Les manœuvres de 1888.
Nouvelfes locales.
En cas de ballottage, le scrutin aura lieu, sans
convocation nouvelle des électeurs, le Mardi 2
Octobre prochain, 9 heures du matin.
Dans une lettre qu'il adresse au Patriote, et
qui paraîtra ce soir, M. Woeste se déclare
I auteur responsable de la circulaire de M. De
Volder, relative la loi de 1850. Cette mesure
a été provoquée, dit-il, par une interpellation
faite par lui au cours de fa discussion du budget
de l'instruction publique.
Ce qui prouve une fois de plus que si M. De
Volder règne, c'est M. Woeste qui gouverne.
Le comte de Flandre, accompagné d'un offi
cier d'ordonnancea quitté Bruxelleshier
malin, par train spécial, sept heures, se ren
dant au camp. 11 est arrivé Bourg-Lèopold
neuf heures vingt.
Le comte de Flandre est monté cheval la
gare et s'est rendu directement sur la plaine où
étaient réunis les quatre régiments de lanciers
et deux batteries d artillerie.
De grandes manœuvres ont eu lieu, dont l'ob
jectif était l'attaque et la défense du défilé de
Spikelspaede. Les troupes ont admirablement
donné, les charges et les défilés ont été super
bes d élan et de précision.
Le feu de l'artillerie était nourri comme un
feu de peloton d'infanterie. Les régiments et les
batteries sont rentrés leurs quartiers vers une
heure, et le comte de Flandre est reparti pour
Bruxelles deux heures et demie.
L'école moyenne de Selzaete, dont une récente
décision du conseil communal nous faisait crain
dre la suppression, sera définitivement mainte
nue, dit le Journal de G and.
Une solution est intervenue qui assure l'exis
tence de cet important établissement d'instruc
tion moyenne et permet aux nombreux parents
qui en désiraient le maintien de confier, comme
par le passé, leurs enfants au personnel de cet
établissement.
Le Moniteur a publié les résultats du concours
général entre les établissements d'enseignement
moyen du 1er degré et, au nombre des lauréats,
nous voyons figurer deux élèves du Collège com
munal d'Ypres qui obtiennent ensemble trois
nominations:
1° M. BOSSAERT, Albert, de la classe de
rhétorique latine, obtient la 3e mention hono
rable au concours en sciences naturelles. Il oc
cupe la 13e place sur 150 concurrents.
2° M. VAN BIESBROUCK, Camille, de la
classe de 3e professionnelle, obtient
b) Le lr accessit au concours de thème anglais,
avec la 4e place sur 121 concurrents.
On écrit de Poperinghe, le 7 courant
Un fermier de Rolleghem-Cappelle avait
chargé une femme de se rendre, ce matin, avec
sa charrette, Poperinghe, pour prendre un
chargement de charbon au canal.
Arrivés la Grand'Place,où se trouve instal
lée la kermesse actuellement, les trois chevaux
attelés la charrette se sont emballés et se sont
dirigés vers le canal, dans une course effrénée;
au passage niveau du chemin de fer, ils ont
brisé la Barrière et se sont engagés sur la voie
ferrée.
Le train deCourtrai se dirigeant sur Ostende
arrivait précisément, il heurta le véhicule; du
choc, la charrette vola en mille pièces. La fem
me, qui s'y trouvait assise, fut lancée une
hauteur de dix mètres et retomba sur le sol.
La malheureuse tut relevée dans un triste
i o«r
'-tr-irimaaQQQQauni.
La bataille décisive.
Le jour grandit, le soleil caché de temps autre par de j
légers nuages commence répandre sa lumière encore j
tamisée par le brouillard. Nous quittons Morkboven et
accompagnons l'avant-garde de l'attaque. Les chemins
sont boueux, car la nuit il a plu fortement. Un grand si
lence parmi les troupiers, personne ne parle et l'écho ne
répète que le bruit des pierres roulant sur le pavé, ainsi
que le pas rythmé de l'infanterie. Une grande partie de
l'artillerie marche l'avant-garde c'est elle qui la pre
mière devra semer la mort dans les rangs ennemis.
Bientôt la colonne s'arrête, les éclaireurs ont aperçu
les avant-postes ennemis. La brigade de Callatay, repré
sentant le corps belge, s'est établie sur les mamelons qui
forment les hauteurs d'Herenthout.
Hier, dès cinq heures du soir, la défense avait construit
des retranchements en employant, pour se proléger des
projectiles ennemis, tout ce que la fortification a imaginé
jusqu'à présent.
Une redoute pour deux compagnies avait été construite
entre les deux mamelons. Cette redoute faite par le génie
avec le secours de l'infanterie était protégée contre les at
taques de vive force par des défenses accessoires, abattis,
fils de fer, petits piquets, trous de loups, etc., etc... Sur
le mamelon de droite une batterie avait pris position, et
les servants garantissaient les pièces ainsi que les caissons
et chevaux par des épaulemenis et des abris. A gauche de
la redoute, le peloton du génie avait élevé une forte tran
chée et s'apprêtait coopérer également avec les autres
armes la défense de la position.
L'infanterie avait garni sur la pente des mamelons et
en avant vers la droite et vers la gauche des tranchées de
tous les systèmes. Tous les ouvrages étaient tellement bien
dissimulés par des branchages, des gazons, etc., qu'il
était impossible de s'apercevoir cent mètres que la terre
avait été creusée et que, derrière le couvert qu'elle for
mait, se trouvaient des soldats prêts défendre leur vie.
L'attaque, de son côté, gagnait la colline d'Herenthout
par sept ou huit chemins différents, de façon entourer
la position ennemie. Elle pouvait le faire elle avait pour
elle une supériorité numérique incontestable.
La cavalerie de l'attaque se portait vers la droite enne
mie elle avait peut-être pour mission d'entamer son
flanc.
Le commandant de la 5e brigade établi sur le mamelon
près de son artillerie, les jumelles la main, observe la
direction de l'ennemi. Du côté de l'attaque le comman
dant se porte en avant suivi de son état-major et tâche de
reconnaître la position après avoir décidé des points
d'attaque, nous voyons filer au triple galop le comman
dant de l'artillerie il va indiquer les emplacements que
devra prendre chaque batterie.
Bien que la défense soit sur une position dominante et
possède un libre champ de tir d'environ 500 mètres, elle
ne peut, pour ainsi dire, voir les mouvements de l'ennemi:
les broussailles, les haies épaisses et les obstacles de tous
genres empêchent de découvrir les mouvements de l'en
nemi elle ne peut donc ouvrir le feu et ne pourra régler
le tir de son artillerie que lorsque les canons ennemis vo
miront le fer et le feu.
Soudain un nuage blanc jaillit dans la direction d'Uyl,
un bruit sourd se fait entendre c'est une batterie de l'at
taque qui ouvre son feu.
Bientôt de tous côtés nous voyons les massifs se cou
ronner de fumée. Un roulement se fait entendre. L'artil
lerie de la défense ouvre également le feu en envoyant
d'abord deux ou trois obus pour régler le tir. La hausse
réglée, les coups se succèdent rapidement. Les flocons de
fumée qui sortent des haies, qui jaillissent des bouquets
d'arbres, quelquefois un rayon lumineux réverbéré par la
pointe d'un canon de fusil, révèlent seuls la présence des
attaquants.
Avec les premières lueurs du canon on voit également
apparaître, du côté d'Herenthout, un groupe de cavaliers
se détachant de l'horizon ce sont la famille royale, sa
suite et l'escadron d'escorte.
Le roi portait l'uniforme de lieutenant général comman
dant en chef de l'armée belge. La reine, en tenue d'ama
zone, montait un fort beau cheval bai-brun. Le prince
Baudouin avait mis la grande tenue de sous-lieutenant
des grenadiers.
Leurs majestés se sont portées sur le mamelon qu'oc
cupait la défense et y sont restées pendant toute la lutte.
Le combat semblait vivement les intéresser. A différentes
reprises, l'héritier du trône s'est porté en avant pour exa
miner, soit la redoute, soit les tranchées.
Les officiers étrangers et les généraux arbitres sont ve
nus adresser leurs salutations la famille royale.
Reprenons la partie technique du combat. Dans les plai
nes l'infanterie dessine son mouvement. Sortant des bois,
traversant les fossés, débouchant des défilés, les troupes
d'infanterie s'avancent lentement et prennent la formation
de combat elles sont maintenant douze cents mètres de
la position enlever.
Le mouvement de l'attaque semble être convergent,
en juger par le tir de l'artillerie qui contrebat dans tous
les sens celle du commandant de la 7e brigade.
Dès le début les deux cavaleries paraissent se chercher.
Cependant le public, désireux depuis le début des manœu
vres de voir exécuter une charge, le plus beau spectacle
qu'il y ait la guerre, selon l'expression du général Am-
bert, trouvera bientôt l'occasion de voir se réaliser ses
vœux. Sur la gauche de la position, les guides, cachés
derrière un bois, voient se diriger vers eux les chasseurs
cheval.
Le terrain est favorable pour la charge il faut en pro
fiter. Les escadrons, semblable aux eaux d'un torrent
longtemps contenu, qui tout coup s'ouvrent une issue
vers une pente rapide, bondissent l'un contre l'autre.
Le choc sera terrible, mais une voix, de part et d'autre,
commande escadrons gauche et évite ainsi que le simu
lacre ne devienne réalité, car l'un n'aurait pas cédé le
terrain pour l'autre.
Pendant que les canons exécutent toujours leurs feux,
qui semblent augmenter en rapidité, les avant-lignes enne
mies gagnent du terrain en avant. A peine sont-elles aper
çues que l'infanterie de la défense commence diriger son
feu contre elles. La formation préparatoire devenant trop
dangereuse conserver, l'attaque adopte la formation de
combat les bataillons désignés se fractionnent, les chaî
nes se déploient. Les compagnies placées en réserves sont
massées, tantôt agenouillées, tantôt couchées, cherchant
s'abriter autant que possible.
Le feu des deux côtés devient plus intense, les salves
succèdent aux salves, les fumées, car il en est de toutes
les nuances, emplissent l'air. Elles se confondent sans
cesse, se dissipent chassées par le vent pour faire place
d'autres qui, leur tour, se perdent dans l'espace.
Les tirailleurs continuent s'avancer, brûlent quelques
cartouches et reprennent leur marche. La défense oppose
son feu celui de l'adversaire. Les réserves de celle-là se
portent vers la gauche de la position où l'ennemi accen
tue son mouvement. La fusillade gagne en densité. Les
réserves sont jetées sur les chaînes de compagnies des
bataillons et viennent s'y fondre.
Nous voilà bientôt 400 mètres de la position ennemie.
Depuis huit heures le combat se continue sans relâche
les masses d'infanterie de l'attaque arrivent de toutes
parts, les unes succèdent aux autres pressant leur marche.
Le spectacle devient émouvant. Tout coup, au milieu
d'un grand fracas, apparaît une masse compacte d'hom
mes et de chevaux c'est l'artillerie cheval (les servants
sont montés) qui va mitrailler la gauche ennemie. Comme
c'est beau de la voir prendre position. Penchés sur la
crinière de leurs chevaux, les conducteurs pressent leurs
montures au moyen du fouet ou de l'éperon. Les canons
d'un gris fantastique bondissent sur le sol. Elle veut mon
trer qu'elle sait combattre comme ses frères d'armes de
l'infanterie, qu'elle ose s'approcher de l'ennemi davantage
que les batteries montées. Soudain une bouche mâle a
prononcé le mot En arrière en batterie. Les pièces,
comme arrêtées par un frein puissant, ont fait demi-tour
et restent immobiles sur place. A peine en position, un
éclair s'échappe de la pièce de droite, une détonation
sourde l'accompagne c'est la batterie qui commence son
carnage dans les rangs ennemis.
L'artillerie de la défense change en partie de position,
et fait de son mieux pour contrebattre l'artillerie de l'atta
que, mais elle a fort faire, elle souffre beaucoup, car
elle est moins nombreuse que l'autre.
Pendant ce temps, l'infanterie s'approche elle est
maintenant 300 mètres, la fusillade fait rage.
Tout d'un coup l'élan de l'attaque est quelque peu
maîtrisé trois mines souterraines éclatent et en même
temps qu'elles projettent dans l'air des nuages noirs, elles
lancent vers l'ennemi des projectiles de tout genre.
L'attention de la défense est bientôt forcée de se diviser,
car sur sa gauche une brigade d'infanterie et deux batle-
ries d'artillerie vont l'attaquer de flanc. Il'faut diviser les
forces et tenir tête des deux côtés. Les crépitations des
feux rapides, le roulement des salves, les coups assour
dissants de l'artillerie résonnent avec un terrible fracas, le
sol tremble, on croit que tous les éléments furieux sont
déchaînés. L'odeur de la poudre prend la gorge, la
bouche est sèche, les yeux sont injectés, les canons des
fusils sont surchauffés.
On est maintenant entre deux cents et cent et cinquante
mètres de la position enlever. On se fusille donc presque
bout portant. La 7e brigade ne peut pas reculer, un su
prême effort doit être encore tenté. Tout coup le clairon
sonne, le tambour bat et au cri de En avant toute
l'attaque s'élance la baïonnette
Le génie précède de quelques mètres les fantassins ils
vont avec leurs outils de destruction et leurs matières
explosibles enlever les défenses accessoires qui bordent la
position et entourent surtout la redoute.
Les défenseurs de ce petit fort en terre montent sur le
parapet résolus de le défeudre tout prix... Le trompette
qui accompagne le général Jolly fait cesser la manœuvre.
La position est jugée enlevée.
Les hauteurs d'Herenthals ont été prises au moyen
d'une attaque de front combinée avec un mouvement de
flanc sur la gauche ennemie. Il est onze heures et demie,
les grandes manœuvres sont finies.
Les troupes se réunissent sur les différentes routes qui
se trouvent près de la position la famille royale va les
passer en revue.
A peine les premiers mouvements sont-ils en train de
s'exécuter qu'une averse tombe et vient contrarier la fin
des opérations heureusement qu'elle est de courte durée.
Le Roi avait l'air content et fier de nos soldats, et dans
le salut qu'il adressait aux drapeaux, il semblait féliciter
ceux qui avaient marché l'ombre du palladium de notre
liberté. Indépendance
Concours général de l'enseignement moyen
du premier degré en 1888.
a) La lre mention honorable au concours de
thème allemand, avec la 6e place sur 121 con
currents