au PROGRÈS D'YPRES, du 9 Septembre 1888. 7 Septembre 1888. Nous regrettons de n'avoir pu, dès Dimanche passé, donner nos lecteurs un compte rendu détaillé du voyage que les membres de la société Philharmonique viennent de faire Dunkerque et Ostende. Nous nous empressons aujourd'hui de satis faire la curiosité des nombreux amis de ce cercle musical en reproduisant les articles des diffé rents journaux qui se sont occupés du voyage de nos musiciens et qui tous font leur éloge. Nous nous bornerons toutefois citer les articles du Nord Maritime, de la Flandre et de VEcho d'Ostende. Voici comment s'expriment ces journaux Extrait du Nord Maritime. La Réception de la Musique de Poperinghe. Dès 9 heures, une foule énorme stationnait aux environs de la gare, attendant l'arrivée des trains de plaisir. Il y eut assez de retards dans ces trains par suite de l'encombrement des voyageurs dans les différentes gares du réseau. A 10 heures 1/4, quatre trains absolument bondés, amenaient Dunkerque 4,000 voyageurs de la ligne Lille, Roubaix, Tourcoing. De nom breux excursionnistes étaient déjà arrivés par les trains du matin. La musique de Poperinghe était du nombre. n Sur le quai de la gare se tenaient diverses délégations. Nous remarquons M. Marchand, vice-président de la Jeune-France, ainsi que son comité M. Coutelier, vice-président de l'Union chorale, M. Jouvenot, chef de la Musique com munale, etc., etc. n Toutes ces délégations ont offert des bou- uets aux président et directeur de la Musique e Poperinghe. Bientôt le cortège se forme et aux accents d'un brillant pas-redoublé se dirige vers la Mairie. Sur le perron nous remarquons MM. Dumont et Deman, adjoints, qui reçoivent MM. Van Merris, président et Van Elslande, chef de mu sique, et prient ces Messieurs de faire entrer les musiciens dans la Salle des fêtes. M. Van Merris est un ancien représentant au parlement belge, il est décoré de la croix de la Légion d'honneur, de la croix de Léopold et de la grande croix en brillants de l'ordre du Nicham. Les musiciens entrent dans la salle des céré monies et M. Dumont prononce l'allocution sui vante Messieurs, En 1875, votre digne président, l'honorable M. Van Merris venait me trouver et me faisait n part du projet que vous aviez formé de donner un concert Dunkerque. J'eus quelques ap- préhensions en pensant la dépense que subi- rait la ville de Dunkerque, car vous etes très- nombreux Messieurs. v M. Van Merris, me déclara qu'il ne consen- n tirait, aucun prix, que Dunkerque supportât une dépense aussi minime qu'elle fût. En 1880, lors de la deuxième visite de la x musique de Poperinghe, votre président exigea n les mêmes conditions et il en est de même au- v jourd'hui. Vous êtes un récidiviste et un incor- x rigible,M. Van Merris, lorsqu'il s'agit d'oeuvres de charité, et ie bois votre santé et celle de votre excellente phalange artistique. Je dois ajouter que tous vos efforts unis x ceux de M. Van Elslande ont tendu faire de x la société philharmonique de Poperinghe, la plus forte musique de la Belgique et du Nord. x Vous avez réussi, car vous n'avez plus de x rivaux. Lors du dernier concours international x vous avez remporté le 1er prix et la foule qui x vous écoutait a ratifié par ses applaudisse- x ments la décision du jury. Par ce temps, il est inopportun de porter x des toasts internationaux, mais sans me dépar- x tir d'une stricte réserve, je déclare que nous, x Français et Belges, nos cœurs sont aussi unis x que nos drapeaux dans ce trophée. n Vive la France, vive la Belgique Une véritable ovation est faite M. Dumont notre 1er adjoint. M. l'adjoint, je vous remercie des bonnes x paroles que vous venez de prononcer, mais x elles sont un peu exagérées, la musique de x Poperinghe compte des rivales dans votre x beau département et appréciant les connais- x sances musicales des nombreux dilettanti de x votre ville, je demande même de l'indulgence x pour le concert de ce soir. Les vins d'honneur ont ensuite été offerts et la musique de Poperinghe a été reconduite au Grand-Hôtel, rue des Capucins. x Rappelons-en le programme Extrait de la Flandre. Le Concert de la Société Philharmonique de Poperinghe. Un contre-temps des plus fâcheux a contrarié le commencement du concert. Vers 8 h. 1/2, au moment où le public se rendait en foule au Parc, il s'est mis pleuvoir. Il y a eu un moment d'hésitation,mais sollicités par l'admirable coup d'œil qu'offraient les allées féériquement illumi nées, les promeneurs ont bravé l'ondée et ont continué leur chemin. S x Aussi notre unique jardin public était-il archi-comble. Il devait y avoir là 6 ou 7,000 ersonnes. Comme chaque auditeur était doublé 'un parapluie, l'on peut se figurer les difficultés que présentait l'accès des allées centrales, héris sées qu'elles étaient d'une légion de riflards. x Les plateaux placés l'entrée, débordaient littéralement de monnaie. x Le concert a commencé très-ponctuellement 8 h. 1/2 par une marche militaire jouée avec un entrain et un brio qui ont fait éclater des applaudissements unanimes. x La Société philharmonique a répondu aux bravos en entonnant l'hymne Jean Bart. L'on n'est pas plus courtois. x L'ouverture de Guillaume Tell cette page ad mirable de Rossini, qui elle seule, est un pur chef-d'œuvre, a trouvé dans la phalange d ar tistes que dirige M. Van Elslande,des interprêtes réellement hors ligne. x Et si nous employons ces mots ce n'est pas dans l'intention avouable, d'ailleurs, d'être gra cieux l'égard de nos hôtes, mais bien parce qu'ils rendent notre pensée. x Les étincelants dialogues instrumentaux que le maître a développés dans l'ouverture de Guil laume, avec leurs intonations, toute de finesse et d'attendrissement, l'admirable marche qui fond tous les instruments en un ensemble d'une puis sance telle qu'elle fait frissonner l'auditeur des pieds la tête, tout cela a été traduit la per fection. x Nous entendons encore Double Cinq, une Solka concertante qui a pour auteur le directeur ela société philharmonique, M. Van Elslande. x II était impossible de refuser son admiration la tonalité irréprochable de cet ensemble, do 75 exécutants, au fondu exquis des cuivres qui du pianissimo le plus délicat au fortissimo le plus sonore, nuancent et chantent comme un seul instrument. Le quatrième numéro du programme, Une fête Aranjuez,est une fantaisie espagnole, d'une allure étincelante, avec le boléro, qu'interrom pent les soli, mais qui revient donner la note finale. Pour la première fois j'ai remarqué tout le •arti que peuvent tirer de bons instrumentistes es passages syncopés. Le public, gourmand comme un grand en fant qui l'on sert un régal, a bissé. x Le Rossignolsolo de flûte, a positivement enthousiasmé la foule. x C'est une série de trilles, de roulades, d'une ténuité tellement exquise qu'elles exigent pour les détailler un flûtiste de premier ordre, comme M. Van Elslande, qui d'ailleurs est un l#r prix du conservatoire de Bruxelles. x Dominant le murmure léger de l'accompa gnement qui reprend la phrase lorsque la flûte la quitte, le rossignol que M. Van Elslande tient caché dans son instrument a chanté, avec un tel charme qu'une triple salve d'applaudissements a salué son trille final. A trois reprises l'excellent directeur de la Philharmonique a dû saluer le public. SUPPLÉMENT POPERINGHE. x M. Van Merris prend son tour la parole x Le concert de ce soir sera donc une véritable fête Musicale. 1. Grande marche militaire avec tambours et clairons. X. 2. Ouverture de Guillaume Tell. Rossini. 3. Double cinq, polka concertante. Van Elslande. 4. Une fête Aranjuez, fant. espag. De Mersseman. 5. Le Rossignol, solo de flûte, Julien. par M. Van Elslande, i" prix du Conservatoire de Bruxelles. 6. Caprice iantaslique sur les Huguenots de Meyer- beer. Snel. 7. Rêve sur l'Océan, valse célèbre. Gungl'. Entrée Libre.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 5