JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Chemin de fer.
Le Désarroi.
Les ex-sous-officiers.
N° 85. Jeudi,
49e ANNÉE.
24 Octobre 1889.
6 FRANCS PAR AN.
-W
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACQUIR1T KUJCDO.
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YPRES-FURNES.
FURNES-YPRES.
Ypres, le 23 Octobre 1889.
Le désarroi est complet dans le camp cléri
cal. On annonce qu'en présence du mouve
ment unanime de protestations qui s'est pro
duit en Belgique contre la loi anticapacitaire
de M. Devolder, le ministère songerait la
retirer.
Cette simple annonce a mis aussitôt tout le
monde de sacristie en branle, tous les Iripo-
teurs électoraux se sont précipités chez M.
Woesle pour réclamer sa haute et puissante
protection, et le maître de nos maîtres a,
Earalt-il, promis de défendre le projet de fli-
usteries électorales de M. Devolaer.
Aussi M. Woeste vient-il de convoquer pour
le Lundi 4 Novembre, les délégués des associa
tions conservatrices et pour le 0 Novembre, les
délégués des cercles cléricaux.
Le grand chef doit avoir de vives et légitimes
craintes, pour qu'il convoque ainsi ses réserves
et qu'il s'apprête les faire entrer en campagne;
son influence personnelle ne lui suffit plus, il
lui faut le secours de toutes les associations et
de tous les cercles cléricaux.
M. Woeste a dit publiquement au Palais:
il ne faut pas que M. Beernaert recommence
les fautes de M. Malou. En d'autres termes, il
ne faut pas qu'il retire le projet cher aux poin
tus delà droite.
Et l'Escaut de faire chorus Que les doctri
naires le sachent, dit-il, ils en seront pour
leurs frais. Ils n'auront pas le maintien du pri
vilège des capacitaires sans droit ils n'auront
plus le pouvoir. Ça, c'est réglé.
Grâce l'union qui vient de se rétablir au
sein du parti libéral, nous pouvons envisager
l'avenir avec sérénité, et nous amuser des ca
lembredaines de nos cléricaux. Leur colère
fait notre joie.
Et retournant la prophétie de l'Escaut nous
dirons Que les cléricaux le sachent: ils en
seront pour leurs frais. Ils n'auront pas la sup-
[iression de la capacité et ils n'auront plus
ongtemps le pouvoir. Ça c'est réglé.
Et maintenant qu'ils écrivent ce qui leur
plait, ce nous est absolument indifférent.
De mieux en mieux. Ce n'est pas assez de
rayer les ex-sous-officiers des listes électorales,
on demande la dissolution de leurs associations.
Le Journal de Bruxellesvoyant que ces as
sociations protestent contre la suppression des
capacitaires, déclare qu'elles sont dangereuses
pour l'ordre public, et que, si elles continuent
de la sorte, on devra les considérer comme une
peste politique.
Et il ajoute: ail ne faut pas que ces grognards
deviennent encombrants.
Après avoir mis les ex-sous-officiers hors la
loi, on veut les mettre au ban de la Constitution.
Le Journal de Bruxelles leur reproche de
faire de l'agitation politique.
D'abord ce sont des citoyens comme les au
tres ils n'appartiennent plus h l'armée, dont
ils n'ont conservé que les sentiments de disci
pline et d'honneur ils sont libres. Mais, au
surplus, que font-ils? Pendant cinq ans ils ont
voté comme capacitaires de droit. Brutalement
d'un trait de plume, le gouvernement proclame
leur déchéance. Ils protestent. Quoi de plus
naturel
Il n'y a que le gouvernement qui fasse de
l'agitation politique.
Et il en supportera la peine.
Nous savons bien que legouvernementtrouve
que les électeurs libéraux sont encombrants.
Nous savons bien qu'il nous traite tous de peste
politique. Mais il y a encore une conscience en
Belgique, et l'on se révoltera contre une dicta
ture qui jette aussi effrontément le masque.
M. de Moerman-d'Harlebeke, député de l'ar
rondissement de Gand, est décédé Dimanche
l'âge de 61 ans.
Le défunt avait représenté l'arrondissement
de Gand la Chambre de Juin 1870 Juin 1878
et de Juin 1886 jusqu'à ce jour. Il n'avait joué
au Parlement qu'un rôle effacé.
On écrit de Gand la Gazette
Le parti libéral est préparé la lutte pour
le siège qui devient vacant le nom du candidat
est dans toutes les bouches: c'est M. fl. Lippens,
bourgmestre de Gand. Quant aux catholiques,
il est probable qu'ils ne se hasarderont pas
voir avancer le jugement que le corps électoral
sera appelé rendre au mois de Juin.
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Les journaux cléricaux, pour atténuer la
portée de la coquinerie électorale, cherchent
faire croire que les capacitaires de droit
qu'elle chasse du corps électoral y rentreront
comme censitaires. Nous avons déjà constaté,
dit la Gazette, la fausseté de cette allégation en
ce qui concerne les 2,462 électeurs bruxellois
gue la nouvelle loi éliminerait de la liste des
électeurs provinciaux. Voici les chiffres des
électeurs provinciaux non censitaires, capaci
taires de droit, portés sur les listes électorales
de 1888-89 dans tout le royaume et que la loi
proposée frapperait de déchéance:
Province d'Anvers4,851
Brabant16,245
Flandre Occidentale. 2,878
Flandre Orientale 5,351
Hainaut2,350
Liège 8,996
Limbourg1,757
Luxembourg 4,777
Namur6,848
Total pour tout le royaume, 62,309
IILU i gaim
Le discours de M. Frère-Orban.
Plusieurs de nos lecteurs nous ont demandé
de donner in extenso le remarquable discours
prononcé Dimanche Liège par l'éminent mi
nistre d'Etat. Nous prenons donc dans les
comptes-rendus sténographiques des journaux
liégeois toute la partie de ce discours qui s'ap
plique la situation actuelle de notre pays.
Après avoir très éloquemment caractérisé les
luttes politiques qui précédèrent 1789 et rendu
hommage l'œuvre féconde de la grande révo
lution du siècle dernier, il a montré les cléricaux
s alliant avec les libéraux pour faire la révolu
tion de 1830 et se séparant d'eux, dès le lende
main, pour attaquer notre Constitution, ana-
théraatisée par le pape Grégoire XIV
Alors se forma une école qui a été grandis
sante, une école qui s'est insurgée contre ces
libertés, qui les a proclamées néfastes, qui les
a représentées comme ne devant inspirer que de
l'horreur, qui les a représentées, enfin, comme
une charretée d'ordures pleine de pestilences
et devant entraîner la mort. (Applaudissements
prolongés.)
Il fallait, en effet, flétrir ces libertés, afin de
trouver un moyen de les perdre, et c'est ainsi
que le bourreau de la fille de Séjanles déshonora
avant de la tuer. (Nouveaux applaudissements.)
Les polémiques, les discussions placées sur un
pareil terrain et en termes semblables soule
vaient l'indignation publique.
On a pris une autre formule, plus captieuse,
prêtant mieux l'équivoque la même école
qui semble faire le silence au sujet même du
principe des libertés consacrées par la Consti
tution, proclame aujourd'hui la banqueroute de
la Révolution de 1789. (Hilarité).
La Révolution liégeoise, qui se confond ici
avec la Révolution française, a condamné les
mêmes abus et a poursuivi la conquête des
même libertés.
Le thème qu'on a adopté est commode et d'une
admirable simplicité ce que la Révolution nous
a promis, dit-on et écrit-on, ce n'était ni plus
ni moins que l'âge d'or elle ne nous l'a pas
donné, donc elle a fait banqueroute. (Nouvelle
hilarité).
C'est avec cette simplicité que parle un homme
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