N° 51. Dimanche, 48e ANNÉE 15 Avril 1888 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. Revue politique. Intérieur. Le ministère et les élections. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQUtRIT EUNDO. Heures de départ d'Y près pour Dans deux mois, le pays sera appelé donner son avis sur la façon dont le ministère a géré les affaires de la nation. Le corps électoral doit être complètement édifié cet égard. L'arrondissement de Bruxelles se souviendra, nous n'en doutons pas, de la façon dont il a été joué en 1884. Comment en effet, les cléricaux sont-ils arrives au pouvoir? Grâce aux indé pendants. Or, par quels moyens ceux-ci sont-ils parvenus leurs fins Ln faisant mine de ré pudier toute tendance subir l'influence cléri cale. il est intéressant, fait remarquer la Meuse de rappeler ce que disait leur chef alors 11 est temps, s'écriait-il, qu'à ce parti, qui n'a de libéral que le nom, se substitue un autre parti des indépendants, un parti des vrais libéraux, anime d'un souffle patriotique, puisant ses aspirations aux traditions du Congrès de 1830, uniquement préoccuppé des intérêts de la patrie, laissant là cet épouvantail usé du cléri cal et de l'arrogance sacerdotale, laissant én dehors de la politique ce qui est du domaine exclusif de la conscience. Or, on les a vus l'œuvre ceux qui faisaient ces promesses. Ils se sont tous empressés de se soumettre au joug des évêques. Pas une tenta tive de cette indépendance dont on se targuait, rien. Lepiscopat ordonnait, les ministres exé cutaient avec la complicité de la dépulation bruxelloise obéissante. Et le cabinet de la rédemption, qu'a-t-il fait Quelle est son œuvre En matière d'enseigne ment, la désorganisation est complète. Nous avons même eu la honte de voir un savant fran çais signaler la Belgique comme étant le seul pays où l'on fit la guerre l'instruction publi que L'un des premiers actes du ministère fut de rétablir les relations avec Rome. Or, on sait l'attachement du Pape nos institutions. Il n'y a pas deux ans qu'un évêque belge, invoquant l'encyclique Immortalis Dei de Léon XIII, disait: Le Souverain Pontife condamne com me des erreurs les principes philosophiques et politiques connus sous le nom de théorie des libertés modernes. Tout catholique doit donc regarder cette théorie comme étant fausse. Le ministère n'a pas manqué de s'inspirer des idées du Pontife romain dans ses agissements. Le service personnel s'impose comme une nécessité sociale. Le Roi l'a répété souvent, le chef du cabinet lui-même le comprenait, mais il n'a pas osé en proposer l'établissement, de peur de déplaire M. Woeste et ses partisans. En revanche, il assujettit le pays d'énormes dépenses en créant les fortifications de la Meuse, qui, le jour où elles seront érigées, ne pourront être défendues, faute d'effectif suffisant. Quant la question du prolétariat, le cabinet devait la résoudre la satisfaction générale. La Commission du travail, depuis Mai 1886, a soumis au gouvernement une longue série de réformes accomplir et on en a résolu trois ou quatre de minime importance, parmi lesquelles les lois sur l'ivresse publique et sur la saisie des salaires, qui ont produit plus de mécontente ment que de satifaction dans la classe ouvrière. Tous les autres projets sont renvoyés l'étude. Le prolétaire attendra. Comme couronnement de l'édifice, signalons enfin le respect du cabinet pour nos libertés. Il suffira, pour apprécier comment il l'entend, de citer le dernier projet de loi bâillonnant la liberté de la presse. Cet exploit de nos maîtres rappelle absolument les agissements du second Empire. Voilà où nous en sommes. Nul doute qu'en Juin prochain le pays ne veuille enrayer une politique aussi fatale. Il appartient surtout l'arrondissement de Bruxel les de racheter la faute commise en 1884. Espérons qu'il n'y manquera pas. M. Frère-Orban a prononcé, dans la discus sion du budget de l'instruction publique, un discours qui constitue un réquisitoire en règle contre le gouvernement clérical et sa majorité. Il s'est attaché démontrer que le ministère, qui fait si pompeusement étalage de quelques réformes insignifiantes, n'a su sauvegarder ni les intérêts financiers, ni les intérêts de la dé fense nationale, ni les intérêts de la classe la borieuse. Il a montré par quels moyens, par quels artifices le grand ministre» a pu se vanter d'avoir ramené la prospérité dans les finances du pays. En ce qui concerne la question militaire, il a reproché au cabinet d'avoir sacrifié l'armée en n'exigeant pas de sa majorité le vote du service personnel et en lui arrachant, en revanche, 54 millions de francs pour des fortifications dont l'utilité n'est pas encore démontrée. Les questions ouvrières ne sont pas résolues; des projets anodins ont été votés, mais les bel les promesses que l'on avait faites n'ont pas été tenues. Il est vrai que le clergé est satisfait, lui; il règne en maître, dicte ses volontés, jouit de toutes les faveurs. Le pays, c'est la ferme conviction de M. Frère, condamnera cette politique stérile dans l'ordre matériel, détestable dans l'ordre moral. Le discours de M. Frère a été vigoureuse ment applaudi gauche. LE PROGRÈS ABONNEMENT PAR AN; Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr 0-25. Insertions: Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. l'ope ringhe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 4.00 6-26 9-05 9-58. Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-25. Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20. Comines, 5-30 - 8-05 - 8-20 9-58 10-10 11-16 2_4| 2-535-208-58 Comines-Armentières, 5-30—8-0511-162-538-58. Roulers, 7-45 10-45 12-20 4-10 6-30. Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22. Court rai, 5-30 - 8-20 9-58 11 16 2-41 5-20. Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-58 11-16 2-41 5-20. Courtrai-Gand, 5-30 8-20 - 11-16 2-41 5-20. Ype.es, le 14 Avril 1888. Nous disions dernièrement que l'on concevrait difficilement la retraite de M. de Bismarck; cette pensée est celle des esprits politiques Vienne et Berlin, et, dans cette dernière ville, on con voque les membres des Associations pour pré senter leur signature une Adresse l'Empereur demandant le maintien son poste du grand- chancelier Un journal annonce même une manifestation populaire visant le même but D'ailleurs, on fait observer, dans des organes importants de l'opinion publique, que la retraite de M. de Bismarck ne se justifierait plus, puis que les projets qui étaient, sinon le motif, du moins le prétexte de cette résolution, étaient abandonnés. Ce qui semble prendre le dessus dans les pré occupations politiques, Berlin, ce sont les agitations électorales, en France, et le trouble qui les accompagne. On semble penser que les relations internationales peuvent en être plus ou moins affectées, et c'est encore là-dessus que se fondent les partisans du maintien de M. de Bismarck son poste. Ce sont les considérations qu'on fait valoir pour influer sur l'esprit de 1 Empereur. Mais, supposer que le renseigne ment soit exact, il est probable que là-dessus l'opinion de l'Empereur est faite, et qu'il désire sincèrement que M. de Bismarck n'abandonne pas le pouvoir dans les circonstances actuelles. M. de Bismarck lui-même a bien pu avoir des mouvements de mauvaise humeur, mais, tout sensible qu'il paraisse aux froissements des intrigues de cour, il ne l'est pas au point de se laisser arrêter, dans sa politique et dans l'exécu tion de plans longtemps mûris, par opposition sourde qu'il rencontre dans l'entourage de la famille impériale. Il est très assuré que M. de Bismarck a plutôt les yeux sur la France que sur ce qui se passe autour de lui et que, sans voir la situation sous un jour aussi sombre que la présente la presse officieuse, il ne méconnaît pas ce qu'elle peut avoir de sérieux. C'est, il y aurait de la puérilité en douter, d'après la gravité qu'il lui attri buera qu'il réglera sa politique et ce qu'il y a de personnel dans ses résolutions. Personne, on en peut être certain, n'est plus attentif que lui la tournure que peuvent S rendre les choses en France, et si, comme on le it, la santé de l'Empereur donne de nouveau des inquiétudes, c'en est assez pour le retenir. M. de Bismarck place au-dessus de toutes les considérations personnelles celles qui lui font un devoir de consacrer, son prince et son pays, tout ce qu'il a de volontéd'énergie et de dévouement. Il sait quoi l'oblige l'accomplissement de toutes les hautes obligations qui font, de son titre et de sa fonctionla plus grave des missions que puisse donner un grand homme d'Etat la confiance du souverain. Ou nous nous trompons fort, ou nous ne voyons pas la possibilité de la retraite de M. de Bismarck en ce moment.

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 1