LA MORT S0 21. Dimanche, 48e ANNÉE. 11 Mars 1888. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. Revue politique. L'EMPEREUR D'ALLEMAGNE. Intérieur. Le parti clérical. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Ypbes, le 10 Mars 1888. L'empereur d'Allemagne est mort. La nouvelle de l'événement avait été trans mise un peu prématurément, hier après-midi, dans les principales capitales de l'Europe. Depuis la veille au soir, Guillaume 1er était dans un état de prostration absolue, ne sortant guère d'une crise comateuse que pour retomber dans une sorte de sommeil qu tout moment on pou vait considérer comme étant le dernier. Vers trois heures après-midi, il a eu une syn cope prolongée, avec apparence de léthargie. On a cru que tout était fini. Et le télégraphe en a transmis l'avis aux représentants de l'Allema gne auprès des puissances étrangères. C'est ainsi que, Londres, Paris et Bruxel les, la nouvelle de la mort de l'Empereur a été publiée au moment même où se produisait un semblant de retour la vie. Puis, nouvelle syncopesuivie d'un nouvel effort vers une reprise des fonctions vitales puis, après quel ques nouvelles alternatives, le dénouement fatal, inévitable du reste. Depuis huit heures du matin, Jeudi M.Windt- horst, chef du parti catholique au Reichstag, avait télégraphié au pape Léon XIII que la mort était imminente. Voilà donc le kronprinz, de fait comme de droit, empereur d'Allemagne. Que va-t-il faire Que va-t-il se passer Les dépêches disent que le prince, tout malade et agonissant qu'il est, va se rendre Berlin. S'il y arrive vivant, il sera proclamé empereur, après quoi, disent les dépêches, il déléguera Vexercice de ses pouvoirs au prince Guillaume, son fils, qui gouvernera sous la régence de M. de Bis marck, assisté, lorsqu'il s'agira des affaires importantes de l'Etat, du Conseil fédéral. Ce serait mal connaître le prince impérial que de le croire capable de déléguer volontairement la régence de l'empire M. de Bismarck. Du reste, le voyage du prince Berlin n'est {•as absolument nécessaire. La constitution de 'empire d'Allemagne n'exige pas la présence du souverain dans la capitale, et pour la presta tion du serment royal, les deux chambres du Landtag prussien peuvent envoyer, pour le recevoir, une délégation dans la localité où se trouve le nouveau souverain. M. de Bismarck n'a pas tenu compte de cet avis, et, sans consulter le principal intéressé, le kronprinz, il s'est hâté ae publier le décret contresigné de lui qui attribue le pouvoir au prince Guillaume. Il y a longtemps, du reste, qu'un désaccord complet existe entre le prince impérial et M. de Bismarck. Nous ne tarderons pas savoir les résolutions prises par le nouvel empereur, qui n'a reçu que Vendredi, la nouvelle officielle de la mort de son père. Berlin, 9 Février. L'empereur Guillaume est mort ce matin, 8 heures et demie. M. de Bismarck est revenu avec M. Boettichen 8 h. 3/4. La nouvelle de la mort a été annoncée par le gouvernement et par le commandant en chef du corps de la garde. Les troupes et le commandant du corps de la garde ont reçu la communication sous les armes. Les ordres du successeur de Sa Majesté, le kronprinz actuel, sont attendus. Ses ordres sur 'la prestation du serment et le deuil vont arriver incessamment. LE NOUVEL EMPEREUR. En vertu du principe de la légitimité, le kron prinz prend possession du pouvoir. Voici le télégramme qu'il a envoyé de San- Remo au chancelier, texte publié par le Moniteur de l'Empire Au moment où m'envahit la plus profonde douleur par la mort de l'Empereur-Roi, mon maître et père chéri, je vous exprime, ainsi m qu'au ministère de l'Etat, ma reconnaissance pour le dévouement et la fidélité avec lesquels, m vous tous, vous l'avez servi. Je compte sur votre concours dans l'exécu- tion de la tâche difficile qui m'est dévolue je pars le 10 Mars, au matin, pour Berlin. FRÉDÉRIC. L'union, la discipline, font la force du parti clérical. Tous obéissent au mot d'ordre, dût-il froisser les intérêts privés de ses membres. La désunion fait la faiblesse du parti libéral. On y rue dans les rangs, on s'y divise sur des questions secondaires. On nous objectera que cela est dans la logi que des choses, le cléricalisme procédant de 1 inflexible principe de l'autorité, le libéralisme de celui du libre examen. Mais le cléricalisme, après l'énergique effort de 1884, a donné tout ce qu'il pouvait. Il sent 2u'il ne peut plus que perdre, ayant atteint ans la pratique les limites extrêmes du recul. Que faire pour se maintenir Fomenter, affaiblir ses adversaires par la division. C'est ce qu'il fait, flattant tour tour les démocrates, les progressistes, les indépen dants, l'Association pour, en agrégeant autant que possible ces éléments hétérogènes, en faire une espèce d'olla podrida, dont ils ne mange raient pas eux mêmes, mais trop lourd pour qu'un estomac libéral le digère. Ce sont là de ces tours de cuisine politique qui ne réussissent qu'une fois. Le dégoût finit par en avoir raison. A Bruxelles le potage électoral a fait son temps, et quels que soient les efforts auxquels on se livre pour rendre quelque sa veur au potage indépendant, les électeurs le trouveront frelaté et n'y toucheront plus. C'est assez d'avoir été une fois les dindons de la farce indépendante. La capitale a beaucoup se faire pardonner. La province attend d'elle autant d'efforts pour reconstituer l'union qu'elle en a fait pour la détruire. Or, si nous en croyons les pronostics, elle méritera bientôt une absolution complète. Mais ce ne sont pas les cléricaux qui la lui donneront. Nous lisons dans le Patriote, feuille catholi que chaudement recommandée par le clergé Le parti catholique n'a pas dans ses tendan ces de caractère confessionnel. Des protestants, des libres-penseurspeuvent y entrer tête levéesans rien sacrifier de leur for intérieur. Des protestants, des libres-penseura y ont eu leur place et nul n'igno rait ce qu'ils étaient, ce qu'ils restaient. Le parti catholique veut toutes les libertés civiles et re ligieuses garanties par la Constitution. Nous ne saurions assez féliciter le parti cléri cal en général, et le clergé en particulier, dit la Meuse, de chercher recruter leurs alliés parmi les protestants et les libres-penseurs. Cela prouve une chose c'est que ce parti n'a plus aucune confiance dans ses doctrines il ne sau rait mieux avouer sa décrépitude et sa faiblesse. 11 faut espérer que le clergé, après avoir imploré le secours des protestants et des libres- penseurs, aura le bon goût, après leur mort, ae ne plus les envoyer dans le trou des chiens. Ce sera le complément de sa tolérance. lin cadeau de noce de M. De Volder. Un instituteur officiel d'Eecloo a épousé dernièrement une institutrice gardienne de la même localité, qui, depuis l'avènement des cléricaux au pouvoir, avait été mise en dispo nibilité et touchait un traitement d'attente de 750 fr. L'instituteur, de son côté, n'était guère riche non plus, car, depuis la même époque, son traitement avait été réduit d'un quart. Malgré leurs modestes ressources, ces bonnes gens n'ont pas craint de s'embarquer dans le mariage. Le sensible ministre de l'instruction publique a été mis au courant et, la date du 3f Janvier dernier, il annonçait la nouvelle mariée que son traitement d'attente lui était supprime partir du lendemain I C'était son cadeau de noce, lui. LE PROGRES vires acql'irit eondo ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé 1 éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 80, Marché aux Herbes. Heures de départ d'Y près pour Popennghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 4-00 6-26 9-05 9-58. Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-25. Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20. Confines, 5-30 - 8-05 - 8-20 9-58 10-10 11-16 2-41 2-53 - 5-20 8-58. Comines-Armentières, 5-30—8-0511-162-53—8-58. Roulers, 7-45 10-45 12-20 4-10 6-30. Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22. Courtrai, 5-30 - 8-20 - 9-58 11 16 2-41 - 5-20. Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-16—2-41 5-20. Courtrai-Gand, 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20. de

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 1