V° 43. Dimanche,
48e ANNÉE.
27 Mai 1888.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Revue politique.
Intérieur.
La situation.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
M. Con8tans, gouverneur de l'Indo-Chine, a
été reçu par le président de la République et
Sar M. Goblet, ministre des Affaires étrangères,
in annonce cette occasion qu'il n'y a pas de
désaccord entre M. Constans et le ministre des
Colonies.
Il y a des chances pour que la convention
relative au canal de Suez prenne rang parmi les
actes officiels. L'ambassadeur français Constan-
tinople, M. de Montebello, a reçu la réponse du
Sultan sur cette convention, et le gouvernement
français va son tour la transmettre au gouver
nement anglais. Il n'y a donc pas de raison pour
qu'on ne voie point la fin de cette longue négo
ciation.
Une autre question, qui aurait aussi chance
d'aboutir, c'est la question marocaine. Il s'agit
de la protection du Maroc, qui semble se traiter
plus particulièrement entre la France et l'Es
pagne, en raison sans doute des rapports de
voisinage. Il n'en est pas moins original que le
Maroc entre dans la catégorie des Etats protégés.
La réponse du ministre des Affaires étrangères
de France cette communication ne se fera pas
attendre.
Les rapports du gouvernement français et de
l'Espagne sont excellents et l'envoi de la flotte
française Barcelone, pour faire honneur la
Reine-Régente, a encore ajouté ce que ces
de transmettre au gouvernement français, pour
cet acte de courtoisie, ses remercîments, ceux du
Parlement espagnol et ceux de la Reine-Régente
elle-même.
Une grande réunion particulière a eu lieu au
Grand Orient de France pour aviser aux moyens
de combattre le boulangisme. C'est le sentiment
du péril dont le boulangisme menace la Répu
blique qui a fait naître le mouvement que MM.
Clémenceau, Joff'rin et Ranc semblent chargés
de diriger. Il paraît que la guerre commence par
des images. Trois millions de ces images sont
commandées Epinal et représentent le générai
Boulanger foulant aux pieds les combattants de
la Commune, armé d'un fouet et chassant le
peuple devant lui. Un grand squelette l'accom
pagne.
Ce n'est pas tout des images ne suffiraient
pas pour combattre avec succès le boulangisme
on a donc résolu la création d'une société qui
s'appellera Société des Droits de l'Homme et du
Citoyen, et qui luttera, par tous les moyens en
son pouvoir contre cette faction nouvelle,
derrière laquelle on entrevoit le rétablissement
du pouvoir personnel.
Tous les journaux libéraux, tant ceux de la
province que ceux de la capitale, se réjouissent
de l'œuvre de concentration qui est en voie de
s'accomplir. Tous y voient le succès prochain
delà liste Guilleryde 12 Juin et comme corollaire
le réveil de l'opinion libérale dans le pays
entier. Il était temps. Découragée, abattue par
l'exemple des dissensions intestines de nos amis
de Bruxelles, la province n'attendait plus son
salut que de l'union des chefs du parti, tandis
que nos adversaires, profitant de notre désarroi,
se croyaient tout permis et ne mettaient plus
de frein leurs audacieuses entreprises. Ce
sont les excès de ces derniers qui ont hâté
l'heure de la concentration. Déjà comme pre
mier résultat de la reconstitution du parti
libéral Bruxelles, nous avons le triomphe de
M. Giroul Charleroi. M. Giroul passant avec
706 voix de majorité, tandis qu'en 1886, le clé
rical M. Drion l'emportait de 100 voix, grâce
la division des libéraux, est un exemple frap
pant de ce que peut l'union.
Que partout on fasse treve aux animosités
personnelles; que le libéralisme se mette au
pas qu'on mette de la mesure dans ses reven
dications et bientôt le gouvernement des évé-
ques aura vécu.
Puisse cette leçon porter tous ses fruits.
L'histoire nous apprend que l'outillage mili
taire des nations a été perfectionné toutes les
époques, soit pour servir d'attaque, soit pour
servir de défense. L'étude de la stratégie a suivi
la même loi. L'homme dans toutes ses entrepri
ses, dans tous les combats, qu'il a livrer dans
la vie, examine les obstacles qu'il aura vaincre
et calcule la force de son ennemi. Son plan d'at
taque, son programme sont conçus en consé
quence. La raison, le simple bon sens le veut
ainsi.
L'opinion libérale, qui a pour mission d'amé
liorer notre état social, sans s'inquiéter des inté
rêts d'un particulier, d'une secte ou d'un dogme
quelconque, a suivi la même règle. Pour com
battre son ennemi qui se personnifie ici dans le
cléricalisme, il a marché uni au combat. Cette
entente et cette union lui ont assuré maintes et
maintes victoires.
Dès lors, pourquoi aujourd'hui vouloir modifier
cette tactique Pourquoi, quand on voit que
l'ennemi a pris d'assaut possession de la place,
qu'il s'y maintient, qu'il détruit tous les travaux
que nous avons édifiés dans l'intérêt de la civi
lisation, pourquoi, disons-nous, vouloir discuter,
se disputer sur une question de forme, sur une
bagatelle
Sans parti pris, on serait bien en peine pour
Souvoir en déterminer la raison. Celle-ci est
'autant moins pénétrer, que l'ennemi ne cesse
de nous bombarder et que dans son dernier con
seil de guerre, tenu l'Union nationale pour le
redressement des griefs, il a été décidé de fabriquer
de nouveaux explosifs pour détruire les derniers
vestiges de nos aspirations libérales.
En présence de ces menaces, il est plus que
temps que la Capitale cède aux sollicitations de
la Province, qu'elle fasse abstraction des person
nes pour n'avoir en vue que la seule mission du
libéralisme, aujourd'hui si gravement com
promise. Il doit se souvenir que le cléricalisme,
qui se met constamment en travers pour empê
cher les progrès des idées modernes, est le seul
ennemi que nous ayons combattre pour le
moment.
Dans tous les pays du monde, les améliorations
de l'état social ont généralement rencontré de
l'opposition de la part des sectes, des dogmes.
C'est dans l'ordre naturel des choses. Mais l'ar
rêt n'a jamais été de longue durée. Ce n'a été <jue
pour prendre haleine. Le progrès a continue sa
marche en avant.
Il en sera de même encore cette fois en notre
pays. La raison, le bon sens prendront le dessus.
Il n'en peut être autrement, il faut que ces lois
rétrogades, faites et faire uniquement pour
subjuger un peuple libre et, le livrer entièrement
aux caprices d'un clergé fanatique, qui rejette
tout esprit national, disparaissent. Il faut que la
Patrie belge soit entière aux Belges.
Nous le savons, le cléricalisme possède d'im
menses capitaux, il dispose d'un grand nombre
de collèges électoraux qui obéissent servile
ment au commandement des curés et des vicai
res mais si cela suffit pour acheter la conscience
d'un homme en vue de devenir ministre, repré
sentant ou d'obtenir une autre faveur, cette
force est impuissante pour faire disparaître le
progrès.
C'est donc pour nous un devoir patriotique de
marcher uni au combat. Nous devons nous rap
peler que nous avons des frères secourir et
qu'il est dangereux que la Patrie flamande con
tinue être la merci d'un clergé politique
dont les prétentions n'ont plus de bornes.
Nous avons sauver un enseignement public,
qui a fait place dans la pluspart de nos petites
villes et communes un simulacre d'enseigne
ment, entièrement sous la dépendance des enne
mis de la lumière.
Nous avons mettre chacun sa place Le
pouvoir civil l'Hôtel-de-Ville, la religion
l'église.
Nous avons en un mot refondre toutes ces
lois de complaisance, conçues, non dans l'intérêt
de la généralité, mais d'un parti pour tenter sa
suprématie.
Nous devons nous rappeler que pareils gouver
nements ont toujours disparu et que leurs actes
ont été condamnés par l'histoire.
C'est l'opinion libérale, unie sur tous les
points du pays, le devoir de travailler pour com
battre les desiderata de M.Woeste et empêcher:
Que les électeurs des villes ne soient pas en
tièrement absorbés par les ruraux
Que les charges militaires ne continuent
peser inégalement sur tous les belges
Qu'il ne soit donné une prime aux déserteurs
de leur devoir, aux instituteurs qui ont désobéi
aux lois de leur pays
Que les charges imposées nos villes et com
munes, aujourd'hui considérables, pour un en
seignement fictif, ne soient de nouveau augmen
tées sous l'étiquette mensongère d'autonomie
communale et dégrèvements d'impôts
Que nos bâtiments communaux, nos hôpitaux
et nos établissements de bienfaisance ne devien
nent de plus en plus des succursales d'un cou
vent ou d'un ordre religieux quelconque.
Que nos impôts ne soient augmentés par l'éta
blissement de droits qui portent entrave notre
régime économique sans aucun avantage pour
nos cultivateurs
Que nos classes ouvrières, auxquelles on refuse
le pain et le sel de l'intelligence, ne soient em
brigadées pour en faire des stokslagers contre les
représentants de l'opinion libérale;
ÎLE PROGRÈS
vires acquirit epnro.
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Marché aux Herbes.
Ypkes, le 26 Mai 1888.
*e.,«malcïrzj»ÀJ
Dans Vordre politique,
Dans Vordre économique et social,