49e ANNÉE. 18 Avril 1889, JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. Résumé politique. l\° 51. Jeudi, 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQCIRIT EPNDO. Le lecteur doit commencer trouver qu'on lui sert bien souvent des articles consacrés aux faits et gestes, propos et pensées du général Boulanger. Il est vrai que ce personnage centra lise en ce moment, par le caractère de la lutte qu'il a entreprise contre les institutions de la France, la curiosité, sinon l'intérêt. Il convient d'ajouter cela que, maintenant qu'il habite la Belgique, l'agitation qu'il entre tient autour de lui a pris une sorte de caractère local. Nous jouons dans le drame qui se prépare le rôle de spectateurs et nous sommes au premier rang des loges pour voir ce qui se passe. C'est ainsi que le discours prononcé Dimanche soir Versailles, au dessert d'un banquet bou- langiste, par M. Laguerre, avait été écrit Bruxelles par le général Boulanger. C'est lui qui a parlé par procuration. C'est même lui qui, également par procuration^ pré sidé le banquet. Il s'était fait remplacer pour cela par un général en retraite, M. le baron Rebillot, lequel a dit que si le général Boulanger était absent, c'est qu'il avait été contraint par ses devoirs de chef de parti se dérober non des juges, mais des ennemis, sinon des assassins. Le banquet, au demeurant, n'était qu'une protestation contre les poursuites dont le géné ral est l'objet. Le discours du général, lu par M. Laguerre, a été une dissertation assez longue et quelque peu confuse sur la révolution de 1789. Le but réel du discours est d'affirmer une fois de plus la politique républicaine du général. Il n'a plus, il ne veut plus avoir rien de commun avec les compromissions bonapartistes et orléa nistes. Le général se croit donc bien sûr de son affaire, qu'il rompt aussi ouvertement avec ses associés des luttes récentes Voici quelle est, d'après ce discours, la forme de gouvernement qu'il voudrait voir fonctionner en France Voilà qui est catégorique, et les prétendants bonapartistes et orléanistes savent quoi s'en tenir pour la lutte commune quand viendront les élections générales. Seulement, ce n'est pas la République telle qu'elle fonctionne aujourd'hui que veut fonder ou consolider le général. Voici comment il s'est expliqué ce sujet Ce discours était le dernier de ceux qui avaient été annoncés avant le départ du général Bou langer pour la Belgique. Il est probable qu'on trouvera bon de n'en plus faire avant la période électorale de la fin de l'été prochain. Si on laissait un peu la parole maintenant l'exposition du Champ-de-Mars Ypres, le 17 Avril 1889. Le Journal d'Ypres, profitant des examens électoraux qui viennent d'avoir lieu, consacre deux colonnes annoncer son avènement pro chain la Maison de ville. Cela ne peut man quer puisque ses amis y ont obtenu un succès comme on n'en vit jamais de pareil! Pensez donc 14 voix qu'il gagne là d'un coup, qui pourrait encore résister un assaut de ce genre Nous ne savons pas où le Journal a été puiser ses chiffres. A la lecture de son article qui nous a fait l'effet d'une grosse gasconnade, nous nous sommes adressé qui de droit pour connaître le résultat des examens électoraux et il nous a été repondu que le résultat total n'était pas encore connu; qu'on attendait tous les jours des nou velles que jusqu'ici on n'avait que des résul tats incomplets. Ainsi I heure qu'il est nous n'avons pas de chiffres officiels, il nous est donc impossible, moins de parler dans le vague, de discuter les chiffres fournis par la feuille cléri cale. Tout ce qu'il nous est possible de dire, «est que dès maintenant, en juger par les ré sultats partiels, acquis jusqu'à ce jour, l'article du Journal est de pure fantaisie et que, quoi qu'il arrive, il y aura beaucoup rabattre de ces rodomontades qui font hausser les épaules et qui n ont d'autre mérite que donner la me sure exacte de l'importance qu il faut attacher tout ce qu'écrit le pieux confrère. Le Journal cCYpres chante victoire, mais il chante faux, comme d'habitude. 11 se figure qu'à cause d'une moyenne favorable aux can didats-électeurs préparés par les catholiques, l'accusation d'ignorantisme toujours et partout lancée, comme il le dit lui-même, par le parti libéral l'adresse des cléricaux, soit devenue un non-sens. L'ignorantisme sera toujours l'apanage de l'enseignement des petits-frères, car c'est son essence. Le mot ignorantins n'im plique pas que ceux qui ce terme s'applique soient trop ignorants pour donner aux enfants une certaine instruction rudimentaire, pour préparer des jeunes gens un examen dont les matières sont déterminées Ce qu'on reproche aux ignorantins, ce sont les idées arriérées et fausses qu'ils inspirent leurs élèves ce sont les efforts qu'ils font pour écarter de leur esprit toute idée généreuse de progrès. Quand le Journal d'Ypres s'écrie qu'à chaque rencontre, dans les concours comme dans les examens électoraux, les catholiques battent victorieusement les écoles libérales, il ment. Ce n'est, du reste, pas la première fois. 11 a déjà soutenu triomphalement que les écoles libres l'avaient emporté, dans les concours, sur les écoles officielles. Nous avons démontré, par chiffres, et toute évidence, que ses affirmations manquaient absolument de sincérité et de bonne foi. En tacticien plus habile que loyal, il avait choisi les moyennes qui lui étaient favorables et écarté avec soin celles qui pouvaient lui nuire. Malgré notre démonstration, claire comme deux et deux font quatre, le Journal a encore eu l'effronterie de soutenir que nous lui avions donné raison et que nous avions été forcés de reconnaître la supériorité des écoles libres sur les écoles officielles. Le mot de la fin, dans ce débat, a été un article du Progrès intitulé Déloyauté. Cette fois, le Journal d'Ypres s'est tenu coi. Le plus drôle, c'est que, malgré tout, le Journal d'Ypres tombe en admiration devant lui-même et se trouve un petit air vain queur Ma foi, l'ami, vous avez du toupet et vous êtes franccomme un jeton Les libéraux, dit le Journal d'Ypres, n'ont jamais payé un rouge liard de leur poche pour leurs ecoles, et pour ce motif ils ont tort d'ac cuser les catholiques d ignorantisme Ce rai sonnement biscornu nous paraît sans réplique. Nous ferons cependant remarquer qu'il ne faut pas tant faire fi de l'appoint apporté par le Denier des Ecoles. Notre parti ne compte pas atittant de vantards que le parti catholique, ce qui n'empêche que chacun de nous contribue au Denier dans la mesure du possible. Il y a moins de poches, peut-être il y a plus de cœur, certainement I Que le Journal ne se montre pas encore si convaincu de voir ses amis, aux prochaines élections, monter en masse l'Hôtel—de-Ville 11 vend la peau de l'ours. Ce ne sont pas quel- LE PROGRÈS ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administralif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 n „„„0 7 no Insertions Judiciaires la ligne un franc. Idem. Pour le restant du pays7-00. n tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89, Marché aux Herbes. 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Ce gouvernement ne peut être que la République parce que les conditions de notre pays, telles que cent an nées de révolution les ont laites, ne permettraient plus la monarchie, sous l'une quelconque de ses formes, de nous donner le repos, l'unité, la sécurité, la liberté, sans les quels rien de sérieux ne peut être mené bonne fin. Mais si la forme du gouvernement définitif de la France doit être la République, elle ue doit pas être par lementaire. Le parlementarisme, qu'il soit associé la monarchie comme sous Louis-Philippe, ou la République comme aujourd'hui, n'est susceptible d'engendrer que l'impuissance et la stérilité. Et cette double nécessité de conserver la République et de détruire le parlementarisme a amené un nouveau déclassement des partis.

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Le Progrès (1841-1914) | 1889 | | pagina 1