49e ANNÉE. 28 Février 1889. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. La paille et la poutre. L'Eau et l'Industrie. l\° 17. Jeudi, J-4-» 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQU1RIT EPNRO. Ypres, le 27 Février 1889. Le Journal tfYpres attaque M. Desimpel, juge de paix Messines, parce qu'il a assiste au Congrès progressiste. Le Journal d'Ypres trouve ce cas pendable, parce qu'une circulaire minis térielle défend aux fonctionnaires de se jeter dans la mêlée des partis. Mais, que le pieux Journal jette un peu un coup d'oeil dans son entourage, avant d attaquer autrui N'a-t-on pas vu naguères un médecin militaire, au mieux avec la sainte séquelle, se rendre Wer- vicq avec les sommités catholiques pour y faire de la propagande? N'a-l-on pas vu, de môme, certain conservateur des hypothèques, de la plus belle couleur cléricale, s'occuper de poli tique militante Aux dernières élections com munales, (le Progrès a même signalé ce fait), n'a-t-on pas vu un inspecteur de l'enseigne ment, manifester, avec des cléricaux, aux fenêtres de certaine maison de la Grand'Place Et les prêtres, s il vous plaît, les prêtres dont le titre est absolument devenu le synonyme de sectaires politiques, (j'entends parler exclusi vement des prêtres catholiques), ne sont-ils pas des fonctionnaires, des salaries de l'Etal Voilà un ensemble de courtiers électoraux de la plus belle eau. Pour eux, la circulaire ministérielle était (et est) lettre morte, comme dit le Journal. Mais le Journal d'Ypres n'aurait garde de la leur rappeler. Et notons bien que leurs faits et gestes tombent bien mieux sous l'application de la circulaire, que le simple fait d'assister une réunion politique. Assister une réunion n'est pas précisément se jeter dans, la mêlée des partis. Le Journaldans son article de Samedi passé, fait un rapprochement très spirituel son avis) entre les mots juge de paix et les mots image de la guerre. Que c'est donc beau Le juge de paix est ainsi nommé parce que la principale de ses attributions consiste amener la paix, la conciliation entre les parties. Les parties ne sont pas les partis. Qu'est-ce que les fonctions d'un juge de paix peuvent avoir decommun avec uneréunion guerroyante ou non Les mots paix et guerreainsi rap prochés, constituent un non-sens, et de plus, une sottise. Mais, dites-donc, ami Journalvous qui éprouvez une sainte horreur pour les person nalitéscomment appelez-vous votre attaque contre M. Desimpel Il me semble que c'est bel et bien une personnalité. Les personnalités vous sont donc permises vous, mais pas nous? Oh! nous connaissons de longue date votre manière de voir ce sujet, mais vous ne nous avez jamais fourni meilleure occasion de la constater et de la signaler. Connaissez-vous, Journal, mon ami, qui avez si adroitement demandé des explications concernant M. Desimpel, connaissez-vous cet adage In oculo suo digitum introduxit usque ad humerum Eh bien faites-en votre profit. Comme nous l'avons promis dans notre nu méro du 21 Février dernier, en annonçant la publication du remarquable ouvrage de notre savant concitoyen, M. Annoot, sur le régime des eaux, nous nous faisons un devoir, bien doux remplir, en esquissant grands traits l'impres sion que ce travail de bénédictin a laissée en nous. Tout d'abord, nous n'hésitons pas dire que L Eau et l'Industrie est ce qu'il y a déplus com plet en la matière. Aussi profond par la pensée qu'élégant par la forme, ce livre charme, en traîne et ne vous laisse de repos que vous ne l'ayez lu jusqu'au bout. C'est que M. Annoot a un talent d'exposition, une simplicité de déduc tion, une force de logique qui vous mène,malgré vous si vous n'y prenez garde, au point précis où il s'est proposé de vous conduire. C'est peut- être un danger, c'est en tout cas une etude agréable. Un danger, si les prémisses sont boi teuses, ce que nous ne disons pas; une étude agréable, parce que le livre pétille d'enseigne ments utiles et, qu'inspiré par l'amour du bien, il n'a en vue dans chacune de ses pages, que la prospérité de notre chère ville Et quel titre, quels mots magiques I*f'!au et l'Industrie Quoi de plus alléchant L'eau, cette boisson claire, fraîche et saine, qu'on vous promet en abondance! Et l'industrie qu'on fait poindre dans un avenir prochain! C'est la santé, c'est la vie! c'est l'aisance, c'est la richesse! En faut-il plus pour assurer ce livre un succès mérité Aussi prédisons-nous, que par sa forme et sa substance, par son but et son érudition" L'Eau et VIndustrie est un trésor auquel on puisera long temps encore, ici et ailleurs. M. Annoot examine la question des eaux sous toutes ses faces e'. c'est là son grand mérite. 11 suffit de parcourir son ouvrage pour se faire une idée combien cette question est compliquée, combien sa solution impose de prudence. Et pourtant avec quelle légèreté n'est-elle pas sou vent traitée, même par les gens les moins com pétents. On comprend maintenant pourquoi tant d'administrations se sont succède, ont hé sité et se sont finalement abstenues. Pourtant il fallait en finir avec cette éternelle question des eaux qui reparaissait sans 'cesse et était sans cesse remise des calendes indéterminées. Ce sera la gloire de l'administration actuelle d'avoir pris le taureau par les cornes. Ce sera au public et la postérité dire si elle a bien fait ou mal fait si le parti auquel elle s'est arrêtée, est le vrai ou non; et ce parti est-il définitif ou appelle- t-ii des améliorations, un supplément Toutes questions que nous n'oserions ni ne saurions ré soudre, mais que le livre de M. Annoot servira éclairer d'une lumière nouvelle. Déjà mainte nant nous pouvons dire que dans leurs traits essentiels, les idées du savant professeur concor- dent assez bien avec ce qui a été fait, et qu'à part quelques détails, comme il arrive dans tout tra vail de cette importance, l'auteur àe^L'S-au et l'Industrie no«ûurait blâmer absolument les ef forts tentés jusqu'à ce jour. Nous savons bien qu'il y a mieux faire, plus grand et ]lihs coû-^ teux aussi, mais eu égard aux dépenses considé rables qu'occasionnerait un système parfait (et serait-il parfait malgré ce surcroît de dépenses?) le mieux, ici comme en beaucoup de choses, ne serait-il g&s l'ennemi du bien Il est vrai M Annoot n'admet pas un système de distribution dans lequel un seul de nos étangs soit relié la canalisation intérieure et il considère, par consé- Suent le raccordement de Zillebeke comme evant avoir lieu dans tous les cas. Il n'hésite rait pas opérer ce raccordement d'ailleurs peu coûteux immédiatement, et sans attendre le résultat des études entreprendre sur la ques tion des eaux. M. Annoot raccorderait donc purement et simplement l'étang de Zillebeke, la question du dévasement soit de l'un, soit de l'autre étang, dit-il, étant réservée pour l'avenir. Dans son exposé sur la question de l'amélioration et de la distribution des eaux alimentaires présenté au Conseil communal en Septembre 1877. M. Yanheule proposait, entr'autres choses, l'établis sement d'une nouvelle canalisation (celle qui existe maintenant) qui puisse servir également, en cas de besoin, 1 alimentation de la ville par les eaux de Zillebeke. Dans cet exposé, de même que dans le projet Annoot, la question du déva sement était réservée. Comme on voit ce projet était entrevu déjà en 1877. Nous avions donc raison de dire qu'il y a quelque parenté entre les idées d'alors et celles émises aujourd'hui par M. Annoot. On n'a pas donné suite immédiate cette idée, pourquoi A-t-on voulu avant tout juger de l'effet que pou vait procurer l'étang de Dickebusch, alimentant lui seul la ville, quitte compléter le travail, au besoin On est tenté de le croire, considérer les termes de l'exposé ou bien a-t-on été arrêté par des doutes sur l'efficacité ou l'utilité de ce moyen, la jonction de l'étang de Zillebeke la canalisation intérieure Peut-être bien. Quoi qu'il en soit, l'idée était pendante. Nous en dirons quelques mots dans un prochain article. Ce qui est noter, avant d'aller plus loin, et c'est là un point important et que nous aimons relever dans l'ouvrage de M. Annoot, c'est que l'ancienne distribution était devenue tellement surannée était tellement usée délabrée et Ïileine de dangers pour la santé publique que 'administration, en la remplaçant par une nou velle, a fait courageusement son devoir. Elle savait combien sont mal accueillies les nouveau tés quî coûtent la poche du contribuable, alors même que c'est dans l'intérêt suprême de la chose publique elle sà'vàif qu'elle y laissait une partie de sa popularité. Elle a sacrifié celle-ci pour celle-là, n ayant d'autre ambition que la conscience du devoir accompli. C'est ce qui a inspiré M. Annoot les lignes suivantes que nous nous plaisons reproduire Nous considérons comme un devoir de jus- tice, dit-il, de rendre hommage au Collège des Bourgmestre et Échevins et au Conseil com- munal, qui ont abordé et en grande partie résolu le difficile problème de la distribution d'eau en notre-ville, devant lequel leurs devan ciers avaient reculé depuis deux siècles. La ville d'Ypres possède aujourd'hui, pour la distribution de ses eaux alimeiftaires, une magnifique canalisation, établie d'après les principes de la science modernê, et que la plu part des villes, même les plus importantes, peuvent lui envier. LE PROGRÈS ABONNElMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. mSm—mmi giigiiii in ig Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. (A continuer.)

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