Les temps sont changés. Ouvriers et clergé Nouvelles locales. mes additionnels au profit des provinces et des communes, on arrive 10 */0 de revenu, ce qui est énorme. Or, aujourd'hui, ces 10 sont pré levés sur le revenu constaté par la dernière péréquation cadastrale de 1867. Depuis, la va leur locative des propriétés rurales a diminué de 30 et, néanmoins, le Gouvernement per siste exiger le paiement de l'impôt sur le revenu de 1867. La diminution qu'ils constatent dans leurs discours, les Ministres la contestent en matière fiscale, ou du moins se conduisent comme si elle n'existait pas. interpellé en 1885, par un des membres de la Chambre, le Ministre des finances s'est formellement refusé faire procé der une péréquation cadastrale nouvelle, l'opération serait longue, trop coûteuse, etc., etc. Les prétextes ne manquent jamais, on le sait, un Ministre, pour repousser une propo sition. En attendantles fermiers continueront payer 10 du revenu de 1867 pour des terres dont le produit a subi une réduction d'un tiers. Les ministres feront de grands discours sur l'in térêt qu'ils portent aux agriculteurs, mais quant proposer un projet de Toi en un seul article réduisant de 30 le revenu cadastral de toutes les propriétés destinées la culture, ils n'en ont garde. La mesure serait simple, efficace, elle apporterait un soulagement aux difficultés dans lesquelles les agriculteurs se débattent, on ne la prendra pas. Le ministère clérical continuera exiger des fermiers 10 de la valeur locative de 1867, ce qui représente 13 ou 14 du revenu actuel, c'est une iniquité. Voilà les sauveurs de l'agriculture. Il y a quatre ans, les cléricaux, les mains [ileines de promesses, exploitaient habilement a crise où le libéralisme épuisait ses forces. Le public a versé dans le piege que les promet teurs de beaux jours lui avaient tendu. Mais l'échéance de Juin prochain les met, au jourd'hui, dans leurs petits souliers. Rien dans les mains, rien dans les poches, tel est le bilan de la situation qu'ils peuvent offrir leurs élec teurs, leur demandant compte de leur gestion. Pas de diminution, mais aggravation d'im pôts; pas de diminution mais aggravation des charges militaires dans l'intérêt des puissants et du clergé; notre enseignement détruit au profit des couvents, et partout, dans le do maine de l'intérêt privé et dans les diverses branches des administrations publiques, où ils devaient faire tant d'heureux, le mécontente ment est aussi général que légitime. Toutefois, ils avaient cru trouver un biais pour en imposer au corps électoral. Les pro jets de réforme ouvrière sont leur œuvre et le public d'en rire. LesévénementsdeMars avaient été assez graves pour leur arracher un sem blant de symp itbie pour les classes déshéritées. Le calme revenu, l'apaisement se faisant au fond des couches inférieures, on a remis dans les cartons les principaux projets élaborés par la commission du travail. Ils reviendront, disent-ils, sur le tapis en Juillet ou la Trinité, mais le truc est use. Avec un tel bagage, dit la Nationil serait bien difficile de doubler le cap des tempêtes en Juin. Aussi, ces braves cléricaux, sentant le ter rain se dérober sous leurs pas, tâchent de faire une diversion au sein des divisions libérales, pour s'appliquer soulever ou récolter quel que mécontentement. Leurs journaux sont pleins de racontars de leur cru sur les faits et gestes des libéraux. Ils ne peuvent plus escomp ter que cette situation, et ils s en donnent jusque-là. Leurs calculs tombent encore faux, de ce côté; l'accord se fera dans le camp libéral. On y marchera la main dans la main contre eux, le programme et les hommes qui en auront le dépôt présentent des garanties suffisantes pour ramener au libéralisme tous ceux qui s'en étaient éloignés la suite d'un mécontentement momentané. N'eût-on, pour atteindre ce résultat, d'autre mobile que d'arracher le pouvoir aux mains du clergé, qui l'exploite son profit par l'intermé diaire de pantins sa dévotion, cela suffirait encore pour enlever aux cléricaux le dernier espoir qu'ils nourrissent en essayant de mettre le nez dans notre ménage. La semaine passée, notre digne Chambre cléricale a rejeté une proposition de MM. Hou- zeau et Gillieaux, tendant augmenter de 70 mille francs, montant des 27 centimes addi tionnels la redevance des mines, le crédit de 45 mille francs pour les six caisses de pré voyance des ouvriers mineurs et les récompen ses aux personnes qui se distinguent par des actes de dévouement, etc. Les honorables membres alléguaient l'ur gente nécessité de venir au secours de ces caisses, en déficit pour 1886, d'une somme de 231 mille francs et de donner en même temps aux ouvriers une preuve tangible de la sollici tude des pouvoirs publics. Mais au commandement de M. Woeste, la majorité cléricale enterra la proposition, mal gré les votes unanimes de la gauche. Cette attitude de la Chambre évoque chez la Flandre libérale un rapprochement d'une élo quence saisissante Le Conseil provincial du Brabant s'est réuni hier, 2 heures, en séance publique, afin de discuter le projet de conversion des emprunts. Ces emprunts rapportent aujourd'hui un in térêt de 4 p. c. la Députation permanente et la section des Finances proposaient d'abaisser le taux de cet intérêt 3 1/2 p. c. partir du 1" Juillet 1888. Bref, le Conseil adopte l'unanimité le projet de conversion des deux emprunts, les deux emprunts distincts n'étant pas unifiés. L'assemblée décide ensuite qu'elle se réunira Lundi prochain, 19 Mars, 2 heures, afin de discuter le projet de division des cantons de justice de paix de Bruxelles, d Ixelles, de Saint- Josse-ten-Noode et de Molenbeek-Saint-Jean. Nos bons cléricaux sont en train de se cha mailler fort et ferme au sujet des dernières nominations judiciaires faites par M. Lejeune. La curée des places est si ardente dans le camp pieux, que la chose était inévitable. Cer taines feuilles saintes se montrent fort acerbes pour le Coquelin du ministère de la justice. Le talent et les aptitudes des candidats, s'écrie le Bien publicne paraissent pas avoir été la cause déterminante des choix qui ont été faits. On semble avoir obéi des considérations beaucoup plus étrangères la bonne adminis tration de la justice. Les libéraux n'ont pas intervenir dans cette petite discussion de famille ils se borneront dire avec le Journal de Gand Que valent encore les déclarations furieuses et incessantes des feuilles cléricales contre les nominations de M. Bara M. Lejeune ne se contente pas de ne nommer que des cléricaux, ces nominations sont telle ment scandaleuses qu'elles font crier les cléri caux eux-mêmes. Le bruit court que Coquelin-Lejeune sera interpellé sous peu au Sénat par des membres de la droite au sujet de ces dernières nomina tions. Il en est même qui prétendent qu'il Eourrait bien perdre son portefeuille dans la agarre. Pauvre Coquelin On écrit d'Anvers Des démarches instantes sont faites auprès de M. J. Delaet pour qu'il accepte une nouvelle candidature aux élections prochaines. On craint descompéliLions irri tantes. Les Flamands reven- diquent le mandat aue délaisserait M. Delaet, pour le conférer M. Schoiers, un candidat peu sortable au point de vue du prestige et du talent parlementaire. Mais M. Delaet en a assez de la vie politique et objecte son grand âge pour se retirer sous sa tente. Quant aux libé raux, il est dès présent certain qu'ils engage ront la lutte, et sur le terrain provincial, où la victoire est assurée, et sur le terrain législatif, où la bataille s'engage avec des chances sé rieuses. M. Devolder, ministre de l'intérieur, vient d'envoyer une circulaire la garde civique, di sant que les officiers et sous-officiers ne pour ront voter que dans les compagnies des circonscriptions où ils ont leur domicile, et non dans les compagnies où ils ont un grade. On sait que les circonscriptions viennent d'être considérablement remaniées dans l'ag glomération bruxelloise. On nous écrit de Warnêton Voulez-vous savoir de quelle manière notre cléricale Députation traite les communes qui font loyalement leur devoir en matière d'instruc tion primaire Elle donne un subside dérisoire aux ecoles communales sur lesquelles elle a un droit de contrôle puisqu'elle approuve leurs budgets et leurs comptes et donne un subside important aux écoles libres (pas même adoptées) qui ne peuvent lui donner la moindre garantie, attendu qu'elles sont fermées tout le monde. Ainsi notre ville possède une école commu nale de garçons, une école communale de filles et une école communale mixte. Le subside an nuel de la Province pour les besoins ordinaires de l'instruction primaire est de 378 francs, alors que la Députation alloue trois subsides de CINQ CENTS francs soit quinze cents francs aux trois écoles libres que Warnêton a le bonheur de pos séder. Il est plus que temps que l'initiative parle mentaire s'affirme pour défendre législativement aux Députations permanentes d'allouer des sub sides quelconques des écoles qui n'ont aucun caractère officiel, c'est dire qui ne sont soumises aucune inspection; c'est absolument gaspiller l'argent des contribuables que d'en donner au Sremier venu quand on n'a pas le pouvoir e s'assurer si ce premier venu fait bien. Nous apprenons avec plaisir que M. Auguste Collon, ancien élève du Collège communal, vient de subir d'une manière satisfaisante la première épreuve du doctorat en sciences naturelles de vant la Faculté des sciences de l'Université de Liège. Nos félicitations M. Collon. Ainsi, tandis que le crédit pour construction d'églises et de chapelles est majoré de 500,000 fr., nos gouvernants trouvent qu'un crédit de 70,000 fr. pour aider combler le déficit de caisses de secours ne se justifie pas; ainsi, alors que l'on publie son de trompe que les exercices laissent des millions d'excédant, quelques milliers de francs pour les ouvriers malades ou infirmes sont jugés une dépense exorbitante 1 C'est croire que nos cléricaux sont atteints de démence, ce qui, d'ailleurs, est d'un assez bon présage quos vult perdere Jupiter dementat.... Nos adversaires allaient faire renaître l'abondance et la prospérité; ils avaient des promesses pour tous et pour tout. Qu'ont-ils fait jusqu'ici pour la classe ouvrière, et no tamment pour les mineurs du Hainaut, dont la situation devient chaque jour plus misérable A part la loi ridicule sur l'incessibilité des salaires, qui met l'ouvrier en dehors du droit commun, et la loi de milice, qui augmente de cinq années le terme de service des déshérités de la for tune, nous ne voyons pas quelles mesures les cléricaux ont, jusqu'à ce jour, prises pour ou plutôt contre les ouvriers. Leurs promesses se sout évanouies comme celles qu'ils avaient faites aux instituteurs, aux employés de l'Etat, aux habitants des villes et des campagnes. Gare le moment où tous ceux qu'ils ont trompés et ber nés, leur demanderont compte de leurs mensonges -O-oq^OO<=—

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 2