48e ANNÉE.
9 Décembre 1888.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
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Ypres, le 8 Décembre 1888.
Talleyrand a dit la parole est donnée
l'homme pour déguiser sa pensée.
Ce principe du plus pur jésuitisme trouve son
application journalière dans tous les actes poses
par les cléricaux. La discussion publique du
budget de votre ville nous en donne de nouveau
un exemple frappant dans la personne de M.
Colaert.
Le désir du grand maître de la province, M,
levéque, c'est la disparition du Collège commu
nal et des autres établissements d'enseigne
ment public, souvent cités exemple et qui
font aussi tâche noire sur la carte de notre
Flandre.
M. Colaert, lui qui sort de la classe bour
geoise et qui doit tout Instruction, devrait
être le dernier vouloir porter une atteinte
quelconque n'importe quel établissement
d'enseignement public
Il en serait naturellement ainsi, malheureu
sement M. Colaert, poussé au pinacle de la
chose publique de par la volonté du grand
maître provincial, lui est tout redevable et ne
peut agir que par son inspiration. C'est un
ordre serviie qu'il exécute aujourd'hui en de
mandant fallacieusement, sous prétexte d'éco
nomie, la suppression du pensionnat.
C'est sous le même prétexte d'économie que
les cléricaux ont fait disparaître la loi de 1879
sur l'enseignement primaire, pour mettre sa
place la loi de 1884. Celle-ci, modèle de jésuitis
me, admet tout. Elle a donné pour résultat la
destruction de l'instruction populaire et sous un
simulacre d'économies a doublé, triplé, qua
druplé l'intervention des villes et communes.
La paix scolaire a été encore un mensonge,
car malgré quatre années de domination cléri
cale par les écoles adoptées, nous voyons tou
jours ces infâmes persécutions de familles,
d'instituteurs, partout où il existe encore un
enseignement communal sérieusement établi.
Cest le même sort que les cléricaux réser
vent la ville. Si jamais ils parvenaient la
majorité dans le Conseil communal, le pen
sionnat, le collège, l'école moyenne et toutes
nos belles institutions d'enseignement, qui font
aujourd'hui notre gloire, seraient balayées sous
prétexte d'économie et feraient place des
établissements adoptes qui, ici comme ailleurs,
absorberaient le plus clair des revenus de la
ville. Alors on ne parlerait plus d'économie.
Le mot aurait vécu, mais aussi il aurait pro
duit son mal. Qu'on n'oublie
exigences cléricales visent
complète de l'enseignement pu
amais que les
destruction
jlic et que la
soif de l'or de nos maîtres est insatiable.
D'après les principes du cléricalisme, la ville
qui alloue des bourses d'eludes aux enfants du
peuple, commet un crime, parce qu'en général
ces personnes mènent une vie politique indé
pendante. La distribution de ces faveurs doit
échoir l'évêque, lui le grand dispensateur
des bourses des collèges épiscopaux, du sémi
naire et de l'enseignement supérieur. Ah, si
nous pouvions von la comptabilité diocésaine,
comme nous voyons celle de la ville, nous pour
rions nous expliquer bien des événements qui
se déroulent périodiquement sous nos yeux.
Nous verrions ainsi nu les ficelles qui font
danser nos pantins. X.
La discussion du budget communal pour 1889
s'est terminée Samedi lr Décembre. On avait
annoncé, avant cette séance, sons de trompe
catholique, qu'il allait faire chaud et que M.
Colaert allait passer sa rapière travers tous les
articles du budget. On était accouru ce
spectacle sans précédent dans les annales com
munales la garde catholique au complet
escomptant d'avance, avec une satisfaction non
dissimulée, les horions qui allaient pleuvoir sur
ce pauvre Conseil. On se figurait déjà une baleine
glissant sa croupe sous le navire communal et
roulant, d'un coup de queue, dans le fond de la
mer, jusqu'au dernier homme de l'équipage
Hé bien ce qui est arrivé était prévu. Quel
ques escarmouches sur l'enseignement laïc
quelques coups de boutoir, sans portée, aussi
promptement parés que lancés bref la monta
gne accouchant d'une souris et c'est tout. Ce qui
fait dire au Journal d'Ypresdéconfit toutes
n les demandes d'économie faites par M. Colaert,
il a été répondu par des fins de non-recevoir.
Demandes d'économie, on sait ce que cela veut
dire. Traduction littérale: suppression des écoles
laïques et remplacement par les religieux et les
religieuses en d'autres termes encore, transfert
des dépenses actuellement faites au profit de
l'enseignement officiel aux établissements de
Monseigneur. Connu, beau masque.
Et pour cacher sa déconvenue, le Journal
d'Ypres, s'accrochant un mot de M. Bossaert
qui, abondant dans le sens des économies, du
reste désirées par tout le monde, fait semblant
d'y voir de la part de l'honorable échevin un
aveu d'exagération de dépenses.
Que M. Bossaert ait déclaré que les dépenses
sont relativement élevées, hé bien et puis
Il est évident que quand on a organisé les
écoles, les institutrices trouvant facilement se
placer cette époque et partout des prix en
rapport avec le3 demandes, il a fallu se sou
mettre aux exigences du moment, si on voulait
un enseignement sérieux. Maintenant il n'en
serait plus de même. Le ministère catholique
ayant fait sa petite loi au profit des religieuses,
celles-ci ont en grande partie remplace les in
stitutrices officielles. De là un stock disponible
dont dans la suite on pourrait profiter, les
institutrices étant soumises comme le reste la
loi économique qui établit des rapports con
stants entre l'offre et la demande.
C'est le fond de la pensée de l'honorable
échevin et il n'y a que le pieux organe de NN.
SS. les Evêques, pour la travestir.
Nous y reviendrons, dit le Journal.
Est-ce que c'est pour rectifier les chiffres qu'il
a si honnêtement falsifiés
Tous ces chiffres ont été mis en pleine lumière
au cours de la discussion du budget, conformes
ceux avancés par nous dans nos numéros pré
cédents, aura-t-il la loyauté de le reconnaître
Il n'a pas répondu notre défi, prétextant que
les paris ne sont pas d'usage en polémique de
presse, comme si le mensonge était de haute
mode, répondra-t-il maintenant au budget
M. Beernaert a annoncé avec grand fracas que
les comptes de 1887 se soldent avec un boni de
14 millions. Certains journaux catholiques qui
prétendent en savoir plus que le chef du cabinet,
disent 18 millions, d'autres 33 millions, 300
mille francs, 55 centimes.
Tout cela prouve un beau zèle de la part de
ces organes dévoués la bonne cause leur ho-
sannah ne saurait être trop sonore; mais mettons
que le ministre des finances soit un habile finan
cier et que de l'aveu de ses thuriféraires il ne
sache pas compter, ce qui paraît assez extraor
dinaire, qu'en conclure Qu'il y a un boni, voilà
tout.
Et d'où vient ce boni On l'a dit, il provient
des impôts votés sous le ministère Graux, lesquels
impôts ont été combattus par les cléricaux, M.
Beernaert en tête, et puis maintenus et propre
ment encaissés par ces pince-sans-rire qui se
posent en sauveurs de la société, de la morale et
des finances, et qui, non contents de profiter des
cadeaux eux légués par M. Graux, réduisent
les petits revenus de la petite épargne par la
conversion de la dette publique. Le tour de
passe-passe n'est pas complet il ne suffit pas de
ruiner le petit rentier, il faut encore ruiner les
communes; on réduit le budget de l'instruction
et on endosse une partie des frais de l'enseigne
ment aux communes. Ce n'est pas plus malin que
ça. Mais on a de l'argent en caisse; on a un boni
et on se proclame Colbert II.
Et le public qui ne voit pas plus loin que le
bout de son nez, de se pâmer d'admiration de
vant tant d'habileté
Soit, et constatons qu'il y a un boni dans la
L
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