N° 25. Jeudi, 49e année. 218 Mars 1889. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. L'Eau et l'Industrie. Vie SUITE. 6 FRANCS PAR AN. paraissant le jeudi et le dimanche. Ypres, le 27 Mars 1889. Nous voilà la quatrième brochure, qui traite de la question militaire. Cette fois ce n'est pas 1 homme de l'art, le spécialiste, qui fait enten dre la voix au sujet d'un nouveau système de recrutement. C'est l'homme funeste, qui repré sente les exigences du cléricalisme. C'est M. Woeste, l'exécuteur des volontés épiscopales, qui vient de faire connaître son avis par son appel au bon sens du public. Nous n'avons pas besoin de dire, quand nous arriverons la dixième brochure, que nous ferons une croix, nous pouvons placer cette croix immédiatement. M. Woeste a parlé, tout est compris. Borna locuta, causa finita. Dès aujourd'hui nous pouvons affirmer que le système actuel de remplacement sera mainte nu. La situation présente avec ses iniquités a seule l'heur de plaire nos maîtres, les èvè- ques, auxquels le projet d'Oultremont et autres n'inspire aucune confiance malgré ses immu nités ecclésiastiques et ses privilèges. Le mi nistère a été avisé de cette situation c'est pourquoi le général Pontus a exhumé une an- - demie circulaire du 23 Février 1850, portant iéfense ou plutôt réglant le droit d'écrire pour les militaires. Chose digne de remarque la brochure Woeste vient immédiatement après la circulaire Pon- lus.N'y a-t-il pas là une coïncidence prémédi tée? Nous la considérons comme l'expression lu cabinet et de la majorité parlementaire. A notre avis la personnalité de M. Woeste clôt le débat et fait au projet des sénateurs et repré sentants indépendants de Bruxelles un enterre ment de troisième classe. L'honorable ministre d'Etat, M. Bara, l'a dit. La question militaire n'est soulevée que pour distraire les esprits et les détourner de la poli tique néfaste de nos gouvernants, qui ne sont au ministère, non par conviction mais par amour du pouvoir, des honneurs et du lucre. Ils ont rejeté leur foi politique pour pouvoir d'autant mieux jouer la comedie et ainsi satis— raire les curés et les vicaires qui ils sont seuls edevables de leur mandat législatif. Il n'y a qu'eux satisfaire. Places et faveurs sont réser vées leurs adeptes. Les libéraux sont devenus les parias de la famille belge et les nécessités le la patrie s'effacent devant les désirs d'un or dre tout fait secondaire. Cette situation ne peut se continuer qu'en maintenant cet abus de pouvoir du spirituel sur le temporel. La brochure Woeste tend cette fin en écartant toute question, qui serait capable de provoquer un sentiment d'indepen- dance au sein de la majorité parlementaire. C'est la raison pour laquelle M. Woeste affir me que la question militaire n'émeut pas le pays. Il n'y a d après lui qu'un mouvement fac tice, dont il ne faut tenir aucunevccmpte. Oui, nous le savons, par expérience, il n'y a de mouvement populaire réel, que lorsqu'il est provoqué par les evêques, les cures et les vi caires. Nous l'avons vu et constaté sous le régi me de la loi de 1879 et chaque fois que les libéraux ont occupé le pouvoir. C'est alors que les sermons deviennent des conférences politi ques et que nous entendons prêcher la révolte contre les lois. Aujourd'hui c'est le contraire qui existe. Nous avons un gouvernement clérical, les fanatiques obtiennent seuls les places, les élections dans la grande partie du pays se font avec le concours exclusif du clergé, qui règne en maître souve rain dans les campagnes. Dès lors M. Woeste a cette conviction, qu il ne pe.it exister un mou vement populaire reel. Quoique cette situation pénible, qui nous est faite, soit le résultat des dissidences de l'opinion libérale, qui n'a pas su distinguer les vraies figures qui se cachaient sous les masques cha que fois qu'une question politique ou économi que nous divisait, nous pouvons espérer qu'un jour l'union reviendra et alors que nous aurons assez de bon sens pour chasser les marchands du temple. X. De tout ce qui précède, il appert clairement, croyons-nous, que pour toutes les améliorations qu'il y a lieu de chercher notre distribution d'eau, c'est vers Dickebusch et non vers Zille- beke qu'il faut porter nos vues. S'il pouvait sub sister encore le moindre doute cet égard, nous ne désespérons pas de le voir se dissiper entière ment avant que nous soyons arrivé au terme de notre modeste travail. Quelles sont ces améliorations et, parmi elles, n'en est-il pas de plus importantes ou, pour mieux dire, de plus pressantes les unes que les autres Laissant de côté, pour le moment, cel les qui peuvent, sans inconvénient sérieux, être reléguées au second et même au troisième plan, le dévasement et pe ît-être l'endiguement, au moins partiel, de l'étang, constitueraient certai nement des ouvrages dont l'utilité est incontes table et de tout premier ordre. Que ce soient déjà des travaux importants et coûteux, qui le niera Mais on aura beau faire, ils s'imposent et plustôt on pourra les exécuter, mieux cela vaudra. Tous ceux qui se sont occupés de notre distribution d'eau sont unanimes ce sujet. L'unanimité ne disparaît que sur l'opportunité, la question d'argent ayant le don de paralfser?-.. les intentions le3 plus louables. Mais si, en dôvasant Dickebusch, les frais sont élevés, au moins les résultats sont certains, pal pables. Ici, rien n'est laissé au hasard et nous pouvons avoir tous nos apaisements, tant pour ce qui est de la quantité doc de la qualité de nos eaux. D'une pier.e on faitmbux coups, ce que ne saurait faire aucun des autres moyens mis en avant pour améliorer notre système. Par le dé vasement et l'endiguement qui en est le corol laire, pas de déboires possibles et on en aura toujours pour sôn argent. Et si l'on dévase c'est Dickebusch qu'il faifïtsàt nettoyer de préférence Zillebeke, car, part les autres raisons que nous avons déjà fait valoir en faveur de Dicke busch, il ne faut pas ignorer que Zillebeke est bien plus envasé que Dickebusch; il est vrai que le premier étang est plus petit que le second, partant plus vite nettoyé, et d'aucuns pour ce motif pourraient jeter leur dévolu sur Zillebeke; mais le motif n'est pas péremptoire, car si on raccordait ce dernier la canalisation de la ville, il faudrait se mettre le dévaser illico. Ce travail s'imposerait et,une fois achevé, tout serait-il dit? Nullement. On resterait malgré cela, malgré cette dépense dont nous ne pouvons fixer le mon tant, quoiqu'on en ait dit, devant un résultat in complet et qui réclamerait impérieusement son complément. Dans un avenir peu éloigné on se trouverait dans l'obligation de curer le second étang, celui de Dickebusch, et nous voilà forcés de nettoyer deux étangs au lieu d'un seul Cette double opération serait-elle bien justifiable, quand on peut faire avec moins Nous ne pen sons pas que quelqu'un s'avise jamais de soutenir qu'on peut se contenter éternellement d'un sys tème mixte, d'une demi mesure qui consisterait alimenter la ville au moyen d'un étang dévasé et d'un étang envasé, ce qui aurait pour résultat inévitable de ne pas améliorer la qualité de nos eaux. Il nous semble que signaler l'hypothèse c'est en faire justice. Et puisque nous parlons de la dépense qu'en traînerait le dévasement, il convient de placer ici une remarque générale au sujet des différen tes estimations sur lesquelles table M. Annoot pour établir le coût de tel ou tel travail d'amé lioration. Les chiffres sur lesquels se base l'au teur sont pris en général dans des rapports rédi gés par des ingénieurs qui se sont occupés des titres différents de nos eaux. Il est entendu que nous ne contestons pas d'une manière absolue l'exactitude de ces chiffres, parce que, avant de les contester, nous devrions pouvoir en établir d'autres, et ce travail là nous n'aurons garde de nous frotter, chacun son métier mais nous nous permettrons cependant de faire remarquer que toutes ces évaluations de dépenses ne résul tent nullement de l'étude de projets définitifs appropriés la situation qui nous occupe, mais sont des chiffres approximatifs obtenus par la comparaison des travaux exécuter ici avec d'autres travaux de même nature, nous le vou- dpns bien, mais exécutés ailleurs. Qu'on sache au juste ce que coûte le dévasement au mètre cube, et encore! Mais ici a-t-on jamais procédé un cu bage exact des terrassements exécumr^et puis de quand datent ces évaluations approximati ves, et ces diverses évaluations quels interval les ont-elles été faites Dans ces derniers temps ce genre de travaux a fait des progrès énormes la brouette d'autre fois est devenu la boite amadou de jadis et là plupart de ces évalua tions, si nous ne nous tronipons, datent de l'épo que de la brouette. Or, du moment que l'on fait entrer la dépense en ligne de compte dans le LE PROGRÈS VIRES ACQUIRIT EONDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. iout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insérions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes.

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Le Progrès (1841-1914) | 1889 | | pagina 1