48e année
18 Octobre 1888.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
Toujours brouillé avec
les chiffres.
l\° 84. Jeudi,
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Heures de départ d'Ypres pour
Popennghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
Ypres, le 17 Octobre 1888.
Qui est-ce donc qui a dit mentez, mentez,
il en restera toujours quelque chose? Le Jour
nal d'Ypres le sait bien, et de profiter de ce
conseil, Dieu sait s'il s'en donne la peine. C'est
par ce moyen qu'il essaie d'ébranler l'Ecole
communale gratuite de filles; son parti est pris,
en attendant qu'il s'attaque autre chose. Pour
le moment, sus l'école rue de Lille; c'est la
plus redoutable, il faut absolument la montrer
comme un gouffre engloutissant les épargnes
du bourgeois économe et travailleur. C/est un
moyen sûr et infaillible et sur lequel on compte
dans le camp clérical.
Pour commencer il présente le traitement de
la directrice sous un jour absolument faux.
La directrice touche un traitement de 5,000
francs s'écrie, de manière ce que tout le
monde l'entende, le Journal d'Ypres.
Le Progrès affirme que ce traitement est de
fr. 3,700. Ce dernier chiffre est seul exact et
défie toute contradiction. Après cela vous croi
riez que le Journal se rendra ou se taira Ah,
ouil s'il n'avait pas juré ses grands Dieux qu'il
mentira toujours! Et puis il compte sur M.
Colaert. M. Colaert a contrôlé les finances et,
armé de pied en cap, il se rend bravement la
Garde catholique où, selon le Journal, il pro
nonce un discours dont le sujet est la situation
financière de la ville d'Ypres. Et faisant venir
l'eau la bouchel'organe clérical ajoute
qu'il aura plus d'une fois l'occasion de revenir
sur les chiffres intéressants et les aperçus
pleins de verve et d'humour de l'honorable
orateur dont le succès a été considérable.
Qu'il y ait eu de la verve, nous n'en doutons
pas autant de verve que de roman, et les gogos
de la Garde auront applaudi tout rompre.
OI ce contrôleur a tout vu, il sait tout; il a
levé le couvercle du petit pot aux roses, et ce
qu'il y a découvert, c'est inénarrable, il ne dit
pas quoi, mais c'est égal, c'est extraordinaire,
jamais cela ne s'est vu et là-dessus les gogos
s'en vont se demandant ce que cela pourrait
bien être Ils croient qu'il a découvert l'Amé
rique, mais qu'il ne peut pas encore le dire.
Mais ce qui a eu le plus souffrir de la verve
et de l'humour de l'honorable conférencier
c'est la situation financière de la ville. Contrôler
la situation financière, c'est là son rôle et pas de
plus habile calculateur que ce contrôleur. Dès
qu'il voit un chiffre, il l'empoigne et ne le
lâche plus qu'il n'en ait tout le secret. C'est
qu'il n'y va pas de main morte un véritable
Law, quoi!
Et tout cela est tellement expliqué, détaillé,
épluché, analysé qu'après lui on peut tirer l'é
chelle.
Jugez plutôt
l°MmeD'Haeseleire a un traitement
de fr. 2,900-00
comme institutrice en chef.
2° Pour l'enseignement des travaux
manuels ,300-00
3° Pour la direction de l'école gar
dienne, rue des Chiens 300-00
4° Pour la direction de l'école gar
dienne, rue de Lille 100-00
5° Pour la direction de l'école mé
nagère 400-00
Fr. 5,000-00
Total 5,000 fr. dit le copférencier. Et le
Journal reproduit avec jubilation cette addi
tion qui est juste. Comment cela ne serait-il
Fias juste, puisque M. Colaert l'affirme; M. Co-
aert a vu cela en levant le couvercle, le doute
n'est donc pas possible.
Hé bien, n'en déplaise M. Colaert et sa
claque, y compris les pompiers en vacances, si
l'addition est juste, et additionner n'est pas un
tour de force, les chiffres sont faux, faux,
entendez-vous, M. Colaert? Aussi, M. le con
trôleur, avec la meilleure volonté du monde je
ne saurais vous en faire mon compliment. Si
c'est ainsi que vous faites votre métier, vous
n'irez pas loin ou plutôt si, vous irez loin
en arrière.
Voici la vérité, la vérité vraie, la vérité que
l nous vous défions de controuver
LE PROGRÈS
VIRES ACQUIRIT EONDO.
ABONNEMENT PAR AN .Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
Insertions Judiciaires la ligne un franc.
Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89,
Marché aux Herbes.
4-00 6-42 9-05 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-42.
Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20 7-50. i
Comines, 5-30 - 8-05 8-20 - 9-58 10-10-11-16
2-41 2-53 5-20 7-50 8-58.
Comines-Armentières, 5-30 8-0511-16—2-538-58
Roulers, 7-45 10-45 12-20 4-10 6-42.
Langemarck-Ostende,7-16 -9-57—12-17 3-56 - 6-21
8-14.
Courtrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-41 5-20
7-50.
Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-162-41 5-20.
Courtrai-Gand. 5-30 - 8-20 11-16 2-41 5-20.
L'empereur Guillaume a encore toute une semaine
rester en Italie. Le 22 de ce mois, il doit être rentré
Berlin. Mais il ne fera qu'y toucher barre, et deux
jours après, il se remettra en voyage. Le 25 Octobre,
il sera Blankenberg, chez le prince régent de Bruns
wick; le 29 Hambourg, où il inaugurera les nouveaux
ports, et le 31, Leipzig, où il posera la première pierre
du palais de justice de l'Empire.
Aussi les Berlinois, qui ne sont pas toujours bons,
appellent-ils le jeune souverain Guillaume l'exté
rieur Wilhelm cler A usweertige.
Mais aucun de ses voyages n'a fait, et ne fera, ré
pandre autant d'encre que la petite promenade qu'il a
faite du Quirinal au Vatican, le lendemain de son arri
vée Rome.
D'après la Gatette du peuple, organe clérical de
Cologne, la question romaine n'a pas été traitée dans
l'entrevue de l'empereur Guillaume avec Léon XIII.
On n'a parlé que de la situation de l'Église en Alle
magne.
La Germaniade son côté, croit savoir que l'empe
reur a donné au pape l'assurance que la paix religieuse
ne serait pas troublée et lui a même laissé entrevoir de
nouvelles concessions. Léon XIII,après avoir rappelé
Guillaume II la visite de son père et souhaité que les
mêmes relations cordiales s'établissent avec le fils
aurait développé la nécessité pour le chef de l'Église
d'être libre et aurait insisté sur la situation pénible qui
lui était faite per le gouvernement italien.
Les feuilles cléricales annoncent qu'après la visite de
l'empereur, le pape dicta le récit de l'entretien, pour
qu'il fût déposé dans les archives.
Il est regrettable que, pour donner cette espèce de
procès-verbal un caractère d'authenticité historique,
le prévoyant Léon XIII n'ait pas fait cette dictée pen
dant que l'empereur était encore au Vatican, de façon
permettre Guillaume II de la contresigner comie
certifiée conforme.
Maintenant, celui qui voudra savoir la vérité sur ce
qui s'est passé dans cette entrevue se rappellera, en
lisant la version dictée par Léon XIII, certain pro
verbe qui met en méfiance les gens qui n'entendent
qu'une cloche précaution bonne prendre surtout
quand il s'agit des cloches de l'Église catholique.
Déjà il y a controverse. Ainsi, l'organe du Vatican
a déclaré, hier, inexacte la nouvelle que le prince
Henri de Prusse serait entré chez le pape au milieu de
l'entretien de ce dernier avec l'empereur.
Le fait même est vrai cependant, et les détails puisés
bonne source sont ceux-ci Le prince Henri et le
comte Herbert de Bismarck attendaient avec la suite
de l'empereur dans l'anti-chambre, lorsque, au bout de
vingt minutes, le comte de Bismarck tira sa montre et
pria le prélat présent d'annoncer le frère de l'empereur.
Le premier refusa, disant que cela était contre l'éti
quette.
Le comte de Bismarck insista et prononça ces pa
roles
Le prince entrera maintenant ou jamais
Le majordome, interdit, se rendit chez le pape, qui
fit entrer le prince.
La conversation du pape avec l'empereur avait porté
déjà sur la question romaine. Guillaume II ne répondit
rien au pape sur ce point au sujet de la question du
code pénal, Guillaume II déclara qu'on trouverait quel
ques moyens d'en atténuer les effets vis-à-vis du Saint-
Siège. Le pape avait encore plusieurs sujets importants
traiter il en fut empêché par l'arrivée du prince
Henri.
Au moment de son entrée, il est exact que l'empe
reur, très-ému, laissa tomber son casque.
Ce fait, répandu dans quelques cercles, est déjà très
commenté; quelques instants après, un second incident
dn même genre eut lieu.
Guillaume, en présentant Léon XIII la tabatière
ornée de diamants qu'il lui offrait, la laissa aussi tom
ber de ses mains.
Que de présages de mauvais augure on aurait trouvés
autrefois dans ces petits accidents, qui passent, bon
droit, aujourd'hui, pour n'avoir aucune importance
Et la pluie qui tombe verse depuis deux jours et
qui oblige l'empereur rester au Quirinal, malgré les
sollicitations du roi Humbert, qui, lui, paraît-il, adore
se promener sous la pluie
Le corps diplomatique assistait avant-hier soir, la
fête du Capitole, mais il n'a pas été présenté l'empe
reur. La France, la Russie et l'Angleterre, qui n'ont
pas leurs ambassadeurs en ce moment Rome, étaient
représentées par leurs chargés d'affaires.