N° 50. Jeudi,
48e ANNÉE.
21 Juin 1888.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Résumé politique.
Guillaume II.
BALLOTTAGES DU 19 JUIN.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Les résultats désastreux des ballottages de
Nivelles et de Bruxelles ne sont pas de nature
rassurer le parti libéral pour l'avenir.
Il y a une dizaine d'années, ces arrondisse
ments donnaient nos amis politiques des ma
jorités respectives de 400 et 4000 voix.
A Bruxelles les cléricaux, en faisant des
prodiges de valeur, pouvaient réunir cette
époque tout au plus 6000 voix au ballottage
d'hier, ils en recueillent environ 0500.
A quoi faut-il attribuer en si peu de temps
ce déplacement énorme de 3500 voix? A la
politique intransigeantede l'association libérale,
qui s'est aliénée toute la partie flottante du
corps électoral. Ce qui est grave dans le
résultat d'hier, c'est moins l'échec en lui-même
déterminé par la conduite scandaleuse des ra
dicaux intransigeants de la petite chapelle que
le grand nombre de voix obtenus par les cléri
caux.
Si, il y a dix ans, on eut dit que le parti ca
tholique de la capitale réunirait en 1888 le
nombre de 9500 voix sur 22,000 électeurs
inscrits, on eut traité d'insensé un aussi sinistre
prophète
Le programme révolutionnaire de l'Associa
tion libérale de Bruxelles a effrayé tous les
électeurs modérés, qui voyant journellement
traîner dans la boue la Royauté, la Religion,
nos Institutions nationales et toutes les lois
qui règlent notre société moderne, par ceux
qui s'affublaient du titre de libéraux», ont
vu le péril gauche et ont voté avec le mi
nistère.
Triste I Triste
RÉSULTATS.
Bruxelles.
LE PROGRÈS
VIRES ACQCIRIT EPNIIO.
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Marché aux Herbes.
Hier ont été célébrées, Potsdam, les funérail
les de l'empereur Frédéric 111. La cérémonie a
été fort imposante, mais, dit un correspondant,
c'est peine si le cortège aura été aperçu par
quelques spectateurs, u la foule ayant été tenue
aussi éloignée que possible, de la voie par
laquelle il a passé, n
Toute la ville, dit le même correspondant,
était pleine de soldats, et c'est par une triple haie
de troupes de la garnison de Berlin, de Potsdam
et de Spandau que le corps a été conduit du Pa
lais 1 église de la Paix où s'est rendu directe»
ment M. de Bismarck après la levée du corps.
M. de Moltke suivait, venant avec les princes
derrière la bannière impériale.
Ce n'était pas la grande pompe des funérailles
de Guillaume 1er. La nature avait fait celles de
son successeur les principaux frais du décor,
admirable en sa tristesse avec les grands arbres
séculaires de l'avenue. Rien d'émouvant, après
le service funèbre dans la petite église de la
Paix, comme les derniers adieux de l'impéra
trice. Puis, une prière du prédicateur supérieur
de la Cour, un chant funèbre, et ce fut la fin.
Les soldats retournaient leurs casernes et la
foule se dispersa.
Le peuple, dit le témoin que nous avons cité,
n'a pu accompagner son souverain aimé; il ne l'a
pas vu vivant, il n'a pas même pu le contempler
mort.
On pourra donc dire, avec ce correspondant,
que ce qui a manqué surtout ces funérailles,
c'est le peuple, impitoyablement repoussé au
bout des allées, bien loin de la voie que devait
suivre le cortège. C'est une belle chose sans
doute que l'exacte discipline et l'observance
absolue des ordres donnés, mais nous sommes
fort disposés croire,pourtant,que M. de Moltke
lui-même eût fait plus de place aux témoignages
de deuil du peuple de Potsdam et de Berlin.
Cette réflexion nous est suggérée par les détails
qu'on vient de lire et ils paraissent fort exacts.
M. Déroulède, le protégé de M. Boulanger
l'élection de la Charente, arrive au ballottage
dans des conditions qui ne donnent pas une haute
idée de l'influence de l'ex-général dans le pays
et des progrès du boulangisme. C'est se
demander si M. Déroulède n'a pas montré trop
de modestie et s'il n'eût pas été plus heureux en
se présentant tout simplement avec son nom
pour toute recommandation.
Son compétiteur républicain, M. Lazare Wei-
ler, a trois mille voix de plus que lui, et le can
didat bonapartiste, quinze cents. Ce candidat
était M. Gellibert des Seguins. Le boulangisme,
on le sait, est assez bruyant et démonstratif de
sa nature, nous doutons cependant qu'il fasse de
grandes fanfares de cet accueil ses recomman-
ations par les électeurs de la Charente.
Yoici encore qu'un candidat partisan de M.
Gladstone, M. John Sinclair, est élu en rempla
cement de M. Campbell, libéral dissident mort
récemment. Les conservateurs proposaient pour
le remplacer M. Evelyn Ashley et ne doutaient
pas d'un succès éclatant, mais il n'y a eu d'écla
tant que l'échec de ce candidat et le retour
qu'opère l'opinion publique vers M. Gladstone.
Guillaume II a vingt-neuf ans il est né
Berlin le 27 Janvier 1859 et a épousé, le 27 Fé
vrier 1881, la princesse Auguste-Victoria, fille
de feu Frédéric, duc de Sleswig-Holstein et de la
duchesse Adélaïde, née princesse de Hohenlohe-
Langenbourg. Quatre enfants sont nés de cette
umon le prince Frédéric-Guillaume, né le 6
Mai 1882, aujourd'hui Kronprinz le prince
Frédéric, né le 7- Juillet 1883 le prince Adal-
bert, né le 14 Juillet 1884, et le prince Auguste-
Guillaume, né le 29 Janvier 1887.
L'impératrice Auguste-Victoria est en ce mo
ment dans un état de grossesse très-avancé.
Guillaume II a été élevé Cassel comme élève
libre du lycée il habitait un pavillon séparé
avec son précepteur, pas toujours le même, car
le jeune prince était d'un caractère violent et
emporté, et, bien qu'ardent au travail, acceptait
difficilement les conseils d'un mentor.
C'est, du reste, surtout son grand-père qui
s'est occupé de son éducation le vieux Guil
laume a toujours eu une affection particulière
pour ce petit-fils, qui jouait continuellement
la guerre et enrégimentait ses camarades du
lycée, et dans lequel il sentait revivre la race des
Hohenzollern.
En quittant Cassel, le futur empereur d'Alle
magne a passé quatre ans l'Université de Bonn,
et, en ces derniers temps encore, des généraux
et des professeurs attachés sa personne conti
nuaient son éducation militaire et politique.
Bien qu'essentiellement soldat, le nouvel emr
pereur n'a en effet jamais fait la guerre et l'uni
forme de hussards de la garde le régiment
dont il était colonel qu'il porte toujours et
qu'il avait au chevet de son père mourant, n'a
jamais reçu le baptême du feu. Il y a dix-huit
ans que l'on n'a guerroyé en Allemagne, et Guil
laume n'a que vingt-neuf ans.
Dans son entourage, on affirme qu'il n'a ja
mais exprimé de naine particulière pour la
France, mais que, par contre, il avoue haute
ment ses antipathies russes on racontait l'année
dernière que c'était de très-mauvaise grâce qu'il
avait quitté San-Remo pour venir recevoir, aux
lieu et place de son grand-père malade, le Czar
de passage Berlin on affirme même qu'il a
beaucoup plus étudié les frontières russes que
les frontières françaises.
Guillaume II aime les femmes, et ses infidélités
conjugales ont souvent défrayé la chronique
scandaleuse de Berlin. Il les aime, mais la fa
çon d'un soldat volage, et les traite, paraît-il,
assez cavalièrement
L'ami le plus intime du nouvel Empereur est
le comte Herbert de Bismarck c'est même lui
qui a négocié la rentrée en scène du fils aîné du
chancelier après l'enlèvement de la princesse
Karolath.
Quand nous aurons dit que Guillaume II pos
sède un assez joli talent d'aquarelliste, il ne nous
restera plus, pour compléter ce rapide croquis
d'un modèle resté forcément jusqu'ici dans la
pénombre et sur lequel les événements projet
tent, avant son heure, la pleine lumière qu'à
citer un mot qui achèvera de le faire connaître.
On affirme que le nouvel Empereur, qui n'ai
me pas le suffrage universel, aurait dit un jour
Le suffrage universel est le gouvernement
des ânes allemands par les singes allemands.
On sait que Guillaume II a un bras plus court
que l'autre. Ce défaut physique date de sa nais
sance il a eu le bras cassé en venant au monde,
par suite de la maladresse d'un accoucheur an
glais, disent les Allemands.
Ypres, le 20 Juin 1888.
BRABANT.
Nombre de votants 19,461.
Bulletins blancs ou nuls 595.
Sénat.
LIBÉRAUX-UNIS.
Bischoffsheim, s. 9291
Brunard-Jacquet, 9235
Cantoni, 9210
De Broukère, s. élu 9306
Goblet d'Alviella, 9245
Graux, s. 9247
Steurs, 9222
Van Halteren, 9216
CLÉRICAUX.
Allard, élu 9448
de Marnix, élu 9362
Hermans, élu 9317
Terlinden, élu 9345
Tiberghien, élu 9342
t'Kint-Orban, 9299
Vander Burcb, élu 9327
Van Overloop, élu 9349
