Chemin de fer.
Résumé politique.
\o 94. Jeudi,
48e ANNÉE
22 Novembre 1888
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Tout nouvel abonné d'un an au
PROGRÈS recevra gratuitement le journal jus
qu'au F Janvier prochain.
Heures cle départ d'YpREs pour
Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
Les nouvelles politiques ne sont pas rassuran
tes. L'Europe est dans un état de malaise indé
fini et vague qui permet de tout craindre. En
dépit des déclarations plus ou moins pacifiques
qu cette époque de l'année où se rouvrent les
Parlements, il est d'usage de faire du haut de la
tribune aux harangues, on entend partout le
bruit sourd des canons en marche.
C'est un peu comme la chanson de don Juan
dont parle Musset l'air et les paroles ne s'ac
cordent pas ensemble. Ici les paroles ministériel
les sont en général rassurantes mais l'air qui
les accompagne n'est pas gai.
Il semble bien que la Russie masse en ce mo
ment des troupes du côté de la Pologne et de la
Galicie les journaux officieux russes essaient
de diminuer l'importance des mouvements opé
rés, ils prétendent qu'ils sont uniquement déter
minés par des raisons de convenance intérieure.
Il est fort possible et il est difficile de scruter les
reins et les cœurs des dirigeants russes. Il n'y
aurait assurément pas lieu de s'inquiéter, s'il ne
s'agissait ici que d'un phénomène isolé mais
cet anneau-ci est relié.une série d'autres dont
l'ensemble forme une chaîne fort peu rassurante.
Dans la situation actuelle de l'Europe, il est
puéril de dire que la paix soit assurée. On dirait
d'une partie d'echecs où les adversaires avancent
patiemment des pions en apparence inoffensifs,
mais qui tout 1 heure feront place aux pièces
maîtresses. Adviendra-t-il quelque événement
qui réduira au néant toutes les savantes combi
naisons qu'échafaudent en ce moment les diplo
mates et les chefs d'état-major? Nous voulons
encore l'espérer, mais nous ne pouvons y croire.
On sait que, dans le dernier discours prononcé
par M. Goblet, la Papauté a été traitée de façon
tort aimable. Les politiciens courte vue en ont
seuls pu être effarouchés. En réalité, M Goblet
avait de fort bonnes raisons pour parler comme
il l'a fait. La politique intérieure, surtout dans
un pays aussi menacé que l'est la France, est
fatalement dominée par la politique extérieure.
La question d'existence prime toutes les au
tres, et, dans les relations qu'entretient un pays
avec ses voisins, c'est son existence même qu il
s'agit d'assurer et de garantir.
La France, plus qu'aucun autre pays, doit
tenir compte des moindres éléments d'influence
qui sont de nature la fortifier. La papauté,
pour n'avoir pas de puissance temporelle, n'en a
pas moins dans certains pays qui sont les adver
saires naturels de la France, une influence con
sidérable. M. de Bismarck en est certainement
convaincu, lui qui, aux dernières élections du
Reichstag, n'hésitait pas faire appel Léon
XIII, pour amener composition les ultramon-
tains allemands.
La visite qu'a faite récemment le jeune empe
reur d'Allemagne Rome a, comme nos lecteurs
le savent, fortement mécontenté Léon XIII, et il
semble que le souverain pontife ne se fasse plus
guère illusion sur l'appui que pourrait éventuel
lement lui apporter le gouvernement impérial
pour la restauration de son pouvoir temporel.
C'est vers la France ou vers la Russie qu'il
tourne actuellement ses espérances. Les rapports
entre la Russie et le Vatican, pour le rétablisse
ment des légations respectives sont, dès a pré
sent, officiellement engagés. Et des dépêches,
des nouvelles venues un peu de tous côtés, le
langage tenu différentes reprises par le pontife
et celui de ses organes attitrés, nous ont suffi
samment renseigné sur le rapprochement qui est
en train de s'opérer entre le Vatican et la France.
On comprend dès lors le langage officiellement
respectueux que vient de tenir, en parlant de la
papauté, le ministre des affaires étrangères de la
République française. Et les républicains qui
ont voté le maintien de la légation française
auprès du Vatican, ne l'ont pas fait par amour
du pouvoir temporel mais simplement pour
faire pièce l'Allemagne et son alliée, l'Italie.
Ce n'était point une question de principe qui
était en jeu, mais bien une question d'intérêt et
d'influence.
Ypres, le 21 Novembre 1888.
N'était-ce pas César Borgia, demande la
Gazette, qui comparait l'Italie un artichaut et
se vantait de la manger feuille feuille?
Ainsi font nos doux maîtres l'égard de
l'enseignement public.
Le Moniteur vient de publier le résultat des
examens de sortie des établissements normaux
pour la formation d'institutrices et d instituteurs
primaires.
Tandis que les écoles agréées ont pu délivrer
537 diplômes, les écoles officielles n'en ont réuni
que 276, soit un peu plus de la moitié.
Et encore, parmi les 537 diplômés des écoles
agréées, il n'y en a que 66 qui sortent des
auatre établissements tendances libérales
'Anvers, de Namur et de Bruxelles. Les 471
autres ont été façonnés la bonne cause, dans
les pépinières épiscopales.
Depuis, le gouvernement a détruit la sour
dine deux nouveaux établissements officiels. Et
l'on prétend aujourd'hui que, dans certains
milieux on songerait se débarrasser des char
ges entraînées par le maintien de nos dernières
ecoles libérales.
Soyons indiscrets et disons ouvertement qu'il
est question de supprimer celle de Namur et les
deux écoles normales de Bruxelles. Subsisterait
donc la seule école d'Anvers, qui n'a fourni,
i cette année, que deux instituteurs.
Pour peu que les coupes sombres de l'Etat
i continuent et elles continueront, il ne
restera plus aux communes libérales qu'à...
choisir leurs instituteurs parmi les créatures
des évêques. Et ainsi sera triomphalement
accomplie la cléricalisation forcée des centres
libéraux.
Alors peut-être on s'apercevra que, par
d'imprévoyantes mesures d'économie, l'on a
bien réellement perdu «l'esprit de nos enfants»,
et pour bien des années, car supposer que le
parti libéral, sorti de ses divisions, ressaisisse
enfin le pouvoir, un nouveau personnel ensei
gnant, imbu d'idées saines et de principes
tolérants, ne se façonnera point du jour au
lendemain.
Oh! l'éternelle formule de Bastial Il y a ce
que l'on voit et ce que l'on ne voit pas.
Ce que l'on voit Bruxelles, c'est une dimi
nution apparente du budget; ce que l'on ne voit
pas, c'est le flot montant de l'ultramontanisme,
qui finira par nous noyer, notre budget compris.
Nos maîtres sont d'habiles gens
Les richesses du clergé en 1789.
Au moment où les feuilles cléricales contes
tent la légitimité des décrets de 1789, qui ont
réuni les biens ecclésiastiques au domaine de
l'Etat, il importe de savoir quelles étaient en
France, cette époque, les richesses du clergé.
Voici d'abord, d'après le Grand Dictionnaire
deMoreriédition de 1759, conforme celle de
1732, un aperçu des biens que le clergé possé
dait en France au commencement du siècle
dernier
Notons que depuis lors la valeur de l'argent a
diminué et la valeur des loyers et des denrées
a augmenté dans une énorme proportion.
Dans cette déclaration de 1655 n'étaient point
compris les forêts, les bois de haute, moyenne
PROGRÈS
VIRES ACQUIRIT EONDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
Insertions Judiciaires la ligne un franc.
Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89,
Marché aux Herbes.
4-00 6-42 - 9-05 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 12-07 6-42.
Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20 7-50.
Comines, 5-30 - 8-05 8-20 - 9-58 10-1011-16
2-41 2-53 5-20 7-50 8-58.
Comines-Armentières, 5-30 8-0511-162-538-58
Roulers, 7-45- 10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42
Langemarck-Ostende,7-16 -9-5712-17 3-56 6-21
8-14.
Court rai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-41 5-20
7-50.
Courlrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-162-41 5-20.
Courtrai-Gand, 5-30 8-20 11-16 2-41 5-20.
Les coupes sombres de l'enseignement.
ggjaaoaaoaooaas
Les archevêques et évêques ont plus de 40,000 cures
ou paroisses. Il se trouve 1,356 abbayes, 12,400 prieurés,
256 commanderies de Malte, 152,000 chapelles, ayant
toutes des chapelains quoi il faut ajouter les abbayes de
religieuses, dont le nombre est de 1,057. Outre cela, il y
a 700 couvents de Cordeliers, et le nombre des Jacobins,
Carmes, Augustins, Chartreux, Célestins, Minimes et au
tres religieux monte 14,077 couvents.
j> Tous ces gens d'église possèdent ensemble 9,000 châ
teaux et maisons avec moyenne, haute et basse justice. On
compte 252,000 métairies et 17,000 arpents de vignes,
qui sont baillés ferme, sans comprendre 3,000 arpents
où ils prennent le tiers et le quart.
Le revenu de tous ces biens ecclésiastiques monte
92,000,000 d'écus ou 276,000,000 de livres, outre les ré
serves de baux qui vont 12,000,000 d'écus ou 36,000,000
de livres.
Ce qui fait en tout un revenu de 312,000,000 de li
vres.
Cette supputation (continue l'auteur) a été extraite des
Mémoires de l'Assemblée du clergé de France, tenue
Paris en 1655. Mais comme la France s'est depuis agran
die par les conquêtes de Louis XIV, il y a un plus grand
nombre de paroisses et les revenus sont de beaucoup
augmentés depuis ce temps-là.