JX° 48. Dimanche, 49e ANNÉE. 16 Juin 1889. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Tout pour 300 fr. Un peu d'histoire. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. VIRES ACQUIRIT EUNDO. Ypres, le 15 Juin 1889. Le résultat de l'élection de Bruxelles a été reçu dans tout le pays libéral avec joie et allé gresse, parce qu i est considéré partout comme Faurore de la dé ivrance de l'oppression cléri cale sous laquelle nous sommes pliés depuis plus de cinq ans. Espérons que les leçons du passé nous servi ront de guide dans l'avenir. Il est de notre devoir de démasquer tous ces farceurs politi— 3ues, qui se présentent sous toutes les couleurs e l'arc-en-ciel et sous tous les prétextes pour solliciter les faveurs de l'électeur, mais qui, sous leur uniforme de circonstance, ne sont que de vrais cléricaux. L'habileté du parti prêtre est grande en l'art de préparer une plate forme électorale en mas quant les batteries de l'ultramontanisme, mais si jusqu'à ce jour il a pu obtenir des succès, grâce notre manque de clairvoyance ou de nos divisions, il est prévoir que nous verrons clair dans l'avenir, que nos querelles inutiles auront rejoint tout jamais les neiges d'antan. La trahison, qui est considérée chez tous les peuples civilisés comme une perfidie, était de venue chez nous comme une vertu. Le prêtre, le jésuite ont su si bien ramollir les consciences au moyen de distinctions subtiles que ceux, qui devaient donner l'exemple de l'honnêteté publique, de la grandeur de caractère, ont été les premiers fouler aux pieds les convictions de toute une vie pour pouvoir endosser un uni forme de ministre ou obtenir une place hono rifique et lucrative. Une fois quon transige avec la conscience, nul ne peut savoir où l'on s'arrêtera. Ainsi nous voyons ce ministère, qui, par ironie, s'est dit national, détruire tout ce qui peut produire le caractère patriotique, la prospérité du pays. Il conduit les discussions parlementaires non pour le bien de la patrie, mais uniquement, avec la tactique de l'avocat, pour faire dévier l'attention publique et écarter les difficultés sous une for me de rhétorique en évitant soigneusement de traiter le fond de la question. Il n'est dès lors pas étonnant que pareil ministère pactise avec des mouchards pour se créer des titres de re connaissance la postérité pour avoir sauvé la patrie en danger d'une révolution. Un homme qui met ainsi sa conscience dans le plateau de la balance, la peser et ensuite la vendre pour une faveur gouvernementale, est capable de tout. Le pays honnête l'a compris ainsi. C'est pourquoi l'élection de Bruxelles est considérée partout comme frappant en plein cœur le mi nistère des Pourbaix et Laloi, comme le réveil de l'opinion libérale, comme la fin du clérica lisme. Cependant pour obtenir un résultat efficace, qu'on n'oublie plus jamais que la question clé ricale restera jusqu'à épuisement complet des forces de l ullramonlanisme et que toutes nos forces réunies ne seront pas de trop pour pou voir la combattre efficacement pendant de lon gues années encore Il est évident que tout le monde désire ar demment la paix religieuse, mais en notre pays moins que partout ailleurs, il n'y a pas moyen de l'obtenir. En effet, jamais nous n'avons vu faire la moindre concession l'Etat par l'Eglise. Alors 3ue nous étions au pouvoir elle se permettait e combattre ouvertement le gouvernement et prêcher la révolte contre des lois régulière ment votées et sanctionnées. Et aujourd'hui, quelle est la fois Eglise et Etat, vu qu'elle nomme peu près tous les hommes qui siègent dans nos corps délibérants, elle n'a plus de limites ses prétentions. La §randeur de la patrie est pour elle le moindre e ses soucis. Depuis cinq ans les évêques ont pris une position telle, qu'il n'y a plus le moin dre espoir de traiter avec eux. La mission de l'opinion libérale est toute tracée. Elle doit travailler la réalisation complète de son pro gramme dans les limites compatibles avec l'ap probation du parti entier. X. Le Journal d'Ypres ne peut digérer que la Con corde vienne de renouveler son assurance contre la mort. Il s'en prend au loyer qu'il dit insuffisant, tout en pensant le contraire, mais on sent bien que ce n'est pas de cela qu'il s'agit la Société de la Concorde le gêne c'est son cauchemar. Des congrégations, le Cercle catholique, voilà l'Eldorado et puis, après cela, brosse. Il s'occupe plus de la Concorde et de son loca taire que de la ville. Or, toute la question est de savoir si la ville a lieu de se féliciter d'avoir un locataire qui la dispense de grands frais d'entre tien du local et qui donne l'immeuble une plus value, tout en palpant régulièrement et sans quitter ses pantoufles, 1,600 fr., et cela pendant plus d'un demi-siècle avec l'avenir assuré, c'est- à-dire sans avoir compter avec des déceptions probables et se lancer daiîs des essais toujours onéreux la fin. C'est là, disons-nous, toute la question, et elle est, nous le répétons, très sen sément et très avantageusement résolue, comme elle l'est. Quant ce qui se passe entre son locataire et le sous-locataire, cela importe peu et même pas du tout. Que la Concorde-et M. Oogen s'arran gent comme ils l'entendent, c'est leur affaire que M. Oogen paie 1,500 fr. dont 600 fr. pour le buffet; que la Société lui passe en retour d'autres avantages qu'il y ait entre le locataire princi pal et le sous-locataire des conditions particu lières où les deux trouvent leur profit, qu'est-ce que cela peut bien faire la ville Celle-ci n'a rien y voir et ne saurait rien y voir, pourvu que ses intérêts elle soient sauvegardés. Or, nous avons démontré qu'en écoutant son contrôleur, la ville finirait, au bout de peu d- temps, par regretter d'avoir suivi le conseil de l'ami Colaert. Le timeo danaos et dona ferentes est un apophtegme qu'il ne faut jamais oublier quand le contrôleur distille son miel blanc. Aussi le public, comme nos honorables édiles, a-t-il senti l'oignon; il n'a pas mordu, et il e3t même éton nant que M. Colaert ait jamais pu se figurer qu'il serait parvenu le faire avaler. Un oignon, de ce calibre, tout le monde n'a pas l'estomac fait cela que dire, quand c'est de l'ail, et c'est de l'ail et du plus fort? Ah pouah Non, M. Colaert, n'en présentez plus. Il y a mieux faire que cela. Il y a la caisse de la fa brique de S1 Martin qui appelle du renfort. Vous le savez bien, mais vous n'y songez pas temps. L'occasion est belle et vous y pouvez beaucoup. Il y a là le couvent des Pauvres Claires, nous en avons déjà parlé, si nous ne nous trompons, qui se loge au prix doux de 300 fr. C'est un bâtiment beaucoup plus vaste que la Concorde il est so lide; le terrain est spacieux. Il y a là, nous ne savons au juste combien de dames toutes nanties d'une jolie dot, mangeant peu, ne buvant pas davantage, n'usant pas et priant beaucoup pour la prospérité de la maison, demandant inces samment et obtenant toujours, une petite mine d'or dont le filon grossit d'heure en heure et dis ponible pour qui sait s'y prendre. Vous êtes l'homme de la situation. Il y a là de quoi exer cer votre talent pour le grand bien de la caisse communale. Tout ce que vous en extrairez (non pas de la caisse, de l'autre) au profit de la fabri que de S1 Martin sera la décharge de la ville, sans en rien gêner ces saintes filles. Il y a quelques jours peine, vous avez de mandé la ville 2,000 fr. par an, pour la restau ration de l'église, la fabrique étant sec, selon vous. Ne chicanons pas sur ce dernier point et nous vous croyons, rien que pour vous faire plai sir. Mais si cependant vous parveniez faire ob tenir par la fabrique 1,600 fr. des Pauvres Claires, comme la ville obtient 1,600 fr. de la Châtellenie, cela ferait 1,300 fr. de plus que maintenant et la fabrique, consacrant une partie de ces 1,300 fr., mettons 1,000 fr., la restaura tion de son église pourrait ainsi s'arranger de manière diminuer le sacrifice que fait la ville en son lieu et place. Voilà, M. Colaert, cela ne vous tente-t-il pas Allons un bon mouvement et prouvez combien est sincère l'intérêt que vous affichez pour la ville. Du coup vous aurez fait rentrer dans leur gosier les mauvaises lan gues et on ne dira plus le contrôleur est un farceur. Puisque le Journal a jugé bon de revenir si.r la question du bail de la Concordereve nons-y aussi. Un peu d histoire ce propos n e sera pas hors de saison. LE PROGRÈS ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: ta ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89. Marché aux Herbes.

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Le Progrès (1841-1914) | 1889 | | pagina 1