N° 74. Dimanche,
49e ANNÉE.
15 Septembre 1889.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Résumé politique.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires acquirit kundo.
Le Temps, de Paris, consacre un de ses derniers
articles l'intervention du clergé dans les élec
tions. Il proteste contre cette théorie religieuse
et théocratique, d'après laquelle l'Eglise, qui a
le droit de diriger les consciences dans l'ordre
religieux, a le droit de les diriger aussi dans les
choses civiles
Cette doctrine, dit-il, a pour conséquence
inévitable d'obliger l'électeur catholique d'aller
demander son bulletin de vote son confesseur.
Au moyen-âge, les théologiens ultramontains di
saient que le Pape était la tête et l'empereur le
bras, que la société religieuse était l'âme et la
société civile le corps, et, par conséquent, sub
ordonnaient absolument l'une l'autre. En vain
nous aurions fait deux ou trois révolutions pour
écarter cette domination de la théocratie. Au
jourd'hui, il se trouve encore des ultramontains
pour demander aux électeurs d'obéir absolument
l'Eglise, comme jadis ils le demandaient aux
rois.
Nous ne nous préoccupons en aucune ma
nière de savoir si cette doctrine, qui n'était ni
celle de Bossuet, ni celle de Louis XIV, est deve
nue la doctrine orthodoxe de notre temps. Cela
est l'affaire des théologiens. Nous plaçant au
point de vue historique et politique, nous aver
tissons seulement nos évêques que la France ne
s'y est jamais soumise, ni sous la monarchie, ni
sous la République, ni quand l'Etat s'appelait
Philippe le Bel ou Louis XIV, ni quand il se
nommait Napoléon, plus forte raison quand il
s'appelle la République. Cette doctrine s appelle
dans ce pays-ci le gouvernement des curés,
et il suffit que notre peuple le voit se dresser
l'horizon, pour qu'il le repousse avec la dernière
énergie.
Les évêques qui la professent et qui ne re
connaissent point l'indépendance légitime de la
vie civile et politique se fourvoient donc étran
gement. Nous réclamons la paix religieuse, la li
berté de l'Eglise, la tolérance équitable pour
tous les cultes, et la République est de tous les
gouvernements celui qui peut le mieux assurer
ces biens, puisque ce régime ne repose que sur
l'idée de justice et de liberté. Mais c'est mal
servir cette cause sacrée de la liberté religieuse
que de faire montre de prétentions surannées
qui en sont la négation radicale. Ajoutons qu'en
parlant comme font quelques-uns, ces memes
évêques se mettent les premiers hors du Concor
dat et le déchirent de leurs propres mains. Le
Concordat est en effet un traité de paix entre
deux puissances indépendantes. Il a été conclu
pour assurer la vie civile et politique contre les
empiétements de l'Eglise aussi bien que pour
garantir l'Eglise contre ceux de l'Etat. En fait,
ce Concordat nous a donné un siècle de paix re
ligieuse, parce qu'il met le curé dans son Eglise
et les électeurs la mairie. Si les évêque^Je vio
lent, ou plutôt subordonnent la vie politique du
pays la direction du clergé, comment pourra-1-
on le défendre? Nous estimons qu'ils sont les
premiers intéressés le respecter et ne pas
rendre impossible, par des démonstrations inu
tiles ou périlleuses sur le terrain politique, la
bonne entente entre les pouvoirs publics et la
société religieuse. Ils professent vouloir rétablir
la paix; qu ils s'abstiennent donc de prêcher la
fuerre. Ce n'est vraiment pas trop leur deman-
er.
L'évêque de Seez et d'autres prélats français
viennent d'adresser au ministre des cultes d'é
nergiques protestations contre sa circulaire au
clergé, propos des élections.
Ypees, le lï Septembre 1889.
Nous avons souvent fait ressortir dans ces
colonnes la grande différence qui existe dans
la conduite du clergé belge, "comparée celle
du clergé français, chaque fois que les événe
ments politiques convient lépiscopat français
combattre la société civile.
Nous le savons, la France est un pays où
fleurit encore le concordat qui soumet le clergé
certaines obligations.. Mais nous savons aussi
que dans notre pays les droits de l'homme, de
la société civile doivent primer les prétentions
de n'importe quelle corporation religieuse, si
puissante qu'elle soit.
Comme la France nous devons faire préva
loir ce principe.
Ainsi les élections législatives, fixées au 22
de ce mois, ont fourni au Gouvernement de la
République une nouvelle occasion pour faire
ressortir toute évidence que les droits de
l'Etat, de la société civile priment les préten
tions de l'église romaine.
Il est naturel que toutes les institutions,
n'importe l'influence dont ils disposent, n'im
porte les services qu'ils supposent rendre la
société, ne puissent se mouvoir que dans l'or
bite commun, sous la dépendance des lois na
turelles, qui sont celles de la société civile.
Ce principe de droit élémentaire est parfaite
ment appliqué par nos voisins.
M. Thévenet, garde des sceaux du Gouver
nement de la Républiquepar circulaire
rappelle lépiscopat ses obligations et fait
ressortir que sa position lui impose le devoir
de ne pas abuser de son caractère sacerdotal
pour servir tel ou tel parti.
Ce document est trop important pour ne pas
être reproduit in-extenso. Le voici
Monsieur l'archevêque,
Monsieur l'évêque,
La période électorale est peine ouverte
que déjà certains membres du clergé me sont
signalés comme s'immisçant dans la lutte des
partis.
J'ai, par suite, le devoir de faire appel
votre haute intervention. Je vous prie, Monsieur
l'archevêque, de faire comprendre tous les
Srêtres de votre diocèse, quel que soit leur rang
ans la hiérarchie ecclésiastique, qu'il leur est
interdit de manifester des préférences politiques
dans l'exercice des fonctions sacerdotales et
d'abuser d'une manière quelconque du crédit ou
de l'autorité que peut donner leur caractère.
Je rappelle aux parquets l'application qu'il
leur appartient de faire des dispositions du code
(titre Ier, section III, 2, 3 et 4).
Le gouvernement, usant du droit de haute
discipline qui lui a été reconnu l'égard de tous
les membres du clergé, n'hésitera pas, d'autre
part, sévir contre ceux d'entre eux qui au
raient enfreint des règles de conduite dont, de
puis le Concordat, l'observation a été exigée
sous tous les régimes et dont la violation, au
début du régime actuel, a été la première et la
principale cause des difficultés qui se sont éle
vées entre l'autorité religieuse et le pouvoir
civil.
Les manœuvres, les prédications politiques
et généralement tous les actes qui dénoteraient
une hostilité systématique entraîneraient immé
diatement la radiation des cadres du clergé ré
tribué par l'Etat.
En outre, les prêtres qui se seraient ainsi
compromis ne pourraient plus prétendre l'ave
nir aux titres dont la collation est subordonnée
l'agrément du gouvernement.
Je demeure toutefois convaincu, Monsieur
l'Évêque, que le gouvernement n'aura pas
re.courir ces sévérités et que votre sagesse
et votre énergie suffiront assurer dans votre
diocèse la neutralité indispensable dans l'intérêt
de l'Eglise comme dans celui de l'Etat.
Agréez, Monsieur l'Évêque, l'assurance de
ma haute considération.
Le garde des sceaux, ministre
de la justice et des cultes,
THÉVENET.
Et dire que dans notre pays c'est le prêtre
qui distribue les mandats politiques, que c'est
lui qui commande nos différents ministères et
dont les recommandations ont seules la valeur
nécessaire pour pouvoir être nommé un em
ploi public.
Dans nos Flandres, où nous souffrons du joug
odieux du prêtre de la manière la plus évidente,
nous devons constater qu'il a pris possession de
tout: corps délibérants, nominations publiques
et privées, alliances de familles, etc., etc., il
préside, il commande tout. Sa soif de domina
tion est insatiable.
C'est l'opinion libérale un devoir de suivre
le gouvernement français. Et si nous n'avons
pas de concordat, le gouvernement dispose
d'autres forces. En tout état de cause son pre
mier devoir est de faire respecter les droits de
la société civile.
Nous reviendrons en temps et lieux sur cette
circulaire, qui a pour nous une importance
capitale. X.
LE PROGRÈS
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25.
Insertions Judiciaires la ligne un franc.
Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89.
Marché aux Herbes.
Heures de départ c('Ypres pour
Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00
4.00 6-42 - 9-05 9-58.
Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 9-09 12-07 4-00
6-42.
Ilouthem, 5-30 8-20 11-16 5-20.
Comines, 5-30 - 8-20 - 9-58 11-16 - 2-43 5-20
7-50.
Comines-Armentières, 5-30 8-201 L16—2-43—9-49
P.oulers, 7-45-10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42
Langemarck-Ostende,7-16 -9-57—12-17 3-56 6-21
-8-14.
Courirai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-43 5-20
7-50.
(Surirai-Bruxelles, 5-30 9-58—11-16 2-43 5-20.
Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-43 5-20.