A la Chambre.
Nouvelles diverses.
et qu'il doit se défendre au moyen de remparts
qui coûteront 54 millions et les remparts coû
teront trois fois plus...
Enfin, ces remparts, construits, seront ineffi
caces Allemands et Français, s'ils veulent venir
se battre en Belgique, y viendront sans que nous
puissions les en empêcher.
Gouverner, c'est ça jongler avec des chiffres
et dépenser beaucoup d'argent inutilement.
Œuvre de génies... malfaisants.
La loi contre les administrateurs de la bien
faisance publique est votée. Dorénavant, il ne
sera plus permis des membres, du bureau de
bienfaisance de faire, aux parents secourus,
l'éloge de l'enseignement officiel, tandis qu'il
sera libre aux membres du clergé de le décrier.
Il faut avouer que la Belgique offre là un sin-
ulier spectacle, en permettant qu'on débine
es écoles qu'elle paye et qu'elle ouvre elle-
même la jeunesse, et en regardant comme
un délit qu'on les recommande aux familles.
Il est vrai qu'elle démolit bien ses écoles et
qu'elle persécute leurs instituteurs.
Tous les abus se tiennent.
La liberté dans le sens clérical.
Les cléricaux, on le sait, tout propos et
hors de propos, invoquent la liberté. Ces gens
intolérants, despotiques, aussi ennemis de la
liberté d'action que de la liberté de pensée, fei
gnent toujours de protéger, d'aimer ce bien qui
nous est cher.
A la séance du 12 Avril, M. Frère-Orban
parlait de la loi des couvents, lorsque M. 'No-
thomb l'interrompant, lui dit C'était une loi
libérale, qu'ont approuvée des sommités libéra
les en Belgique comme en Europe.
L'éminent chef de la gauche lui répliqua
vivement et s'exprima ainsi
Une loi libérale 1 Vous avez une certaine
façon d'entendre la liberté
Le parti catholique veut-il rétablir la per
sonnification civile des couvents Il invoque
la liberté de la charité
Veut-il proscrire, frapper d'ostracisme, de
réprobation, dans le cimetière, la dépouille
mortelle de celui qui n'a pas suivi la loi de
l'Eglise? C'est la liberté des cultes (Rires
gauche).
Veut-il organiser la résistance aux lois qui
lui déplaisent C'est la liberté communale»!
Veut-il donner aux agents de l'autorité le
droit de résister aux lois C'est la liberté de
conscience
Franchement, croyez-vous que le pays sera
dupe de pareils jeux de mots! Il sait que, votre
but, c'est d'assurer la prédominance du parti
catholique.
Documents parlementaires.
La section centrale des tabacs se rallie aux
propositions du gouvernement, et, par l'organe
de son rapporteur M. Colaert, elle engage la
Chambre des représentants en hâter l'examen.
Elle a cependant apporté un amendement au
projet de loi.
Le projet réduit 80, au lieu de 125 et 150,
le nombre de plants indemnes, en n'accordant
l'exemption quà une personne par ménage la
faculté de cultiver en exemption de droits.
Mais la section centrale, par 3 voix contre 2,
s'est prononcée pour la suppression de toute
exemption.
D'autre part elle refuse son appui aux péti
tions qui demandent pour les tabacs exotiques
une réduction des droits de douane propor
tionnelle l'abaissement de laccise sur les
tabacs indigènes.
L'Académie royale de médecine a tenu Sa
medi midi unesoance très-intéressante.
A l'ordre du jour figurait la discussion de la
question posée par M. le docteur Uommelaere
au sujet de l'hypnotisme, et du rapport de M.
Masoin concluant l'interdiction des séances
publiques de m ignétisme.
Appuyé par M. le docteur Lofèvre, de Cou
vain, qui cependant reconnaît les avantages du
magnétisme, comme procédé d'étude des ques
tions les plus élevées de la physiologie, de la
philosophie et de la médecine, ces conclusions
ont été combattues par M le docteur Nuel de
Liège. Celui-ci estime que l'on cède pour le
moment une fievre antihypnotique. Il croit
que les séances publiques ne sont pas dange
reuses, et a présenté une série d'observations
tendant faire valoir son opinion.
L'Académie de médecine continuera cette
importante discussion dans sa prochaine séance.
Le Nieuportnaar s'indigne juste titre de
l'audacieuse affirmation par laquelle M. De
Coninck de Merckem a essayé de justifier sa
recommandation faite au Sénat en faveur de la
suppression de l'école moyenne pour filles
Nieuport.
Le clérical sénateur pour Furnes-Dixraude
savait parfaitement qu'il cachait effrontément
la vérité en disant que la dite école ne possède
que trente élèves.
Cet établissement prospère compte quatre-
vingt-dix élèves dont trente dans la section
moyenne et soixante dans la section prépara
toire.
Le véridique M. De Coninck poursuit la sup
pression de l'école moyenne pour filles
Nieuport, uniquement par haine de l'enseigne
ment laïque. [Etoile).
C'est le mois de Marie, et il pleut, Il y a très-
peu de représentants présents cette année-ci,
les législateurs sont comme les prinkères, ils ne
se décident pas sortir.
Le brav' général Pontus demande la parole
pour répondre aux orateurs qui ont parlé des
travaux de la Meuse. Il proteste contre une
accusation de MJulien Warnant, qui a parlé
de favoritisme, puis, au sujet de la question des
galets, il dit que les entrepreneurs pourront en
prendre où il leur plaira, et il y en aura assez
sur le territoire belge. Les délais pour s'en pro
curer sont suffisants.
Le ministre de la guerre prétend que l'on
Îeut trouver du béton 31 fr. 70 c.; le béton
00 fr. dont a parlé M. Scoumanne est du béton
comprimé. Un fort ne coûtera que 1,600,000
fr., la moitié de l'évaluation de M. Scoumanne.
M. Pontus annonce incidemment que des en
trepreneurs belges soumissionneront dans huit
jours le bloc des fortifications de la Meuse.
Les plans des forts sont étudiés dans tous leurs
détails et c'est d'après ces études que les calculs
ont été faits. A moins de prétendre que ces cal
culs ont été mal faits dessein, vos critiques ne
portent donc pas.
Nous examinionsl'an dernierd'après les
calculs du génie militaire, que chaque fort coû
terait 2 millions et chaque fortin 1 million; mais,
depuis lors, nous avons dû constater un relève
ment des prix.
L'incident est clos.
MAI. Les 11, 12 et 13 de ce mois, consacrés
Sts Mamert, Pancrace et Servais, que la tradi
tion a désignés sous le nom de Trois Saints de
glacesont souvent marqués par un abaissement
considérable de température. Les météorologis
tes étendent même jusqu'au 23, la période de
froid qui se fait sentir surtout dans Je nord de
l'Europe.
Avant Saint Servais point d'été,
Après Saint Servais point de gelée.
Au mois de Mai la chaleur
De tout l'an fait la valeur.
Mars aride,
Avril humide.
Mai gai tenant de tous deux,
Présagent l'an plantureux.
Que Saint Urbain ne soit passé
Le vigneron n'est pas rassuré.
A la Saint Sacrement
L'épi au froment.
LE SELF-HELP PAR LE PEUPLE.
Séance du 1r Mai.
M. tfOultremont propose de réduire le caution
nement de 400,000 francs de la somme que les
entrepreneurs devront dépenser pour le chemin
de fer desservant leurs travaux.
M. Scoumanne répond ensuite M. Pontus
qu'il a basé ses calculs sur les chiffres fournis
par le cahier des charges, et il prouve que,
même avec les prix indiqués par le gouverne
ment, le béton coûtera 34 millions, soit un mil
lion de plus que le crédit demandé par le
ministre, sans parler des frais de transport.
D'après lui, les forts avec l'armement coûteront
84 millions, et on pourrait bien diviser un tel
travail en quatre lots.
M. Beernaert vient l'aide de son camarade de
la guerre
M. Paternoster. Un relèvement de plusieurs
millions
M. Beernaert. L'an dernier, on dédaignait la
question d'argent, et il semble aujourd'hui que,
pour M. Paternoster et quelques autres mem
bres, elle n'est plus qu'une question de gros
sous.
M. Paternoster. C'est le ministère des écono
mies nationales qui parle ainsi
M. Frère-Orban. La question d'argent ne
doit pas être dédaignée.
M. Beernaert. M. Frère disait naguère
Ceci n'est point une question d'argent.
M. Frère-Orban. Assurément, mais il ne faut
pas la dédaigner.
M. Beernaert attribue deux causes l'accrois
sement de la dépense les sondages ont révélé la
nécessité d'améliorer le béton employer, et il
faut acheter plus de canons et de coupoles qu'on
l'avait dit d'abord. Les adjudications auront lieu
le8; on verra alors si M. Scoumanne avait raison.
Proverbes rustiques de Mai.
Bibliothèque Gilon. LE LUXE, par Émile de Lave-
leye. Un vol., 60 c.
L'Économie politique est une science aride quand elle
est exposée sèchement. Elle devient agréable lorsqu'elle
est traitée avec feu. La question des dépenses improducti
ves,que soulève l'éminent économiste dans ce petit volume,
est présentée sous une forme agréable, avec force exem
ples et aperçus originaux qui intéresse vivement le lecteur.
L'auteur est adversaire du luxe, il voudrait voir em
ployer en travaux productifs les sommes folles qui sont
englouties inutilement dans des dépenses d'ostentation.
C'est là un grand problème, une belle question discuter,
un intéressant sujet de conversation, quand il est éclairé
par les données de M. de Laveleye. Mais on discutera long
temps encore avant d'accepter une conclusion.
Le petit caporal devenu puissant, comparant son
humble origine l'hermine impériale dont il était revêtu
proclamait le mot impossible étranger la langue
française. On est tenté de dire que ce mot n'est d'aucun
idiome quand on constate le miracle économique accompli
en peu d'années par une poignée d'humbles ouvriers.
Dans une misérable mansarde, quelques ouvriers sans
ouvrage sont réunis pour se concerter sur la conduite
tenir en présence de leur misère. Ils sont abattus, décou
ragés, brisés. Ils ont frappé aux portes de tous les ateliers
pour mendier du travail. Ils n'en ont obtenu nulle part.
Leur détresse est extrême. La faim les étreint. Les enfants,
les femmes n'ont plus vu de pain depuis une journée.
Vont-ils tendre la main
Non Ils vont lutter contre le sort. C'est leur énerqie
qu'ils veulent devoir la fin de leurs privations, le salut de
leurs familles.
Ils leur faut un capital... et ils n'ont pas de vivres Ils.
se cotisent cependant, mais ils ne versent pas leurs sous
criptions, car ils nont rien. Ils souscrivent quand même
chacun quatre sous.
Ce sont des fous Non. Ce sont des vaillants, des héros
et leurs noms sont dès aujourd'hui inscrits dans l'histoire
économique de notre siècle.
Ce fut en 1843 qu'ils se cotisèrent de la sorte.
De nos jours, ces faibles, ces misérables, sont forts,
heureux, grands, puissants, très puissants, et célèbres sous
la dénomination cTÉquitables Pionniers de Rochdale.