48e ANNÉE. 21 Octobre 1888. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. Un aveu. l\° 85. Dimanche, 6 FRANCS PAR AN. VIRES ACQUIRIT El'NIK). Heures de départ cTYpres pour Popennghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 Ypres, le 20 Octobre 1888. Loin de vouloir monter la corde pour s'y tenir seulement en équilibre, après avoir annonce, avec grand fracas, qu'il allait surpasser le célè bre Blondin, M. Picard ne s'est pas même pré senté sur la scène. Pour récompense de tant de bravoure, l'ogre du libéralisme n'a recueilli qu'huées et risees de tous les coins du pays. lin 'en pouvait être autrement. C'est la ré ponse au manifeste de cet homme phénoménal, de ce penseur privilégié, qui se décerne lui- même toutes les connaissances humaines dans la perfection. Dès lors quoi d étonnant qu'en 1882, il ait annoncé, au son du tambour, que la question cléricale était résoudre en un tour de main. Aujourd'hui, enhardi par les sophis- mes, il ne rougit pas d'annoncer que le parti libéral, dont il est issu, n'a fait autre chose que déchaîner sur le pays la guerre civile des âmes, pire que la guerre civile des rues Ce langage insensé, c'est de l'effronterie dont on trouve peu d'exemples dans la vie politique. Si aujourd hui il lance pareilles bourdes la face de l'opinion libérale, quoi devons-nous nous attendre, si un jour il peut décrocher la timbale de ministre dans un cabinet clérical Nous espérons pour l'honnêteté politique, que M. Picard pourra vaquer longues années encore son étude d'avocat avant de devenir ministre et que sa chute servira de leçon ceux qui voudraient l'imiter. Il est vrai, cette candidature hybride est tombée sous la réprobation publique, mais ce n'est pas assez. En présence du passé de M. Picard, dont l'unique préoccupation est de rechercher les moyens les plus pratiques pour satisfaire une vanité personnelle, en se souciant de l'indépen dance du pouvoir civil comme Collin Tampon, en présence de l'apparition d'une candidature cléricale prononcée, nous eussions dû voir plus. La saine raison eut dû dessiller les veux, faire disparaître les idées utopistes de l'hôtel continental. Avec un ensemble parfait, tout ce qui a nom de libéral dans la capitale eût dû se rallier la candidature de M. Graux, l'homme gouvernemental par excellence, la fois adepte convaincu de toute idée de progrès possible et pratique. Mais non, Bruxelles, qui a également com me Paris la prétention de se voir qualifier le cœur et le cerveau du pays, il faut du nouveau, du bizarre, qui feraient rire tout le monde, y compris les patrons de ces bizarreries, si celles- ci étaient pratiquées dans un pays comme la Chine. C'est arrivé ce point, que les hommes de l'Association libérale, les indépendants, les cléricaux ont si bien trituré la pâte électorale dans l'arrondissement de Bruxelles, que ceux qui ne sont pas de la capitale, ni du pays, y perdent leur latin pour expliquer ce gâchis. Bien n'est cependant plus vrai. En effet, en analysant le manifeste de M. Picard, comment s'imaginer que les libéraux se laissent engluer par des idées ou des principes qui ne peuvent résister au moindre examen. Nous y lisons, que nos luttes s'alimentent deux ordres d idées les questions d'utilité so ciale et les questions clerico-libérales que les secondes ont dominé les premières. Sauf les politiciens de comédie, chacun sait ici que toute question sociale tourne sur un pivot politique. Ainsi par exemple l'enseigne ment, que les pouvoirs publics sont obliges de donner au peuple, n'est-il pas combattu par le prêtre, depuis l'école primaire jusqu'à l'univer sité, qui prétend seul avoir le devoir d'instruire? Nos élections qui n'ont rien de commun avec la religion, nesont-ce pas les prêtres qui les con duisent, qui en ont la direction et dans une grande partie du pays le monopole La lecture d'un journal politique, défendant la Constitu tion, partant libéral, n'est-ce pas le prêtre qui en defénd la lecture sous peine de refus de sa crements de l'église Une société d'amusement, non inspirée par la sacristie, n'est-ce pas le prêtre qui en defend l'accès La bienfaisance publique pour laquelle il faut le dévouement de tout le monde, n'est-ce pas le prêtre qui en veut la direction et le monopole son profit exclusif? Les faveurs, les places gouverne mentales, qui sont le propre de tous les belges, n'est-ce pas le prêtre qui veut qu'elles soient données aux hypocrites, munis d'un billet de confession? Dans tout, tout en un mot, qui a trait la I vie civile et politique, ne rencontre-t-on pas la prépondérance du prêtre? L'armée n'est bonne rien, n'est propre rien, que lorsqu'elle est [lourvue d'un aumônier. Les cafés, les cercles, es établissements de consommation ne peuvent être fréquentés, que lorsqu'ils sont placés sous l'invocation de S'Joseph. Le droit l'éleclorat suivant le prêtre ne doit-il pas être donné aux ignares Nous défions M. Picard de trouver une seule question sociale, qui soit exempte d'une pré tention cléricale. Nous nous trompons. Le pourfendeur de la doctrine peut avoir raison dans la question des hommes qui le poursuivent. Le grand homme par vanité ne rêve que ministère. Il est trop absorbé par son idée fixe pour voir que dans son futur hôtel de la place royale le prêtre a pris possession de toutes les places. X. Enfin, c'est toujours cela; un peu la fois et peut-être y arriverons-nous tout-à-fait. Le Journal d'Ypres reconnaît que s'il n'y a de boni que l'excédant du dernier exercice, il est évident que le boni de la caisse communale au 31 Décembre 1887 était de fr. 45,476-79. Il trouve même que la conclusion est d'une éclatante évidence. Nous sommes heureux d'être parvenu le ti rer de l'erreur dans laquelle il s'obstinait au grand dam de sa réputation financière et de lui eviter désormais de retomber dans cette co lossale hérésie, savoir que pour avoir la situa tion exacte un moment donné, il faut ajouter et toujours ajouter les uns aux autres les excé dants des exercices antérieurs, comme il le faisait avec un aplomb qui nous faisait presque désespérer de le convertir. Au fond, le Journal d'Ypres doit nous savoir gré du service que nous lui avons rendu et nous n'aurions nullement été surpris de le voir nous remercier avec effusion. Un service vaut toujours un remercîment, même quand l'amour propre est quelque peu en jeu. Mais non, et c'est triste constater, le Journal n'est pas très reconnaissant et tout en nous donnant raison, il ne le fait pas de bonne grâce. Enfin on est comme on est et nous ne nous flattons pas de changer la feuille qui, toute sainte qu'elle est, a ses petits défauts comme un autre. On ne doit pas être trop difficile dans ce bas monde. Nous disons donc que le Journal ne se rend pas de bonne grâce et la preuve, c'est qu'il en revient encore une fois aux 80,000 francs dont a parlé M. Vanheule en 1887. Il avoue s'être trompé et que ce n'est pas fr. 125,000, comme il l'avait calculé, mais fr. 45,476-79 comme nous le lui avons démontré, qui est l'excédant de 1886. Ceci, il le comprend, mais ces 80,000 francs, cela le chipote et met son esprit l'en vers; on dirait qu'il ne comprendra jamais. Oui, fait-il, c'est comme vous dites. mais alors comment expliquer qu'en 1887, M. Vanheule se vantât (aïe d'avoir un boni de 80,000 francs Voici comment le boni existait la fin de 1886. C'est avec ce boni qu'on est entré dans l'exercice de 1887. On disposait donc de ce boni pour faire en 1887, en 1888 et peut-être plus tard, ce que l'on avait faire. Est-il, dès lors, étonnant qu'en 1887 M. Vanheule se soit vanté ou ait parlé de ce boni Ainsi, M. Vanheule ne mentait pas, comme vous l'insinuez charitablement et ces fr. 80,000 étaient bel et bien la fin de 1886 l'excédant total de 1886 et des années antérieures, comme nous vous lavons expliqué; de même que fr. 45.476-79 représentaient cet excédant la fin de 1887, c'est à-dire comme vous le dites, fr. 34,500 de moins que l'année précédente et cela vous ne comprenez pas encore, puisque PROG PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la Insertions Judiciaires la ligne Pour les annonces de France Marché aux Herbes. igne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. un franc. et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, 4-00 6-42 - 9-05 9-58. Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-42. Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20 7-50. Comines, 5-30 - 8-05 8-20 - 9-58 10-10- 11-16 2-41 2-53 5-20 7-50 8-58. Comines-Armentières, 5-30 8-0511-16—2-538-58 Roulers, 7-45 10-45 12-20 4-10 6-42. Langemarck-Ostende,7-16 -9-5712-17 3-56 6-21 8-14. Courtrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-41 5-20 7-50. Courtrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-16 2-41 5-20. Courtrai-Gand, 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20. Comédie au début, comédie l'action, comédie la fin.

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Le Progrès (1841-1914) | 1888 | | pagina 1