L\° 52. Jeudi,
48e ANNÉE.
28 Juin 1888
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
L'avenir.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
L'ouverture solennelle du Reichstag a eu lieu
hier Berlin.
Le discours de l'Empereur la nation alle
mande et l'Europe est un devoir écrit sous la
dictée de M. de Bismarck. Le morceau n'en est
que plus intéressant, car, cette fois, il y a autre
chose que des déclarations mystiques. Le discours
accentue avec une force singulière le désir de
régner en paix qui anime le jeune souverain et
sa ferme resolution de ne prendre les armes que
pour défendre l'Allemagne attaquée. L'Autriche
et l'Italie, en leur qualité d'alliées, sont com
blées de protestations gracieuses d'amitié. Chose
curieuse, la Russie y est également mentionnée
et cela en des termes qui font pressentir un rap
prochement imminent et peut-être même la re
constitution de la triple alliance du Nord.
En tous cas, le discours de l'Empereur va très
loin cet égard; jamais un gouvernement n'a
fait des avances aussi explicites une puissance
voisine avec laquelle les rapports autrefois inti
mes se sont refroidis.
Pour l'intérieur, l'Empereur, côté des vœux
banals qui doivent orner tout discours du trône,
n'insiste spécialement que sur l'achèvement de
la législation relative la protection des classes
laborieuses. M. de Bismarck tient, on le sait,
compléter cette œuvre sociale qu'il considère
comme le complément indispensable de son
œuvre politique. L'Empereur invite donc le
Parlement accélérer l'achèvement de cette
œuvre.
Il convient du reste d'attendre le texte même
du discours impérial pour y revenir plus en dé
tail.
Pour le moment, on peut dire que le caractère
gothique, qui était si marqué dans la proclama
tion au peuple prussien, ne l'est pas au même
degré dans ce discours au peuple allemand.
Et ce propos un revirement assez singulier
nous est signalé de Berlin dans l'attitude du
chancelier allemand. Sous le règne trop court de
Frédéric III, il semblait vouloir s'appuyer sur
les éléments les plus réactionnaires de la Diète
de Prusse et du Parlement allemand pour tenir
en échec la politique libérale de son souverain.
Aujourd'hui c'est de l'autre côté, au contraire,
qu il paraît vouloir incliner, et c'est probable
ment pour répondre aux appréhensions qui
s'étaient manifestées quant au caractère réaction
naire du nouveau règne, que la presse officieuse
a reçu pour mot d'ordre de modérer les espéran
ces des hommes de la nuance de la Gazette de la
Croix.
On mande de Constantinople au Times
Une communication de l'ambassadeur otto
man S'-Pétersbourg signale le bruit répandu
dans les cercles officiels de cette ville qu'aussitôt
que les relations diplomatiques régulières auront
été rétablies entre les puissances après la période
d'inactivité causée par le décès de Frédéric III,
le cabinet russe prendra l'initiative de démar
ches auprès de la Porte et des grandes puissan
ces en vue du règlement définitif de la question
bulgare.
Chakir pacha croit que les nouvelles propo
sitions aboutiront un résultat satisfaisant, car
l'appui de l'Allemagne et des autres puissances
leur est acquis.
D'après une correspondance de Constanti
nople au Times, la Porte aurait reçu l'avis qu'une
entrevue prochaine des trois Empereurs d'Alle
magne, d Autriche et de Russie est probable.
La Convention républicaine a nommé le séna
teur Harrison, candidat la présidence.
Ypres, le 27 Juin 1888.
Il fut un temps où les cléricaux, toujours
bons patriotes et dont la Tiaine contre le libé
ralisme et les tendances radicales ne date pas
d'aujourd'hui, disaient: Plutôt Français que
gouvernés par des libéraux.
Us chantent encore aujourd'hui la même
antienne contre les libéraux modérés, et, de
crainte de les voir revenir au pouvoir, ils
tendent les bras aux radicaux et contractent
avec eux une alliance monstrueuse.
Voici en quels termes le Journal de Bruxel
les avoue la coalition radico-cléricale, après
l'avoir niée effrontément jusqu'au jour du bal
lottage
Etait-ce bien la peine de se compromettre
ainsi et d'adorer ce que l'on brûlait la veille,
pour obtenir un si piètre résultat numérique.
Ce calcul mérite d'être fait
Il ne s'en est fallu que de 430 voix environ,
dans un pays de six millions d'habitants, pour
renverser le ministère; et c'est pour si peu qu'il
a fallu embrasser son ennemi il est vrai que
c'était pour mieux l'étouffer. 430 voix que les
cléricaux soient donc plus modestes.
En effet, Anvers a donné 300 voix, soit 250
de déplacement Bruxelles, 300, soit 150
Ostende, 40, soit 20 Nivelles, 60, soit 30
Virton, 4, soit 2. Total, 452 voix déplacer,
et tous ces hosanna devenaient des miserere.
Maintenant, quel sera le résultat de cette
union? Les radicaux reculeront-ils, ou leurs
alliés seront-ils entraînés vers eux. C'est là un
autre ballottage.
Ce serait le cas de répéter le mot de Basile
Qui donc est ici la dupe?
Ne serait-ce pas la moralité politique,
indignement outragée
En attendant, le 2 Juillet, cléricaux et radi
caux communieront ensemble, sous les espèces
d'une goinfrerie arrosée de v'ns mousseux.
On saura bientôt quoi s'en tenir sur l'amour
de nos maîtres pour les classes déshéritées
et sur les moyens qu'ils comptent employer
afin de guérir la plaie sociale. Leur dernière
victoire leur permet de dévoiler ce qu'il y a au
fond de leur prétendue philanthropie. En atten
dant et l'attente ne sera pas longue
l'Escaut, journal dans lequel M. Jacobs épan
che son fiel, nous donne un avant-goût des
nouvelles douceurs dont les instituteurs seront
l'objet. Cette feuille intime au ministère l'ordre
démettre de côté toute retenue et de suppri
mer les traitements d'attente des membres ren
voyés du corps enseignant qui. après s'être fait
une carrière, ont été brutalement mis sur le
pavé.
Des plaintes, dit l'Escaut, s'élèvent dans
les campagnes contre les gros traitements
d'attente payés aux instituteurs en disponibi-
lité, qui préfèrent vivre aux dépens des con-
tribuables, plutôt que de chercher gagner
honnêtement leur vie comme tout autre
citoyen.
Vous supprimez le pain un serviteur et
vous l'insultez parce qu il a faim
Mais voici le bouquet
Dans le ménage de l'Etat comme dans ce-
lui des particuliers, toute bouche inutile est
de trop.
Le qu'ils s'en aillent est dépassé; c'est
la formule de Malthus qui sera adoptée. On
supprimera aux instituteurs leur dernière res
source puis, s'ils murmurent, s'ils réclament,
on leur dira, comme l'économiste anglais
Si un homme ne peut se nourrir il n'a pas
le moindre droit réclamer une portion quel
conque de nourriture et il est réellement de
trop sur la terre. Au grand banquet de la nature
il n'y a pas de couvert mis pour lai.
La peine, si elle pouvait s'accroître encore,
grandirait parce que le paria qui l'on refuse
rait le pain quotidien, distribuait celui de l'in
telligence.
Voilà ce que promettent les deux néfastes
journées de Juin, et quels excès le ministère
est poussé par l'affolement du triomphe chez
ses serviteurs.
Heureusement que quand la coupe est trop
pleine, elle
aux
leur
Que vont faire nos maîtres
11 y a quatre ans qu'ils ont promis
ouvriers d'améliorer considérablement
situation.
Nous ferons plus pour vous en six mois,
leur disait M. Beernaert, que les libéraux en
six ans.
Or, ils n'ont encore rien fait en faveur des
classes ouvrières. Celles-ci sont dans l'attente et
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Courtrai-Gand, 5-30 - 8-20 - 11-16 2-41 5-20.
Il esl certain qu'un petit nombre de membres de
l'Association libérale ont préféré voter pour la liste des
indépendants, dont le progressisme leur inspire plus de
confiance qfle le doclrinarisme des concentrés. Quel
est le chiffre exacide ces citoyens intelligents? Il serait
difficile de le déterminer. Nous l'évaluons 100 ou 150.