i\° 35. Dimanche,
48e ANNÉE.
29 Avril 1888.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Revue politique.
Intérieur.
Le Pape et nos élections.
La loi-Woeste.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Heures de départ d'Ypres pour
l'operinghe, 6-50 9-09 - 10-00 - 12-07 3-00
Yprès, le 28 Avril 1888.
On se demande décidément ce qu'il faut croire
de toutes les nouvelles que l'on nous expédie de
Berlin depuis quelques semaines: il y a une di
zaine de jours, on représentait l'état de l'empe
reur Frédéric comme absolument désespéré la
mort n'était plus qu'une question d'heures le
docteur Mackensic avait déjà fait ses malles afin
de pouvoir partir immédiatement et de se sous
traire la fureur de la foule, le peuple de
Berlin étant de plus en plus surexcité contre le
médecin anglais. Voici que l'on annonce aujour
d'hui que Te souverain peut quitter le lit, ne
ressent plus guère de malaise et a des conféren
ces avec M. de Bismarck. Le dernier bulletin
dit La nuit a été bonne, la fièvre diminue et
l'état général s'améliore. D'autre part, on
affirmait qui mieux mieux que le voyage de la
reine Victoria Berlin serait pour la population
de la capitale une occasion de manifester toute
la haine féroce qu'elle ressent pour les Anglais
on prédisait la belle-mère de l'empereur un
charivari de première classe; certains journaux
discutaient même perte de vue sur les compli
cations diplomatiques qui résulteraient inévita
blement de cette manifestation hostile. Or, la
reine Victoria est arrivée Mardi la gare de
Charlottenbourg; elle y a été reçue par sa fille
l'impératrice, par son potit-fils le Kronprinz,
(lequel, selon certains nouvellistes, en était arrivé
ne plus même souhaiter le bonjour sa mère),
et par les autres membres de la famille impé
riale. Et la dépêche qui nous donne ces détails,
ajoute Sur tout le parcours de la gare au
château, stationnait une foule énorme qui pous
sait de bruyants hourras. Nous voilà loin du
charivari annoncé.
De tout quoi il appert que l'on doit se défier
des dépêches et des correspondances d'Alle
magne. On leur donne généralement, pour un
motif qui nous échappe, un caractère excessif
qui dénature singulièrement la vérité. C'est ainsi
par exemple que l'on dépasse les bornes permi
ses propos du Kronprinz et de ses projets. Que
le fils de l'empereur soit animé de sentiments
belliqueux, soit mais de là croire que, sitôt
son père mort, il va monter sur son cheval de
hussard et déchaîner la guerre sur toute l'Eu
rope, il y a de la marge. Il est inconcevable que
de pareilles billevesées puissent être accueillies
dans les colonnes de journaux qui se prétendent
sérieux.
Le Sénat français continue la discussion de la
loi sur l'armée. Mardi, M. de Freycinet, ministre
de la guerre, a fait la déclaration que voici
Messieurs, une nation voisine a dit Nous
voulons avoir sur deux de nos frontières un
million d'hommes et dans le pays un autre
million d'hommes. Eh bien! nous voulons
faire la même chose.
La loi de 1872 ne nous donnait pas ce résul
tat. La loi qui vous est proposée nous le donnera,
c'est pour cela que je vous demande de la voter.»
Ces paroles ont été bruyamment applaudies.
La loi nouvelle porte de 20 25 ans la durée du
service.
Le pèlerinage belge a été reçu, au Vatican,
par le Pape, qui a profilé de l'occasion pour lui
adresser un discours politique, destine jouer
un rôle dans les élections prochaines. Le mor
ceau vaut qu'on le reproduise, car il va être
fortement exploité
Vous avez donné naguère une preuve écla
tante de votre constance et dé^votre fermeTe'cfe
caractère en i-evendiquant hautement le libre
exercice des libertés religieuses que l'on avait
essayé de vous ravir, ou tout au moins de
diminuer.
Le souvenir des souffrances et des sacrifices
que vous avez dû endurer sera un stimulant pour
exciter votre vigilance et soutenir votre courage.
La situation religieuse étant améliorée,
veillez ce qu'elle ne soit pas compromise dé
sormais et sachez la défendre toujours vaillam
ment.
A cette fin, comme l'union fait la force,
soyez toujours unis, entre vous, aux chefs qui
vous dirigent, et soumis aux évêques, qui sont
vos guides légitimes.
Evitez toute division de partis, ayez une
seule pensée, un seul cœur, un seul esprit pour
l'instruction et l'éducation religieuse de la jeu
nesse, objet incessant des sollicitudes de l'Eglise.
Nous connaissons le zèle et la sollicitude des
évêques néanmoins nous voulons rappeler
d'une manière toute spéciale combien il est d'une
haute importance que la jeunesse reçoive par
tout un enseignement pur de toute doctrine
erronée, en un mot une éducation foncièrement
catholique...
Suit un appel la générosité des fidèles en
faveur de l'Université de Louvain.
Notre Saint-Père, fait observer la Gazette
aurait pu dire aux" catholiques, qui vont se
trouver embarrassés, quels sont, d après lui,
les chefs, si c'est M. Beernaert ou si cest MM.
Woeste et Jacobs. Mais comme il a soin de
déclarer que les évêques sont les seuls guides
légitimes, cette obscurité n'a pas grande im
portance et Leurs Grandeurs feront leur choix
Elles-Mêmes selon les circonstances et les be
soins de la cause.
La confection vicieuse des lois.
Nous touchons la fin de la session parle
mentaire, et le moment de la liquidation est
d'autant plus redoutable pour la majorité, qu'il
y a des élections dans la moitié du pays, au
mois de Juin prochain.
Les budgets ordinaires sont votés ou peu
près, et le gouvernement voudrait employer le
temps qu'il a encore devant lui faire voter
quelques-uns des innombrables projets de loi
qui ont été déposés dans ces derniers mois. Il
voudrait arriver ainsi masquer autant que
possible le vide immense de la dernière session.
C'est le moment le plus favorable pour bâcler
la besogne et éviter les trop longues discus
sions. Dès qu'un membre de la gauche ouvre
la bouche, la majorité crie l'obstructionnisme,
et réclame l'appel nominal.
Les députés soumis réélection sont absor
bés par aes préoccupations électorales et on en
profite pour voter la vapeur des projets qu'on
n'oserait pas présenter au milieu de la session.
Le moment est excellent pour disposer les tra
quenards, porter les coups de Jarnac, glisser les
petites perfidies dans les textes. On escompte
tout cela pour faire de méchante besogne. Plus
tard, lorsqu'il s'agira d'appliquer les lois ainsi
votées, l'epée dans les reins, on s'en apercevra,
mais il sera trop tard. Le tour sera joué, comme
on dit, et nous serons bâillionnés un peu plus
qu'avant.
Les dispositions législatives ainsi enlevées en
un tour de main, la fin des sessions, forme
raient un joli chapitre dans l'histoire de la
confection vicieuse des lois en Belgique.
La correspondance bruxelloise du Précurseur
dit propos du projet de loi de M. Woeste sur
les bureaux de bienfaisance
Les indigents qui auront leurs enfants aux
écoles cléricales recevront d'abord les secours
du Bureau de bienfaisance et ensuite les secours
du clergé ou des institutions qu'il dirige, tels
que Comités de charité catholiques, Conférences
ae S1-Vincent de Paul, etc., etc.
Avec la loi de M. Woeste on enlèvera les
enfants des écoles publiques sur un simple mot
d'ordre. Les indigents dont les enfants fréquen
tent les écoles publiques seront secourus unique
ment par les bureaux de bienfaisance; les autres
auront, outre ces secours, ceux de la charité
orthodoxe. Cela reviendra une ressource dans
certaines localités que d'avoir des enfants en
âge d'école on s'en fera de petites rentes. Il
suffira de les retirer de l'écol6 publique et de les
mettre l'école du curé pour jouir d'avantages
spéciaux. Les secours du bureau de bienfaisance
deviendront de véritables subsides en faveur des
indigents dont les enfants déserteront l'école
publique. Voilà les résultats auxquels on arrive
quana on fait des lois de guerre, inspirées uni
quement par la passion et le fanatisme.
Réflexions de l'Indépendance sur le même
sujet
Ainsi, voilà le système le visiteur des pau
vres qui ne touche pas un sou, qui remplit par
dévouement sa mission charitable et moralisa
trice, ne pourra pas même u recommander
l'école publique l'indigent.
Mais le prêtre, salarié par l'Etat, et plus
tard pensionné, n'aura pas se gêner il a le
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Courtrai-Gand, 5-30 8-20 - 11-16 - 2-41 - 5-20.
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