N° 54. Jeudi,
48e ANNÉE.
26 Avril 1888
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Abonnements Électoraux.
Revue politique.
Intérieur.
La situation financière du pays,
faite par les cléricaux.
Les millions du pauvre
du Vatican.
Tous ministres.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Heures de départ cZ'Ypres pour
Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 - 12-07 3-00
La lutte électorale sera cette année une des
Elus intéressantes et des plus décisives que la
ielgique aura eu traverser. Ses conséquences
seront immenses. Le pays entier s'y intéresse.
Pour donner satisfaction la curiosité publique,
vivement excitée, nous instituons des abonne
ments électoraux, qui prendront cours le lr Mai
pour finir fin Juin, au prix de 1 franc.
Les lecteurs qui se feront inscrire avant le 30
Avril, recevront gratuitement le journal, jus
qu'à la fin du mois, partir du jour où leur
demande nous sera parvenue.
Y près, le 25 Avril 1888.
Le calme paraît renaître peu peu Paris et
le gouvernement semble être rassuré quant aux
suites de l'agitation provoquée par les manœu
vres des boulangistesLes manifestations en faveur
du député du Nord ont cessé d'avoir le caractère
de spontanéité qui au premier moment avait pu
alarmer le gouvernement. En réalité, la popula
rité de l'ex-général est usée complètement
Paris et il en sera probablement de même en
province avant qu'il soit longtemps.
Une active propagande continue toutefois dans
les départements. Les réactionnaires, aidés par
le clergé, se remuent beaucoup et mettent tout
en œuvre pour créer un mouvement révision
niste. Là est le péril.
Les nouvelles qui nous arrivent aujourd'hui
sur le mouvement insurrectionnel des paysans
en Roumanie sont loin d'être rassurantes.
On mande de Vienne que ce mouvement com
mence inquiéter les populations de nationalité
roumaine qui habitent l'Autriche-Hongrie. Sui
vant des nouvelles de Kronstadt en Transylvanie
et de Czernowitz en Bukovine, des émissaires
roumains auraient paru dans ces deux provinces
austro-hongroises pour exciter les Roumains la
révolte. On ajoute que le préfet autrichien
Czernowitz, M. le baron de Pino, l'ancien mi
nistre du commerce, aurait immédiatement de
mandé des renforts de troupes pour parer
toute éventualité.
Quant au gouvernement hongrois, il vient
d'envoyer des troupes sur plusieurs points de la
frontière roumaine de Transylvanie.
D'après les dépêches privées reçues Vienne,
le nombre des paysans roumains insurgés s'élè
verait 80,000 et les troupes seraient impuissan
tes réprimer le mouvement. Les précautions
prises en Autriche-Hongrie ne seraient donc pas
tout fait inutiles.
Comme nous l'avons dit M. Frère-Orban a
ouvert, la semaine dernière la Chambre, la
polémique électorale.
Nous avons parle déjà de la partie politique
de son discours voici des extraits relatifs la
situation financière du pays, que les cléricaux
mènent la banqueroute.
L'éminent orateur analyse le fameux excé
dant de douze millions, dont M. Beernaert a
fait état
Les ministres De Volder et Beernaert ont fort
piteusement répondu au discours de M. Frere-
Orban.
Le Figaro nous apprend dans sa correspon
dance romaine que le pape a reçu jusqu'à pré
sent, l'occasion de son jubilé, 30 millions en
argent et plus de 60 millions en cadeaux réali
sables. Et ce n'est pas fini, car les pèlerinages
se succèdent Rome apportant des dons. Ainsi,
la semaine dernière, un prêtre du diocèse de
Bayonne a apporté pour sa part 2 millions et
demi.
Cette avalanche de millions prouve sura
bondamment que la catholicité n'est pas pré
cisément dans la gène et qu'elle pourrait facile
ment subvenir aux besoins du culte. C'est un
argument de plus en faveur de la suppression
radicale du budget des cultes.
Si les fidèles tiennent tant voir un pape,
des archevêques, des évêques, des chanoines,
qu'ils les payent, mais qu'ils ne les fassent pas
grassement entretenir par le trésor public.
Les caisses diocésaines, qui, elles aussi,
regorgent de millions, sont là pour démontrer
que les fidèles n'ont nullement besoin de
l'intervention de l'Etat pour subsidier les cultes.
D'après le .Bien publicon songerait dé
doubler le département auquel préside M. de
Moreau.
L'éminent chevalier conserverait les Travaux
et les Beaux-Arts, tandis (jue l'Agriculture et
l'Industrie seraient attribuées M. Cartuyvels,
représentant de Waremme.
Autrement dit, on créerait un huitième mi
nistère, pour donner satisfaction aux appétits
de la droite.
Tous ministres 1 Et vive l'économie
LE PROGRÈS
vires acquirit eundo.
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Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20.
Comines, 5-30 - 8-05 - 8-20 9-58 10-10 11-16
2-41 2-53 5-20 8-58.
Comines-Armentières, 5-30—8-0511-162-538-58.
Roulers, 7-45 10-45 12-20 - 4-10 6-30.
Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22.
Court rai, 5-30 - 8-20 9-58 - 11 16 2-41 5-20.
Courlrai-Bruxeiles, 5-30 9-58 11-16 2-41 5-20.
Courtrai-Gand, 5-30 8-20 - 11-16 2-41 5-20.
Toute question de bonne politique, «lit M. Frère, se ré
sume généralement aujourd'hui en mesures financières.
Je veux scruter aujourd'hui notre situation financière.
On exalte celle qui nous a été soumise. Je ne reviendrai
pas sur ce fait irrécusable que les impôts votés par nous
et naguère combattus comme inutiles par la droite ont tous
été maintenus comme nécessaires.
Les prétendus dégrèvements qu'on y oppose ont été
compensés et au delà par de nouvelles charges, notamment
l'impôt sur la viande. Je ne m'attacherai pas non plus aux
prétendues économies dont se vante le gouvernement.
M. Frère rappelle aussi que certaines charges de l'Etat
ont été reportées sur les communes que M. Beernaert
a opéré une conversion qui rapporte cinq millions par an
au Trésor au détriment des créanciers de l'Etat, et que l'on
néglige dans le service des chemins de fer des dépenses de
première nécessité. Néanmoins, sans les quatorze millions
d'impôts votés en 1883, il y aurait encore un déficit
l'heure qu'il est.
M. Frère continue
Je veux me placer sur un terrain où nous pouvons tous
examiner la situation, où tous nous avons intérêt nous
occuper du lendemain savoir ce que feront les minis
tres s'ils restent, ou leurs successeurs s'ils sont remplacés.
C'est une occasion de rechercher loyalement si la politi
que financière du gouvernement ne doit pas être condam
née.
Après notre séparation d'avec la Hollande, il a fallu
liquider les dettes communes en en prenant notre part.
La Révolution de 1830 nous a grevés de charges consi
dérables notre armée a dû demeurer 10 ans sur pied de
guerre, nous avons créé des routes, des chemins de fer,
etc. Toutes ces causes réunies avait fait monter notre
dette, en 1848, 580,581,000 francs.
Elle s'est accrue successivement.
En 1857 elle était de 604,615,000 francs eu 1867, de
648,839,000 francs,; en 1877, de 1 milliard 27 millions
de francs actuellement elle s'élève 1 milliard 900
millions de francs.
Or, remarque M. Frère-Orban, de 1847 k 1867, le parti
libéral a été au pouvoir presque constamment il a tra
versé le cataclysme de 1848, créé Anvers, refait l'arme
ment, exécuté d'énormes travaux publics et il n'a fait que
68 millions de dettes. Pendant les vingt années suivantes
pendant lesquelles le pouvoir a appartenu deux fois au
parti catholique, la dette s'est accrue de un milliard 253
millions
L'amortissement était, en 1847, de 26 millions 400,000
fr., de 34 millions en 1867, de 49 millions en 1877 et,
en 1887, de plus de 85 millions, chiffre réduit de cinq
millions par la récente conversion.
De 1867 1887, notre charge annuelle en intérêts s'est
donc accrue de plus de 50 millions de francs
De 1875 1885, les traitements des fonctionnaires ci
vils montent de 44 60 millions, et les pensions suivent la
même progression.
En présence de ces accroissements, on voit combien il
est peu sérieux de parler de dépenses scolaires peine 3
ou 4 millions, comme ayant troublé notre équilibre
financier.
Voyons maintenant de quoi se compose cet excédant de
12 millions il y a les 5 millions de la dotation de rem
ploi il y a les 5 millions pour les chemins de fer enfin,
il faudra payer les intérêts l'amortissement de l'emprunt.
C'est là, on le voit, une situation des plus précaires. S'il
survenait une dépréciation de nos fonds publics, pour une
cause quelconque, il faudrait prélever cinq millions pour
parer la dette existante De même tous ces fonds dis
paraîtraient s'il fallait parer tous les travaux publics.
Enfin, n'aurons-nous pas nous imposer d'autres char
ges encore Si un particulier accumulait, comme le fait
l'Etat, emprunt sur emprunt, que dirait-on de lui On se
demanderait en combien de temps il sera ruiné.
L'Etat ayant derrière lui la bourse de tout le monde, ce
qu'il faut se demander, c'est dans combien de temps et
dans quelle mesure il faudra recourir aux contribuables.