COLLÈGE ÉLECTORAL
41. Dimanche,
48e ANIMÉE.
20 Mai 1888.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
ÉLECTION PROVINCIALE
Revue politique.
Intérieur.
Manifestation Bara.
6 FIIANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE*
DU 27 MAI 1888.
DES CANTONS D'YPRES.
Le Président du Bureau principal informe
MM. les électeurs qu'il recevra les propositions
de candidats, leurs acceptations et les listes des
témoins, qu'ils auront désignés, le Lundi 21 Mai
1888, de 2 4 heures de l'après-midi, au Palais
de Justice en la Chambre du Conseil. Passé ce
délai, aucune proposition ou acceptation de can
didature et aucune désignation de témoins ne
sera plus recevable.
La liste officielle des candidats sera commu
niquée dès le 22 Mai 1888, au même lieu et aux
mêmes heures.
J. ÎWTIYS.
Le Conseil des ministres de France s'est réuni
Jeudi le président a annoncé qu'il avait ordonné
une enquête administrative et j udiciaire au suj et
de l'affiche, relative aux élections, placardée
dans le département de l'Isère, et sur laquelle
on aurait mis induement la signature de M. Bou
langer.
On sait que le Conseil municipal de Paris avait
voté 10,000 francs pour venir en aide aux ou
vriers verriers. Le ministère écrivit ce sujet
une lettre au Conseil municipal pour lui faire
savoir que le gouvernement ne pouvait pas ap
prouver la délibération. Le premier mouvement,
an sein du Conseil, fut hostile au cabinet, puis
on se ravisa et deux membres, MM. Levy et
Joffrin, donnèrent une nouvelle forme la pro
position l'urgence fut déclarée et le crédit fut
voté sous cette forme nouvelle. Enfin, au dernier
Conseil des ministres, celui dont nous venons de
fiarler, on a approuvé la proposition modifiée et
'allocation du crédit de 10,000 francs aux fa
milles des verriers en grève. Le Conseil a mis un
{>eu d'eau dans son vin, tout conflit est écarté ét
és familles des verriers reçoivent un secours
dont elles avaient grand besoin, l'illégalité était
surtout dans le mode de distribution ue secours.
C'était le préfet qui devait y procéder et c'est le
syndic du Conseil qu'on en avait chargé.
Somme toute, c'était l'éternelle lutte. Le Con
seil tend toujours empiéter sur le gouverne
ment et c'est surtout contre cette tendance
qu'on croit nécessaire de réagir. Il n'est pas inu
tile de dire que, quant au crédit même, l'au
dience accordée par M. Floquet aux délégués
des grévistes avait beaucoup simplifié les choses.
Les délégués avaient compris que le gouverne
ment était plein de bonnes intentions et qu'il ne
demandait qu'à pouvoir, tout en respectant la
loi, donner cours ses sympathies pour les gré
vistes, leurs familles et leurs intérêts, mais qu'il
ne fallait pas lui rendre la tâche trop difficile.
M. Le Myre de Villers ne sera pas gouverneur
de l'Indo-Chine comme on l'annonçait, car on
Sense que M. Constans conservera ses fonctions.
Le Myre de Villers garde les siennes Mada
gascar et va repartir pour Tananarive.
Le dissentiment entre la France et l'Angle
terre touchant les droits sur les vins en bouteille
est en voie d'arrangement. M. Goschen a fait
faire en France, par son chef de cabinet, une
enquête officieuse dont le résultat sera très pro
bablement une forte réduction sur le nouveau
droit.
C'est-Dimanche, 13 Mai dernier, qu'a été célé
brée Tournai la fête jubilaire de 25 années de
services rendus la chose publique par l'hono
rable M. J. Bara,comme Représentant et comme
Ministre.
Cette fête a été grandiose et digne en tous
points de l'homme"" politique auquel elle était
adressée.
De tous les points du pays sont accourus spon
tanément ces hommes libres pour rendre un
hommage mérité au digne Représentant de
l'opinion libérale.
Il n'en pouvait être autrement et nous Fla
mands qui avons spécialement souffrir du
joug odieux que le prêtre politique fait peser sur
nous, nous applaudissons cette manifestation
en faveur du patriote, toujours sur la brèche,
stigmatisant la conduite d'un clergé qui use
et abuse de son pouvoir spirituel pour étouf
fer tout sentiment national au profit de la théo
cratie romaine.
Nous le savons parfaitement, notre apprécia
tion fera jeter de hauts cris par les hommes de
sacristie, on criera aux mensonges, aux calom
nies, nous passerons avec l'honorable M. Bara,
comme les persécuteurs de la religion. On répé
tera de nouveau que le Représentant de Tournai
et ses adhérents n'ont d'autres visées que dé
molir le prêtre, qu'on ne rêve que plaies et bosses
pour extirper le dogme.
Rien n'est cependant moins vrai.
Si on admet que la religion, les sentiments re
ligieux sont favorables la société humaine, on
peut hardiment dire que le cléricalisme ou toute
autre opinion qui s appuie exclusivement sur
un cierge politique, quel qu'il soit, est défavora
ble tout pays policé.
La loi sur la libération conditionnelle, des
condamnés a été votée cette semaine une
grande majorité.Cette majorité est bien le plus
singulier assemblage qu'on vît jamais.
Elle se compose de ceux qui approuvent la
loi, ceci est tout naturel elle se compose en
suite de ceux qui ne la comprennent pas, il
faut leur pardonner enfin on y trouve ceux
qui la trouvent mauvaise, ceci passe la per
mission
Parmi ces derniers on compte M. Colaerl.
Celui-ci critique le projet Lejeune rue S'
Jacques, la Chambre il se tient coi comme
un magot empaillé et quand vient le moment
du vote, il lâche un oui. C'est joli, n'est-ce pas,
un représentant qui défend ainsi ses idées?
18 Mai 1888.
Cette vérité est devenue banale par les faits
de l'histoire.
En signalant l'indignation publique le gou
vernement de pantins qui ne peut et n'ose se
mouvoir qu'avec l'assentiment de nos maîtres,
MM. les évêques; en montrant du doigt ce clergé
politique insatiable, qui ne tient aucun compte
de son mandat sacré et qui n'est satisfait que
lorsque le pouvoir mondain est entièrement sa
dévotion, M. Bara a eu la note juste. Comme
conséquence il a le don de soulever toute la fu
reur du cléricalisme.
Nous le disons bien souvent, si M. Bara con
naissait notre malheureuse Flandre dans tous ses
détails, s'il pouvait apprécier les abus du prêtre
politique sur place, quelle ne serait alors son in
dignation
Alors il pourrait signaler ce pouvoir occulte,
qui commande et qu'on trouve partout, comme
une Hydre cent têtes, qui ravage entièrement
nos contrées et qui détruit toutes les aspirations
généreuses de nos populations pour les faire
remplacer par le cagotisme.
Nous avions jadis dans nos communes un pou
voir communal, un bureau de bienfaisance, un
enseignement public donnant satisfaction tout
le monde. Des sociétés de rhétorique, des ghildes
d'archers, de bouleurs, des sociétés de musique,
etc., créées de par un mouvement populaire, de
par un besoin social.
Tout cela le prêtre politique l'a fait dispa
raître.
Le pouvoir communal et comme conséquence
la direction des bureaux de bienfaisance sont
aux mains des créatures du clergé. L'enseigne
ment public n'existe plus, nos sociétés, nos ghil
des ont fait place des institutions ayant le
simulacre d'une société d'agrément, sous l'invo
cation d'un saint ou sainte quelconque et dirigées
ici par un curé, là par un vicaire.
Jadis le même amusement, condamné du haut
de la chaire et dans le confessionnal comme em
portant le châtiment des peines éternelles, em-
que la société est actuellement pi
vocation d'un bienheureux et dirigée par un
prêtre politique
Autres temps, autres mœurs A quand le tour
de la danse
Pouvoir communal, bienfaisance, sociétés,
commerce, affaires, mariages, en un mot tout,
tout en Flandre se fait sous l'inspiration du
clergé.
Les fonctions ne s'obtiennent qu'avec son con
cours ou son assentiment. Si le candidat a des
doutes il preud le parti de soudoyer ces gens
avides de richesse et de gloire mondaines.
Et c'est en présence de cette situation désas
treuse, de ce malheur public, pouvons-nous dire,
que des discussions byzantines reprennent de
plus belle dans la capitale, que nos vaillantes
troupes sont disséminées, alors qu'il s'agit de
livrer bataille dans quelques jours.
Ménésius Agrippa amena la plèbe romaine
la raison en racontant l'apologue des membres et
l'estomac. Nous le demandons aujourd'hui est-ce
que le brillant discours,le cri de détresse, l'appel
l'union, au combat, de M. Bara aura moins
d'empire Ne ramènera-t-il pas la raison nos
politiciens, sincères dans leur conviction, nous
i
I PROGRES
vires acqcmit el'nim).
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Idem. Pour le restant du pays7-00.
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«LAC.V.Lil. v.. LA
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ilurché aux Herbes.
l'Agence Havas, Bruxelles, 89,
le président,
y près, le 19 Mai 1888.