49e ANNÉE.
28 Avril 1889.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Nouvelles locales.
l\° 54. Dimanche,
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Ypres, le 27 Avril 1889.
Chose remarquable et digne d'attention,
l'histoire nous l'enseigne et les événements de
tous les jours nous le prouvent, il ne faut
pas aller dans la Rome antique, ni dans le
Paris moderne, ni dans le Bruxelles de nos
jours, pour trouver d'uiie manière permanente
des exemples d'une politique rationnelle, rai
sonnable et conséquente avec les leçons, que
nous a léguées le passe, ou en corrélation avec
les besoins du moment en un mot, pouvant
réunir l'approbation de cette classe modérée
de citoyens, lesquels, sous tous les régimes,
ont formé et forment encore la force et la gloire
d'une nation.
On dirait réellement que ces grands centres
de civilisation, qui passent pour le berceau de
tout progrès et qui ont la prétention de faire
rayonner leur lumière sur l'univers entier
ne visent qu'à se signaler par des inconséquen
ces, on pourrait dire des excentricités.
Nous ne citons Rome, qu'à titre de mémoire
pour des faits qui ne touchent pas directement
la politique de nos jours. Il n'en est pas de
môme de Paris et de Bruxelles où les actes, les
manifestations politiques, ressemblent souvent
de véritables folies. Dans cet ordre d'idées
nous énumérons l'élection du général Boulanger
et celle des Représentants et Sénateurs indé
pendants. Elles sont le résultat d'une oblitéra
tion de bon sens, d'un manque d'esprit pratique
en matière politique.
En effet, Paris est la ville qui a le plus com
battu pour faire disparaître les régimes d'auto
cratie et aujourd'hui en pleine célébration de
l'anniversaire de la révolution, elle, qui se qua
lifie le cœur et cerveau de la France, donne
l'exemple, le triste spectacle d'élire un général,
dont les principes, s'ils devaient triompher,
seraient le renversement de la République.
De même que Bruxelles, qui devrait servir
d'exemple nos provinciaux, en se plaçant
l'avant garde pour combattre et extirper les
abus d'un autre âge, est aujourd'hui la cause
de divisions qui n'ont aucune raison d'être et
aui malheureusement ont pour résultat unique
e renforcer le cléricalisme.
Les deux villes sont en hostilité flagrante
avec les idées pratiques des provinciaux.
Les polémiques des journaux s'inspirent des
mêmes points de départ et entretiennent cet
esprit de désunion qui fait uniquement les
affaires des éternels ennemis de tout progrès.
Que les journaux cléricaux et leurs adeptes
facilitent, provoquent et encouragent cette po
litique de désunion, qui nous est si nefaste, ils
sont dans leur rôle. Mais l'opinion libérale,
n'importe la nuance sous laquelle elle se pré
sente devant le public, incombe la tâche, le
devoir de travailler de tout son pouvoir pour
refaire cette union libérale, qui fut toujours si
favorable au mouvement intellectuel et maté
riel du pays.
Tout milite en faveur d un changement dans
nos luttes contre l'éternel ennemi, qui est le
cléricalisme et qui prend de jour en jour plus
d'empire.Toute notre armée, compacte et unie,
pourra seule le chasser de la position formidable
clans laquelle il a pu se placer, grâce aux fautes
que nous avons commises dans ces dernières
années.
La manie de vouloir combattre isolément
doit disparaître, si nous no voulons tout ja
mais rester minorité. Il est temps que nous
changions de tactique. Celle-ci doit être sensée
et pratique, capable d'obtenir l'adhésion de
toutes les fractions du libéralisme. A notre avis
rien de plus facile tout en conservant nos pré
férences. Dans la situation pénible que nous
fait l'arrogance du cléricalisme, nous avons tous
pour devoir de nous entendre et de marcher
la main dans la main pour disloquer cette ar
mée cléricale, laquelle non contente de dispo
ser d'une majorité formidable, se propose non
de se consolider, mais de s'ancrer au pouvoir
au moyen d'une réforme électorale, basée sur
le principe de la prédominance de l'ignorance
sur l'instruction, de la prépondérance de la
campagne sur la ville.
Comme ledit parfaitement l'Etoile Belge, le
parti clérical est habitué aux curées des fonc
tions, des emplois, des distinctions de toute
nature. Il tient réaliser, la lettre, le pro
gramme ultramonlain et restaurer le règne
du Christ.
C'est l'opinion libérale unie, qu'incombe le
devoir de ralentir la marche effrénée du cléri
calisme, d'arrêter cette armée de vendales de
notre enseignement public et de partisans du
passé. Elle doit barrer le chemin au cri uni
forme on ne passe pas
Ici comme en toutes choses, vouloir c'qs£:
pouvoir.
X.
Un Comité local de la Société antiesclavagiste
de Belgique sera installé Dimanche, 28 de ce
mois, quatre heures et demie.
La séance aura lieu la Salle Bleue de l'Hôtel-
de-Ville.
Monsieur Gustin, ex-directeur de la Justice
l'Etat indépendant du Congo, y donnera une
conférence. Le séjour qu'il a fait, en Afrique le
met même de donner des renseignements
exacts et intéressants.
La séance est publique.
Des circulaires ont été distribuées afin d'aug
menter la publicité. Les personnes qui n'auraient
fias reçu d invitation, sont priées de considérer
e présent avis, comme en tenant lieu.
On parle de la prochaine adjudication des
travaux de parachèvement effectuer au canal
Lys-Yperlée. Il s'agirait d'une affaire de deux
millions.
Jeudi matin un vieillard de l'hospice du Bé
guinage est tombé, rue au Beurre, en proie
une attaque d'épilepsie,et s'est blessé la figure.
Transporté d'abord au Café des Halles il a
été ensuite reconduit l'hospice où le docteur
I'oupart lui a prodigué ses soms.
Nos lecteurs trouveront la seconde page la
suite du compte-rendu de la séance du Conseil
communal du 20 Avril dernier.
Voici l'intrigue. M. Paul Raymond, jeune
sous-préfet, et sa femme, Jeanne, viennent s'in
staller pour quelque temps au'château de Mme de
Céran. Paul espère bien que son passage dans ce
salon, où se font et se défont les réputations,
dans ce salon, antichambre des ministères, lui
vaudra le titre de préfet. Mais il fait la leçon
sa femme, la prie de s'observer, et lui dépeint le
milieu où elle va entrer. C'est un milieu sérieux,
où l'on cause et où l'on pose, où le pédantisme
tient lieu de science, où l'on ne pense jamais ce
que l'on dit, et où l'on ne dit jamais ce que l'on
Eense, bref c'est le monde où l'on s'ennuie.
es habitants du château sont, outre Mme de
Céran, d'abord la duchesse de Réville, une jolie
vieille, forte.... en propos, mais excellente en
suite, une jeune Anglaise, Miss Lucy "Watson,
personne sérieuse, instruite, orpheline, extrême
ment riche, admiratrice d'un professeur la
mode, nommé Bellac; enfin, Melle Suzanne de
Villiers fille naturelle d'un neveu de la du
chesse, enfant folle et espiègle, pas sérieuse du
tout celle-ci, mais que la duchesse adore. Le fils
de Mme de Céran, Roger, tuteur de Suzanne, hom
me sérieux aussi, revient d'une mission scientifi
que, et est accueilli avec dignité par sa mère, avec
afiection par la duchesse, laquelle, sous ses de
hors froids, a découvert en lui un homme de cœur
et voudrait lui faire épouser sa petite Suzanne.
Dans cette intention, elle cherche exciter la
jalousie de Roger en lui signalant la subite assi
duité de la jeune fille aux cours de Bellac. En
réalité, Bellac se soucie fort peu de la jeune fille,
c'est l'Anglaise qu'il poursuit. Il a même donné,
Ear écrit, un rendez-vous cette dernière, mais
ucy a égaré le billet (un papier rose.) La petite
Suzanne n'a fait tant d'efforts pour s'instruire
que dans le but de plaire son tuteur, qu'elle
aime, sans le savoir. C'est elle qui retrouve le*-
papier rose et qui y voit un rendez-vous donné
par Roger Lucy. La Duchesse et Roger ont vu
Suzanne lire le billet et profitent d'une absence
de l'enfant pour en prendre connaissance. Ils y
LE PROGRÈS
vires acquirit konik).
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Courtrai-Gand. 5-30 - 8-20 U-16 2-41 5-20.
Le Président du Comité local,
J. IWEINS.
Ypres, le 23 Avril 1889.
Théâtre.
Le Monde oit l'on s'ennuie, la pièce d'Edouard
Pailler on, représentée hier au soir Ypres, est
décidément une fine, spirituelle et charmante
comédie.