LE MARIAGE_ DE LUROT. I
Plus de contradiction
Nouvelles locales.
tenir l'état actuel c'est s'exposer des défaites
continuelles.
De tous les points du pays s'élèvent des voix
pour combattre cet élément hétérogène qui
s'est introduit dans notre forteresse, et qui,
au lieu de combattre sous un drapeau de prin
cipes, n'a eu d'autre but que d'assouvir des
vengeances personnelles.
Il est vrai l'échec que nous avons subi
Bruxelles et ailleurs par la faute des radicaux
est bien sensible. Mais nous devons nous péné
trer que le mal n'est pas irréparable. Sachons-
nous montrer la hauteur des circonstances,
Sue de tous les coins du pays il surgisse des
écisions viriles comme nous en avons vu
jrendre Verviers, que toutes les Associations
ibérales se réunissent en Fédération Bruxel-
es,et bientôt nous verrons établir cette union,
qui sera le prélude de prochaines victoires. X.
La vérité a des droits tellement imprescrip
tibles qu'elle oblige même la confesser ceux
qui ont intérêt la dissimuler. C'est ainsi que, j
pour la flatter sans doute, les discours pronon
cés l'ouverture des Conseils provinciaux s'oc
cupent, pour la plupart, de la commune et de
son importance.
La harangue de M. de Gerlache, gouverneur
du Luxembourg, en parle ainsi
Que cela serait beau, si c'était sincère mais
ceux qui relèvent ainsi la commune en paroles
sont malheureusement ceux qui en font un in
strument politique haute pression. Ils s'instal
lent dans nos hôtels-de-ville, en excluent ceux
qui leur résistent et brisent tout ce qui ne plie
pas devant leur volonté, sans prévoir les repré
sailles que leur despotisme doit provoquer
car, ainsi que le dit un proverbe wallon A
qui mustine, mustin retourne.
Il va sans dire que le gouverneur du Luxem
bourg ne tire pas les mêmes conclusions que
nous des vérités qui lui sont échappées. Il est
vrai que la parole a été donnée aux cléricaux
pour déguiser leur pensée.
A propos de l'élection communale de Deynze,
dont nous parlions dans notre dernier numéro,
on écrit la Flandre libérale
Quel Gargantua que M. Nothomb 1
Persévérons dans notre politique, a t—il dit
au banquet des indépendants, et nous verrons
s'accroître encore notre majorité.
Comment! la droite compte la Chambre
une formidable majorité de 58 voix, et M. No
thomb trouve que ce n'est pas assez, et il
exprime l'espoir que cette majorité augmentera
encore avec le temps
Alors, quoi? qu'est-ce qu'il lui faut, celui-
là Que le dernier des libéraux soit chassé de
la Chambre
L'appétit vient en mangeant, dit la Gazette
mais l'indigestion aussi. Gare l'indigestion
M. Nothomb
Le plus curieuxc'est que M. Nothomb
compte parmi les plus ardents promoteurs du
principe de la représentation des minorités.
On écrit de Bruxelles V Union libérale de Ver
viers
u La Chronique annonçait ce matin que le géné
ral De Boer avait refusé le grade de lieutenant-
général qui lui avait été conféré par un arrêté
royal du lr Juillet. Ce refus n'étonnera pas vos
lecteurs. A diverses reprises, Y Union libérale s'est
élevée avec indignation contre les véritables
j persécutions subies par l'éminent officier, qui a
été le bras droit et le plus ferme soutien du gé
néral Gratry, l'ancien ministre de la guerre du
dernier cabinet libéral.
Le général De Boer a été reçu Dimanche par
le Roi, qui lui a fait le plus aimable accueil; il a
motivé la grave décision qu'il venait de prendre
en racontant purement et simplement toutes les
tracasseries qu'il a dû endurer pendant son exil
Anvers.
Abattu par ses ennemis, il ne pouvait accep
ter de leurs mains l'ironique compensation qu'us
lui offraient. Pensionné, le grade lui importait
peu. Son refus grandira encore l'estime que tous
les honnêtes gens lui ont vouée en apprenant
que,depuis quatre ans, il n'a cessé d'être traqué,
victime de son passé libéral et de ses convictions.»
Nous rappelons nos amis que le moment est
venu de se faire inscrire comme électeurs.
Dimanche dernier, vers quatre heures de
l'après-midil'instituteur communal de Boe-
singhe avait envoyé ses deux enfants Alphonsine
et Zénon faire une commission.
En route, ils rencontrèrent quelques camara
des et s'amusèrent cueillir des fleurs le long
d'un fossé rempli d'eau, d'une profondeur d'un
mètre 50 centimètres.
Le petit Zénon en se retournant fit un faux pas
et roula dans le fossé. Aux cris poussés par cet
enfant, ses compagnons s'enfuirent sa sœur
Alphonsine, âgée de huit ans, qui avait pris les
devants, accourut son secours et parvint, après
des efforts désespérés, retirer son jeune frère
de l'eau.
Cet acte de courage et de dévouement mérite
une juste récompense.
Si la commune belge reste fidèle aux lois de son origine
et ne cesse point de s'harmoniser au génie national, elle
continuera d'inspirer tous les Belges, tous les partis,
une égale confiance et un égal attachement. N'opprimant,
ne menaçant ni les personnes, ni les opinions, ni les inté
rêts, nul ne songera la combattre ou l'affaiblir.
Au contraire, si elle sort des voies de la liberté, elle se
trouvera bientôt engagée dans les luttes des partis et elle
sera exposée aux coups de la politique. Quand ceux dont
elle aura combattu les tendances ou froissé les intérêts
seront vainqueurs dans les batailles de la politique, ils
seront tentés de restreindre ou de mutiler l'activité pour
garantir leur propre liberté contre le retour des mêmes
abus.
Vrais amis de la commune, craignons que cette douce
et modeste institution, peu faite pour un rôle autoritaire
et belliqueux, ne soit atteinte par les anathèmes qui frap
pent les œuvres du despotisme, et que, cessant d'être
l'auxiliaire du grand travail de décentralisation qui s'ac
complit au sein de notre société démocratique, elle ne
devienne, elle aussi, l'objectif de ses attaques et de ses
mesures de désarmement ou de représailles.
Lurot (c'est le nom du mari) raconte sa petite affaire.
Le père de mon épouse, M. Ravageon, dit-il, nous étions
très bien ensemble, lui prêtant de l'argent assez souvent et
des dîners que je lui paiais au restaurant, jusqu'à 3 francs
10 sous par tête, sans compter le tabac; que je lui ayant
dit un jour que j'étais amoureux de sa demoiselle, il me
répond Ça me va! et il m'a élu pour gendre.
C'est bon comme sa demoiselle me tournait toujours
le dos quand elle me voyait, je dis au père Ravageon
Étes-vous bien sûr qu'elle m'aime Il me répond T'in-
quite pas, je vas lui parler. Alors, il l'envoie chercher
chez sa tante Pincepeau, elle vient et je me cache pour en
tendre la conversation.
Qu'est-ce qu'il y a qu'elle fait. Il y a, répond le
père Ravageon, que Lurot m'a demandé ta main en ma
riage. C'est fait, il a payé un litre, nous avons bu la
santé des deux fiancés et c'est pour dans un mois. Moi,
j'écoule ce qu'elle va répondre, que le cœur me battait
alors elle répond: Moi? la femme de ce cornichon-là rires
dans l'auditoireauxquels s'associent les deux prévenus),
est-ce que lu te fiches de moi, moi, papa? quand tu sais
bien qne mon cousin Rivel et moi, c'est convenu que, nous
aimant, nous nous marierons et qu'il doit venir demain te
faire sa demande. Rivel que s'écrie le père Ravageon,
11 n'a qu'à venir; je lui flanque une roulée! non, mais
qu'il vienne, il verra ça, et il ajouta: tu épouseras Lurot
jamais! si non. Là-dessus elle file en disant Je
vas le trouver tout de suite et lui dire ça.
Alors, moi, je sors de la chambre côté et le père Ra
vageon me dit Eh bien, ça y est. Quoi qui y est
Le mariage; c'est arrangé, pour dans un mois. Mais, que
je lui dis, j'ai tout entendu elle veut pas, et c'est son cou
sin Rivel qu'elle aime. Oui, que me dit le père Rava
geon, mais t'as entendu ce que j'ai répondu, donc, c'est
comme si c'était fait. Tas vingt mille francs, moi, j'en
Aussitôt le résultat du scrutin connu, toute la ville a
été en fête, les drapeaux ont été arborés, les bluets aussi,
même par les dames. Une réunion des plus nombreuses a
eu lieu immédiatement au local libéral, au Vooruit, où
plusieurs discours ont été prononcés dans lesquels on a
célébré le nouveau triomphe des libéraux de Deynze.
Le nouvel éhi, le docteur Liebaert, M. Henri Tim-
mermans, d'autres encore, ont successivement pris la
parole et ont obtenu le plus vif succès. Chose digne d'être
notée les applaudissements les plus frénétiques et les plus
significatifs ont retenti lorsque M. Timmermans, dans ce
langage mâle et énergique qu'on lui connaît, a flétri la
conduite des radicaux de Bruxelles qui ont trahi le parti
libéral et amené le désastre du 19 Juin. Ils sont rares dans
le pays ceux qui ont encore foi en MM. Feron et Janson.
Après la proclamation du scrutin, les cléricaux désap
pointés et un instant désorientés se sont réunis et con
certés. Leur plan a été vite arrêté.
La Députation permanente est là, ils ont toute con
fiance en elle; au lieu de s'incliner devant le verdict du
corps électoral, qui leur a été nettement signifié, ils ont
annoncé qui voulait l'entendre qu'ils feraient modifier le
résultat du scrutin, et ils se sont mis festoyer leur
tour. La Députation permanente nous a habitués tout,
mais le nouveau coup de parti que l'on espère d'elle serait
tellement scandaleux que nous doutons encore qu'elle ose
s'en rendre coupable. Nous verrons bien. Le résultat nous
est acquis et ce n'est que par un acte de malhonnêteté po
litique qu'on pourrait nous en frustrer.
donne deux mille ma fille, mais pas en argeut, en lapins.
Rires dans l'auditoire.)
M. le président. Enfin, vous l'avez épousée
Lurot. Ah voilà, j'ai d'abord été trouver la jeune
personne et je lui ai dit: Mademoiselle, je viens vous faire
ma déclaration d'amour. Elle m'interrompt en me riant au
nez; je lui dis Certainement que c'est une grande preuve
que j'ai beaucoup d'amour pour vous d'accepter une dot
de 2,000 fr. payable en lapins, qu'un autre ma place....
Elle m'interrompt encore pour me dire qu'un autre,
ma place, aurait plus de délicatesse que moi, de vouloir
épouser de force une demoiselle qui aime son cousin. Moi,
voyant ça, je réponds Mademoiselle, étant un homme
délicat de ma nature, je renonce au bonheur que vous
soyez mon épouse. La-dessus, elle me dit Ah c'est
bien de votre part ça, c'est très délicat et elle m'em
brasse.
Moi je vais trouver le père Ravageon et je lui dis Eh
bien, il n'y a pas moyen ça ne peut pas aller et je viens
de dire votre demoiselle que j'y renonçais. Alors,
hurla le père Ravageon, qui se fiche dans une colère
épouvantable et qui me dit: mais tu veux donc me désho
norer? J'ai été annoncer ce mariage-là tout le monde. S'il
ne se fait pas, ça va être des cancans partout; tu épou
seras ma fille ou je te casse les rems.
M. le président. Enfin, vous l'avez épousée?
Lurot. Fallait bien.
Af. le président. Et votre femme vous a quitté
Lurot. Pas tout de suite même que le lendemain
de la noce, j'étais bien content et que j'ai dit au père Ra
vageon: Ah! je suis bien content et je crois que mon
épouse est contente aussi. Finalement que pendant quinze
jours j'ai cru que tout de même mon épouse commençait
àm'aimer....
M. le président. Bien, bien quand vous a-t-elle
quitté
USTES ÉLECTORALES.
«MTîffrni
Un petit garçon sauvé par sa sœur.
Lurot. Juste le lendemain du jour où je croyais
qu'elle s'était mise m'aimer.
M. le président. Le seizième jour, alors
Lurot. Juste, et qu'à partir de ce jour-là, elle s'est
mise avec son cousin alors j'ai dit au père Ravageon
Vous voyez? Il m'a répondu J'ai dit que tu serais mon
gendre, tu l'es. Je le suis, je le suis.... que je réponds
rires de l'auditoire). Alors, j'ai été trouver un homme de
loi et il m'a dit Faites-la pincer avec son cousin et vous
divorcerez là-dessus, il m'a fait tout de suite une plainte
pour le procureur de la République et puis, quelque
temps après, j'ai donc été avec le commissaire de police
chez le cousin. Il était de grand matin; eh bien! Monsieur,
savez-vous ce que mon épouse a dit? Elle a dit simple
ment Je vous avais averti, fallait pas ra'épouser de force.
La prévenue. C'est même dégoûtant, Monsieur le
président, d'épouser une jeune personne de force.
M. le président Nous ne sommes plus l'époque où
l'on mariait les filles malgré elles il fallait refuser.
La prévenue. Oui, pour que mon père me fiche des
piles tous les jours. Seulement, j'ai prévenu Monsieur de ce
qui arriverait.
M. le président. C'est tout ce que vous avez dire.
La prévenue. Vlà tout.
Le cousin. Moi aussi; elle l'a averti.
La prévenue. Il faut divorcer mais nous ne deman
dons que ça, mon cousin et moi.
Le cousin. Pour nous marier que M. Lurot en fasse
autant de son côté.
Lurot.Certainement; je connais une veuve, une
femme superbe, qui a près de six pieds
Le tribunal condamne Mme Lurot un mois de prison et
le cousin 100 francs d'amende.
(Gazette des Tribunaux).
1 IJJQÇI f