L'Engraissement par le jeûne. Allemagne. POPERINGHE, de terre et les truffes, du Château- Yquem et du bouillon, des fines herbes et des moules. Pour ces derniers molusques, on recommande bien qu'ils ne doivent ni se faire prévoir, ni s'imposer. La salade politique qu'on nous sert depuis quelques temps en Belgique, et laquelle on ajoute chaque repas électoral de nouveaux ingrédients, ne ressemble pas mal celle d'Alexandre Dumas. Gauche, droite, libéraux, doctrinaires, avancés, progressistes, radicaux, socialistes, communistes, cléricaux, aristocra tes, indépendants, nationaux, ruraux, urbains, ouvriers, puffisistes, banquistes, tout cela pêle- mêle, fortement secoué dans l'urne électorale, devait produire un mets très-in iigeste, surtout que la moule cléricale surnage avec l'aide du piment radical. Devrons-nous subir, pendant quatre ans encore, ce régime qui nous a réduits l'état où nous sommes et qui finira par avoir raison des constitutions les plus solides? Non, cela est impossible. Le dégoût provo quera une crise qui nous fera sortir de l'état de torpeur où nous sommes tombés. Une pensée de Lamennais La popularité est comme l'air, une puis sance qui élève et ne porte pas. Méditez cela, M. Janson. Encore une découverte l'horizon, et des plus originales, celle-là l'engraissement au moyen du ieûne. Il ne s'agit ici ni d'une plaisanterie, ni d'une de ces bourdes vulgairement appelées canards.» Un savant vient d'exposer la méthode suivre, appuyant ces dires en citant maintes expérien ces faites par lui et absolument concluantes. Le procédé, que son inventeur répute infailli ble, aura certainement beaucoup de succès aux Etats-Unis. On sait, en effet, qu'il existe en ce pays une Société célèbre, la Société des hom mes gras. Ses membres, chaque année, se réu nissent en un banquet pantagruélique, où l'on décerne le prix au convive qui pèse le plus de kilos. Et la presse porte aux quatre vents du ciel le nom du lauréat. Donc, nul doute que la Société américaine des Hommes gras n'accueille avec joie le systè me d'engraissement scientifique fraîchement préconisé. Mais les transports seront bien plus vifs encore, vraisemblablement, dans ces harems orientaux où l'on estime au poids la beauté des odalisques: là, plus une femme est grasse, plus elle est sé duisante si elle arrive ce point de ne pouvoir bouger de son divan, oh alors, c'est l'idéal. Voilà une double clientèle, et qui paiera cer tainement rubis sur l'ongle. En outre, si la méthode d'engraissement par le jeûue est réellement infaillible, comme son auteur le croit, elle sera une bonne fortune pour cette école de médecins professant que l'unique remède la phtisie consisterait engraisser le malade seulement, en dépit des études ob stinées faites ce sujet par d'éminents prati ciens, le moyen de conjurer la consomption échappe jusqu'ici toutes les investigations. Quoi qu'il en soit, l'inventeur du système, M. Seeland, peut être sûr que sa curieuse décou verte ne sera pas utile exclusivement la confré rie des Hommes gras d'Amérique et aux odalisques orientales. Il y a même lieu d'affirmer, qu'en la publiant, il n'entend rendre service qu'aux éleveurs. Ceux-ci lui devront, certes, une belle chandelle, le jeûne étant le comble de l'économie. Et quelle révolution dans les idées admises jusqu'à présent On se figurait assez communé ment que les meilleures conditions pour le déve loppement rapide des animaux, c était de les tenir dans un milieu favorable, de leur fournir régulièrement une nourriture abondante et saine. Eh bien pas du tout d'après M. Seeland, on obtient le même résultat, et en moins de temps, en alternant convenablement le jeûne et la nour riture. Un fait banal, auquel nul avant lui n'avait prêté attention, a été le trait de lumière qui a induit M. Seeland tenter ces premières expé riences. Après une longue maladie, on voit les convalescentsprivés de nourriture pei idant des se maines, absorber des quantités souvent effrayan tes de nourriture, recouvrer promptement la santé, acquérir un embonpoint et des forces dont ils ne jouissaient pas auparavant. Telle est l'observation qui a mis M. Seeland sur la voie. Alors, prenant des pigeons et des coqs, il leur fit subir un jeûne très-rigoureux, sans leur ac corder jamais ces dispenses qui, de nos jours, mitigent si heureusement les jeûnes religieux. Après quoi, pigeons et coqs eurent licence de se gaver leur gré. En peu de temps, ils récupérè rent au delà de leur poids primitif. Nouveaux jeûnes d'une sévérité pareille, alternés avec une alimentation abondante. Grâce ce régime, les animaux soumis la savante expérience devinrent beaucoup plus forts et plus gras que les autres nourris suivant les règles ordinaires. Ainsi, des poulets en voie de croissance, trai tés selon le système de M. Seeland, acquirent rapidement une taille supérieure celle de pou lets du même âge et de la même race traités par la méthode habituelle les coqs, élevés d'après le même principe, se développèrent également dans des proportions extraordinaires. En somme, le système de M. Seeland aurait cet avantage de diminuer notablement les frais des éleveurs. De plus, elle leur permettrait de supprimer les tortures qu'ils infligent aux volailles en les bourrant de nourriture pour les engraisser. Nul n'ignore qu'ils gavent aujourd'hui les malheureuses bêtes l'aide d'un instrument, la nature se refusant l'énorme quantité d'aliments requise pour accélérer la croissance. Désormais, plus de ces cages compartiments, dites épinettes, où l'on incruste les pauvres volatiles, condamnés de la sorte une immobi lité absolue, de crainte d'une déperdition de substance. Sans doute, reste le jeûne, mais que de gens, sur notre globe,, souffrent forcément" de ce mal, sans compter que la plupart des religions l'impo sent leurs adeptes comme pénitence des péchés commis et en vue du paradis Voici le texte complet de la proclamation de l'empereur Guillaume II son peuple A MON PEUPLE. La volonté de Dieu a de nouveau étendu sur nous un deuil douloureux. A peine fermée la tombe qui renferme les restes mortels de mon inoubliable grand-père, Sa Majesté mon auguste père bien-aimé a lui aussi été rappelé de cette vie au repos éternel. Le courage héroïque, puisé aux sources de la soumission chrétienne, avec lequel, malgré ses souffrances, il remplit ses de voirs de souverain, avait donné l'espoir qu'il serait plus longtemps conservé la patrie. Dieu en a décidé autrement. A ce martyr royal, dont le cœur battait pour tout ce qui est grand et beau, peu de mois seulement ont été accordés pour affirmer sur le trône les qualités de l'esprit et du cœur qui lui avaient assuré l'amour de son peuple. Des vertus qui l'ornaient, des victoires qu'il avait remportées sur les champs de bataille, le souvenir reconnaissant restera aussi longtemps qu'il y aura des cœurs allemands, et une gloire immortelle entourera sa chevaleresque figure dans l'histoire du pays. Appelé au trône de mes pères, j ai pris le gou vernement en portant mes regards vers le Roi des Rois et j'ai promis Dieu d'être, suivant l'exemple de mes ancêtres, un prince juste et bon pour mon peuple, d'entretenir la piété et la crainte de Dieu, de protéger la paix, de favoriser la prospérité du pays, d'etre un soutien pour les Sauvres et les misérables, et un gardien fidèle du roit. Si je demande Dieu la force d'accomplir ces devoirs souverains que sa volonté m'impose, je suis d'autre part assuré par la confiance que m'inspire l'histoire du peuple prussien. Dans les jours heureux comme dans les jours malheureux le peuple prussien est demeuré in variablement fidèle son Roi, je compte sur cette fidélité, dont le lien a fait ses preuves d'in dissolubilité l'égard de mes ancêtres aux heures du d"*1""" 1JJ- mon mger, côté et j'ai la conscience de la rendre de de tout cœur, en prince loyal d'un peuple loyaltous deux également forts dans le dévouement la patrie commune. Dans la conscience de la réciprocité de l'amour qui m'unit mon peuple, je puise la confiance que Dieu me donnera la force et la sagesse de remplir mon rôle de Roi pour le plus grand bien du pays. Potsdam, le 18 Juin 1888. GUILLAUME. le 22 Juin 1888. Le Programme «les Fêtes du 29 Juillet. Paraîtra-t-il ne paraîtra-t-il pas Telle est fa question que s'adressent les bons Poperinghois quand ils se rencontrent. Le fameux programme, si impatiemment at tendu, devait déjà être arrêté le 25 Mai, date fatale après laquelle, entendre les organisa teurs, personne ne devait plus être admis prendre part aux prochaines fêtes. Jusqu'à ce jour nos maîtres n'ont pas encore porté la con naissance de leurs féaux sujets le plus petit ren seignement sur les festivités qu'ils leur réservent 1 occasion de la visite officielle que M. Ruzette, en qualité de commissaire du Roi, se propose de faire dans notre ville. Il commence cependant être temps et le pu blic intrigué se demande quelles causes cet incompréhensible retard doit être attribué. Des personnes bien informées prétendent que le silence de nos édiles au sujet des prochaines fêtes provient des difficultés que les délégués, charges d'aller racoler des sociétés de musique, ont éprouvé, dans les démarches qu'ils avaient été chargés de faire auprès de leurs amis. D'après ce que nous avons appris de source sémi-officielle, le résultat de cette mission con fiée aux officiers des Pompiers, n'a pas été des plus heureux. Ces Messieurs ont été frapper la porte d'un grand nombre de cercles artistiques et presque partout il leur a été répondu, qu'avant d'ac cueillir leur invitation, il fallait au préalable discuter la question de l'indemnité qui serait ac cordée aux invités pour venir passer une journée Poperinghe. Les négociateurs, en entendant ces propos, auxquels ils étaient loin de s'attendre, furent fort humiliés et le nez de Félix prit les propor tions d'une trompe d'éléphant. Aussi, voyant le peu de cas que les invités attachaient l'honneur qu'ils croyaient leur faire, s'empressèrent ils de détaler au plus vite et, honteux et confus de leur insuccès, ils retournèrent Poperinghe faire part MM. Vanden Berghe et Vanderheyde de l'échec qu'ils venaient d'éprouver. Dans cette situation, l'échevin Félix, tenant absolument donner un coup mortel la Phil harmonie, a traité avec oertaine société et lui a promis un dîner raison de 2 fr. 40 par homme, plus 200 francs pour les frais de voyage. En présence de la position privilégiée, faite cette musique, que diront les autres phalanges musicales qui se sont résignés venir rehausser de leur présence les fêtes du 29 Juillet. Devront- elles se contenter de la simple prime offerte par la ville Quelle buse s'écria Félix, mais aussitôt un de ses collègues s'empressa de lui fermer la bouche en lui faisant observer qu'en fait de buses il de vait s'y connaître, lui dont toute l'existence n'a été qu un enchaînement de buses des plus colos sales.

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 2