N° 77. Jeudi, 49e ANNÉE. 26 Septembre 1889. JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Chemin de fer. Résumé politique. Servilité récompensée. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Heures de départ d'Ypres pour Poperinghe, 6-50 9-09 10-00 12-07 3-00 La grande journée de Dimanche n'a produit que des résultats indécis. Le véritable verdict du corps électoral français ne sera connu que dans quinze jours, après le ballottage. Lundi seulement, deux heures après midi, les chiffres officiels ont été connus au ministère de l'intérieur de France, qui les a communiqués aux journaux de Paris. L'agence Havas nous les transmet lies résultats sont connus dans 560 élections sur 576. 224 républicains ont été élus, dont 167 modé rés et 57 radicaux 159 opposants ont été élus, dont 86 royalistes, 51 bonapartistes et 22 boulangistes. H y aura 177 ballottages, dont 155 paraissent dès présent devoir être favorables aux candi dats républicains, tandis que 42 leur seront probablement défavorables. En ajoutant au nombre de sièges obtenus par les républicains les dix candidatures coloniales, toutes républicaines, et dont le succès paraît assuré, on peut établir comme suit la composi tion de la Chambre nouvelle 369 républicains et 201 opposants. Cela ne fait que 570 sièges il en reste 6 connaître, mais le résultat, quel qu'il soit, en ce qui con cerne ces 6 sièges, ne pourrait avoir d'influence sur le classement de la majorité. Donc, les journaux républicains ont raison quand ils disent que la journée de Dimanche a été une victoire pour la République. Quant la Boulange, quel effondrement 22 sièges sur 576. H est vrai que le chef a été élu, quoique inéli gible, dans une circonscription de Paris. Or, le point particulièrement intéressant de l'élection de Paris était dans cette circonscrip tion de Clignancourt,dans le dix-huitième arron dissement, où M. Boulanger avait posé sa candi dature et où luttaient contre lui M. Joffrin, candidat des républicains, et M. Georges Thié- baut, le boulangiste de la première heure qui s'était, la dernière, retourné contre le général. Nous avons dit, il y a quelques jours, ce que nous pensions de cette rupture in extremis. M. Thiébaut nous avait tout l'air de se mêler l'élection pour faire le jeu du général, et l'évé nement a prouvé que nous ne nous trompions pas beaucoup. M. Thiébaut a détourné son profit environ cinq cents voix, qui n'auraient pas été M. Boulanger, mais qui auraient été très probablement un de ses concurrents. Il est curieux de rappeler ce qui s'était passé, dans ce dix-huitième arrondissement, le 27 Janvier, propos de la candidature de M. Boulanger. Lors de l'élection du 27 Janvier, faite sous le régime du scrutin de liste, l'ensemble du quar tier Clignancourt, qui forme aujourd'hui la 2e circonscription du dix-huitième arrondissement, a donné les chiffres suivants, en laissant de côté 383 suffrages remportés par le blanquiste Boulé MM. Boulanger, 4,841 voix; Jacques, 3,374. Soit, entre les deux candidats, un écart de 1,467 voix. Pour que M. Jacques eût la majorité sur M. Boulanger, il lui aurait donc suffit de déplacer la moitié plus une de ces 1,467 voix de diffé rence, soit 733. Or, si d'une part, on songe que, le 27 Janvier, le général Boulanger n'a pas eu Clignancourt une forte majorité, alors qu'il jouissait de tout son prestige que, depuis il y a eu la fuite en Belgique, puis en Angleterre, et la condamna tion de la haute Cour qu'il y a eu enfin, la pu blication de ces listes de candidats du général, où éclate l'alliance dos boulangistes avec les cléricaux, on pouvait prédire que la majorité serait restée i\I. Joffrin. Celui-ci, en effet, est extrêmement populaire dans le quartier de Clignancourt, où il a été nommé conseiller mu nicipal en 1887 par 5,535 voix contre 2,745 don nées M. Jachard, son concurrent radical. L'événement a démenti ces prévisions. Ypres, le 25 Septembre 1889. La Patriefaisant allusion la nomination récente d'un inspecteur des écoles du clergé, agent électoral très actif, aux fonctions d'in specteur principal de l'enseignement officiel Alost, publie la note suivante Le nouvel, inspecteur scolaire, M. Griilaert, est une des victimes de la loi de malheur, lj avait, en effet, démis sionné en 1879. Sa nomination récente est donc un acte réparateur et compensatoire qui fait honneur M. le mi nistre de l'intérieur. M. Griilaert est d'ailleurs un homme d'enseignement d'une incontestable capacité et qui rendra dans sa sphère de réels services. Les lecteurs impartiaux nous rendront cette justice qu'il nous arrive rarement d'ouvrir des polémiques propos de questions de personnes. Nous avons contre le gouvernement clérical des griefs autrement sérieux faire valoir que les reproches que nous pourrions lui adresser au sujet du cnoix de tel ou tel de- ces fonction naires. Mais cette fois la note de la Patrie dépasse toute mesure, et nous oblige dépeindre en quelque mots le personnage auquel le gouver nement confie l'inspection des écoles officielles d'une moitié de notre province. II a été question de cet individu la Cham bre, en 1873, propos de sa nomination aux fonctions d'inspecteur cantonal Thielt. L'administration cléricale qui venait d'être élueà Ninove, où le sieur Griilaert dirigeait une école moyenne libre, s'était entendu avec l'évé- que de Gand pour remplacer l'école communale fiar un collège épiscopal. Voici, d'après M. ottrand, le rôle qu'avait joué Griilaert dans cette affaire, et la valeur de l'individu MM. Delcour et De Naeyer, députes cléri caux, ayant contesté l'incapacité du personnage dont il s'agit M. Bergé leur répondit dans les termes suivants Ledit Griilaert a quitté l'enseignement offi ciel en 1879. Il a entrepris le commerce-des vins et des liqueurs et a cumulé ce négoce avec les fonctions d'inspecteurs de l'enseignement libre 1 II n'a cessé, Ypres, comme Ninove, d'être un agent électoral très actif, présidant leâ mee tings organisés par le cercle catholique de l'en droit. Son zèle clérical lui a valu une nouvelle récompense: depuis 1884 il a été désigné tout instant comme membre du jury des exa mens d'école normale. Les jetons de présence LE PROGRÈS V1BES ACQDIRIT El'MM). ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Yprcs, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne un franc. Pour les annonces de France et de Belgique s'adresser l'Agence Havas, Bruxelles, 89. Marché aux Herbes. 4-00 6-42 - 9-05 9-58. Poperinghe-Hazebrouck, 6-50 9-09 12-07 4-00 6-42. Houthem, 5-30 8-20 11-16 5-20. Comines, 5-30 8-20 - 9-58 11-16 2-43 5-20 7-50. Comines-Armentières, 5-30 8-2011-16—2-43—9-49 Roulers, 7-45 10-45— 12-20 2-45 -4-10 6-42 Langemarck-Ostende,7-16 -9-57—12-17 3-56 6-21 -8-14. Courtrai, 5-30 8-20 9-58 11-16 2-43 5-20 7-50. Courlrai-Bruxelles, 5-30 9-5811-162-43 5-20. Courtrai-Gand. 5-30 8-20 11-16 2-43 5-20. J'ai parlé tout l'heure de l'existence Ninove d'une école moyenne libre, qui avait la confiance des pères de famille catholiques. Cette école était encore debout en 1872. Cette école était un obstacle la consommation de l'acte que l'on méditait. Elle était dirigée par un homme d'une capacité plus que médiocre mais il avait conquis la faveur des catholiques, raison des services politiques qu'il leur avait rendus en maintes circonstances. De deux choses l'une, s'il restait la tête de son établissement ou bien, faisant concurrence l'école de l'évêque, il empê- pêchait celui-ci de réussir ou bien, celle de l'évêque réussissant, il était écrasé. Dans le premier cas, la caisse épiscopale subissait un dommage, et, généralement, MM. les évêques n'aiment pas cela dans le second cas, on consommait un acte de noire ingratitude en ruinant un homme qui s'était dévoué corps et âme au parti catholique. Que faire pour écarter du chemin ce directeur? Le désin téresser en lui donnant une place? C'est ce qui a eu lieu. M. le ministre de l'intérieur, vers la fin d'Août 1872, l'a nommé malgré sa nullité, inspecteur cantonal dans l'arrondissement d'Ypres. Quant la nomination de M. Griilaert, elle a précédé de quelques jours la suppression de l'école moyenne com munale, et c'est bien incontestablement, quoi qu'on en dise, une nomination de parti elle a eu lieu pour récom penser M. Griilaert des services politiques qu'il avait rendus; il se montrait Ninove d'une ardeur électorale des plus grandes. On a dit que M. Griilaert était incapable M. Delcour et M. De Naeyer ont soutenu le contraire. Eh bien, je puis dire ces honorables membres qu'ils se trompent lorsqu'ils soutiennent que M. Griilaert est un homme très capable, car j'ai en mains la preuve incontes table qu'il n'est pas la hauteur de la situation qu'on lui a faite, qu'il ne pourra pas remplir d'une manière conve nable les fonctions d'inspecteur de l'enseignement. M. Griilaert se trouvera dans une position insuffisante vis-à- vis des professeurs qu'il devra inspecter. Cette preuve, que j'ai en mains, je ne veux pas la com muniquer l'assemblée, mais je prendrai pour juges, daus cette question, non pas des amis, des membres de la gauche, qui seraient suspects, mais je prendrai des mem bres de la droite j'irai plus loin, j'irai prendre M. De Naeyer lui-même pour juge de la question et, lorsqu'il aura lu la pièce que je possède, il sera bien obligé de reconnaître tout au moins que l'on a surfait, ses yeux, les mérites de M. Griilaert.

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Le Progrès (1841-1914) | 1889 | | pagina 1