N° 55. Dimanche, 48e ANNÉE. f Juillet 1888. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. Résumé politique. Un type de jeune garde catholique. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Heures de départ d'Ypres pour Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 M. Carnot a décidément accepté l'invitation de la municipalité de Valence pour les fêtes du centenaire de 1788. C'est l'Elysée que se sont rendus, pour cette invitation officielle, le préfet et les députés de la Drôme. L'intention de M. Carnot était bien d'aller en Dauphiné, mais non de visiter Valence. Il va toujours Chambéry c'est son point de départ dans cette tournée. De là il se rendra Vizille, Grenoble, Romans et enfin Valence. M. Floquet sera du voyage, car il a définitive ment accepté, hier, l'invitation de la députation municipale, qui a fait les mêmes démarches et avec le même succès auprès des présidents de la Chambre et du Sénat et des ministres. La date est mémorable pour le Dauphiné, mais ce n'est pas Valence que devait se faire le patriotique pèlerinage auquel est convié M. Carnot. De la façon dont les choses s'arrangent, Valence n'y aura rien perdu. Nous ne savons ce que l'Europe pourrait re procher la France elle est encore plus calme et plus paisible qu'aux plus beaux temps de la présidence de M. Grévy. On peut même dire qu'elle n'a jamais été plus tranquille. Il n'y est bruit que de fêtes et d'anniversaires, et on y élève des statues tous les grands hommes qu'on parvient encore y découvrir. N 'est-ce pas aux plus prochaines fêtes qu'on doit en inaugurer trois la fois On y dîne beaucoup aussi M. Méline, prési dent de la Chambre des députés, et Mme Méline avaient cent invités leur dernier dîner parle mentaire, et l'on nous apprend que la réception qui a suivi ce banquet a été très-brillante. On ne blâmera pas M. Méline du soin qu'il prend de rassurer l'Europe, y mît-il même un certain luxe. De tels dîners sont des manifestations poli tiques. Le général d'Alvensleben vient d'être reçu l'Elysée. Conduit avec tout le cérémonial d'usage par M. Mollard, il a été reçu au perron par le général Lichstenstein et mené dans le salon où "attendait M. Carnot, entouré de ses ministres et de sa maison civile et militaire. Ypres, le 30 Juin 1888. Ils sont curieux les journaux catholiques, depuis leur victoire du 19. Ils ne doutent plus de rien. A les entendre, ils couleront le monde dans un moule nouveau, et des libéraux, il n'en restera plus qu'un souvenir. A cette fin, il faudra reviser la loi électorale, c'est leur première préoccupation. Embrigader beaucoup de ruraux, tant qu'on peut, surtout des petits, ceux sur lesquels l'action de Mon sieur le curé est la plus sûre. C'est le meilleur moyen d'écraser les villes sous le poids brutal des campagnes. C'est cela qu'il faut tendre et arriver tout prix. Sans cela l'avenir est in certain. Certes l'avenir est incertain et les catholi ques, malgré leur jactance, le sentent bien. Ils se gardent, avec un soin jaloux, de dire quel prix ils ont obtenu leur victoire du 19. En est- il un, même I e Journal d Ypres, si fort en bou che et si patient la recherche de la petite bète, qui ait fait connaître ses lecteurs quel est en somme, pour tout le pays, le chiffre global qui marque la différence entre le total des voix libérales et celui des voix catholiques dans cette fameuse campagne Ah oui, nous le savons, il y a la Chambre 98 catholiques et 40 libéraux au Sénat, 51 catholiques et 18 libéraux, soit une majorité catholique de 58 voix la Chambre et de 33 au Sénat. Alais cette proportion est-elle aussi celle des nombres de voix obtenus respectivement par les deux partis C'est cela que les journaux catholiques tai sent. Ils savent pourquoi. Ils devraient avouer leurs bénévoles lecteurs que toute cette diffé rence pour l'ensemble du pays se réduit au chiffre insignifiant d'un millier de voix et que par un déplacement de la moitié plus une, ce triomphe se changeait en débâcle. V a-t-il là de quoi faire tant de tapage? Franchement non et si nos gouvernants te naient sincèrement compte de cette situation respective des partis dans le pays si réelle ment ils ne faisaient sentir leur prépondérance que dans la mesure de leur supériorité mathé matique, ils agiraient avec prudence et mo destie. Mais de cela ils n'auront cure. Il leur faut asseoir leur domination comme ils peu vent et pour cela tous les moyens sont bons et le premier de tous, c'est la revision la façon Malou. Après cela, bon Dieu, tant ira la cruche l'eau C'était le soir du 19 Juin, un petit artisan, se tenant peine dans ses ripatons et étanchant de l'eau d'aff dans un maigre caboulot, bran dissait son verre, en clamant d'un gossier rouillé: nous voilà les maîtres,je ne crains plus personne. Qu'ils viennent, ces libérâtres I II faut écraser cette vermine. On ne me connaît pas encore. Attendez Ce pauvre d'esprit était un congréganiste auquel on a seriné, des années durant, les avantages des triomphes cléricaux. La domina tion cléricale, c'est le pavois pour ces incon scients qui se grisent de toutes sortes d'illusions et qui prennent pour de l'argent comptant toutes les lunes qu'on fait miroîter leur naïve cupidité. Et ils se croient réellement appelés bouleverser le monde I Une heure auparavant, il avait bourré son fusil du mousseux qu'au dire du Journal d'Ypres, avec sa vanterie habituelle, on avait versé si copieusement tous les conscrits bien pensants. Ah ils sont magnifiques, ces défenseurs de la morale, pris sur le vif l La presse libérale de France consacre de longs articles condamner les extravagances des radicaux belges, les principaux auteurs des désastres électoraux de 1884 et de 1888. iNous avons déjà reproduit des appréciations. Voici celles de la République française LE PROGRÈS vires acquirit kundo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. 4-00 6-42 9-05 9-58. Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-42. Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20. domines, 5-30 - 8-20 - 9-58 11-16 2-41 5-20 7-50. Comines-Armentières, 5-30—8-0511-16—2-53—8-58. Roulers, 7-45 10-45 12-20 4-10 6-42. Langemarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22. Courtrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-41 5-20 7-50. Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-162-41 5-20. Courtrai-Gand. 5-30 - 8-20 - 11-16 2-41 5-20. Leçon méditer. La France a longtemps donné des leçons la Belgi que c'est elle, son tour, de recevoir des leçons de la Belgique et d'en profiter si elle est sage. Les libéraux gouvernaient depuis plusieurs années chez nos voisins. La Belgique semblait avoir définiti vement secoué le joug du parti clérical. Les libéraux avaient donné leur pays la paix et la prospérité, ils avaient rendu l'instruction obligatoire (1) et fait l'école laïque. Mais ces libéraux avaient un malheur ils étaient des hommes pratiques et des hommes de gou vernement. Et alors des radicaux vinrent et trouvèrent selon l'usage des radicaux, que les modérés gouvernaient mal ils n'allaient pas assez vite, ils transigeaient avec les principes, ils les trahissaient. Tranchons le mot, ils étaient de vils opportunistes. Les radicaux se mirent donc leur faire une belle guerre. Dans la presse, dans les réunions, ils leur dirent sans ménagement leurs quatre vérités (2) ils les hachèrent menu comme chair pâté ils les traitèrent un peu plus mal que les cléri caux eux-mêmes. O» ne se hait nulle part si bien que dans les familles quand on .est brouillé. Et quand vinrent les élections d'il y a quatre ans, modérés et radicaux lancèrent programmes contre programmes, listes contre listes. Le résultat ne se fît pas attendre; modérés et radicaux divisés furent battus la majorité se déplaça dans les deux Chambres le gouvernement passa des libéraux aux catholiques. Et le premier soin des catholiques vainqueurs fut, naturellement, d'user et d'abuser de leur victoire, de défaire la loi scélérate sur l'instruction obligatoire et laïque. La leçon était méritée si elle était dure. On pouvait supposer que, du moins ehez nos voisins, gens d'ordi naire sensés et pratiques, elle ne serait pas perdue. La division avait fait le mal l'union qui fait la force, suivant la devise beige, pouvait Je réparer. On disait 11 y a surprise aux élections prochaînes, les libé raux prendront leur revanche. Hélas 1 les radicaux sont partout les mêmes «t c'est folie de croire que l'expérience les instruise.. Ces deux années, les radicaux belges les ont employées, nom pas (1) Ceci est une erreur. La loi de 1879 ne rendait pas l'instruction obligatoire, mais elle étendait l'enseignement officiel dans le pays tout entier c'était un pas énorme vers la généralisation et l'obligation de l'instruction. (2) M. Bigot oublie la guerre au gouvernement libéral au Parlement même.

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 1