N° 55. Dimanche,
48e ANNÉE.
8 Juillet 1888.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires acquirit ecnho.
Heures de départ cTYpres pour
Un des organes officieux de M. de Bismarck,
la Gazette de l'Allemagne du Nord, vient de publier,
propos de l'obligation du passeport la fron
tière franco-allemande, un article qu'il importe
de signaler, car il donne une idée des sentiments
Ïui dominent dans le monde officiel de Berlin,
a mesure qui a soulevé tant de critiques, a été
prise en vue a d'affaiblir et de rompre les liens
qui unissaient la France les habitants de
r Alsace-Lorraine. Ce sont des considérations
d'ordre stratégique qui ont rendu nécessaire
l'annexion de ces provinces par l'occupation de
Strasbourg et de Metz, on a voulu se garantir
contre une invasion française. Il faut inculquer
aux habitants de l'Alsace-Lorraine la conviction
que ce n'est pas le Rhin, mais les Vosges qui
forment désormais la frontière.
Les rapports de l'Alsace avec l'Allemagne,
ajoute la Gazette de l'Allemagne du Nord, augmen
teront d'autant plus qu'ils diminueront avec la
France. C'est dans ce but qu'a été décidée l'obli-
tation du passeport, et, si cette mesure ne pro-
uit pas de résultats suffisants, il faudra en
adopter d'autres et les rendre durables, attendu
qu'il est de notre devoir de travailler systémati
quement rompre le lien qui unissait 1 Alsace et
la Lorraine la France.
Dans l'espace de dix-huit ans, les habitants
des provinces annexées ne se sont pas rapprochés
de nous et, une seule exception près, ils ont
envoyé au Parlement des représentants hostiles
l'empire.
L'Allemagne règle son système de défense
contre la France d'après les nécessités de la situ
ation. Elle a non seulement le droit, mais encore
le devoir de ne tenir compte, dans ses rapports
avec sa voisine de l'Ouest, que d'une seule con
sidération: celle de sa sécurité. L'empire ne peut
pas courir après les faveurs de l'Alsace-Lorraine.
Si la population veut venir nous, elle peut
être certaine que nous la recevrons bras
ouverts. Mais, jusque-là, l'Allemagne est obligée
de s'en tenir exclusivement aux considérations
dictées par le sentiment de la conservation per
sonnelle.
D'après une correspondance adressée de Paris
au XIXe Siècle, M. de Bismarck, dans une con
versation récente avec un groupe de députés,
aurait exprimé en ces termes son opinion sur la
situation générale
J'ai la ferme conviction que dans les circon
stances actuelles la paix du monde ne sera pas
troublée, moins que d'autres Etats n'y donnent
occasion. Je ne crains rien de tel de la Russie, et
j'ai la ferme conviction que les dissentiments
qui se sont produits précédemment entre Berlin
et Saint-Pétersbourg sont complètement aplanis
l'heure actuelle.
Je voudrais bien pouvoir entretenir la même
confiance l'égard de nos voisins de l'Ouest. Ce
serait possible, tant que les gouvernants actuels
de la France pourront tenir en main les divers
Êartis actuels; mais, avec la masse de combusti-
le qui est entassée en France et le caractère
facilement excitable de la population, il est dif
ficile de garantir une longue durée la situation
actuelle.
La goutte qui fait déborder le vase est, en
France, toujours en l'air, toujours prête tom
ber, au moment et l'endroit où on s'y attend le
moins. Ce qui arriverait dans ce cas est bien
difficile prévoir aujourd'hui.
Cependant, je suis porté croire, jusqu'à
nouvel ordre, qu il n'y aura pas de sitôt un chan
gement de ce côté-là.
Une interpellation a eu lieu Jeudi la Cham
bre française propos de l'affaire deCarcassonne:
elle a été faite par M. Flourens, ancien ministre
des affaires étrangères. C'est M. Floquet qui lui
a répondu. La question de confiance ayant été
posée, l'assemblee, par 389 voix contre 172, s'est
prononcée en faveur du ministère. C'est là une
victoire dont M. Floquet et ses copains auraient
tort de s'enorgueillir outre mesure une crise
ministérielle, en ce moment, pourrait amener
d'inextricables difficultés et rendre une dissolu
tion inévitable or, en cas de dissolution, les trois
quarts des législateurs actuels ne reverraient
certainement pas le Palais Bourbon. Ils ont voté
pour Floquet et Ci0 plutôt que de courir la
chance d'être blackboulés par le corps électoral.
On mande de Durban Les forces anglaises,
composées d'un détachemeut de troupes, de po
lice et d'indigènes, ont attaqué le chef insurgé
des Zoulous, Ishangana, et l'ont mis en déroute
complète après un combat de six heures. Les
pertes sont très sensibles des deux côtés.
Ypbes, le 7 Juillet 1888.
Nous nous sommes souvent amusés de ce
que les journaux de Paris, avec intention de
nous nuire, appréciaient sous un côté burles
que nos mœurs politiques. C'était surtout du
temps de Napoléon III qu'on publiait de ces
articles qui faisaient hausser les épaules. On
était obligé de se demander si notre pays se
trouvait bien en plein milieu de l'Europe ou
confinait une peuplade de l'Afrique.
Que dire aujourd'hui de l'appréciation des
journaux cléricaux et radicaux en ce qui con
cerne notre situation avant et la suite de nos
dernières élections, si ce n'est aussi qu'ils
jouent la comédie pour mieux cacher leur jeu
de comparses
Les cléricaux crient tue-téte que le pays
est avec eux, alors qu'ils savent de la manière
la plus pertinente que leur force réside uni
quement dans l'intervention occulte du prêtre
politique, dans l'abus scandaleux que leurs
agents électoraux exercent sur ces timorés dans
tous nos collèges ruraux. Ils savent parfaitement
que cette influence est telle, que si un jour elle
faisait défaut, pas cinq représentants cléricaux
ne siégeraient dans notre représentation na
tionale.
Les radicaux de leur côté ne cessent de crier
que le pays est également avec eux, qu'il faut
abattre l'hydre cléricale, et quand ils se trou
vent devant le monstre, ils ont le courage de
fuir, c'est-à-dire de prêcher l'abstention ou de
chercher des faveurs nouvelles en pactisant
avec l'ennemi.
Il y a dans notre pays deux opinions politi
ques prépondérantes qui se disputent le pouvoir:
Le cléricalisme et le libéralisme.
Le cléricalisme représente le passé, l'immix
tion de l'Eglise dans nos affaires de l'Etat. Sa
force, c'est le prêtre politique.
Le libéralisme représente l'avenir. Il veut
que les affaires mondaines soient gérées par les
laïques; en un mot il demande la séparation de
l'Eglise et de l'Etat. Sa force, c'est la raison.
Qu'on ne s'y méprenne pas, par séparation
de l'Eglise et de l'Etat, nous n'entendons nulle
ment mettre une entravequelconque l'exercice
de l'église catholique comme culte, mais par
suite des privilèges qu'elle jouit de par notre
Constitution, de par nos lois, nous ne voulons
pas que ce soit elle seule, rien quelle, qui
nomme nos représentants la Commune, la
Province, l'Etat.
C'est là un abus.
C'est une situation irrégulière. Elle doit dis
paraître.
Cette tache nous incombe. C'est l'opinion
libérale de faire ouvrir les yeux au pays pour
lui montrer les funestes conséquences de notre
situation actuelle qui est le résultat de l'inter
vention du prêtre.
L'horreur que doit inspirer, tout Belge qui
aime la prospérité de son pays, cette union
hybride entre le cléricalisme et le radicalisme
doit également faire l'objet de ses préoccupa
tions.
Des hommes clairvoyants ont prédit ce qui
devait indubitablement arriver avec l'intrusion
des radicaux dans nos rangs.
Le libéralisme n'est pas opposé, il ne peut
l'être toute idée de progrès. C'est sa raison
d'être. Mais autre chose est de vouloir reformer
la société avec des principes sociaux, politiques,
qui n'ont jusqu'à ce jour pris racine que dans
les cerveaux malades ou mécontents et qui au
lieu de faire avancer le progrès, l'ont fait re
culer de plusieurs années, soit en favorisant
l'arrivée au pouvoir d'un César quelconque,
soit en faisant triompher le cléricalisme.
A une armée qui puise sa force dans l'union
par le fanatisme et l'ignorance, nous devons
pouvoir opposer la cohésion que nous ne pou
vons autrement obtenir que par la discipline.
Sans discipline pas d armée forte possible. Main-
LE PROGRÈS
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
Insertions Judiciaires la ligne un franc.
Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89,
Marché aux Herbes.
Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
4.00 6-42 - 9-05 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-42.
Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20.
domines, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-41 5-20
7-50.
Comines-Armentières, 5-30—8-0511-16—2-53—8-58.
Roulers, 7-45 10-45 12-20 4-10 6-42.
Langeraarck-Ostende, 7-23 12-22 3-58 6-22.
Courtrai, 5-30 8-20 9-58 - 11-16 2-41 5-20
7-50.
Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-16 2-41 5-20.
Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20.