Les documents volés.
La réforme électorale.
Les grandes manœuvres.
La Flandre libéiale fait remarquer avec
beaucoup de raison que cela n'est plus possible:
ce n'est pas seulement le cabinet qui s'est com
promis dans cette honteuse aventure c'est la
majorité noire, c'est le parti clérical tout entier:
Il résulte des renseignements que nous avons
recueillis sur les interrogatoires que M. le juge
Charles a fait subir aux journalistes belges et
aux correspondants de journaux étrangers ap
pelés Lundi malin dans son cabinet, que l'on
cherche établir de la façon suivante la dispa
rition des documents qui ont été imprimés dans
la Nouvelle Revue
Ces documents étaient enfermés dans le
bureau ou M. Nietcr avait organisé un office de
renseignements pour la presse. Nous allons
chercher établir, ou faire croire que ce sont
ces Messieurs qui ont profité de la confiance,
de la distraction, ou d'une absence momenta
née de M. Nieter pour s'emparer des papiers
confiés sa garde.
11 y a longtemps déjà que certaines feuilles
cléricales avaient publié des insinuations dans
ce sens. Mais nous ne supposions pas qu on
pousserait la naïveté ou la fumisterie jusqu'à
transformer cette mauvaise plaisanterie en
devoir d'instruction.
Du reste, toute enquête judiciaire ou admi
nistrative ce sujet va probablement être aban
donnée. La vérité est connue. Un de nos amis
l'a entendu révéler hier, dans un train de che
min de fer, par un prêtre du diocèse de Liège,
qui la racontait en ces termes quelques amis
scandalisés
C'est Bara qui a enlevé ces pièces, comme
il avait enlevé, des bureaux de la sûreté, la
correspondance entre M. Beernaert et M. Léo
nard Pourbaix. On le sait, mais le Roi, qui est
l'ami de Bara, empêche qu'on le dise. Les mi
nistres, par égard pour le Roi,gardent le silence
et se laissent attaquer par la mauvaise presse.
C'est bien malheureux pour notre parti, l'atta
chement du Roi pour lantechrist Bara.
Et voilà pourquoi la fille Thémis est muette 1
C'est sans doute parce qu'il avait eu commu
nication de ce mirifique récit du prêtre liégeois
que le Rien public disait hier
Le Rien public n'accuse pas encore le Roi
mais il est probable que cela ne tardera guère
et que nous allons voir recommencer bientôt la
tameuse campagne des placards contre l'ami
de lantechrist. Chronique
Le Courrier de Rruxelles prétend que le
projet de réforme électorale élaboré par le mi
nistre de l'intérieur sera probab ement voté au
début de la session prochaine, donc avant la fin
de l'année courante. Il nous revient, ajoute le
Courrier, que, dans la pensée du gouverne
ment, l'adoption de ce projet entraînera comme
conséquence la dissolution des conseils provin
ciaux et communaux. On peut donc s'atten
dre voir Tannée 1890 marquée par des luttes
électorales aussi multiples qu importantes.
En Belgique, depuis l'avènement du minis
tère catholique surtout, il y a des centaines
d'instituteurs diplômés, sans emploi. Cette car
rière est plus encombrée, dirait-on, que les
autres. Il est vrai que les cléricaux se sont em
pressés de chasser des écoles, des instituteurs
réunissant toutes les conditions de savoir et de
moralité, pour mettre, leurs places, des édu
cateurs de contrebande, leurs créatures
Eh bien, croirait-on, qu'en Prusse, il y a
pénurie d'instituteurs
Quoique dans le pays on trouve encore
25,000 classes ayant plus de soixante-dix élè
ves, il manque 10,000 instituteurs. Pour 75,000
classes, on ne trouve que 65,000 instituteurs.
Le nombre des élèves, dans les écoles norma
les, était, en 1879, de 9,400; en 1888, il n'était
plus que de 8,500.
Quelle est la cause de cet état de choses
Dame! les jeunes gens n'entrent pas dans la
carrière de l'enseignement primaireparce
qu'ils sont mal rétribués. Comprend-on qu'un
grand pays comme [Allemagne ne fasse pas
une situation convenable ses instituteurs?
Cependantles peuples ne sont vraiment
grands que par l'instruction répandue flots, et
1 Allemagne doit en savoir, quelque chose. Si
elle entretient une immense armée, qui la
ruine, et néglige d'instruire le peuple, sa gloire
aura été de courte durée elle tombera aussi
vite qu'elle est montée.
Un arrêté du ministre de l'Agriculture, publié
au Moniteuraugmente le nombre de ces cours
qui seront donnés, le soir, partir de la secon
de moitié d'Octobre jusqu'au mois de Mars
dans un grand nombre de communes que le
journal officiel énumère.
Le même arrêté réglemente l'admission
ces cours et la façon dont ils seront donnés. II
rapporte l'arrêté du 10 Novembre 1888.
Le Moniteur publie aussi le sommaire du
programme du cours donner dans les écoles
d'adultes.
Le Moniteur publie un arrêté royal réduisant
treize le nombre des établissements normaux
d'instituteurs et d'institutrices.
Ces écoles et ces sections normales sont les
suivantes
Ecoles et sections normales d'instituteurs:
Ecole normale de Gand de Lierre de Mons;
de Nivelles; de Verviers; section normale de
Couvin de Huy.
Ecoles et sections normales d'institutrices
Ecole normale de Bruges; de Liège; de Tour
nai section normale d'Andenne; d'Arlon; de
Bruxelles (rue de Malines).
"=-SCS3io"<
A Chênée.
Chênée, 2 Septembre.
Le départ des troupes du 4e corps d'armée
s'est eflectué dans d'excellentes conditions.
A cinq heures, le temps était très couvert.
Tous les hommes étaient sur pied, vaquant aux
préparatifs du départ. La grand'route de Gri-
vegnée était toute couverte de soldats en tenue
de route sac au dos, capote, pantalon blanc fer
mé dans les jambières, pelles, pics, etc., au côté.
Même tableau sur la grand'route d'Angleur
où sont rangés deux bataillons de chasseurs, la
colonne d'ambulance, un escadron de lanciers et
une batterie d'artillerie.
L'état-major de la 8e brigade, le 2e régiment
des chasseurs pied, l'état-major et deux esca
drons du 2* lanciers arrivent de Vaux-sous-
Chèvremont.
p—
Deux sscadrons et un bataillon du 2e chasseurs
pied, cantonnés Embourg, prendront la tête
de la colonne.
Lo premier piquet de lanciers quitte Chênée
6 h. 45 et file en eclaireur.
Il vient de pleuvoir; une averse de peu de du
rée, heureusement; mais le pavé est gras et les
chevaux glissent.
Les avant-gardes se mettent en route, les ba
taillons arrivent de leurs cantonnements
l'heure exacte et la colonne s'ébranle sur la
grand'route d'Embourg qui conduit Beaufays
et Aywaille.
Pendant deux heures et demie, c'est un défilé
de bataillons, de caissons, de batteries d'artille
rie, d'ambulances, de fourgons, de l'intendance,
de cavaliers.
Quantité de Liégeois sont arrivés dès l'aube
pour assister aux préparatifs du départ et la
mise en marche des troupes.
Six vélocipédistes du Liège C. V. accompa
gnent le 4® corps d'armée. Ce sont MM. Léon
Lhoest, chef de ce corps spécial, Albert Lhoest,
Alex. Dreye, Auguste Aerts, Dieudonné Sklayn
et M. Lequarré, le président du C. V. Ces Mes
sieurs sont en tenue de route également culotte
et varen.se en jersey gris, képi aux armes du
Cercle.
Tous les officiers, tous les troupiers que j'ai
vus, sont enchantés de leur séjour ici. La popu
lation, il faut le reconnaître et l'en féliciter, s est
mise en quatre pour recevoir les défenseurs de
la patrie. C'était qui hébergerait le plus de
troupiers.
Une armée, une véritable armée de marchands
de coco «et de cantinières improvisées, suit nos
troupiers.
Beaucoup d'Ardennais parmi eux, avec d'im
menses cruches et des caissons de victuailles.
Les pauvres diables ne sont pas au bout de leur
voyage.
Les troupes arriveront ce soir devant Beau
fays. L'action commencera dès demain.
Pendant le séjour des troupes ici, l'Union li
bérale de Chênée avait installé la façade de son
local, sous son drapeau, un transparent aux
couleurs nationales portant cette inscription
UNION LIBÉRALE
Vive le Roi
Vive l'Armée
Vive le service personnel
A Hamoir.
Hamoir, 2 Septembre.
Hamoir n'a pas encore d'aspect de viUe de gar
nison que présentent Chênée et Marche, en ce
moment. Pas de groupes de soldats flânant dans
les rues pas de maisons occupées de la cave au
grenier par des locataires d'occasion; pas de ca-
arets bondés d'uniformes.
Mais la jolie localité a cependant un cachet
militaire tout fait spécial. Élle semble occupée
uniquement par un corp3 d'officiers supérieurs
et par des soldats d'élite.
On n'y voit que quelques guides de l'escorte
du général Vander Smissen, directeur des ma
nœuvres, quelques lanciers chargés de l'entre
tien des chevaux. Quelques-uns devront rester
ici, après les manœuvres, chargés d'accompa
gner les officiers qui auront apprécier les dé
gâts commis dans les champs.
Le général Vander Smissen s'est installé dans
l'hôtel qui se trouve en face de la gare. Il occupe
des appartements du premier étage.
Au rez-de-chaussée, une salle de café, pleine
tout lo jour de consommateurs.
Le général, le matin, part cheval et parcourt,
accompagné d'officiers, le terrain où se livreront
les prochaines batailles.
Un certain nombre d'officiers étrangers sont
arrivés aujourd'hui et sont descendus Bornai.
A Hamoir, tout étant occupé, il était impossible
de les loger.
La voiture des postes attachée la direction
des manœuvres est placée sur la voie ferrée la
gare de Hamoir. Le service est placé sous la di
rection de M. Wodon, qui depuis toujours a été
chargé de l'organisation de la poste durant les
grandes manœuvres.
Ces mouchards ne sont pas seulement les familiers
du ministère, mais les protégés, les clients de tout le
parti clérical, c'est toute la droite sans exception
Pas un représentant clérical, pas un journaliste
clérical, pas un membre d'une société cléricale n'a eu
la pudeur de séparer en public la cause de celle des
mouchards.
Oh dans les conversations, dans les couloirs de
la Chambre, on désavouait, on répudiait ces ignobles
accointances Mais au vote, on acclamait les patrons
nocturnes de Pourbaix.
i Et quelles que soient les révélations qui vont se
produire, tout le parti clérical, une fois de plus, va se
lever en faveur du ministère et des mouchards, ses
familiers.
Le joli monde que le monde ministériel
On est sans nouvelles, assure-t-on, de la commission
rogatoire qui aurait, d'après les feuilles libérales, été en
voyée Paris. Dans l'affirmative, nous craignons qu'elle
ne revienne céans les mains vides et bouche bée. Heureu
sement qu'elle aurait, le cas échéant, dans l'Exposition et
dans la tour Eiffel, une compensation et une distraction
assurées.
LE DÉPABT DES TBOUPES.
DE CHÊNÉE