu d'im
puissance. Ce bravache, ce pourfendeur d'abus
qui allait nous écraser sous le poids des révéla
tions qu'il retenait provisoirement dans sa hotte
scandales, n'a pas un traître mot précis nous
répondre. On lui demande ce que contenait cette
lettre d'un Monsieur tenant de près la finance
et ce qu'il pouvait y avoir de corrupteur dans
cette autre lettre remise un électeur de la ville
par un domestique galonné Quand des ques
tions aussi brûlantes sont aussi vaguement po
sées, il est bien permis d'en avoir un mot d'ex
plication. Diable on ne parle pas pour ne rien
dire et le Journal s'étant enferré comme il l'est,
il était de son devoir, il y allait de son honneur
de se dégager. S'il ne l'a pas fait, c'est qu'il n'a
pas pu et qu'il a compté sur la vertu prolifique
de son fameux précepte calomniez, calomniez
toujours, il en restera quelque chose.
Il avait cependant la partie bien belle. Sans
colère ni haine, nous lui avons demandé ce que
contenait cet écrasant dossier, quel était ce Mon
sieur tenant de près la finance et de qui re
tournait ce groom galonné Après huit jours
de réflexion, le Journal, folâtre en ses bons
moments, nous décrit longuement le sabre d'un
agent de police il nous parle des guibolles en
queues de billard d'un habitant d'Y.... vetot, de
ses favoris qu'il a l'air de jalouser, le tout entre
lardé de petites insinuations aussi méchantes
que fausses, mais du Monsieur tenant de près
la finance, pas de trace mais de la lettre remise
Sar l'ardélion galonné, brosse. Et cela s'appelle
u journalisme
0 Dieu de miséricorde
Il faut cependant se donner des airs. Provo
quer et fuir le terrain, c'est par trop clérical. 11
y a un moyen de se tirer de là. On invente d'au
tres nébulosités, par exemple, on décrit une ren
contre au coin de la rue du Marais quand,
quel jour, quelle heure N'importe, elle a eu
lieu du 16 au 2B Octobre vous voyez combien
c'est précis on y flanque un Monsieur tenant
de près (ces Messieurs tiennent toujours de près
quelque chose) donc un Monsieur tenant de
près 1 Hôtel-de-Ville Ce Monsieur glisse une
pièce de cent sous dans la main d'un capacitaire
pour acheter son abstention voilà lmistoire.
Si après cela le lecteur n'a pas tous ses apaise
ments et n'est pas parfaitement renseigné sur
les faits et gestes de ces corrupteurs libéraux,
c'est qu'il n a pas d'yeux pour voir, seulement
il se demandera pourquoi, quand le Journal est
en si bon chemin, il ne place pas encore une
douzaine d'autres Messieurs aux coins de rues,
tenant de près quelque chose et faisant tous la
même besogne
Mais le Journal s'est aperçu que ce moyen de
défense Berait un peu monotone et pour varier le
plaisir il nous dépeint les abords d'une certaine
maison rue des Chiens envahie par des visi
teurs en nombre tel que la rue en eBt devenue
impraticable et que pour ne pas être arrêtées
dans leur course, les voitures doivent prendre ou
la rue S'-Jacques ou la rue de Lille.Et dans cette
maison il y a un docteur qui ne décolère plus.
C'est cela qui est drôle et qu'il faut absolument
aller voir.
Et ce qui se passe l'Hôtel-de-Ville est tout
aussi fort. Cela est au-dessus de toute descrip
tion. Aussi le Journal se contente-t-il d'indiquer
ces scènes par quelques traits bien marqués,
l'Albert Durer, quelque chose de fixe et d'empoi
gnant et qui se grave dans la mémoire.
Mais tout cela n'est pas encore la lettre du
Monsieur tenant de près la finance ni celle de
ce larbin galonné. Or c'est cela que nous deman
dons et tant qu'on ne nous aura pas donné ces
mystérieux poulets, nous tenons pour pure bla-
§ue tous ces fantômeB que le Journal fait danser
evant ses lecteurs. Que maintenant pour se
tirer d'affaire et pour détourner l'attention, il
ajoute d'autres fantasmagories,soit au coin de la
rue du Marais, «oit rue des Chiens ou partout
ailleurs, on persistera ne voir dans tout cela
que de la jaboterie, ,d.u bavardage, mais un fait
précis, clair et indéniable, pas un.
v,
De tout quoi il appert que la corruption, l'or
et les promesses menteuses sont, en temps d'é
lection, les armes favorites de nos adversaires.
On n'y reviendrait pas si souvent,et puisque ceux-
ci n'ont pas d'autres moyens d'agir on se conten
terait de leur en laisser toute la honte, si cette
pratique n'avait pas les plus graves conséquen
ces. Eh quoi! ce serait impunément qu'une so
ciété serait travaillée comme l'a été notre ville
dans les journées qui précédèrent le 16 et le 23
Octobre Croit-on sérieusement que le niveau
moral de certaine classe d'électeurs ne se res
sente pas, la longue et plus vite qu'on ne
pense, de ce marchandage de consciences, de
ces assauts répétés faits des convictions sincè
res et souvent désintéressées Acheter un vote
prix d'or, un vote que le malheureux n'accor
de que malgré lui, en tremblant, et parce qu'on
est parvenu souiller son âme, c'est une mau
vaise action qui entraîne le repentir chez celui
qui en est l'objet, si elle n'est pas le prélude de
défaillances ultérieures de toute nature. C'est la
Ïierte du sens moral,c'est la dépravation, comme
e pratiquent nos adversaires, elévée la hauteur
d'un système social. Et si jamais ce système, qui
est la négation de toute droiture, de toute fran
chise, de toute loyauté, venait prévaloir, en
d'autres termes, ce qu'à Dieu ne plaise, si grâce
au mensonge, la tromperie, la vénalité, au
trafic des consciences, nos adversaires arrivaient
leurs ténébreuses fins, c'en serait fait de l'hon
nêteté et de la morale publiques.
Le Journal d'Fpres, la feuille orthodoxe de l'ar
rondissement, est, on le sait, la sentine où tous
les faux dévots de la localité vont déverser le
trop plein de leurs vésicules biliaires. C'est l'exu-
toire de leur charité chrétienne. Chacun la pra
tique sa façon.
Le petit Monsieur, l'homme au plantureux
traitement, est l'exécuteur de leurs œuvres
piesIl ne trouve pas que le métier soit trop
malpropre, il fait sa besogne en conscience et
habille sa façon les gens qui n'ont pas l'heur
de plaire la tourbe de frocards qui ne vit que
de haine et de rancune.
Samedi dernier, en vue de gagner honnête
ment sa journée (il en fait lui-meme l'humble
aveu) il a méchamment attaqué un fonctionnaire
dont l'honorabilité, le zèle et le dévouement
la chose publique sont au-dessus de tout éloge.
Il ne l'attaque pas de front, le brave, il n'aime
Sas regarder ses adversaires en face, ça lui
onne le vertige, il louvoie, il lance des insinua
tions injurieuses, ouvrant ainsi la porte toutes
les suppositions malignes du public.
Si la verve du petit Monsieur doit absolument
s'exercer sur quelqu'un, point n'est besoin qu'il
sorte de son clan. Qu'il jette ses regards autour
de lui il trouvera faire ample moisson. Il y
rencontrera des paillasses, des cafards, des tar
tufes aussi grotesques les uns que les autres, des
types aussi bizarres au physique qu'au moral.
Il y a des meurtres qui ont pour but de sup
primer un ennemi et ceux qui les commettent ne
sont pas toujours des lâches. Il a fallu un certain
courage Aubertin pour aller se placer face
face avec Ferry avant de faire feu. Ici, en inau
gurant le meurtre moral, en cherchant tuer
son ennemi dans l'esprit public, on se tient dans
l'ombre, on se cache derrière la rédaction ano
nyme du Journal. Quelle dose de courage ne
faut-il pas pour affronter un tel danger Quelle
gloire pour le petit Monsieur et combien ses pa
trons doivent etre fiers d'avoir mis la main sur
un personnage d'une telle valeur
Dans son article de dénigrement l'adresse de
l'honorable fonctionnaire en cause, le petit
Monsieur écrit Nul ne sait au juste qui il est,
d'où il vient, ce qu'il fait.
Mais d'où vient-il lui-même le petit Monsieur?
Il est bien étrange qu'il ne lui soit pas venu
l'esprit de se poser la question.
Qu'il aille interroger les caves de la rue de
Dixmude, l'une d'elles lui répondra sûrement.
Quelle besogne faisait-il au Journal de Bruxelles
et comment et pourquoi l'a-t-il quitté N'est-ce
pas alors, qu'à bout de ressources, il a voulu en
trer dans 1 armée et n'est-ce pas sur les conseils
d'un honorable officier supérieur qu'il a renoncé
son projet
N'est-ce pas lui encore qui s'est attiré les fa
veurs de dame Thémis par ses exploits ultra
fantaisistes
Qu'il cesse, le petit Monsieur, d'aboyer aux
honnêtes gens, nous lui en donnons charitable
ment le conseil, et si son plantureux traitement
l'oblige mordre de temps autre, qu'il se re
tourne vers les siens il trouvera là des sujets
dignes de lui et de sa prose.
SOCIÉTÉ DeT CHŒURS.
Mercredi dernier, 7 Décembre, une charmante
soirée musicale a eu lieu la Société des Chœurs,
une foule élégante et choisie s'était rendue
cette fête, les dames étaient nombreuses, et té
moignaient par leur présence tout l'intérêt
qu'elles portent l'art musical.
L'ouverture de Pique Dame de Suppé, une
fantaisie de Faust de Gounod, et une valse de
Corbin Santiago ont été enlevées magistrale
ment par la Section Symphonique: ces vrais
artistes amateurs jouent avec un sentiment
exquis, ils vous font aimer la musique, parce que
tous les morceaux qu'ils exécutent le sont dans
la perfection, ils méritent la reconnaissance de
tous les sociétaires.
Nos chaleureuses félicitations leur Directeur
M. Goetinck, qui dirige la symphonie avec un
réel talent.
Monsieur Ardennoy qui possède une jolie voix
de basse, a chanté ravir plusieurs airs et mélo
dies, il a été très apprécié; sa mélodie" le Passeur
a été chantée avec âme et beaucoup de senti
ment.
De vifs applaudissements ont accueilli chacun
de ses morceaux.
Le grand succès de la soirée a été le concours
de M. Jacobs, violoncelliste, professeur du Con
servatoire de Bruxelles.
Un concerto militaire de la composition de
Servais, a été exécuté de main de maître par M.
Jacobs, il a enthousiasmé tout le monde par la
facilité avec laquelle il rendait les difficultés de
cette brillante page musicale.
Une charmante fantaisie pour violoncelle inti
tulée Dans la Forêt de Popper, a été un vé
ritable triomphe pour l'artiste La Fleur
d'Automne puis le Recueillement v touchaient
l'âme, vous transportaient et donnèrent l'illusion
d'un vrai chant de Séraphins.
M. Jacobs possède l'art de faire chanter son
instrument, c est un grand artiste, que nous se
rions heureux d'entendre et applaudir souvent.
M. Dekemper comme toujours a Lait le plus
grand plaisir, il chante toujours du nouveau, il
a une mémoire prodigieuse.
Les accompagnateurs Messieurs Baratto et
Moreaux, se sont admirablement acquittés de
leur tâche, M. Moreaux a divinement accom
pagné M. Jacobs.
Mille remercîments aux zélés Président et
Vice-Président Lapiere et Ligy pour l'organisa
tion de cette belle fête.
«•cceOCCeeem-i-i
MATINÉES MUSICALES.
Pour rappel, Dimanche, 18 Décembre pro
chain, midi, en le Salle de l'Aigle d'Or,.pre
mière matinée de Musique de Chambre, offerte
aux amateurs par le quatuor.
Les personnes, désirant obtenir une carte d'en
trée, sontpriées de s'adresser MM. Gaimant,
Ligy ou Weckesser.
Caveant consules.